Venezuela-Colombie : Avant Cúcuta, il y a la « crise humanitaire »
par Jesús Ernesto Parra (Mission Vérité 18 juillet 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Les informations récentes qui nous arrivent du Pont Simón Bolívar, sur la frontière entre le Venezuela et la Colombie confirment que rien n'est dû au hasard dans le schéma de Guerre Froide qui se développe contre le Venezuela.
Le corridor de María Ángela
Le soir où la chancelière colombienne María Ángela Holguín a annoncé comme un oracle qu'elle ne laisserait pas « les Vénézuéliens avoir faim », elle ne parlait pas uniquement en tant que diplomate et même comme dame de l'oligarchie. L'élégante représentante de la Colombie donne le mot de passe pour mettre en marche un nouveau chapitre du dossier de crise humanitaire concernant le Venezuela mais pas uniquement avec la population vénézuélienne comme centre de l'attaque mais en impliquant le pays voisin et, plus grave encore, en donnant lieu à un éventuel incident diplomatique qui achève de mettre en marche la machinerie sinistre de la diplomatie du continent qui essaie d'asphyxier le Venezuela. Au bout du passage vers Cúcuta nous attend la Charte Démocratique d'Almagro.
Les images ont fait le tour du monde. Des femmes vêtues de blanc traversant le pont qui les amènera du Venezuela au paradis artificiel colombien de la spéculation et de la contrebande. Peu importe si dans la ville du nord de Santander, les prix des produits de première nécessité sont encore plus épouvantables qu'au marché noir vénézuélien. Il sortira même en couverture des journaux qui bombardent le monde de faux positifs en espérant qu'ils nous bombardent bientôt nous, que le passage par ce pont s'est déroulé sans incidents.
Ce qu'avancent déjà les médias internationaux, c'est qu'à Cúcuta, on rapporte qu'on ne vend qu'un kilo par personne à cause de la pénurie de certains produits due – ainsi l'expliquent les commerçants locaux – à la grève des camionneurs dans la ville. D'autre part, le Gouverneur du Nord de Santander avertit qu'ils ne pourront vendre aux Vénézuéliens que jusqu'à mardi et des sources dans ce domaine rapportent que déjà, la plupart des Vénézuéliens repartent sans avoir acheté aucun produit. Cúcuta, la terre promise du consumérisme pour la chancelière Holguín, va vers la crise humanitaire.
Qu'arriverait-il si les autorités colombiennes déclaraient Cúcuta zone en crise humanitaire ?
Au bout de l'arc-en-ciel, Almagro nous attend.
Revoyons les concepts. Dans sa définition la plus basique, une crise humanitaire est une situation d'urgence qui dépasse la capacité d'assistance locale et a besoin du soutien d'autres organisations internationales pour faire face à l'urgence.
Ce subterfuge de l'intervention internationale fait partie du répertoire des éléments de campagne politique et de propagande de guerre pour détériorer l'image, conditionner la population locale et aller vers la perturbation de toute la stabilité d'un pays.
La crise humanitaire en tant que ressource médiatique et en tant qu'instrument de technologie politique est aussi une ressource de la guerre hybride et part des agents politiques qui soutiennent et installent ce schéma. Dans le cadre général, elle contribue à l'affaiblissement indispensable d'une nation pour la faire passer pour un territoire vulnérable ;
Imaginons un scénario. Qu'arriverait-il si les autorités colombiennes déclaraient le Nord de Santander et Cúcuta en particulier zone en crise humanitaire ? Cela ne leur semblerait-il pas une occasion parfaite pour réactiver l'initiative avortée de la Charte Démocratique Inter-américaine ? Et pire encore, avec un pays voisin impliqué au milieu.
Les derniers modèles d'opinion publique reflètent que ce scénario avance en ce qui concerne le problème de la frontière vénézuélienne. Les derniers titres comme le premier dégoté il y a quelques semaines par Holguín soulignent le mot Faim comme un sinistre sous-modèle. Faim + Crise Humanitaire + Presse Internationale = Almagro.
Contrairement à la frontière, un « seuil » est un point de passage entre une région et une autre seulement déterminé approximativement. C'est à dire que cela demande un énorme élément de perception et d’interprétation. C'est un concept sujet à l'estimation de nos sens. Et dans le cas du Venezuela, nos sens ont été ostensiblement détériorés par une guerre médiatique sans repos ni quartier. En ouvrant le Pont Simón Bolívar de Táchira, franchissons-nous le seuil qu'avec ses manières élégantes, madame Holguín nous a invités à franchir?
Source en espagnol :
http://misionverdad.com/matrices%20/antes-de-cucuta-esta-la-crisis-humanitaria
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