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Cuba : Le miel est sorti sans cocaïne

23 Avril 2016, 10:47am

Publié par Bolivar Infos

Par Gisselle Morales (Cubadebate, 22 avril 2016)

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Soumis à un protocole rigoureux dès son entrée à l'usine jusqu'à son départ dans les bidons pour le marché international, le miel traité à Sancti Spíritus est déclaré libre des impuretés du trafic de drogues.

Sûr comme il l'est du contrôle de la qualité à l'intérieur de son entreprise, Delso Viciedo, spécialiste commercial de l'Unsine de Traitement du Miel à Sancti Spíritus conclut son bref dialogue avec Escambray par cette phrase radicale : « vous perdez votre temps ici, c'est au port de Colón, à Panamá, que vous devriez aller ».

Et nous irions si nous pouvions pour élucider les circonstances d'un bobard qu'a lancé il y a quelques jours l'agence EFE et qui a mis en doute non seulement l'inocuité des produits manufacturés par l'usine de Sancti Spíritus mais ce qui est plus grave : l'engagement de Cuba dans la lutte contre le trafic de drogues.

Selon la version de cette agence, le 14 avril, la Police Nationale de Panamá a saisi dans le port de Colón 401 kilogrammes de cocaïne tranportés dans un conteneur qui avait été embarqué dans le Port de Mariel et dont la destination finale serait la Belgique.

Mais même les fonctionnaires de Panamá eux-mêmes ont dû dire « digo » où ils avaient dit « Diego » devant les perquisitions menées à bien par les autorités cubaines qui ont donné un nom et un prénom au conteneur, ont localisé son origine et contrôlé ses papiers : il avait été chargé à Sancti Spíritus et contenait du miel d'abeilles dans 60 bidons métalliques de 200 litres chacun, du miel d'abeilles pas de canne comme l'avait dit à l'origine la police panaméenne, une injustice qui, semble-t-il, a inspiré le nom de l'opération Caña Brava.

Le résultat préliminaire des investigations a été publié immédiatement par la douane Générale de la Républqiue de Cuba dans une note officielle qui retrace grosso modo l'itinéraire du chargement : le 6 mars dernier, a eu lieu la réception au Terminal de Conteneurs de Mariel du conteneur CLHU 387265-2 de 20 pieds qui est arrivé par voie ferrée de Sancti Spíritus et qui serait embarqué le 23 mars sur le bateau MSC Canberra Container. Le bateau est parti du port de Mariel à destination des Bahamas le lendemain avec 791 conteneurs à bord et est arrivé au Port d'Anvers, en Belgique, à bord du bateau à moteur portuguais Vargas Trade.

« Après les investigations correspondantes – affirme la note – le contrôle des images radiologiques ainsi que des procédures établies par l'inspection des conteneurs, la Douane Générale de la Républqiue de Cuba peut assurer catégoriquement que le conteneur CLHU 387265-2 n'était pas porteur de drogues dans sa structure ni dans les réservoirs métalliques qui transportent le miel, c'est pourquoi la dépêche de l'agence EFE est totalement sans fondement. »

Et les autorités panaméennes vont faire machine arrière en reconanissant que, certainement, la drogue a pu avoir été chargée dans le port de Colón, un endroit où ne peut aller Escambray, même s'il y tient beaucoup.

Où il est possible d'aller, bien que Delso Viciedo ne le croit pas pertinent, c'est à l'Usine de Traitement du Miel, un centre qui s'est vu impliqué dans une magouille internationale qui pourrait ternir son image et qui, aux dires de ses ouvriers et de ses directeurs, leur est tombée dessus sans prévenir.

Chargée normalement de filtrer et d'homogénéiser 70% du miel que produisent les apiculteurs cubains, l'usine de Sancti Spíritus est l'une des 2 usines de cette sorte que compte le pays, l'autre étant située à Santiago de Cuba et traitant le produit provenant des provinces de l'orient.

Pour augmenter l'inocuité des processus de production, récemment, le matériel a été calibré, les gigantesques réservoirs ont été auscultés et les protocoles examinés à la loupe : une lithurgie scrupuleuse qui a fini par la remise du certificat et des papiers qui la déclarent apte à envoyer du miel dans l'Union Européenne.

Il veut dire, en bon Cubain, que les acheteurs du Vieux Continent peuvent se fier les yeux fermés au produit traité à Sancti Spíritus.

