Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cuba : Un agent double raconte l'histoire d'un projet de la CIA à Cuba

23 Novembre 2024, 16:18pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Katia Marcos

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Pendant sept ans, de 2004 à 2011, le journaliste cubain Raùl Antonio Capote Fernandez a été un agent double. Pour l'agence centrale de renseignements, la CIA, c'était un opposant au Gouvernement cubain. En réalité, Capote cherchait à découvrir qui était derrière le projet Genesis créé par l'espionnage nord-américain, les yeux fixés sur Cuba.

 

Sous le parapluie des O.N.G., ce plan était destiné à endoctriner les jeunes étudiants cubains à l'étranger qui, séduits par l'idée de « moderniser » Cuba rentreraient au pays semer la rébellion en utilisant d'abord les réseaux sociaux, et ensuite la rue avec des incursion dans l'affrontement, au point d'exiger l'intervention de l’armée des États-Unis. Une première version des « révolution de couleurs » qui ont secoué le Moyen-Orient et une partie du monde à la suite  de guerres hybrides pour promouvoir des coups d'Etat. À Cuba, cela n'a pas fonctionné parce que La Havane a été au courant.

 

Maintenant, Capote publie le récit de cette aventure en portugais : « Enemy : Lazères de la CIA contre la jeunesse cubaine. » Publié à Cuba en 2012, il a déjà été traduit en italien, en allemand, en turc et en russe. Il sera aussi traduit en anglais et donnera lieu à une série télévisée.

 

Brasil de Fato RS – Que peux-tu dire de l'histoire que tu raconte dans le livre ?

 

Raúl Capote – J'ai écrit le livre en 2012. C'est un témoignage basé sur des faits réels, plus que basé, tout est absolument réel. C'est l'histoire d'un agent secret cubain qui a travaillé pendant plus de sept ans à l'intérieur de la CIA, l'agence centrale de renseignement des États-Unis. Sept ans à travailler sur un projet de la CIA destiné à la jeunesse, en particulier aux jeunes universitaires cubains, destiné à construire une direction contre-révolutionnaire.

 

En 2004, quand commence cette histoire, les États-Unis ont décidé de changer leur politique envers Cuba. Ils reconnaissent que tout ce qu'ils ont fait pendant tant d'années a échoué. Ils ont besoin de se préparer pour ce qui arrivera dans la direction du pays. Ils se préparent pendant 10 ou 15 ans au moment où Fidel ne sera plus, pour empêcher la continuité de la révolution. Le projet s'appelait Genesis.

 

La CIA a mis au point un plan conçu pour que les étudiants cubains se forment en Europe

 

Brasil de Fato RS – Genesis.

 

Raúl Capote – On part d'un point essentiel pour le travail qui a été la formation d'une nouvelle direction. On crée un plan destiné aux jeunes étudiants cubains pour qu'ils se forment en Europe et aient des liens étroits avec des organisations non gouvernementales. Elles financeraient les projets.

 

Après, ces 10 ou 15 ans, après les études universitaires, les maîtrises, les doctorats, ils passeraient aux services, à l'économie, à la politique, aux forces armées, aux médias. Et cela formerait un réseau qui aurait des liens de formation avec le Gouvernement des États-Unis, et surtout avec la CIA. Bien qu'ils ne le sachent pas parce qu'ils pensaient qu'ils étaient réellement patronnés par une O.N.G.

 

Brasil de Fato RS – Ces O.N.G. opéraient à l'intérieur de Cuba ?

 

Raúl Capote – Oui, c'était un plan interne contre la révolution. L'autre partie du projet comprenait le développement d'une intense guerre dans le domaine des idées et de la culture en utilisant l'industrie des loisirs. Une guerre très subtile…

 

Brasil de Fato RS – Nous la connaissons bien…

 

Raúl Capote – On a créé une chaîne offline pour ce projet secret. On a créé une audience. Cela semblait sans conséquence. Bon, c'est génial, les gens veulent regarder la télévision. C'était des programmes conçus spécialement pour Cuba. Certains étaient très connus et d'autres ont été créés uniquement pour Cuba.

