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Argentine : Interview de Cristina Fernández de Kirchner (5° partie et fin)

6 Août 2016, 16:24pm

Publié par Bolivar Infos

Telesur, 23 juillet 2016

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Journaliste : Présidente, revenons un peu à l'Argentine. Votre gouvernement a pris une série de décisions qui, à l'époque, ont été critiquées par certains secteurs de la société, comme par exemple le régime de change, le régime des importations. Aujourd'hui, prendriez-vous les mêmes décisions ou changeriez-vous quelque chose ? Merci.

CFK : Un peu court, bien russe. Du régime des changes, on en a beaucoup parlé. Je savais qu'on me poserait cette question et j'ai regardé quelques chiffres. Entre le 27 janvier 2014 et le 4 décembre 2015, un peu moins de 2 ans, savez-vous combien de dollars ont été vendus sur le Marché Unique Libre de Change ? Combien La Banque Centrale a vendu, pas à des importateurs, pas à des chefs d'entreprises, à ceux qui achetaient des billets avec le consentement de l'AFIP pour capitaliser ? 9.500 millions de dollars en billets, pour capitaliser. Cependant, on disait que les gens ne pouvaient pas acheter des dollars. Et quand on a vu la quantité, qui étaient ceux qui les achetaient – je n'ai pas les noms mais j'ai les secteurs d'activité – c'étaient des salariés. En plus, c'était très facile d'en acheter, les plus gros achats de dollars se produisaient toujours entre le 28 et le 29 de chaque mois et le 4 et le 5 du mois suivant, quand les salaires étaient payés. C'est à dire qu'il y a eu des Argentins salariés qui ont pu acheter 10 000 millions de dollars bien que les journaux aient dit : « Les dollars ne se vendent pas. » Et je ne te parle pas des Argentins qui voyageaient dans le monde avec des cartes, ici, c'était illimité, la carte devait être payée et le gouvernement payait les cartes et les passages. Alors, on a eu l'idée dans la société qu'on pourrait accéder aux dollars. Quand Kirchner est arrivé au pouvoir, on pouvait acheter environ 500 000 dollars par personne et par mois. Evidemment, personne ne pouvait les acheter à ce moment-là ou peu de gens pouvaient les acheter. Ensuite, quand l'économie s'est relevée, on a augmenté à 2 millions de dollars par mois pour éviter que le peso ne soit surévalué.

Mais dans tout processus de réindustrialisation comme celui qu'il y a eu en Argentine, l'étranglement du secteur extérieur, et dans un processus ascendant de grande mobilité sociale où en plus il y a une habitude très épurée dans la société argentine qui est celle de thésauriser des dollars pour l'épargne, une chose qui n'arrive pas par exemple au Brésil ni dans d'autres économies, l'étranglement du secteur extérieur à cause de la demande en dollars, en monnaie forte, a été une constante dans notre histoire. C'est également arrivé à Perón pendant son premier et son deuxième gouvernements. C'est que c'est la conséquence de la croissance économique et d'une accélération de la croissance parce que, c'est amusant, parce qu'on a dit que nous avions un gouvernement anti-américain... Si vous voyez la balance des paiements pendant un gouvernement pro-Etats-Unis comme fut celui de Menem pendant les années 90, la balance commerciale était déficitaire pour les Etats-Unis. Cependant, la balance commerciale sous notre gouvernement, fut très excédentaire pour les Etats-Unis. Parce que, comme nous étions en train de nous réindustrialiser et que nous achetions des biens d'équipement1 pour l'industrie, pour produire, nécessairement, nous faisions appel aux économies à technologie plus avancée et les Etats-Unis en sont une.

Par conséquent, la politique du change ne changera pas parce que si elle changeait, ce serait peut-être la politique industrielle pour la rendre moins dépendante ou pour que le développement soit plus parfait et que les chaînes de production ne demandent pas autant de devises.

