Venezuela : Analyse des chiffres des élections présidentielles du 28 juillet II
Traduction Françoise Lopez pour latine–Bolivar infos
Ce que disent les données officielles du CNE
Le CNE, après avoir dépouillé 96,87 %, des bulletins, a fait savoir que Nicolas Maduro Moros, candidat du Grand Pôle Patriotique, avait été réélu avec 6 408 844voix (51,95 %).
Pour sa part, Edmundo Gonzalez a obtenu 5 326 104 voix (43,18 %). Les 8 candidats de l'opposition restants ont obtenu ensemble presque 5 % des voix valides.
Il faut s'attarder sur ces chiffres et comparer les listes électorales, comme le propose Eugenio Martinez, avec le cadastre des différents types d'élections depuis 2006.
En se basant sur les antécédents enregistrés par le CNE, on peut dire que les chiffres que le président Maduro aurait obtenu aux présidentielles de 2024 serait cohérents avec ceux obtenu par le chavisme aux élections présidentielles depuis 2006.
Avec plus de 6 400 000, il aurait obtenu un nombre de voix à peine supérieur à celui obtenu dans la difficile année 2018, quand il avait obtenu un peu plus de 6 288 000 voix.
Du point de vue qualitatif, ce résultat serait soutenu par deux variables politiques. La première serait le contexte–pays dans la période correspondant à 2020–2024 définie par de meilleures conditions générales de stabilité politique, de récupération économique et la stabilisation des nœuds critiques de la crise socio économique transversale.
Mais en outre, un résultat supérieur à 6 000 000 de voix aux élections et cohérents avec les structure mentionnées précédemment.
Dans les questions purement organiques, le chavisme a la possibilité d'avoir un soutien supérieur à 6 000 000 de voix qui se situe entre le plancher et le plafond des résultats qu'il a obtenus aux présidentielles qui ont eu lieu pendant la période dirigée par Nicolas Maduro, comme on peut le voir sur le graphique suivant
Le graphique suggère un comportement électoral similaire à celui des dynamiques politiques d’ensemble au Venezuela, passant par un cycle de détérioration des conditions socio-politiques et socio-économique qui implique une perte considérable de soutien à Maduro–et à l'opposition–pour 2018, en créant un plancher politique aux élections présidentielles.
Mais le rétablissement progressif de l’économie, la stabilité des institutions et la tranquillité sociale qui ont suivi 2020 font également penser à la possibilité d'une récupération modeste, mais significative du soutien à Maduro pour 2024, ce qui situe ces résultats entre leur plancher de 2018 et leur plafond de 2013.
Pour sa part, l'opposition, si on se base sur les données du CNE, y compris celle du 28 juillet dernier, a eu une récupération importante si on compare ses résultats à ceux des présidentielles de 2018. Enfin, les plus de 5 000 000 de voix obtenues en 2024 sont tout à fait dans la moyenne par rapport à leur point le plus bas et à leur point le plus haut.
Le graphique précédent donne une pondération haute à l'opposition pour l'année 2018, en considérant qu'il s'agit d'un peu plus de 1 900 000 de voix obtenues par Henri Falcon, et un peu plus de 1 000 000 obtenues par le dirigeant Javier Bertucci. À cette élection, les oppositions s'était présentées divisées et les grands parties traditionnels d'opposition l'avaient boycottée.
Les plus de 5 300 000 obtenues par Edmundo Gonzalez décrivent d'autres dynamiques réelles qui se sont également présentées aux élections du 28 juillet.
Par exemple, le fait que la cohésion électorale a été moindre à cette élection présidentielle puisque certain gouverneurs et maires n'ont pas soutenu Gonzalez de façon ferme, et que même plusieurs dirigeants s'en sont détachés en se déclarant indépendants quelques jours avant les élections.
La PUD a présenté un candidat inconnu et sénile dont la seule force était basée sur un transfert du soutien de Maria Corina Machado.
Le secteur hégémonique de l'opposition, représenté dans la PUD s'était abstenu lors de plusieurs élections récentes, une décision qui a rendu impossible le développement de leur machinerie électorale en plus des machineries organiques territoriales et sectorielles.
Pour sa part, l'organisation Vente Venezuela de Maria Corina Machado n'est pas un parti politique officiel. Elle n'avait jamais participé à des élections ouvertes et, par conséquent, manque de machineries réelles mises à l’épreuve lors d’élection présidentielles conventionnelles.
Des porte-parole de l'opposition ont affirmé que quelques 4 500 000 Vénézuéliens inscrits sur les listes électorales avaient quitté le Venezuela et n'avaient pas réussi à s’inscrire pour exercer le droit de vote à l'étranger.
Selon eux, les anti-chavistes sont largement majoritaires parmi ces millions d'électeurs, ce qui signifie, selon leur propre analyse, qu'ils ont perdu un flux d'électeurs se chiffrant en millions.
Contrairement à ce que fait le commandement ConVzla avec l'histoire électorale du chavisme, les données du CNE pour les présidentielles de 2024 reconnaissent les dimensions électorales de l'opposition. Au contraire, elle les confirme puisqu'elle situe la tendance du vote pour Edmundo Gonzalez à l'intérieur des paramètres définis dans les registres.