A cause de cela, les travailleurs de l'usine n'en reviennent pas. Il n'y a pas de force humaine qui leur fasse comprendre comment un produit qui est contrôlé depuis l'entrée des chargements des apiculteurs jusqu'à la sortie des miels traités vers l'entreprise qui va les commercialiser, Cubaexport, un processus vérifié en détail par des experts, des caméras de sécurité et des contrôleurs, peut être mis en doute.

Pour souligner que ce n'est pas dans l'usine de Sancti Spíritus que le malentendu a son origine, Delso Viciedo explique non seulement les garanties à l'intérieur de ses installations mais aussi les étapes que suit le miel quand il met un pied dehors, toujours sous la juridiction des Services Internationaux de Supervision Cubacontrol S.A.

Les travailleurs de Cubacontrol garantissent la part du processus qui leur revient : « Je peux assurer que dans ce cas, il n'y a eu auncune irrégularité », affirme Francisco José Prado Gómez, spécialiste des chargements de marchandises, presque aussi catégorique que la note de la Douane.

« J'ai supervisé cette entrée en particulier – j'insiste – et j'ai suivi la routine que nous connaissons par cœur. ». Et par routine, il veut dire contrôler le poids du produit, les paramètres de qualité selon les exigences particulières des clients, la propreté, la présence de tous les tampons – ceux qu'exige l'entreprise et ceux qu'exige l'acheteur – le montage des bidons dans le conteneur... et tout cela soutenu par des photos et de nombreux documents.

Selon Prado Gómez, une fois enfermés dans le conteneur, les bidons avec le miel entreprennent un long et sûr trajet qui les amène par la route jusqu'aux centres de chargement et de déchargement de Ciego de Ávila ou de Villa Clara, parce que Sancti Spíritus n'en a pas et de là, ils sont envoyés par voie ferrée au Terminal de conteneurs de la Zone Spéciale de Développement de Mariel (ZEDM).

C'est le parcours standard, déclare le spécialiste, un parcours qui, dans ce cas, a été mené à bien par le centre de chargement de Villa Clara car ses homologues de Ciego de Ávila – les seuls qui ont accepté de donner des informations à la presse – n'ont pas travaillé de janvier à la mi-mars.

L'itinéraire est, de toute évidence, kilométrique, et à chaque arrêt, les sources consultées par Escambray ont osé mettre la main au feu pour ce qu'ils considèrent comme une vérité absolue : qu'il n'est pas possible de mettre 401 kg de cocaïne dans 60 bidons de miel sans que personne ne s'en rende compte.

Bien qu'on ne puisse pas révéler les résultats des investigations toujours en cours, Isabel O’Reilly Caña, directrice générale export, s'empresse de préciser : « De Cuba, le miel n'est pas sorti avec de la drogue » et elle énumère les 1001 mécanismes de contrôle dont son organisme dispose pour vérifier les chargements qu'il exporte.

Avec plus de 45 ans d'expérience dans le commerce à l'étranger, Cubaexport a acquis un prestige parmi les industries et les compagnies spécialisées dans le miel d'abeilles, le café, le cacao et autres produits au Japón, au Canadá, en Europe et en Amérique, un prestige qui pourrait être terni maintenant, même si les autorités panaméennes se rétractent et admettent que la cocaïne ne provenait pas de Cuba.

« Le mal est fait – considère O'Reilly – cependant, jusqu'à présent, nous n'avons pas eu de répercussions, aucun client n'a appelé à cause de doutes suite à cette affaire dans laquelle le crédibilité du pays est mise en doute ».

Pourquoi ce chargement de miel cubain qui allait en Belgique se trouvait-il au Panamá?

« Parce qu'il avait été transbordé vers un bateau de ligne inter-océnaique – explique-t-elle – c'est une procédure que nous faisons au Panamá et dans d'autres pays à cause des limitations auxquelles nous sommes soumis. La preuve qu'il n'y avait pas de problème, que la cocaïne n'est pas sortie de Cuba, c'est que le chargement est déjà arrivé à destination ».

(Extrait d'Escambray)

Source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/noticias/2016/04/22/la-miel-salio-sin-cocaina-fotos/#.VxsdOoSGcRE

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2016/04/cuba-le-miel-est-sorti-sans-coca-ne.html