Mais figurez-vous une chose, on fait une manifestation avec des casseroles là, pour le 8 novembre, parce que les gens ne pouvaient pas acheter des dollars, et je leur demande à tous : maintenant, combien de dollars pouvez-vous acheter ? Maintenant, on peut acheter tout ce qu'on veut, d'abord, ça a été 2 millions, puis 5. N'importe quel Argentin peut obtenir la quantité qui lui passe par la tête. Mais j'ose dire que c'est une infime minorité. Sous ma gestion, ils sont arrivés à faire 14 millions d'opérations d'achat pour presque 10 000 millions, de la part des salariés et de la classe moyenne qui épargnait en dollars ce qui leur restait à la fin du mois. Ou ils l'utilisaient soit pour payer les mensualités de la voiture, réparer un réfrigérateur ou une climatisation. Maintenant, on les critiquait même pour utiliser la climatisation ou avoir une cuisinière, moi, je ne leur ai jamais interdit et je ne me suis jamais mise en colère parce que quelqu'un utilisait ces appareils électro-ménagers. Au contraire, c'est sous notre gouvernement que des millions d'Argentins ont pu les acheter, les remplacer ou même accéder au gaz.

Alors, je crois que beaucoup de choses seraient améliorées parce qu'on cherche toujours cela et on essaie de faire au mieux. Mais on croit au mythe qu'il n'y avait pas de dollars et je l'ai dit alors, qui a emporté les presque 10 000 millions vendus entre le 27 janvier 2014 et le 4 décembre... j'estime qu'ils doivent être arrivés à plus. Comment peut-on dire qu'il n'y avait pas de dollars si tout le monde voyageait à l'étranger et payait par carte ? On croit au mythe disant qu'ils ne les avaient pas, c'est pourquoi, je répète : combien d'Argentins ont pu acheter les mêmes dollars qu'ils achetaient auparavant ? Certainement, ils les ont et ce n'est pas mauvais qu'ils les aient parce qu'ils les ont toujours eus. Ce qui est mal, c'est de tromper et de mentir aux gens. Et ce qu'on te disait quand un appareil hégémonique des médias installe un sentiment commun dans le meilleur style de Gramsky qui a fini par agir contre les intérêts de ceux qui font usage et affichent ce sentiment commun. Je me rends compte qu'il y avait des gens qui critiquaient les subventions et maintenant, ils sortent pour protester avec des casseroles parce qu'ils ne peuvent pas payer le gaz. Et c'est bien qu'ils le fassent. Parce qu'il y a aussi un autre mythe que je veux éclaircir parce qu'il est important, on dit qu'il y avait un déphasage entre ce qu'on payait en services dans le Grand Buenos Aires et dans le pays profond. Je veux, lors de cet acte solennel, vous raconter comment était le système. Celui qui vend l'énergie c'est Camesa, à travers l'Etat, c'est l'administrateur en charge des tâches de production, de transport et de distribution.

