Venezuela : L'épouvantable histoire des médicaments collectés à Madrid pour le Venezuela
par Antonio Maestre (Lamarea.com, 13 juillet 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Un mois après la collecte pas un seul des médicaments n'a été distribué au Venezuela. Une partie a été répartie à Madrid, uniquement et exclusivement entre les citoyens vénézuéliens résidant dans cette capitale. Non seulement au moment de la collecte, l'Association Espagnole Vénézuélienne pour la Démocratie (ASEVED) – auparavant connue comme Movimiento Antipodemos – et Vénézuéliens pour l'Espagne (VENESP) ont eu le temps pour récupérer l’intérêt électoral du travail humanitaire des organisateurs, mais certains ont essayé de se faire de la publicité et aujourd'hui, ils continuent à utiliser un travail de solidarité pour faire de la politique et de la publicité.
Selon le journaliste David Placer, la logistique des organisateurs a été un désastre absolu et après la collecte, ils n'avaient pas d'endroit pour stocker le matériel. Au milieu de ce chaos est apparu le directeur de Prnoticias, Pedro Aparicio. Celui-ci a proposé qu'on amène tous les médicaments temporairement dans bureaux situés dans le rue Monteaguado, selon les organisateurs. Vanessa Pineda, présidente d'ASEVED, connaissait parfaitement Pedro Aparicio parce qu'elle a été interviewée dans les locaux que le directeur de Prnoticias possède dans cette rue de Madrid.
Aparicio a été condamné à de la prison ferme pour avoir contraint et fait chanter des personnes en échange de quoi il ne publiait pas des informations qui leur étaient préjudiciables à leurs intérêts dans le pamphlet qu'il dirigeait jusqu'à ce qu'il en ait cédé la direction à son fils de 24 ans. Selon ASEVED, Pedro Aparicio a exigé quelques jours plus tard qu'on lui accorde une interview avec Lilian Tintori pour son site El Correo del Orinoco. Le refus de l'association qui n'a pas la possibilité de gérer l'emploi du temps de la femme de l'opposant Leopoldo López, a précipité les événements.
Après plusieurs jours pendant lesquels les coordinateurs de l'action, qui avaient de nombreux problèmes de logistique, ne trouvèrent toujours pas de local pour entreposer les médicaments, Pedro Aparicio décida que les médicaments étaient à lui. Avec Luis Manresa, président de la Table de l'Unité Démocratique (MUD) à Madrid, Aparicio décida de remettre plusieurs des objets collectés, surtout des couches, à quelqu'un qui les distribuerait à Madrid aux Vénézuéliens résidant dans la capitale. Et dans l'histoire, apparaît Alberto Casillas, le garçon qui s'est fait connaître dans tout le pays le 25 S, le jour de la protestation de Rodea el Congreso, l'homme qui a reçu les louanges de Cayo Lara et s'est déclaré en faveur de Chávez, a parlé sur VOX et a boycotté les manifestations de Pablo Iglesias. Pedro Aparicio a remis des couches et d'autres effets à Alberto Casillas pour qu'il les répartisse entre les Vénézuéliens depuis le restaurant qu'il gère maintenant dans le quartier d'Argüelles. Casillas lui-même a reconnu sur son profil sur Facebook, où il faisait la publicité de toutes les distributions qu'il avait faites : « Le 21 juin, j'ai publié sur mon mur des remerciements pour le don de couches que les organisateurs de la collecte de médicaments m'ont fait pour que je le distribue à Madrid », disait Casillas après avoir été accusé d'avoir volé les couches.
Alfredo Martini, vice-président de l'ASEVED, a affirmé sur les réseaux sociaux, en réponse aux paroles d'Alberto Casillas que ce don n'a pas été fait par les organisateurs mais par Pedro Aparicio, qui avait tenté de s'approprier les médicaments et en faisait un usage qu'il n'avait pas le droit de faire »... ce monsieur Pedro Aparicio s'est proposé volontairement, sans poser de conditions, une chose qu'il n'a pas respecté ensuite puisqu'il a essayé de FAIRE CHANTER (les organisateurs) et de voler les médicaments et des fournitures ».
