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Brésil : Pendant 15 mois, nous avons subi toutes sortes de sabotages

14 Mai 2016, 09:32am

Publié par Bolivar Infos

Par Darío Pignotti, Cubadebate 14 mai 2016

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Dilma est dans une tranchée de cristal. Seulement 26 heures se sont écoulées depuis qu'on lui a notifié qu'elle devait quitter la présidence temporairement lorsqu'elle parle avec un petit groupe de correspondants étrangers dont Página/12 fait partie. La rencontre se déroule au Palais de Alvorada, avec ses colonnes minces comme un cou de héron et ses immenses parois de verre.

Rouseff a accusé de sabotage les hommes politiques qui ont organisé son départ du pouvoir, en commençant par les législateurs qui ont bloqué ses initiatives économiques au Congrès et ensuite ont voté en faveur du procès politique. « Pendant 15 mois, nous avons subi toutes sortes de sabotages pour nous empêcher de gouverner. D'abord,ils ont dit que les voix avaient été mal comptabilisées. Quand on a démontré qu'elles avaient été bien comptabilisées, ils ont demandé qu'on vérifie qu les urnes étaient correctes. Une ambiance d'instabilité a été créée... pour ensuite arriver indirectement à la présidence. Ils ne remplissent pas les conditions pour arriver au gouvernement par le vote direct... » commente a présidente suspendue en faisant une allusion évidente au président par interim Michel Temer à qui les sondages accordent 2% d'approbation. Des partis et des personnalités progressistes de différents pays ont critiqué le coup d'Etat parlementaire perpétré mercredi dernier, jour où s'est ouvert le procès politique qui l'a obligée à démissionner de sa charge pendant 6 mois.

Rousseff a dit qu'elle va travailler sur 2 fronts, le judiciaire et le politique. « Sans aucun doutes, une des questions qui va nous occuper est ma défense parce que maintenant, le procès commence. Jusqu'à présent, il n'y avait que l'approbation du début », explique-t-elle. Elle dit que le plan pour la renverser a commencé peu après sa réélection en octobre 2014. « Je suis quelqu'un qui a gagné les élections avec 54 millions de voix et eux, ils utilisent la destitution pour applqiuer un programme qui n'apas été voté et qui est différent du mien. Mon programme était le programme de l'inclusion sociale, de la reprise de la croissance.

Elle est souriante, certainement fatiguée, au bout d'une longue table, vêtue d'une veste blanche légère et accompagnée par son avocat et ex ministre José Eduardo Cardozo, celui-là même qui, il y a 3 jours, a averti du risque que la destitution d'une présidente sans aucune tache de corruption puisse transformer le Brésil en « république bananière ». La nouvelle étape politique lui demandera de voyager pour garder en vie la confrontation avec le gouvernement du « conspirateur et usurpateur » Michel Temer (2 adjectifs qu'elle utilise souvent mais pas dans cette conférence de presse).

Il devient inévitable qu'elle-même et le Parti des Travailleurs se réinventent pour assumer leur condition d'opposants après 3 ans au pouvoir, une période pendant laquelle une certaine bureaucratie et un certain embourgeoisement ont affecté leurs relations avec les mouvements sociaux et les syndicats. Ce sont ces organisations qui ont mobilisé des milliers de personnes hier à Rio de Janeiro, jeudi à San Pablo et mercredi à Brasilia. Une donnée : les marches politisées de la gauche commencent peu à peu à conquérir les rues où pendant plus d'1 an se sont imposées les énormes manifestations de la droite anti-politique dans laquelle s'est abreuvé le coup d'Etat.

La stratégie contre le gouvernement d'exception est en voie d'élaboration mais son schéma est celui de construire un Large Front à l'uruguayenne, un modèle défendu par Luiz Inácio Lula da Silva qui, après quelques jours pendant lesquels il n'a pas paru en public, est allé jeudi à la rencontre de Rousseff qu'il a accompagnée lors de son départ du Palais du Planalto.

« Je dois faire ma défense politique devant la société. Pour cela, je voyagerai où je serai invitée pour me défendre, pour expliquer les raisons de ce processus qui n'a aucune base juridique, cette destitution est un coup d'Etat... Je crois que je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour moi, toutes les femmes, nous jonglons pour avoir nos activités personnelles ».

Consultée pour savoir si elle espérait recevoir un soutien du gouvernement argentin, elle a répondu que les autorités étrangères pourraient commencer à se manifester à partir du début du procès politique ou quand celui-ci aura donné sa sentence.

« Je ne l'attends pas maintenant (le soutien) quand le processus qui commence maintenant est en cours. A partir de là, en plus, nous allons voir ce qui va arriver, je ne peux pas faire d'hypothèses sur la façon dont ils vont réagir (les autres pays) ».

La nouvelle administration de Temer est au pouvoir depuis 1 jour et ses premières annonces démontrent qu'il est libéral en économie et conservateur en politique, dans le domaine social et culturel », a dit Dilma.

La présidente déplore la composition du cabinet de Temer, critiqué également hier par Amnesty International pour son manque de diversité. « Après longtemps, il n'y a plus de femmes ni de noirs dans le nouveau cabinet. Nous vivons dans un pays où plus de 50% des habitants sont des femmes. Les femmes ont démontré être extrêmement compétentes, je ne m’explique pas pourquoi elles ne sont pas représentées dans ce cabinet. D'autre part, le Brésil a peut-être été le pays qui est sorti le plus tard de l'esclavage, nous tenons compte qu'au Brésil, les inégalités ont leurs particularités, elles sont noires, féminines et touchent les enfants ».

Le Vatican aussi a soutenu la démocratie et semble inquiet à cause de sa dégradation. Cette semaine, François a parlé pour « la paix et l'harmonie » au Brésil et a discuté avec une célèbre activiste et actrice Leticia Sabatella de qui il a reçu une lettre au sujet du « coup d'Etat ». Hier, Dilma a dit qu'elle admire François. « Si le pape m'invite, je suis sûre que j'accepterai parce que j'ai une immense admiration pour le pape François. J'ai eu 2 occasions dele rencontrer. Une pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse (juillet 2013) quand il a visité le Brésil et auparavant, je l'avais vu au Vatican quand il est devenu Pape » en ars 2013, raconte Dilma Rousseff en revoyant la façon dont s'est créé son bon dialogue avec Jorge Mario Bergoglio, grâce à qui ont repris les relations diplomatiques entre le Vatican et Brasilia, détériorées depuis que Benoit XVI avait soutenu la droite aux élections présidentielles de 2010.

« Je crois qu'il tient un rôle important dans le monde. François est un pape qui montre qu'il est adapté au moment que vit le monde, prend en compte les demandes su XXI° siècle comme la question des femmes, des gays, c'est un pape qui ne juge pas les gens, qui se préoccupe de ceux qui cherchent une nouvelle patrie en Europe », énumère-t-elle à ce journal.

(Extrait de Página 12)

Source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/noticias/2016/05/14/dilma-con-la-prensa-durante-15-meses-sufrimos-todo-tipo-de-sabotaje/#.VzbHcYSGcRE

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2016/05/bresil-pendant-15-mois-nous-avons-subi-toutes-sortes-de-sabotages.html