Argenitne : Macri l'a fait

par Suki Neve

Pendant que le scandale de Panama Papers fait tache dans le monde politique,

nous constatons sans surprise que le président argentin Mauricio Macri fait

partie des personnalités politiques en fonction liées au scandale des sociétés

offshore. Macri l'a fait.

Le 10 décembre 2015, cet ingénieur issu d'une riche famille d'affaires liée à la

dictature civique-militaire de 1976-1983 assume la présidence de la République

Argentine. La famille Macri s'est enri-chie avec ses nombreuses sociétés, en

passant de multiples contrats pour la junte militaire pendant le terrorisme

d'Etat appelé Processus de Réorganisation Nationale. La dictature laisse 30.000

disparus, des milliers d'exilés politiques, des centaines d'enfants enlevés,

une guerre, un pays surendetté et dévasté à l'image d'autres pays de l'Amérique

du Sud. En revanche, pour la famille Macri tout va bien, puisqu'en1982, la

Banque Centrale de la Nation dirigée par Domingo Felipe Cavallo décide de

nationa-liser la dette privée des entreprises qui avaient collaboré avec le

gouvernement de facto, comme Re-nault Argentine, le Groupe Clarín, le journal La

Nación, SOCMA (famille Macri), entre autres. Macri l'a fait.

Dans toute l'histoire argentine aucun gouvernement élu par le suffrage universel

n'a gouverné par décret de nécessité d'urgence (DNU). Macri l'a fait.

Après les élections, Macri décide d'outrepasser le protocole prévu par la

Constitution concernant la passation du pouvoir par le président sortant, saisit

un juge et obtient un président intérimaire, évitant ainsi la cérémonie avec

Cristina Fernández de Kirchner. Durant les premières 72 heures de son

inves-titure il signe 29 DNU et commence son mandat sans Congrès pour une durée

de cent jours. L'état gouverne donc sur la base des décisions du Pouvoir

Exécutif, à travers les DNU que signe le prési-dent. Parmi les premiers DNU

figurent les licenciements massifs dans la fonction publique. Macri l'a fait.

En seulement quatre mois à la tête du pays, Mauricio Macri a dévalué de 40% la

monnaie nationale, provoquant une augmentation immédiate du panier alimentaire,

il a triplé les tarifs des services de base, le taux de pauvreté se situe en

mars 2016 à 34,5%. Il a négocié avec les fonds vautours pour payer une dette qui

va coûter à l'Argentine 12.000 milliards dollars. Il a modifié la loi sur les

services audiovisuels (LSCA) pour exercer le contrôle des médias. Les méthodes

de licenciements sont scan-daleuses pour un pays démocratique, des services de

sécurité privée vous attendent à l’entrée de votre lieu de travail avec des «

listes noires », si vous figurez dessus, vous devez quitter les lieux. Macri l'a

fait.

La CGT a annoncé que le mouvement ouvrier sera uni contre le néolibéralisme et

qu'à partir de cette année il n'y aura plus de courants divergents à la CGT.

Suite à l’aggravation des conditions écono-miques et sociales, l'inflation, la

hausse des prix et la vague de mises à pied, plus de 100 000 à ce jour, les cinq

centrales syndicales (trois versions de la CGT et deux de la CTA) réclament la

loi d'ur-gence travail pour empêcher les licenciements, la modification

immédiate de l'impôt sur le revenu et une amélioration des pensions de retraite,

entre autres. En outre, la Confédération des travailleurs d'Argentine (CTA) a

présenté devant l'Organisation Internationale du Travail (OIT) un document pour

dénoncer officiellement les licenciements massifs qui touchent les travailleurs

de l'Etat et du privé. Ces mesures ultra libérales répondent à la théorie du

choc, visant toute organisation de travailleurs et ré-duire à néant les luttes

qu’ils ont livrés ces douze dernières années. Macri l'a fait.

Suki Neve

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