 

L'idée était de créer à Cuba une masse de gens critiques qui ne croyait pas à la révolution. Jamais ils n'ont été contre-révolutionnaires. C'étaient des gens qui n'étaient absolument pas intéressés par la révolution. On a utilisé des manuels des révolutions de couleurs et surtout l'expérience des Yougoslaves dans le mouvement OPOR.

 

Brasil de Fato RS – Comment ?

 

Raúl Capote – OPOR. J'ai travaillé dans les contre-révolutions de la Yougoslavie. Cela semblait être un mouvement étudiant indépendant mais c'était dirigé par la même stratégie. On avait créé des CANVAS (centres de conflits et de stratégies non violentes).

 

Brasil de Fato RS – Non violentes?

 

Raúl Capote – Une nouvelle stratégie conçue par la CIA destinée (à renverser un Gouvernement) avec le moins d'efforts possible, sans armes.

 

Ces jeunes diplômés dans les 150 actions pour en finir avec le Gouvernement commenceraient à agir…

 

Brasil de Fato RS – Oui, à travers l’idéologie…

 

Raúl Capote –  ils avaient un manuel intitulé « Manuel pour en finir avec une dictature » avec 150 actions à mener. Il dit que, si tu élimines les piliers qui soutiennent un Gouvernement, celui-ci s'effondre, il implose. L'idée est de causer le chaos. Pas que le Gouvernement démissionne, qu’il ne puisse pas gouverner. C'est le sens de la stratégie.

 

On s'attendait qu’à Cuba, ce soit en 2019. Avant, il y avait eu un changement de politique envers Cuba. Tout avait un sens. Rien n’était aléatoire. Ils ont dit que la stratégie de l'affrontement direct ne donnait pas de résultat et qu'il fallait recourir à la séduction. Ils voulaient gagner les Cubains et mettre fin à la révolution en empêchant sa continuité quand Fidel serait mort.

 

En évitant tout choc avec les autorités, nous nous sommes autoproclamés une agence littéraire qui  promouvait l’œuvre, l’auteur et nous a permis d’opérer à Cuba.  Elle se développait en créant des groupes de pensées, très doucement, sans attirer l’attention.

 

On l’a présentée comme une organisation issue des universités, composé de jeunes cubains, des universitaires, des artistes visuels, des peintres, des musiciens, des dirigeants sociaux. Elle proposait à Cuba une alternative au chemin socialiste. elle voulait « moderniser le socialisme ». Elle ne se présentait pas comme un groupe de droite ou du centre, mais comme un groupe de gauche dont le seul objectif était de « moderniser le socialisme ». Le mot de l'organisation était « changement. »

 

Brasil de Fato RS – Quelle sorte de changement ?

 

Raúl Capote – Nous ne savions pas où. C'était ingénieux. On disait : « Nous n'allons pas détruire la révolution, nous n'allons pas à finir avec le socialisme. Nous voulons nous moderniser. Changeons. » Ce qu'il y avait derrière, c’était une proposition de privatisation. Le projet était très néolibéral. Pensez : «cela va créer beaucoup de confusion. »

 

C'est dans cette ambiance qu'il y aurait des élections. Ces jeunes diplômés dans les 150 actions pour en finir avec le Gouvernement commenceraient à agir. Ils sortiraient dans la rue pour manifester, prendraient et détruiraient des institutions, provoqueraient les autorités, auraient des affrontements avec la police. La mission était de faire que le pays soit absolument ingouvernable.

 

Brasil de Fato RS – Et l'objectif était une intervention militaire ?

 

Raúl Capote – Tout à fait. Face à cette situation de chaos, le dirigeant de cette organisation devait demander une intervention militaire au Gouvernement des États-Unis. Ce serait une demande destinée à « garantir la tranquillité et éviter l’effusion de sang. » Ils pensaient que l'occupation militaire durerait trois ou quatre ans, jusqu'à ce que les conditions pour célébrer des « élections libres », soient réunies.