Notre gouvernement faisait payer le mégawatt le même prix à Edenor et à Edesur qui sont les grands distributeurs de la Capitale et de la banlieue qu'à Epec, le distributeur de Córdoba, qu'à celui de Santa Fe, de Misiones ou de Santa Cruz. Pour que vous voyez que je suis neutre, que font-ils là ? L'entreprise de distribution de la province est publique. Mais ceux à qui on payait beaucoup plus cher ce mégawatt étaient les distributeurs qui, dans certains cas, sont d'Etat et dans d'autres cas, privés. Cela ne se passait pas à Buenos Aires parce qu'Edenor et Edesur sont les 2 seules entreprises dans lesquelles c'est l'Etat qui fixe les prix. Le même Etat qui est représenté aujourd'hui par le gouvernement actuel, il a fait un énorme transfert aux distributeurs dans lesquels il y a aussi des amis du gouvernement. Petrobras, qui a été acheté lors d'une opération de Pampa Energy, un fonds administré par Midlin et Lewis, le magnat du sud. Une opération de 900 millions de dollars sur lesquels ont été payé 300 millions. Il reste encore à payer à Petrobras 600 millions. Et qui va payer cette différence ? Midlin ? Non, vont la payer tous les consommateurs de gaz de la République Argentine. A cause de cela, il faudrait voir comment sont composés les staff des sociétés des principales entreprises de production et de distribution d'électricité et de gaz. Sans aller plus loin, celui qui était le patron de Metrogas jusqu'en décembre de l'année dernière est aujourd'hui en charge d'Energas, où il doit s'occuper de contrôler Metrogas. A cause de cela, un autre des problèmes en matière de tarifs est la collusion, le conflit d'intérêt entre ceux qui sont les patrons des entreprises de gaz ou de pétrole et les fonctionnaires du gouvernement. Et ensuite, c'est le cas du ministre de l'Energie qui, sous notre gouvernement, aurait été l'objet de dénonciations à La Haye ou à la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme.

L'autre question que vous m'avez posée concerne les importations. Aujourd'hui, nous avons un régime de libre importation et nous pouvons voir des rayons avec des produits du monde entier. Le libre commerce n'est encore pratiqué dans aucune partie du monde. C'est un drapeau brandi par les pays importants alors que chez nous, par exemple, est interdite l'entrée des citrons des Etats-Unis et nous avons dû faire un procès pour qu'ils y laissent entrer la viande. Tout le monde protège sa production, ses chefs d'entreprises, ses commerçants, ce qui ne veut pas dire que nous nous fermons au monde. En fait, ce que nous voudrions, c'est que les multinationales viennent investir. Maintenant, si on leur permet d'importer librement, pourquoi est-ce que je vais investir dans le pays, avec un marché intérieur déprimé en ce qui concerne la consommation, si je peux produire à moindre coût dans mon pays d'origine ? Alors, je vais ouvrir un bureau de commerce d'importation avec une chaîne de distribution et point. Le problème, c'est que c'est un raisonnement à court terme puisque, s'il n'existe pas de consommation, si on a fermé les commerces, qui va acheter ces produits importés ? Quelques-uns le feront mais ce n'est bon ni pour la démocratie ni pour le pays, ils devraient réviser ces politiques. Ce n'est pas fermer l'économie, cela signifie prendre soin de ce qu'on produit. Maintenant, on peut trouver des oranges d'Israël ou des cochons du Danemark... vous savez combien de gens qui n'ont même pas voté pour nous, qui ont investi dans le secteur rural, dans des élevages de porcs parce qu'il fallait remplir le quota du marché intérieur, maintenant, doivent les tuer parce qu'entrent des porcs du Brésil ou d'Allemagne à des prix avec lesquels nous ne pouvons pas entrer en compétition, en plus d'abandonner les droits sur le maïs avec un revenu de base pour l'industrie avicole, porcine et des fermes celui-ci s'envole au niveau international.

Le secteur fermier se porte mal aussi, le maÏs est cher, les produits vétérinaires ont beaucoup plus augmenté que le prix du produit et les revenus de la ferme. Le changement aujourd'hui, c'est un retour en arrière avec l'ajout du fait qu'il n'y a pas de consommation intérieure pour soutenir une parité du change compétitive pour la production nationale. C'est le grand problème, les difficultés que je vois à grands traits, que la meilleure équipe de ces 50 dernières années, certainement, trouvera la solution. Pour le moment, il faut demander qu'on trouve une solution à quelque chose d'aussi simple qu'une facture de gaz parce que les gens ne savent pas encore combien ni quand ils vont devoir payer... 400%, 1000% tous les 2 mois ou tous les 20 jours. Enfin, si on arrive à trouver une solution à cela, je parie qu'ils peuvent trouver une solution à des choses un peu plus complexes.