Les accusations de la part des partisans des associations de Vénézuéliens à Madrid sont devenues chaotiques et a commencé à apparaître la paranoïa que cette association ne veut que s'afficher. Ils ont accusé Pedro Aparicio d'être le propriétaire du journal chaviste « Le Courrier de l’Orénoque » alors que son média homonyme, il l'a crée, précisément, pour agir en tant que clone du média vénézuélien et critiquer sans se préoccuper de la oindre déontologie journalistique, le Gouvernement d'Hugo Chávez et de ses successeurs. Des partisans de l'association des Vénézuéliens en Espagne ont dénoncé le fait que sur une vidéo, on voit des chavistes ouvrant les caisses et emportant des produits pour empêcher et boycotter l'envoi de médicaments au Venezuela. Ce qui est sûr, c'est que ces chavistes étaient des employés de Pedro Aparicio qui ont été utilisés dans la campagne de publicité que le directeur du groupe Prnoticias menait à bien au prix de l'acte de solidarité.
Sur la vidéo, où on voit tous ces employés qui font semblant de ranger et de sélectionner les fournitures dans une « action solidaire » que leur a demandé d'exécuter leur chef , Aparicio signale une caisse de médicaments qui seraient soi-disant périmés et affirme : « Nous cherchons à aider les Vénézuéliens, pas à les empoisonner. » De plus, il reconnaît que les couches et les retenedores de celulosane pourront pas être envoyés au Venezuela à cause de leur volume et qu'il faudra faire « un autre geste » avec ce matériel. A la fin de la vidéo, il affirme que les médicaments « vont de local en local et qu'à la fin, nous verrons où ils finiront.
Dans une interview d'Aparicio réalisée par l'un de ses employés, il accuse les organisateurs de l'avoir trompé parce qu'ils lui ont assuré qu'ils avaient seulement besoin d'un local pour environ 24 heures et que l'incapacité d' ASEVED lui a causé un grave préjudice économique parce que pendant 1 mois, la salle dans laquelle étaient entreposés les médicaments a été bloquée.
Vanessa Pineda (ASEVED) a obtenu un local de 450 m2 que lui ont cédé le Conseil des Politiques Sociales de la Communauté de Madrid et le Stade Vicente Calderón au 9 Paseo Quine de Mayo. Quand Pineda et Alberto Pérez, les organisateurs de la collecte sont venus prendre les médicaments, ils ont eu un affrontement avec Pedro Aparicio qui a fini par une plainte à la Police de la part de Pineda contre le directeur de Prnoticias.
Dans un communiqué du 12 juillet, les organisateurs de la collecte ont dit que les 300 premiers kilos de médicaments étaient déjà prêts pour être envoyés au Venezuela. Le 19 juin dernier, avec tous le matériel qui se trouvait encore au siège de Prnoticias, on apprenait par le site « Un médicament pour le Venezuela » que ces mêmes 300 kilos de matériel médical et de médicaments seraient envoyés de façon imminente. L'organisation expliquait que les médicaments ne pouvaient être envoyés parce que le Gouvernement du Venezuela n'ouvrait pas de canal humanitaire et qu'ils seraient envoyés par l'intermédiaire d'une entreprise de messagerie privée comme si c'étaient des « marchandises » au cours des 6 mois à venir.
Le 7 juin, en plaine pré-campagne électorale, tous sont venus faire une photo de la solidarité avec les gens qui souffrent au Venezuela. Lilian Tintori se montrait enthousiasmée par le succès de sa campagne « Secourez le Venezuela » et ensuite, on l'a oublié. Un mois plus tard, la campagne électorale terminée, les gens qui souffrent tant au Venezuela n'ont toujours pas leurs médicaments. Il vaut mieux pour les Vénézuéliens qu'il y ait de troisièmes élections.
Antonio Maestre est un journaliste espagnol. Il collabore à la revue La Marea, Eldiario.es et Debate Al Rojo Vivo à La Sexta.
Source en espagnol :
http://www.lamarea.com/2016/07/13/la-esperpentica-historia-las-medicinas-recogidas-madrid-venezuela/
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