 

Et là, ils appliquerait ce qu'établit la loi Helms–Burton (approuvé sous le gouvernement Clinton en 1996, pour élargir le blocus contre Cuba) dans son chapitre1. la loi Helms–Burton transforme le blocus en loi étasunienne. Aucun président ne peut avoir une opinion. Le Congrès des États-Unis doit convoquer et éliminer cette législation à la majorité. Et le président peut y mettre son veto ou non.

 

L'une des raisons essentielles du blocus est l'exigence des États-Unis d'indemnisations pour les propriétaires de propriétés nationalisées à Cuba en 1958 quand la révolution a triomphé. Ils parlent de 90 000 000 000 de dollars. Comment un petit pays pourrait-il payer cette dette ?

 

C'est une loi qui sert les banques qui utilisent de l'argent cubain et les banques et les bateaux qui amènent des produits à Cuba. Elle représente une fermeture presque totale de l'accès de Cuba au système financier et au commerce international international. C'est un plan de colonisation, d’annexion, des États-Unis. Le but du projet Genesis était de garantir que cela arrive. Mais cela a été terminé avant parce que le Gouvernement cubain a dénoncé le projet en 2011.

 

Brasil de Fato RS  Le Gouvernement cubain connaissait déjà le projet.

 

Raúl Capote – Depuis le début.

 

Brasil de Fato RS – Vous étiez déjà agent ?

 

Raúl Capote – Je préfère dire que j'ai travaillé comme agent du peuple cubain. Pour comprendre ce qu'est un service de sécurité comme le service de sécurité cubain, il faut sortir de ce que les gens comprennent par service de sécurité. Nous dirigeons un service de sécurité populaire avec des personnes qui travaillent par conviction.

 

Il y a toujours eu un projet collectif parce que c'est le secret de la résistance de Cuba.

 

Brasil de Fato RS – As-tu proposé d’en être ?

 

Raúl Capote – Oui, et comme moi, des millions de personnes à Cuba. C'est la stratégie qui consiste à anticiper toute action extérieure. Comment un pays qui est à 150 km des États-Unis, pratiquement désarmé, sans ressources pour affronter une puissance. Comme celle-là peut-il survivre ? La seule façon est de savoir ce qui va se passer. Toujours anticiper. C'est une stratégie Fidel a très bien conçue. avoir toujours des gens fiables. Nous ne recevions pas un centime de l'État. C'est une sorte de travail qui est fait volontairement par beaucoup de gens.

 

Brasil de Fato RS – est-ce que c'était pareil pour le réseau « guêpe » ?

 

Raúl Capote – Oui. Ce n'étaient pas des professionnels de l'espionnage. C'étaient des gens comme tout le monde.

 

Brasil de Fato RS - Tony (Guerrero) était ingénieur, non ?

 

Raúl Capote – ingénieur, professeur d'université, journaliste.  Il n'y avait aucun lien, aucune préparation, même, pour faire face à une telle confrontation. Ce qui s'est passé, c'est que la CIA m'a approché. Soit je devenais un traître envers mon peuple et mon pays, soit je défendais Cuba. Il n'y avait pas de troisième option. Cuba est un projet collectif. Il y a toujours eu un projet collectif parce que c'est le secret de la résistance de Cuba. S'il y avait une dictature, ce ne serait pas possible. Aucune dictature ne dure 62 ans comme ça, à moins qu'elle ne soit absolument…

 

Ce n'est pas une guerre contre le socialisme. C'est une guerre contre l'indépendance, l’insubordination.

 

Brasil de Fato RS – Défendue par le peuple.

 

Raúl Capote – C'est un projet auquel participe la majorité des Cubains. Se sentir partie de ce qui se fait. Tu te sens partie de la défense du pays, de ce qui est produit, de ce que fait le pays. La façon dont fonctionne une nation. Nous ne sommes pas un pays parfait. Nous avons beaucoup à améliorer. Nous commettons aussi des erreurs, et nous faisons des choses qui n'étaient pas prévues à ce moment-là. Et c'est la base qui a fait de nous un ennemi déclaré des États-Unis, qui ne permettent, sous aucun prétexte, que l'île survive et soit indépendante.

