Venezuela : Almagro & CO. La croisade contre le Gouvernement vénézuélien
Telesur, 30 juin 2016
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Le jeudi 23 juin, le Secrétaire Général de l'OEA, lors d'une session extraordinaire du Conseil, de cet organisme a donné des preuves qu'il ne cesserait pas sa campagne pour que le Venezuela « revienne » à la démocratie, ce qui selon Almagro n'arrivera qu'en mettant en place un referendum révocatoire contre le président Nicolás Maduro. Comme on l'a précisé, ce referendum pourrait se faire mais conformément aux délais fixés établis dans la Constitution vénézuélienne qui ne sont pas ceux qui sont « souhaités » par le Secrétaire Général. De plus, Almagro ne s'arrête pas malgré l'échec fracassant récolté entre la fin mai et le début juin et le fait que la majorité des pays soutient le dialogue entre le gouvernement vénézuélien et l'opposition. A cette occasion, on a mis en avant, de plus, que tout Etat a le droit de choisir son système politique sans ingérence. La même chose a été mise en évidence lors de la réunion de jeudi dernier quand aucun vote n'a été mené à bien mais que la session s'est uniquement focalisée sur l'échange de positions entre les pays et que la conclusion fut que les ambassadeurs « prendraient note » de ce qui se passe au Venezuela mais qu'ils parient sur le dialogue.
Ce qui est important, c'est que malgré ses défaites répétées, Almagro continue à avancer sa « proposition » en disant qu'il ne s'agit pas d'un projet personnel. Sa campagne a un soutien important et pas seulement de la part de la droite vénézuélienne, un secteur qui agit à travers diverses actions, la plupart illégales, pour purement et simplement renverser Maduro – en effet, le 27 juin, Ramos Allup a déclaré qu'il considère que la Charte Démocratique a été appliquée par l'OEA, contredisant les décisions de cet organisme. L'autre point d'appui de cette « croisade » contre le Venezuela , ce sont les représentants des organismes états-uniens soi-disant non liés à ce gouvernement. Cette affirmation semblerait contradictoire si on considère les déclarations de « bonne volonté » faites par l'actuel sous-secrétaire d'Etat du Département d'Etat aux Affaires Politiques Thomas Shannon qui est allé à Caracas juste avant la réunion du 23 juin. Cependant, la prise de décision dépasse largement la position publiée par la diplomatie officielle et pour des objectifs comme celui qu'on poursuit au Venezuela (renverser le gouvernement en fonction), on opère comme une grande corporation où le réseau entre les différentes entités – un lien qui est caché au public – a le même but : reproduire le système qui garantit leur existence. Cette métaphore peut être utile pour illustrer la pression qu'exercent des personnages comme Michael Shifter, représentant de l'Inter American Dialogue (Groupe de Dialogue Inter Américain) et Human Rights Watch (HRW) pour que l'OEA applique la Charte Démocratique au Venezuela.
Michael Shifter est l'une des voix « d'experts » qui se sont imposées sur ce qui se passe au Venezuela. En évoquant la réunion du jeudi 23 juin dernier, Shifter déclare : « Le Venezuela a échoué dans ses efforts pour bloquer la session mais le soutien au point de vue plus énergique d'Almagro semble assez faible. Malheureusement, peut-être seule une tragédie au-delà de ce qui s'est passé jusqu'à présent au Venezuela forcera les Gouvernements membres à agir de façon plus énergique ». Cette dernière expression peut être comprise comme une provocation. Car il semblerait qu'il avertisse que si une tragédie se produit, ce serait un moyen pour atteindre le but souhaité : que le Venezuela se soumette au modèle néolibéral. Il n'est pas surprenant que ces déclarations proviennent de Shifter dont la trajectoire est un des exemples les plus éloquents de la porte tournante que les intérêts privés et publics états-uniens mettent en place au service de l'élite du pouvoir. Il est le représentant de ce Groupe de Dialogue Inter-américain, a été directeur de projet de la National Endowment for Democracy et de la Fondation Ford. En même temps, il est membre du Conseil des Affaires Etrangères.
