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Nicaragua : Le Gouvernement condamne l'ingérence des Etats-Unis

27 Septembre 2016, 10:36am

Publié par Bolivar Infos

par Giorgio Trucchi (Comité Européen de Solidarité avec la Révolution Populaire Sandiniste, 26 septembre 2016)

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

« Nous condamnons comme violations du droit international et de la Charte des Nations Unies les propositions et les initiatives qui ont été faites dans les Chambres et les Maisons des organismes législatifs des Etats-Unis dans le cadre habituel de la politique d'ingérence qui, tout au long de l'histoire, s'est développée dans nos processus politiques propres et souverains, dans nos processus sociaux et économiques et de façon intense et particulière, dans les périodes électorales. »

C'est ainsi que le Gouvernement du Nicaragua a répondu à la décision de la Chambre Basse du Congrès des Etats-Unis d'approuver, à l'unanimité, ce qu'on connait sous le nom de Nicaraguan Investment Conditionality Act ou de Nica Act. Après avoir été également approuvé par le Sénat et ensuite signé et transformé en loi par le président Obama, cette initiative assurerait le vote contre – et déterminant – des Etats-Unis l'attribution au Nicaragua de tout prêt par les organismes multilatéraux de crédit.

Cette initiative a été conçue et proposée en juillet dernier par les congressistes d'origine cubaine Ileana Ros-Lehtinen et Albio Sires. Selon eux, son but est d'obliger le gouvernement de Daniel Ortega à prendre des mesures pour rétablir la démocratie et organiser des élections libres, justes et transparentes.

L'année dernière, des membres du parti d'opposition MRS (Mouvement rénovateur sandiniste), du MP (Mouvement pour le Nicaragua) et des organismes de défense des « droits de l'homme » se sont rendus aux Etats-Unis et y ont rencontré la même Ros-Lehtinen. Lors de cette rencontre, ils ont demandé des mesures pour faire pression sur le gouvernement sandiniste.

La campagne contre le gouvernement a redoublé après la décision de la Cour Suprême de Justice de nommer comme représentation officiel du principal parti d'opposition – Parti Libéral Indépendant (PLI) – Pedro Reyes Vallejos et après la décision du Conseil Suprême Electoral de destituer 16 députés parmi lesquels l'ex candidat libéral à la présidence Eduardo Montealegre, pour ne pas avoir accepté les orientations fixées par le nouveau président du parti.

Ces dernières semaines, des partis et des mouvements d'opposition ont lancé un appel à boycotter le processus électoral. Selon une publication d' Informe Pastrán, cette décision ferait partie d'une stratégie bien claire. « Le but est de discréditer complètement l'actuel processus électoral, de refuser de reconnaître le résultat des élections et de favoriser la non reconnaissance par la communauté internationale, en janvier 2017, du gouvernement qui sera élu en appelant à organiser de nouvelles élections (…) En plus, ils prétendent créer l'insécurité et la peur parmi les citoyens, surtout pour influencer les électeurs en avertissant que le pays est revenu aux années 80, » avertit un ex législateur libéral.

Après un voyage à Washington pour rencontrer Luis Almagro, secrétaire général de l'OEA (Organisation des Etats Américians) qui est sur le point de présenter un rapport sur la situation au Nicaragua, des membres de l'opposition ont été invités à la Convention Nationale Démocrate à Philadelphie. Dans ce cadre a eu lieu le Forum International des Leaders – financé par le NDI (Institut National Démocrate) – où des activistes politiques de la « société civile » de différents pays du monde ont échangé des idées sur « la façon de rétablir la démocratie » dans des pays comme Cuba, le Nicaragua et le Venezuela.

Ingérence

« Chaque pays est libre et a le droit de faire ses déclarations, ses lois et de prendre des mesures de cette sorte qui sont d'ordre politique et ne sont pas propres au gouvernement nord-américain. Cependant, quand il s'agit de mesures menaçantes ou de mesures de pression, il faut toujours prendre en considération les effets d'une autre nature qu'elles peuvent provoquer. Ce ne sont pas seulement des questions d'ordre commercial qui sont en jeu mais beaucoup de facteurs géopolitiques qui doivent être bien examinés. En ce sens, je crois qu'il s'agit d'un pas malheureux en tant qu'ingérence. C'est comme si nous, nous nous prononcions sur le déroulement de la campagne électorale aux Etats-Unis... ce serait un manque de respect, » a dit à des médias nationaux l'ex président de la République et député Jaime Morales Carazo.

Ils paient les pauvres

L'économiste Néstor Avendaño a assuré à Informe Pastrán que les principales victimes de l'approbation du Nica Act seraient les secteurs les plus pauvres du pays. Actuellement, la BID (Banque Inter-américaine de Développement) et la Banque Mondiale prêtent environ 250 millions de dollars au secteur public du Nicaragua pour des programmes et des projets d'investissement. « Cela représente 62% du total des prêts officiels que reçoit le Nicaragua de sources bilatérales et multilatérales de coopération », a dit Avendaño.

Après la soi-disant fraude électorale de 2008, ces organismes n'accordent déjà plus au Nicaragua de prêts en devises en liquide pour soutenir son budget. Un éventuel boycott financier aurait un impact essentiellement sur la population rurale et provoquerait la chute des investissements publics dans les infrastructures économiques. « Cela ferait baisser les investissements privés en provoquant une croissance économique plus faible, la réduction des dépenses de consommation publique, la détérioration des indicateurs sociaux, le retard dans le paiement de la dette publique extérieure envers les deux institutions financières multilatérales et une volatilité croissante du change et l'inflation, » a expliqué l'économiste.

Cependant, une crise de cette sorte affaiblirait aussi la lutte contre le trafic de drogues et contre le crime organisé international et mettrait en danger la sécurité même des Etats-Unis puisque le Nicaragua est devenu, ces dernières années, un véritable « mur d'arrêt » et un allié privilégié des Nord-américains.

Plusieurs analystes politiques pensent que l'initiative approuvée mercredi par le Congrès des Etats-Unis ne sera pas ratifiée par le Sénat ou que le président Obama lui-même y mettra son veto.

Dignité

Hier (21/9), Luis Exequiel Alvarado, représentant du Nicaragua devant l'OEA, a défendu la légalité et la transparence du processus électoral du 6 novembre prochain ainsi que le droit de son pays à organiser « des élections libres sans l'ingérence de puissances étrangères. »

« Au Nicaragua, nous continuons et nous continuerons à renforcer la paix, la stabilité, la gouvernabilité et des avancées grâce à des propositions inédites comme le modèle d'alliances, de dialogue et de consensus conforme à la Constitution qui a fait bouger l'économie et a apporté des réussites importantes dans la lutte contre la pauvreté, » a réaffirmé le gouvernement nicaraguayen dans son communiqué.

« Le Gouvernement de Réconciliation et d'Unité Nationale réaffirme son engagement ferme envers ce modèle qui nous réunit tous autour du bien commun et affirme également son inflexible et invariable vocation de paix, de sécurité, de tranquillité et de démocratie, » conclut-il.

Source LINyM

Source en espagnol :

https://solidaridadeuropearps.wordpress.com/2016/09/26/gobierno-de-nicaragua-rechaza-injerencismo-estadounidense/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2016/09/nicaragua-le-gouvernement-condamne-l-ingerence-des-etats-unis.html