 

Il ne s'agit pas de socialisme. Ce n'est pas que Cuba ait construit un système socialiste, comme les gens le croient. C'est parce que l'île est indépendante. C'est la même chose que ce que l'empire français a fait à Haïti au XIXe siècle. Le plan appliqué contre Haïti est le même que celui des États-Unis contre nous. La France a bloqué Haïti en imposant une compensation à l'ancienne colonie française. Et  Haïti n'a eu d'autres possibilité que de payer à la couronne française avec l'argent que la France lui a prêté. Ce n'est pas une guerre contre le socialisme. C'est une guerre contre l'indépendance. Contre l’insubordination.

 

L'histoire qui est racontée ici est réelle et fait partie de l'épopée du peuple cubain.

 

Divulgation

 

Haïti a suivi sa propre voie et en a subi les conséquences. Elle a passé des années à payer sa dette envers la France après un embargo. Et ensuite, les États-Unis ont volé tout ce qu'il y avait en Haïti qui, jusqu'à aujourd'hui, paye le prix d'avoir été la première République libre d'Amérique.

 

À Cuba (en 1958), le Gouvernement n'était pas socialiste. Ce qui a créé le conflit, c'est la loi de réforme agraire, mais la réforme agraire était dans la Constitution cubaine depuis 1940 ! En d'autres termes, ce n'est même pas une invention de la révolution.

 

Cuba était un État narco-mafieux, soumis aux intérêts des États-Unis. C'est ce que Fidel et les Cubains ont affronté.

 

Brasil de Fato RS – Quand nous avons subi le coup d'Etat militaire de 1964, Jango voulait réaliser une réforme réforme agraire

 

Raúl Capote – Le gros problème était celui-ci : le blocus de guerre contre Cuba est né de la loi de réforme agraire. Et la première mesure fut : « Nous ne t'achèterons plus ton sucre ! »

 

Et le marché du sucre cubain était aux États-Unis.

 

Quand Cuba a averti qu'elle vendrait du sucre aux Soviétiques, les États-Unis, on dit qu'ils ne lui vendraient plus de pétrole. Alors les Russes ont dit : « Bon, nous, nous vendrons le pétrole. » Mais les raffineries de Cuba étaient étasuniennes et alors les États-Unis ont dit : « Nous ne raffinerons pas le pétrole soviétique. »

 

C'est ainsi que tout a commencé. Le conflit a commencé avant que Cuba se déclare socialiste. C'était simplement une révolution démocratique, bourgeoise et nationaliste, qui essayait de rétablir son économie et de faire justice.

 

Ça a été une guerre contre l'indépendance et un acte de vengeance parce qu'on a ôté leur richesse aux anciens propriétaires qui possédaient 82 % des meilleures terres de Cuba.

 

L’United Fruit Company nord américaine possédait des terres d'un bout à l'autre du pays. Les mines, les raffineries et les usines étaient dans des mains étasuniennes. Les hôtels, les casino appartenaient à la mafia italo-américaine. Le dictateur Fulgencio Batista vivait aux États-Unis et avait des liens étroits avec le mafieux Lucky Luciano. Il a fait un coup d'Etat et construit l'empire de La Havane dirigé par Meyer Lansky, rien moins que le banquier maffieux. C'était un Etat narco-mafieux, complètement soumis aux intérêts des États-Unis. C'est ce que Fidel et les Cubains ont affronté.