Il suffit de mentionner que le Groupe de Dialogue Inter-américain s'auto-définit comme un « réseau de leaders globaux (engagés) à poursuivre la gouvernance démocratique, la prospérité et l'équité sociale en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Nous travaillons pour façonner le débat public, trouver des solutions et améliorer la coopération dans l'Hémisphère Occidental ». en un mot : un groupe réduit « d'autorités » qui définissent ce qu'est a démocratie et ce qu'elle n'est pas. A cet organisme participent des personnalités qui, par leur trajectoire, rendent compte des avancées néolibérales dans la région non seulement en ce qui concerne les politiques économqiues mais aussi en ce qui concerne le triomphe idéologique : Fernando Henrique Cardoso (qui fait partie de la Direction), Moisés Naím, Sebastián Piñera, Juan Manuel Santos et Mario Vargas Llosa, entre autres. C'est l'un des organismes qui a mené à bien une forte campagne pour discréditer le gouvernement vénézuélien dans les mois précédant les élections à l'Assemblée Nationale à la fin de 2015.
La position de Human Rights Watch qui s'est présentée au niveau international comme une ONG « sérieuse » et « apolitique » est un peu plus surprenante. Cependant, c'est une de celles qui ont demandé spécialement à Almagro d'appliquer la Charte Démocratique « pour répondre aux menaces envers l'ordre démocratique » au Venezuela (16 mai 2016). De la même façon et dans la continuité de la demande précitée, à la réunion du jeudi 23 juin, José Miguel Vivanco, directeur de HRW pour l'Amérique, a signalé que si une majorité de pays votait pour avancer dans la discussion, ce pourrait être une défaite pour le Venezuela.
La préoccupation exclusive de HRW pour que le Venezuela « revienne à l'ordre démocratique » est curieuse quand on tient compte de l'information publiée par cette ONG au sujet de ce qui se passe au Mexique dans le cadre de la « guerre contre les drogues ». Par exemple, elle a publié que pendant le mandat de 6 ans de Calderón, 60 journalistes ont été assassinés dans ce pays. Après ce qui s'est passé à Ayotzinapa, HRW a écrit une lettre au Procureur Général de la Nation (Mexique) en alertant sur les graves abus envers les Droits de l'Homme commis dans ce pays : « … l'assassinat de 22 civils par des soldats à Tlatlaya (…) et la disparition de 43 étudiants à Iguala, même si cela a été des exemples extrêmes, ne sont pas des cas isolés. Cependant, à ce que nous savons, HRW n'a pas convoqué l'OEA pour qu'elle prenne une mesure drastique contre le gouvernement de Calderón à son époque ou contre l'actuel gouvernement de Enrique Peña Nieto. Il s'agit d'un pays dans lequel l'Etat d'exception est un fait permanent mais il semble que cela ne met pas en danger « l'ordre démocratique ».
Cette ONG qui a son siège à Washington D. C. à été l'une des plus opposées au gouvernement Chávez. Concrètement, HRW a travaillé de près avec la National Endowment for Democracy et l'USAID dans des activités destinées à discréditer et déstabiliser le gouvernement vénézuélien. Avec ces antécédents, il serait difficile d'affirmer qu'il s'agit d'une organisation « indépendante » des intérêts du gouvernement des Etats-Unis.
Ce que nous avons vu jusqu'ici prouve que la demande d'application de la Charte Démocratique et de la révocation de Maduro, contraire à ce qui est établi par la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela, n'est pas l'initiative « d'un groupe » de l'opposition vénézuélienne ou de secteurs isolés. Il s'agit d'un ensemble d'institutions et d'organismes très divers qui travaillent pour imposer au Venezuela un « ordre démocratique » conforme au libre marché.
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