Venezuela: Hugo Chávez et le destin d'un peuple (2° partie)
Par Germán Sánchez Otero, 22 juillet 2016
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Il proclame qu'il est son ami et il en est fier : « J'admire ton courage, ton honnêteté et ta vision claire des problèmes du monde actuel et le rôle extraordinaire que le Venezuela est appelé à tenir dans l’unité latino-américaine et dans la lutte des pays du tiers-monde ». Cela, il ne le dit pas maintenant parce que Chávez est Président du Venezuela : « J'ai deviné qui il était quand il était encore en prison. A peine quelques mois après qu'ait été libéré, je l'ai invité à Cuba avec tous les honneurs au risque, encore, que ceux qui étaient les maîtres du pouvoir rompent leurs relations avec Cuba […]”.
Ils affirme que ceux qui gouvernaient le Venezuela depuis 1959 – quand pour la première fois il s'est rendu au Parlement – ont créé les conditions pour que naisse le processus révolutionnaire actuel. Ils considère que ces forces politiques « ne gagneront jamais à nouveau la confiance du peuple si la nouvelle génération de leaders qui dirige aujourd'hui le pays arrivent à unir leurs forces, à serrer les rangs et à faire tout ce qu'ils peuvent ». Et il pose une question importante : « est-il possible de faire cela à l'intérieur du modèle constitutionnel et politique approuvé récemment ? Ma réponse est oui. »
Il est certain que l’énorme autorité politique et morale « qui vient de ce que la Révolution Bolivarienne peut faire pour le peuple vaincra politiquement les forces réactionnaires. » Et il complète sa prévision : « La culture et les valeurs révolutionnaires et patriotiques qu'enne engendrera dans le peuple vénézuélien rendront impossible le retour au passé. »
Un autre jour, le 28 octobre, ils se rendent à Barinas. Ils prennent d'abord un déjeuner typique des llanos dans la maison des parents de Chávez qui, devant l'insistance de leur hôte pour savoir comment est le capybara, le leur dessine avec un stylo sur une serviette en papier et répondent aux nombreuses questions qu'il pose sur le quadrupède herbivore de la taille d'un cochon dont la chair doit être séchée au soleil et salée.
Ils font un parcours à travers la zone de développement spécial La Marqueseña-Puerto de Nutrias. Chávez est au volant de la voiture qui se déplace dans les rues étroites, Fidel, à ses côtés, observe même le vol des papillons. Il arrête même leur marche pour des personnes qui veulent leur parler et le copilote devient un aide qui garde les petits papiers avec les demandes des paysans et des femmes éplorées qui portent des enfants mal nourris ou malades.
Ainsi avancent-ils, le fils de Sabaneta la main droite sur le volant et l'autre saluant des centaines de personnes qui lui crient des mots d'affection et des demandes d'aide diverses et il leur répond : « Attention, gros ! », « Salut, noire ! ». Ensuite, Fidel commente qu'il s'est rempli la tête avec les nombreux besoins et les angoisses que les gens transmettent à Chávez. En même temps, il a réaffirmé que tous ont confiance en lui, une énorme confiance et un énorme espoir en l'obligeant à réaliser l'impossible.
A la fin du périple, il dit à son ami :
Chávez, j'ai vu beaucoup de souffrance, j'ai vu plus de désirs d'aide dans le peuple vénézuélien que ce que j'ai trouvé à Cuba quand la Révolution a triomphé.
Il argumente que le Venezuela est un pays de 24 000 000 d'habitants, de plus de 900 000 Km2 et que les problèmes accumulés sont plus importants que le pays. Il commente cela en privé avec lui et plusieurs fois en public : Pourquoi ne s'organisent-ils pas ? Insinue-t-il. Et il donne l'exemple de Cuba: “[…] notre pays n'aurait pas pu résister au blocus, notre pays n'aurait pas la conviction qu'on peut vaincre n'importe quelle agression, n'importe quelle invasion sans cette participation du peuple organisé. »
De là, ils vont à Sabaneta, visitent la maison où Chávez a vécu enfant, parcourent des quartiers du village et parlent lors d'une manifestation populaire. Fidel observe tout et demande mille précisions. Chávez jouit particulièrement de cette nouvelle rencontre avec son passé et avec son peuple de toujours, accompagné par le leader qu'il a commencé à admirer dès son adolescence.
Il s'attendrit en le voyant entrer en baissant la tête sous la petite porte de son foyer d'enfant et il imagine l'extraordinaire grand-mère Rosa Inés qui l'embrasse et lui sourit. « Incroyable, celui que je vois devant mes yeux est Fidel », se dit-il en regardant le Commandant historique marcher dans sa maison des souvenirs.
Sur la place Bolívar de Sabaneta, proche de l'église où Chávez fut enfant de choeur, ils discutent avec beaucoup de gens qui sont là et tous deux improvisent de brefs discours. Impressionné par tant de personnes humbles qui s'approchent de Chávez de toute part pour lui demander des solutions à leurs problèmes, Fidel souligne que ceux-ci se sont accumulés pendant plus de 200 ans, que l'organisation a manqué é et que les dirigeants locaux doivent être chargés de résoudre les difficultés les plus quotidiennes. Et il prononce une phrase clef que beaucoup répètent depuis : « Chávez ne peut être le maire de tout le Venezuela... » Il s'inquiète aussi des faiblesses qu'il observe dans la sécurité personnelle de son ami et déclare publiquement qu'on devrait plus s'en préoccuper.
Chávez remercie son invité pour ses remarques et, en le regardant dans les yeux, lui dit qu'il espère qu'il reviendra vite à Sabaneta « et que tu ne voies plus les paysans sans terre et que tu ne voies plus l'enfant avec une hernie qui ne sait pas quand on va l'opérer ni quel médecin va le voir et que tu ne voies plus les enfants sans école et que tu ne voies plus les femmes sans travail mais que tu voies la Révolution Bolivarienne que nous sommes à peine en train de commencer à construire et que tu voies la révolution triomphante de cette belle partie de l'Amérique du Sud. »
Source en espagnol :
http://www.cubadebate.cu/especiales/2016/07/22/hugo-chavez-y-el-destino-de-un-pueblo/#.V5MUtYSGcRE
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