Journaliste : Ces dernier

es mois, nous avons vu des gens proches de vous comparaître devant la Justice. Est-ce que la possibilité qu'on décide de vous arrêter vous préoccupe et quelle est votre réponse à cette quantité de généralisations qu'on voit dans les médias ?

CFK: A première vue, en ce qui concerne la peur de la prison, non. Si j'avais eu peur de la prison, je n'aurais pas fait ce que j'ai fait en tant que Gouvernement, je n'aurais sans doute pas non plus milité dans les espaces politiques dans lesquels j'ai milité depuis ma jeunesse. Etre péroniste n'a jamais été facile dans ce pays. Et ça n'a jamais été sans prix. Péronistes, avec l'orientation que nous avons toujours eue, nous qui partageons cet espace. En ce qui concerne les épisodes que vous mentionnez, aucune généralisation n'est bonne. Ce qui a pu se passer avec tel ex fonctionnaire, sans le minimiser, c'est ce qui peut se passer dans n'importe quel gouvernement. Mais j'aimerais aussi dire qu'entendre une personne qui s'appelle Macri parler de pillage de l'Etat, parler de travaux publics ou de certaines choses, me semble un manque de respect pour la mémoire et l'histoire récente des Argentins. Moi, je n'ai aucune entreprise de construction, en effet, je l'ai dit l'autre jour en parlant avec un de tes collègues, je soutiens qu'il faut créer au Parlement une commission bi-camérale d'audit des travaux publics.

En Argentine, on a investi dans les travaux publics, pendant les 12 dernières années, 107 000 millions de dollars. De 1990 à 2002, on a investi 18 000 millions de dollars. La seule chose que je demande, c'est qu'on fasse un audit sur les 12 dernières années pour déterminer s'il y a eu des sur-prix, qui les a empochés. Parce qu'en ce moment où le Gouvernement a décrété une nouvelle fixation des prix des travaux publics, c'est indispensable. Dans quels travaux est-ce que ça a été re-déterminé dans ceux où il y avait déjà des sur-prix ? Les derniers 45 000 millions qui ont été attribués pour l'enfouissement du train Sarmiento, une œuvre que nous n'avons jamais pu commencer parce que l'UTE, l'entreprise qui a gagné l'appel d'offres, de laquelle fait partie IECSa, de Calcaterra, petit-fils et ami de Macri, avec Odebrecht et d'autres entreprises, a besoin d'un financement privé, ça ne devait pas venir de l'Etat. Et maintenant, on m'informe que par décret, on lui attribue 45 000 millions pour le financer. Que se passe-t-il avec les entreprises qui ont perdu cette accréditation parce qu'elles n'avaient pas de financement extérieur ?

A cause de cela, je crois qu'on doit faire cet audit des travaux publics de ces 12 dernières années puisque ce sont 107 000 millions, sur lesquels 57% ont été faits par le Gouvernement national mais le reste a été fait et soumissionné par les gouvernements des provinces et des municipalités. La seule chose que faisait le Gouvernement national, c'était d'envoyer l'argent. Et il y a environ 25 000 millions pour les Ponts et Chaussées, le même chiffre pour les infrastructures énergétiques, vous avez 15 000 millions pour les logements, faits par les provinces, environ 12 000 millions en travaux concernant l'eau, 11 000 millions en transfert de fonds fédéraux solidaires du soja que faisaient les gouvernements municipaux. Pour cela, il serait très intéressant et nécessaire de déterminer ce qui s'est passé et chacun devra répondre de ce qu'il a fait. Moi, je vis dans cette maison, qui est à mon nom, et qui était à moi avant que je sois présidente. Je ne vis pas dans une maison donnée par une entreprise de construction. Je crois que le sujet de la généralisation n'est pas bon et en plus avec les conflits d'intérêt et avec certaines affaires de scandales de notoriété publique et pour les procureurs, c'est simple. Il suffit de décrocher un téléphone pour savoir avec qui ces fonctionnaires parlaient, avec qui ils se réunissaient. Nous voyons que certains des principaux adjudicataires des travaux publics font partie du Gouvernement, il faut faire attention à cela parce que ça finit par avoir un impact important sur la politique. Comme si la politique impliquait qu'ils sont tous égaux, que politique est synonyme de corruption et quand cela finit par s'enraciner dans une société finalement, c'est le triomphe des corporations qui continuent à manoeuvrer les gens avec le concept que la politique est corrompue. Non, la politique n'est pas corrompue. Il peut y avoir des hommes politiques corrompus, identifiez-les moi. En ce qui concerne la question sur les affaires, je crois que même les journalistes les plus anti-K2 – si on veut les appeler ainsi – disent que l'affaire des dollars à terme est arbitraire. Comment peuvent-ils inculper une présidente, un ministre de l'économie et un directeur de la Banque Centrale qui n'ont pas été ceux qui ont décidé une dévaluation et n'étaient pas les bénéficiaires des contrats en dollars à terme ?