Par exemple, les voix obtenues par González Urrutia indiquent la perte de 2 millions de voix depuis les élections présidentielles de 2013, ce qui confirme les affirmations de son propre camp politique, y compris celles d'Eugenio Martínez, selon lesquelles une partie considérable de sa base de soutien a émigré.
Un autre exemple et Edmundo Gonzalez aurait obtenu 2 400 000 voies de plus, quand Falcon et Javier Bertucci, manière combiné en 2018.
Cette différence coïncide avec les statistiques d'une élection partiellement boycottée par certains partis politiques qui ont appelé à l'abstention en 2018.
L'abstention et l'immigration d'un segment de l'électorat aurait provoqué le fait que la présidentielle de 201 soit celle à laquelle la participation a été la plus basse depuis 2006 avec seulement 46 % du corps électoral.
De 2018 à 2024, la récupération du vote de l'opposition aurait été très importante. Le résultat de 2024–chiffre du CNE–multiplie presque par deux le nombre de voix de 2018. Ce serait une marge raisonnable.
Les chiffres du pouvoir électoral disent que les élections législatives de 2015, les présidentielles de 2013 et de 2012 ont été les élections dans lesquelles l'opposition a eu ses meilleurs résultats avant 2024.
Sa performance aux élections présidentielles du 28 juillet de cette année, qui place le chiffre officiel - corroboré par l'expertise du TSJ - de 2024 dans la fourchette moyenne des voix obtenues par l'opposition lors des élections concernées se trouve en quatrième position.
Le graphique montre également que, comme le chavisme, les partisans du spectre de l'opposition se rassemblent et participent beaucoup plus aux élections présidentielles qu'aux concours pour d'autres postes, la victoire qu'ils ont remportée aux élections législatives de 2015 étant particulièrement exceptionnelle, lorsqu'ils ont participé avec une cohésion de partis, en construisant des machines électorales et lorsqu'ils ont également réussi à capitaliser sur le mécontentement économique général en promettant aux électeurs une « dernière file d'attente » - ce qu'ils n'ont pas réussi à faire - en référence à la pénurie de produits de base à l'époque.
Les données à l'intérieur des lignes pointées soulignent que, selon le CNE, en 2024, nous insistons, l'opposition a obtenu une important récupération qui en fait à nouveau une force compétitive dans un contexte dans lequel ils ont réussi à polariser l’élection bien qu'il y ait d'autres candidats en lice, en dehors du candidat à sa réélection.
Mais le schéma de perte de voix de l’opposition se confirme si on le regarde à travers le filtre des chiffres de 2015, ce que pourrait expliquer, entre autres choses, le problème de migration déjà mentionné, qui a également été signalé par les analystes électoraux de la droite.
Dynamique électorale : Chavisme contre opposition et conclusion
L'histoire des deux pôles politiques dit que leurs électeurs participent de la même façon à chaque rendez-vous, leur intérêt augmentant pour les élections présidentielles et leur participation aux élections régionales et municipales se réduisant.
En d'autres termes, le facteur transversal qui a eu une incidence définitive sur ces dynamiques électorale est la marge de participation générale.
Il existe un facteur commun à ces élections où l'opposition a eu un bon résultat: il y a eu une forte participation générale.
En 2012, la participation a été de 80 %, aux présidentielles de 2013, de 79 % et aux législatives de 2015, de 74 %.
Dans les élections concurrentielles, dans le cadre de l’intérêt public général, le vote augmente et profite aux partis du spectre de l’opposition car un certain nombre d’ abstentionnistes, d’indécis ou de désengagés politiques sont susceptibles de se tourner vers les options anti-chavistes.
Les données douteuses publiées par le Commandement ConVzla en août 2024 proposent une rupture totale de tous les paramètres et de toutes les histoires électorales. La participation a été de 59,9 % selon le CNE. L'opposition et son pouvoir d'électoral parallèle donnent un pourcentage identique : 60 % de participation.
Selon le discours du couple Gonzalez/Machado et de leur entourage, ce seraient les premières élections où, avec un niveau de participation électoral moyen pour des présidentielles, l'opposition gagnerait de façon écrasante avec une différence de 37 % en faveur d’Edmundo Gonzalez. C'est techniquement délirant.
Comme nous la avons déjà dit, lors des processus électoraux, presque tout est possible. Mais en se basant sur les registres et les dynamiques, les données fournies par ConVzla sur leurs deux sites seraient très peu probables, en particulier, si nous considérons que, pour que cela ait pu arriver, plus de la moitié de la base électorale chaviste, pleinement identifiée sur les listes des différentes structures et mécanismes proches, ait participé à cette élection dans le but de voter pour l’opposition.
En tout cas, le comportement habituel des électeurs mécontents et de s'abstenir, mais l'opposition dit qu’ils ont trahi Maduro dans leur vote.
