Venezuela : Les manœuvres de blocus financier de Citibank
Mission Vérité 12 juillet 2016
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Le journal financier Bloomberg a confirmé il y a quelques heures la dénonciation faite par le président Maduro hier concernant la notification par Citibank de la fermeture des comptes de la Banque Centrale du Venezuela et de la Banque du Venezuela pour exécuter des paiements et des transactions en monnaie étrangère hors du pays.
Le courrier électronique envoyé aux médias internationaux par Citibank, division internationale du géant financier états-unien Citigroup repris par Bloomberg cite en particulier l'évaluation en cours de l'arrêt de ses opérations en tant que banque correspondante du Venezuela, c'est à dire, des comptes par lesquels le pays réalise ses paiements à l'étranger, appelant à une « évaluation des risques » opaque et sans données fiables qui pourraient être contrôlées par rapport à la réalité.
Citibank confirma son désir de bloquer le Venezuela et d'empêcher qu'il puisse réaliser des transactions internationales de différentes sortes bien qu'elle nuance avec « son engagement envers le pays » et « continue à dialoguer avec le président Maduro ». Le fait qu'elle a parlé avec Maduro est réel et la manœuvre de blocus aussi.
Citigroup est l'un des 6 grands conglomérats financiers de Wall Street. C'est un puissant cartel de l'économie globale. Ce n'est pas n'importe quel pouvoir économique qui nous attaque mais un pouvoir économique assez lourd sur les 5 continents.
Qui dirige Citibank en Amérique Latine?
L'ensemble des gérants, c'est à dire les technocrates de poids de Citibank dans la région est composé de personnages liés aux affaires financières vénézuéliennes. Francisco Aristiguieta, actuel président de Citibank pour l'Amérique Latine a travaillé, avant d’assumer cette charge, à la division des Services de Transactions Globales, et était chargé de faire les démarches et de gérer les comptes qui vont être fermés aujourd'hui abusivement et unilatéralement.
A la fin des années 1980 et au début des années 90, il fut analyste Financier Sénior et Gérant des Projets dans le domaine des Nouvelles Affaires et du Financement International des Projets de Pequiven, juste au moment où était organisée sa privatisation par de grandes banques et des entreprises pétrolières transnationales. En 1994, ce processus étant déjà consolidé, ils ont nommé Aristiguieta Gérant pour le Secteur Public de Citibank Venezuela.
Pour sa part, le banquier vénézuélien Bernardo Chacín occupe la plus haute charge de l'ensemble des gérants andins de Citibank: un domaine et des affaires qui comprennent le Chili, la Colombie, le Pérou, l'Equateur et le Venezuela. Avant d'assumer plusieurs charges dans l'organigramme de Citibank, Chacín a aussi travaillé pour PDVSA dans l'équipe qui s'occupait des finances de la corporation. C'est le fils de Juan Chacín Guzmán, ex président de PDVSA au début de l'Ouverture Pétrolière1. En Equateur, il a été président de la puissante corporation pétrolière Gulf Oil Company.
Cette corporation pétrolière a des intérêts de vieille date dans des affaires pétrolières vénézuéliennes en s'associant directement ou indirectement avec les bénéfices privés générés par la privatisation de PDVSA pendant l'Ouverture Pétrolière.
Il n'y a pas de raison financière qui justifie l'action de Citibank.
Les intermédiaires transnationaux qui ont aidé à piller le pays dans les années 1990 sont ceux qui occupent aujourd'hui de hautes charges de direction dans une banque états-unienne qui cherche à bloquer financièrement le pays et à faire obstacle aux avancées pour améliorer son environnement macro-économique. Le pétrole vénézuélien, hier comme aujourd'hui, et les intérêts stratégiques de Citibank dans le pétrole vénézuélien expliquent la position de ces cadres.
Quelles raisons justifient l'action de Citibank ?
Financièrement, aucune. Si ces raisons sont le « risque » que lui fait courir les comptes vénézuéliens, Citigroup, la maison mère de Citibank, possède des comptes à risques beaucoup plus importants à l'intérieur même des Etats-Unis, ceux qui traitent des «obligations à haut risque2» conséquence de la débâcle de la bulle financière de 2008. Il y a même, à Citibank, des créanciers d'entreprises de fracking qui aujourd'hui tombent en piqué aux Etats-Unis à cause de la chute des prix du pétrole.