Là, vous avez même une première affaire qui est évidemment une stigmatisation d'un secteur politique. Mais en plus, les dénonciations qu'on a faites sur moi, même quand j'étais Présidente, j'ai été impliquée dans 3 affaires d'enrichissement illégal, on a fait une enquête sur moi de 1995 presque jusqu'en 2012, toujours pour des choses liées à des Déclarations Officielles de Patrimoine. On ne m'a trouvé aucun compte à Panamá. Je n'ai aucun compte à l'étranger. Je n'ai pas de sociétés secrètes qu'on m'ait découvertes. Tout ce qu'ils disent est écrit dans mes propres Déclarations Officielles de Patrimoine signées et présentées par moi solennellement non seulement devant le Bureau Anti-corruption mais aussi devant l'AFIP. Quelqu'un peut-il être assez fou pour déclarer des choses dans une Déclaration Officielle de Patrimoine pour qu'ensuite, sur la base des chiffres qui se trouvent dans cette Déclaration Officielle, ils disent, non, il a commis un délit ? Et il en résulte que tous les jours, il y a des gens qui, quand ils n'ont pas de comptes à l'HSBC, qui font fuir l'argent du pays, apparaissent dans les Panamá Papers, ensuite, ils disent qu'ils avaient oublié qu'il y avait un compte.

Imagine-t-on qu'ils me trouvent un compte à l'étranger et que je dise que je ne m'étais pas rendue compte que j'avais un compte à l'étranger. Qui aurait accepté que moi, je dise cela ? Si au moment des Panamá Papers, les journalistes allemands eux-mêmes disaient cela, les journalistes argentins étaient excités parce qu'ils pensaient qu'ils allaient trouver un Kirchner dans les Panamá Papers. Et ils n'ont trouvé aucun Kirchner, ils ne vont pas en trouver, pas le moindre Néstor Kirchner, Cristina Kirchner, Máximo Kirchner et Florencia Kirchner, parce que tout ce que nous avons, nous l'avons ici, dans notre pays. Je ne te raconte pas quand ils ont inventé, en couverture de Clarín, un compte de 40 millions de dollars à mon fils avec Nilda Garré. Savez-vous combien de gens qui, par ici, ont vu cette couverture, ensuite n'ont pas appris que Máximo a parlé à la radio et l'a démenti et sont restés avec la couverture de Clarín disant que Máximo avait 40 millions de dollars ?

Ou ce qui s'est passé hier ou avant-hier, avec le fameux arrêté de Milagro Sala dont je peux te montrer 4 feuilles entières de sites de tout le pays disant « il y a une BMW propriété Milagro Sala pleine d'argent. » Ensuite, est sortie l'information que ce n'était pas sûr. Vous savez combien de gens ont lu les 4 pages des sites disant cela et n'ont pas lu ensuite qu'il n'y avait pas d'argent de Milagro Sala ?

