Argentine: L'affaire des dollars à terme
Telesur, 12 avril 2016
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
L'ex présidente et l'ex ministre de l'Economie ont été accusés de soi-disant blanchiment d'argent même alors que les analystes assurent qu'un tel processus ne cherche qu'à discréditer les réussites du kirchnérisme.
Le juge fédéral argentin Claudio Bonadio a cité à comparaître l'ex ministre de l'Economie Axel Kicillof et l'ex présidente de la nation Cristina Fernández en tant que suspects pour des irrégularités dans les contrats de dollars à terme mis en oeuvre par la Banque Centrale de la République Argentine (BCRA) à la fin du précédent mandat présidentiel.
L'affaire
Selon Bonadio, "entre septembre et novembre 2015, la BCRA a vendu des contrats de dollars à terme à des prix inférieurs au prix du marché en toute connaissance de cause et intentionnellement".
Qu'est-ce que cela signifie? Que l'Etat est obligé de payer à ses créanciers une certaine somme en pesos en prenant pour référence le dollar mais pas à sa valeur d'octobre 2015 mais de mars 2016.
C'est à dire que pour chaque dollar, l'Etat paierait 10,65 pesos - la valeur que la BCRA a calculée à l'époque.
Le soi-disant délit
Selon les dénonciateurs, les accusés ont commis une fraude au préjudice de l’administration publique, un délit passible de 2 à 6 ans de prison.
Mais en plus, selon la position du juge lui-même qui insiste sur l'existence d'un association illicite, la peine maximale pourrait atteindre 10 ans de prison.
Pour l'analyste Amilcar Salas, "la vente de dollars à terme est une manoeuvre habituelle dans toute gestion macro-économique et de la Banque Centrale".
Il a indiqué que les ministres et l'ex présidente Fernández déclareront qu'il n'y a pas de soutien politique pour affirmer qu'il y ait eu "dol" (volonté délibérée de commettre un délit).
C'est arbitraire parce que ce n'est pas un domaine qui est de sa compétence mais qui revient à d'autres fonctionnaires", a signalé Salas.
Un calcul équivoque
Dans une interview exclusive accordée à Telesur, l'analyste international Ernesto Mattos a expliqué que "le gouvernement argentin avait fait une opération par l'intermédiaire de la Banque Centrale dans laquelle il mettait le dollar de novembre 2015 à mars 2016 à un prix qui n'a pas été celui de mars 2016."
La banque estimait que le dollar serait à 10,21 pesos argentins et le fait est que le dollar est à 15 pesos.
"Cette différence qui est payée en pesos et non en dollars mais avec ce type de change en vigueur est à la charge de la Banque Centrale pour les investissements qui supposaient que le dollar allait être à 10 et évidemment, ce n'est pas le cas".
Le dollar à terme se définit comme un contrat d'achat ou de vente de devises, de matières premières ou de n'importe quel produit à une date postérieure en convenant aujourd'hui du prix, de la quantité et de la date d'échéance.
Les soi-disant preuves
Le principal témoignage dans cette affaire est celui de l'actuel ministre des Finances Alfonso Prat-Gay et d'autres économistes proches du parti au pouvoir comme Martín Redrado et Lucas Llach.
De même, la plainte s'appuie sur l'opinion de journalistes qui ont été des opposants au kirchnérisme comme Marcelo Bonelli ou Marcelo Longobardi.
Les deux analystes interviewés par Telesur sont d'accord pour dire que derrière cette accusation, il y a un but politique. "De même que d'autres accusations ont pour but de discréditer l'ex présidente argentine Cristina Fernández qui a fini son mandat avec de hauts indices de popularité et d'une façon assez différente de la plupart des présidents".
Le contexte:
La campagne contre l'ex présidente Cristina Fernández est organisée par les groupes de médias La Nación et Clarín, qui ont été les plus critiques envers l'ex présidente et son Gouvernement, assurent les analystes.
Les accusations envers Cristina Fernández de blanchiment d'argent supposé coïncide comme par hasard avec les révélations des Papiers de Panama et la participation présumée du président Mauricio Macri à des paradis fiscaux, une situation que la Maison Rose a cherché à "démentir" de n'importe quelle façon.
source en espagnol:
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