Le Venezuela, pour sa part, a rempli tous ses engagements internationaux en monnaie étrangère ces dernières années. Le pays détient toujours un record positif dans le paiement de sa dette. En avril dernier, le président Maduro a annoncé qu'en 17 mois, le Venezuela avait réglé 30 000 millions de dollars pour le service de la dette.
Bien que n'importe quelle banque puisse, de fait, « se réserver le droit d'admission » et prendre des mesures discrétionnaires de fermeture des comptes de n'importe quel client, une mesure de cette sorte qui affecte concrètement la Banque Centrale du Venezuela (BCV) et la Banque du Venezuela (BDV) ne se produit que dans des situations de sanctions internationales. Cuba, la Syrie, l'Iran, la Libye et même la Russie ont été l'objet de sanctions similaires, justement dans le cadre de sanctions pour bloquer ou inhiber l'activité financière de ces pays.
Les mesures unilatérales et malintentionnées que prend Citibank contre le Venezuela sont, en fait, une action de blocus financier. Et notre pays ne se trouve dans le cadre d'aucune mesure technique d'embargo ou de sanctions à moins que, comprenez bien, ces mesures ne soient comprises dans le Décret Obama qui qualifie le Venezuela de « menace inhabituelle et extraordinaire » pour la sécurité des Etats-Unis et qui rapporte la situation de « risque économique » du Venezuela.
La banque, cependant, a répondu en signalant qu'elle estime « notre dialogue avec le gouvernement du président et nous attendons de prendre soin de vos préoccupations pour pouvoir continuer à servir nos clients ».
Citibank est détentrice de bons et de bons du pétrole vénézuéliens. Nous aurions pu présumer en conséquence qu'ils se débarrasseraient d'eux en tant que « obligations à haut risque3 ». Cette action élémentaire qui se situe dans la même logique de siège financier, aurait une conséquence immédiate : elle rendrait difficile le financement d'une probable nouvelle émission de bons par le Venezuela ou par PDVSA.
Cette action financière fait partie de la guerre non conventionnelle contre le Venezuela.
Les relations extérieures du Venezuela et sa solvabilité démontrée permettront à de nouvelles banques de recevoir les clients vénézuéliens. Probablement des banques chinoises ou des banques russes, des acteurs émergeants dans la tableau financier global, peuvent faire des affaires avec le Venezuela pour remplacer les relations de vieille date qu'avait la République avec Citibank. Elle gère aussi les activités de ses clients concrets BCV et BDV en ce qui concerne le flux d'entrées et de sorties d'argent en devises. Ils prêtent au Venezuela des services financiers. Nos relations financières extérieures et les questions de commerce extérieur travaillent à partir de cette firme. Si cette banque ferme les comptes des clients vénézuéliens, l'action concrète du Venezuela sera de se rendre dans d'autres banques pour qu'elles prêtent ces services à la République, à la BCV et à la BDV en tant qu'entreprises vénézuéliennes.
L'intensité de la guerre financière augmente
Le Venezuela a rempli tous ses engagements à l'étranger en payant à temps tout ce qui représente une dette extérieure. Malgré cela, les agences qui estiment les risques ont situé le Venezuela à des places pires que l'Ukraine qui est en pleine guerre ou même pire que la Somalie, en plaine guerre civile depuis les années 90. Pour en avoir une idée, aujourd'hui, le Deutsche Bank Group publie son tableau de risques « Credit default Swap ».
Le Venezuela est le pays le plus mal placé de sa liste dans le monde avec 4 500 points. Un pays comme la Turquie, en guerre avec les Kurdes, avec des relations militaires tendues avec la Russie et en guerre contre la Syrie a 225 points. L'augmentation disproportionnée du « risque » implique pour le Venezuela qu'il accèdera dans de mauvaises conditions au financement extérieur, ce qui obligera le pays à payer des intérêts absurdes et des capitaux vautours. Seconde expression de l'attaque.
Situer le Venezuela dans la catégorie des probables « clients indésirables » pourrait être une autre variante de la même stratégie de guerre économique extérieure et nous sommes certainement devant ce cas. Il est impossible de ne pas reconnaître ces questions comme des expressions concrètes d'une stratégie de guerre non conventionnelle mise en œuvre contre notre pays qui a 300 000 millions de barils sous ses pieds (les réserves de pétrole les plus importantes du monde) et une réserve politique, éthique et morale qui s'appelle « chavisme », un synonyme de « gigantesque ».
NOTES:
1Epoque où le pétrole vénézuélien était aux mains des compagnies étrangères.
2« bonos basura » en espagnol : bons ordures !...
3« bonos chatarra » : ferraille, déchets...
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