Hier, j'entre dans un des sites de l'Ambassade que j'appelle House Organ et je vois : « L'ex Sénateur K arrêté à Ezeiza avec 30 000 dollars. » Tous sont K. Cet ex Sénateur n'a pas été élu en 2011 parce que j'ai proposé l'actuel vice-gouverneur de la province, le Dr. Pablo González, qui fut le candidat au Sénat de la Province de Santa Cruz. Cependant, ils mettent que le sénateur précédent, qui est celui sur lequel on a trouvé 30 000 dollars est K. Savez-vous une chose ? Le frère de cet ex Sénateur, qui est un comptable, ce n'est pas la peine de dire les noms, il ne faut pas salir les gens, il faut attendre que la justice statue. Le frère de cet ex Sénateur qui fut aussi un de nos fonctionnaires au BICE, est aujourd'hui un collaborateur du Ministère de l'Economie de Prat Gay et du Secrétaire au Trésor. Par cet ex Sénateur, j'ai connu le Dr. Lorenzetti, dont il est très ami. C'est lui qui me l'a présenté quand j'étais Sénatrice, il me disait même que c'était un excellent candidat pour être membre de la Cour.

Ou par exemple, ce qui s'est passé avec un autre ex Sénateur, que j'ai connu et qui a été un de mes camarades à l'UCR, ils ont amené une personne du Paraguay, liée au trafic d'éphédrine, disant et menaçant la Ministre de la Sécurité que les fonctionnaires du Gouvernement précédent tremblaient parce qu'il allait parler. Il en découle que maintenant, on dit que cet ex Sénateur, ex Président de l'UCR, est président du groupe, un artifice de l'alliance entre l'UCR et Cambiemos. Ce monsieur le dénonce pour avoir reçu un pot-de-vin de 200 000 dollars pour accuser le juge de l'affaire de l'éphédrine et le destituer. Mais comme cela vient du parti radical, c'est un mensonge. Alors, comment est-ce ? Si ceux qui sont dénoncés, accusés, sont péronistes, ils sont des « repentis », si un péroniste les dénonce, c'est un « repenti », qui quelqu'un de Cambiemos ou un radical les dénonce, c'est un « condamné ». Il me semble qu'il faut commencer à mesurer tout le monde à la même aune et en finir avec cela et chacune des explications que je dois donner. Mais pour cela aussi, on a besoin d'une justice qui agisse à l'intérieur de la loi, c'est l'autre problème que nous avons, que les garanties accordées par la Constitution soient respectées. Parce que nous avons beaucoup lutté pour cela. Et ce que je vois aussi dans cette étape, quelque chose qui fait partie de ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'il y a une sorte de diminution très notable de l'intensité de l'Etat de Droit. L'Etat de Droit a toujours été un obstacle pour imposer des plans qui apportent la misère, la faim et le transfert des ressources des secteurs salariés, des classes moyennes, des petites et moyennes entreprises aux secteurs les plus privés. Il a toujours fallu faire un coup d'Etat militaire pour pouvoir mettre en pratique cette sorte de plans. Aujourd'hui, grâce au parti des médias et au parti judiciaire, ce n'est plus nécessaire.

C'est pourquoi il est très important que les procédures judiciaires soient conformes aux garanties qu'établit la Constitution, soient conformes aux codes de fonds et aux Codes de Procédure. On ne peut pas accuser ou monter des shows ou des spectacles médiatiques sur la base de la violation des garanties de tout citoyen, qu'il ait été président ou qu'il soit balayeur. Etre président ne te donne pas plus de droits qu'à n'importe quel citoyen mais ça ne te donne pas moins de droits non plus, il me semble que c'est ça, le problème.

