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Brésil : La remise du pré-sel menace le développement du pays
Par Rafael Tatemoto, Brasil de Fato, 7 octobre 2016
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Sergio Gabrielli, professeur d'Economie à l'Université Fédérale de Bahia (UFBA) et ex président de l'entreprise pétrolière publique brésilienne Petrobras pense que l'approbation du Projet de Loi (PL) 4576/2016 affaiblit la capacité de l'entreprise à agir pour le développement du Brésil.
Le projet, approuvé à la Chambre des Députés jeudi (5), retire à l'entreprise d'Etat l'exclusivité de l'exploitation des gisements situés dans les champs pétrolifères du littoral sud-ouest du Brésil, dans la couche pré-sel, donnant la possibilité aux entreprises étrangères d'agir dans ce secteur.
Dans une interview exclusive accordée à Brasil de Fato, Gabrielli a affirmé que les arguments concernant ce projet ne tiennent pas puisqu'il n'y a pas besoin, du point de vue de l'économie brésilienne, d'une telle modification. A partir de l'approbation de ce projet, a expliqué le professeur, une partie des ressources générées par l'exploitation du pétrole ne seront plus dans les mains de l'Etat et ainsi « les ressources que la société brésilienne peut utiliser vont être réduites. »
« La parcelle de pré-sel que le gouvernement va obtenir sera plus petite que si Petrobras avait été l'opérateur direct. Ainsi, on réduit le volume des ressources destinées au Fonds Social (ressources exclusives du pré-selpèse-sel destinées au développement technologique, à l'éducation et au combat contre al pauvreté) en affectant, par conséquent, les ressources destinées à l'éducation et à la santé, » a-t-il affirmé.
Pour lui, le projet met en évidence un changement clair dans l'économie nationale. « Pendant la période du monopole d'Etat du pétrole, Petrobras avait un rôle central dans le développement industriel du pays. Les achats de l'entreprise ont toujours été essentiels pour donner une impulsion à l'industrie brésilienne, en particulier à l'industrie navale et à l'industrie lourde. Pendant la période de Lula et de Dilma, celle-ci a beaucoup augmenté. »
Maintenant, c'est remis en cause, a-t-il déclaré. « Petrobras cesse d'être ce centre qui attire les investissements et par conséquent, va abandonner son rôle central dans une politique de développement national. »
Menace sur des politiques nationales
Le problème central, selon l'ex président de l'entreprise pétrolière publique, n'est pas l'opération de Petrobras ais la rapidité avec laquelle cela ouvrira la voie à de nouvelles concessions. « Cela renvoie à d'autres questions : Petrobras a un problème à court terme, la dette. Dans les 3 prochaines années, elle ne sera probablement pas en conditions pour entrer dans de nouvelles opérations. » Face à cette situation, a-t-il expliqué, Petrobras ne sera pas en condition pour investir dans les nouvelles zones du pré-sel qui seront ouvertes.
« Pourquoi devons-nous accélérer les découvertes de réserves en ce moment ? Qui en a besoin ? Le marché international regarde vers 2020, quand la production américaine commencera à décliner, en cherchant d'autres possibilités de production. Cette accélération est beaucoup plus intéressante pour l'économie nord-américaine que pour l'économie brésilienne, » a argumenté Gabrielli.
Pour lui, dans le fond, ce qui est mis en danger, c'est la capacité de diriger le développement technologique et une chaîne de fournisseurs à long terme, soit « la garantie de continuité d'une politique nationale. »
« Le principal effet négatif pour le Brésil est qu'elles (les entreprises étrangères) vont faire des choix technologiques et avoir une chaine de fournisseurs propres qui seront,probablement des fournisseurs internationaux. Elles vont importer des sondes, des plateformes, des équipements et par conséquent, cela limitera l'expansion de l'industrie nationale, » a-t-il conclu.
Source en espagnol :
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