 

Ils ont fait contre Kadhafi ce qu'ils voulaient faire à Cuba

 

Brasil de Fato RS – Revenons à l'opération rapportée en 2011…

 

Raúl Capote – Beaucoup de choses étaient en préparation et pas seulement contre Cuba. À ce moment-là, on ne connaissait pas encore cette sorte de stratégie. Maintenant, elle est devenue très populaire parmi tous ceux qui parlent de guerre hybride…

 

Maintenant, nous avons 1 million de gourous spécialisés dans la façon de livrer des guerres non conventionnelles. À ce moment-là, on ne parlait pas encore de révolutions de couleurs et de coups d'Etat doux. C'est pourquoi il est si important de le dénoncer.

 

Ce qui s'est passé en Libye est très semblable. La stratégie suivie contre (le dirigeant libyen Muhamar) Kadhafi es identique à ce qu'ils prétendaient faire à Cuba. Très semblable à ce qui s'est passé au Moyen-Orient avec les révolutions arabes. Ce livre a été écrit pour expliquer de quoi il s'agissait. Il a été traduit en italien, en allemand, en turc, et maintenant en portugais. Et il sera traduit en anglais. J'ai aussi une chaîne de YouTube sur laquelle le livre est raconté en espagnol. Et on est en train de produire une série télé basée sur celui-ci.

 

Brasil de Fato RS – Comment sera la série ?

 

Raúl Capote – Nous pensons faire une série qui ait beaucoup plus de portée en suivant le principe de rendre le livre compréhensible. Quelque chose qui communique. Réel mais en utilisant des éléments de fiction. En copiant même un peu les canons de Hollywood, du cinéma et des séries américaines : beaucoup d'action, de la rapidité, beaucoup de plans rapides.

 

Cuba ne peut demander de prêt à aucune banque du monde

 

Brasil de Fato RS – Pendant la pandémie, le Gouvernement Trump a non seulement renforcée le blocus, mais a inclut Cuba dans la liste des Etats qui patronnent le terrorisme. Qu'est-ce que cela signifie ?

 

Raúl Capote – Oui, elle était sur la liste depuis longtemps, mais cela ne signifiait pas ce que cela signifie aujourd'hui. Ensuite, Barack Obama a sorti Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme mais Donald Trump nous y a remis quelques jours avant de quitter la présidence. Il n'y a même pas eu de temps pour un débat au Congrès des États-Unis à ce sujet.

 

Actuellement, l’inclusion de Cuba aggrave beaucoup la situation parce que la portée que cette liste a aujourd'hui est beaucoup plus importante. Le fait que nous soyons considérés comme un pays terroriste bien que nous soyons sur une liste créée par les États-Unis empêche les banques d'accepter les transactions commerciales cubaines. En d'autres termes, Cuba ne peut rien acheter. En Chine, oui. Mais on ne peut pas aller en Chine avec une mallette pleine d'argent et acheter un tracteur.

 

Dans le monde entier, on achète cela grâce aux banques. Il y a un virement bancaire bancaire et on achète ce qu'on veut. Bon, Cuba ne peut pas. Tu ne peux demander un prêt à aucune banque du monde. Les banques ne peuvent pas te l'accorder parce que Cuba est un pays terroriste, selon cette liste infâme.

 

On punit les compagnies maritimes. Si un navire transporte un produit à Cuba, il transporte quelque chose dans un pays accusé par les États-Unis d'être un pays terroriste. Par conséquent, ce transporteur pourra être sanctionné et il ne le fera pas.

 

Si un bateau mouille dans un port cubain, il doit attendre six mois pour mouiller dans un port nord-américain.

 

Cela complique beaucoup la vie quotidienne des Cubains parce que cela touche à des choses essentielles. Par exemple, si le combustible n'entre pas, on ne peut pas produire d'électricité. Nous dépendons en grand mesure des combustibles fossiles. Nous sommes en train d'essayer d'atteindre l'indépendance dans ce domaine, mais cela ne se fera pas en deux ans. Cela demande des années, des ressources et des crédits que nous n'avons pas. Cela paralyse le transport.