Et quand on voit, comme nous avons vu hier ces sites avec la BMW, je me demandais : Combien de gens ont lu depuis que c'était un mensonge ? Combien de gens ont-ils été informés que ce sénateur sur qui on a trouvé 30 000 dollars n'est pas un ex Sénateur K ? Combien de gens ont été informés que c'était un mensonge, que Máximo avait 40 millions de dollars aux Bahamas ? Combien de gens ont été informés que c'était un mensonge, que Florencia avait un appartement sur Park Avenue, en plein cœur de Manhattan ? Combien de gens ont été informés que c'était un mensonge, que j'ai fait à ma fille quand elle était enceinte des travaux de rénovation pour 28 millions de pesos à Olivos ? Combien de gens ont été informés que ma fille n'a pas et n'a jamais eu une Mini Cooper pour ses 17 ans pour la bonne raison qu'elle ne sait pas conduire ? Mon fils, la dernière fois qu'il est sorti du pays, c'était en 2001, fils de 2 ex présidents. La dernière fois que Máximo Kirchner est allé à l'étranger, c'était en 2001. Et je défie n'importe quel autre homme politique argentin, parce que Máximo fait de la politique, qu'ils me disent si leurs enfants ne quittent pas le pays pour se rendre à l'étranger et ce n'est pas mal qu'ils le fassent, ce n'est même pas un exploit de Máximo de ne pas s'être rendu à l'étranger mais il faut voir aussi comment vit chacun de nous pour pouvoir se rendre compte et juger. Il me semble que cela aussi est important. Ou le cas de ma fille qui ne vit pas à Park Avenue de New York, qui vit dans un appartement de Monserrat et n'a pas de voiture parce qu'elle ne sait pas conduire. Ce sont aussi des choses qui doivent être prises en compte. Et je te le répète, cette maison est à moi, je l'avais avant d'être présidente et elle ne me vient pas d'une entreprise de construction et encore moins d'une entreprise de construction associée, en plus, à des amis actuels du pouvoir qui a fait des travaux pour l'Etat. A cause de cela, je dis que le juge, ce qu'il doit faire, c'est regarder les enregistrements téléphoniques, voir avec qui tout le monde entrait en relations, ce n'est pas si difficile.

Et cela signifie aussi qu'il y ait, de la part des dirigeants politiques, non l'opportunisme de croire qu'à partir de dénonciations inventées, ils vont arriver à une meilleure position. L'histoire prouve que ce n'est pas ainsi. Que cela dure très peu. Je ne connais personne qui soit passé dans l'histoire, ou qui ait réussi à convaincre la grande majorité du pays d'un projet de pays ou de Patrie à partir de ces choses-là. Ils devraient y repenser et essayer de gagner le consensus populaire en défendant les intérêts que les gens sentent en danger aujourd'hui et ce que je vois, ce sont des gens qui sont K ou anti-K parce que la facture de gaz, les K et les anti-K doivent la payer. La facture d'électricité, celle d'eau dont on ne parle pas beaucoup et qui a subi une augmentation effrayante, les K, les anti-K et ceux qui ne sont rien doivent aussi la payer. Et le garçon qui va au supermarché, je peux t'assurer que le fromage Port Salut qui, il y a 1 mois, là, à La Anónima coûtait 100 pesos et demi le kg, maintenant en coûte presque 300. Les radicaux, les péronistes et tous ceux qui veulent acheter un demi-kilo de Port Salut de La Serenísima à La Anónima des Braun ici, à Calafate, le payent.

NOTES DE LA TRADUCTRICE:

1Les « biens d'équipement », (bienes de capital) sont ceux qui sont nécessaires à la fabrication des produits commercialisés par une entreprise (machinerie, immeubles, installations et infrastructures, véhicules, etc...) voir http://www.enciclopediafinanciera.com/definicion-bienes-de-capital.html

2Anti-Kirchner

Source en espagnol :

http://www.telesurtv.net/opinion/Entrevista-completa-a-Cristina-Fernandez-de-Kirchner-20160722-0075.html

URL de cet article :

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