50 % ou 60 % de participation signifie que quelques 6 électeurs sur 10 ont participé aux élections du 28 juillet.
Les chiffres diffusés par les sites parallèles disent que les personnes incluses dans les listes d'électeurs chavistes- qui pourraient atteindre les 6 000 000 de sympathisants et de militants- non seulement ont participé à l'élection–ils affirment qu'ils y ont participé à 60 %–mais que, de plus, ils l'ont fait pour voter contre Maduro.
Comme nous l'avons déjà expliqué, au Venezuela, le vote est secret et il n'y a aucun moyen objectif de le corroborer. De plus, une telle estimation se base uniquement sur les chiffres insolites et invérifiables présentés par l’opposition.
Selon ses données douteuses, l'histoire électorale se présente présente de la façon suivante :
Les données non officielles publiées par l'opposition concernant l'élection du 28 juillet proposent le comportement électoral le plus atypique enregistré dans la période 2006–2024. Ils décrivent la soi-disant remontée la plus spectaculaire de l'histoire politique du pays en deux décennies, mais, de plus, la pire baisse pour le chavisme vue dans les registres.
Il n'y a aucune base objective pour défendre un résultat de cette sorte. Comme nous l'avons déjà dit, il n'existe que 30 % de soi-disant « procès-verbaux », électoraux–en partant de l'idée qu'on peut effectivement les vérifier–sur un site qui n'ont pas été soumis à l'expertise de la cour électorale du TSJ, et dans lesquels on a détecté d'immense illégalités.
Les données du CNE, par contre, encadrent le résultat dans les tendances précédentes, ce qui concorde avec le comportement historique du chavisme et de l’opposition.
Les élections du 28 juillet ont été compétitives et polarisées en considérant qu'une partie de l'électorat était à l'étranger et n'a pas réussi à faire les démarches nécessaires pour exercer son droit de vote à l’étranger.
Avec une participation de 59,9 % du corps électoral, le chavisme matérialise dans ses votes l'intention de ses militants et de ses sympathisants, estimés à plus de 6 000 000 de personnes, selon plusieurs sources d'enregistrement d’organisation tandis que l'opposition remonte jusqu'à atteindre une bonne récolte de voix qui la situe entre ses pics historiques les plus hauts.
Les chiffres officiels sont en opposition très évidente aux données fournies par le commandement ConVzla complètement hors de tout schéma électoral qui, de plus, contredisent les propres déclaration de Machado/Gonzalez, à propos des élections à l’étranger.
Le chavisme est la force électorale qui a le moins tendance à s'abstenir, sa base se maintient à un niveau constant alors que la droite n'obtient de bons résultats que quand il y a une forte participation électorale comme le reflète, le REP.
Aux présidentielles de 2018 partiellement boycottées et dont une part de l'électorat avait déjà émigré, on a enregistré une participation de 46 % du corps électoral. C'est précisément l'élection lors de laquelle l'opposition a eu son pire résultat à des élections présidentielles.
Pour des raisons mathématiques, il y a une très faible possibilité que l'opposition devance le chavisme de presque 3 000 000 de voix et de 37 % lors d'une élection à participation moyenne, de 59,9 %, comme l'affirme le CNE et comme le confirme l'opposition avec un 60,0 % tout rond de participation.
Considérant que les élections vénézuéliennes et le décompte des intentions de vote des militants et sympathisants sont sous-jacents aux élections organiques, à la machine politique et aux listes électorales cooptées, comme il a été démontré pour le chavisme, Il est peu probable que l’opposition vénézuélienne ait gagné avec les marges qu’elle prétend avoir gagnées. La participation aurait dû être beaucoup forte, entre 75% et 80%, pour que l’opposition puisse obtenir un tel écart en pourcentage.
Enfin, le traitement logique des données et des tendances politiques notablement enregistrées et démontrées de la droite vénézuélienne montre que ConVzla, c'est tout à fait certain, a publié des données gonflées et fausses et qu’elle a élevé le niveau de sophistication de sa méthode en publiant des données sous le schéma Sumate (une institution parallèle) et en commettant des délits pour hurler à la fraude comme ils l'ont fait lors de presque toutes les élections depuis 2004.
Considérant le cadre mis en place par l'opposition et les acteurs étrangers de discrédit, de tentative de sape des institutions, de violence politique de rue, d'appels à l'insubordination des militaires et à l'ingérence étrangère, depuis le 28 juillet, il s'est produit au Venezuela une nouvelle escalade dans l'opération continue de changement de régime dans le pays.
Par conséquent, sur la base de cette analyse, on doit conclure que les chiffres diffusés sur des sites parallèles, sans aucune vérification, avec des informations manipulées, ne son pas réels, et sont en eux-même un instrument de l'opération de destitution qui a été entreprise contre le Gouvernement et la totalité des pouvoirs publics du pays.
La cour électorale du TSJ du Venezuela a ratifié les résultats publiés par le CNE, qui ont donné la victoire au président réélu Nicolas Maduro et ordonné la publication des détails des résultats des élections du 28 juillet pour chaque bureau de vote et chaque centre électoral.
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