 

Cela crée un problème grave dans tous les sens et touche aussi les dettes. Par exemple, Cuba a une dette envers un pays pour un achat, quelque chose de normal n'importe où. Mais Cuba ne peut pas payer parce qu'elle n'a aucun moyen de récupérer l'argent que lui doit l'autre personne. C'est pourquoi il est si important que Cuba se défasse de cela. Ce n'est pas juste, parce que ce dont on l'accuse n'a aucun sens.

 

Brasil de Fato RS – il y a encore plus de sanctions, non ?

 

Raúl Capote – La loi Torricelli, qui est une autre des lois du blocus, dit que si un bateau mouille dans un port cubain, il doit attendre six mois avant de mouiller dans un port nord-américain. Alors, la compagnie maritime va-t-elle amener des marchandises à Cuba et perdre le marché nord-américain ? Non. Et ils sanctionnent aussi le capitaine du bateau. Ils sanctionnent individuellement les propriétaires de bateaux ou de compagnies maritimes dans un système de châtiment sévère contre toute personne qui pense faire des affaires avec Cuba.

 

Cuba est l'un des rares pays du monde où on n’a jamais brûlé un drapeau des États-Unis.

 

Brasil de Fato RS – Une si petite île tellement menacée par les États-Unis…

 

Raúl Capote – Parce qu'elle a décidé de suivre sa propre voie. Nous n'avons jamais été des ennemis des États-Unis. Nous n'avons jamais déclaré la guerre aux États-Unis, nous n'avons jamais commis d’agressions contre eux. Cuba est l'un des rares pays du monde où on n’a jamais brûlé un drapeau des États-Unis. A Cuba, il était interdit de brûler le drapeau des États-Unis. C'est un pays avec lequel nous avons. d’étroites relations culturelles et même de solides lien familiaux parce qu'il y a des Cubains qui vivent de l'autre côté.

 

Beaucoup de gens ont vécu aux États-Unis bien avant 1959. Ma famille a vécu là-bas dans les années 30. Ce flux a toujours existé parce qu'ils sont très proches. Mais comme Cuba a résisté, la situation a empiré. C'est-à-dire qu'elle n'accepte aucune proposition déshonorante qui aille contre ses principes.

 

Nous avons toujours été disposés au dialogue, mais dans des conditions d'égalité. Ils ont toujours imposé des conditions mais ils n'ont pas le droit d'imposer des conditions et encore moins de nous demander de renoncer à ce qu’a choisi la majorité des Cubains. Ce n'est pas la décision d'un homme ni d'un groupe de personnes. C'est la décision de tout un peuple.

 

Brasil de Fato RS – Le film « Le parrain » montre clairement la relation entre le dictateur Fulgencio Batista et la mafia nord américaine, non ?

 

Raúl Capote – il y a un livre qui s'appelle « L'empire de La Havane », du journaliste Enrique Cirules qui est merveilleux, un travail de recherche fantastique. Tous les soirs, un bateau reliait La Havane à la Floride. Jusqu'à deux voyages par jour, l'un dans la matinée et l'autre dans la soirée. L'argent de la la mafia est parti aux États-Unis sur le ferry. Seulement de l'hôtel Riviera du Casino Riviera, 1 000 000 de dollars sont partis. Imaginez 1 000 000 de dollars dans les années 50. Batista a aussi reçu sa part. Ça a été un gros problème.

 

C'était un état mafieux dans lequel tu pouvais faire ce que tu voulais. Luis Santos, le trafiquant de drogue, membre de la mafia italienne, a été sénateur de la République à Cuba. C'était un narco-Etat. Le plan de Batista était de construire des kilomètres d’hôtels et de casinos alors que la majorité du pays souffrait de la faim. Ça a été la première dictature qui a utilisé l’électricité comme méthode de torture. Des expériences qui ont ensuite été appliquées aux régimes putschistes en Amérique latine.

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/10/28/cuba-ex-agente-doble-lanza-libro-para-contar-la-historia-detras-de-escena-de-un-proyecto-organizado-por-la-cia-en-cuba/

URL de cet article:

/2024/11/cuba-un-agent-double-raconte-l-histoire-d-un-projet-de-la-cia-a-cuba.html