Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cuba: Le terrorisme préfère les innocents

21 Octobre 2016, 15:09pm

Publié par Bolivar Infos

Cuba: Le terrorisme préfère les innocents

 

« Nul homme n'est une île, complète en elle-même; chaque homme est un morceau du continent, une part de l'ensemble; […] La mort de chaque homme me diminue, car je suis membre du genre humain. Aussi n'envoie jamais demander pour qui sonne le glas: il sonne pour toi.» John Donne (1572-1631)

 

Auteur: Yudy Castro Morales | internet@granma.cu

20 octobre 2016 13:10:30

POUR le fait qu’ils se « trouvent au mauvais moment au mauvais endroit », les hommes tuent d'autres hommes. Et l'équilibre naturel du monde frémit. Parce qu’ils sont blancs ou noirs, homosexuels ou juifs, hommes politiques ou religieux, les hommes tuent d'autres hommes. Le péché, paradoxalement, se produit au nom d'un Dieu, ou d'un « chef ». Et l'équilibre sacré est perturbé.

 

La volonté de prévenir et de condamner les horreurs du terrorisme, plus qu’une doctrine politique, devrait émaner de la nature humaine elle-même. Ni le plus fanatique des croyants, ni le plus loyal des subordonnés, ni le plus radical, ni le plus extrémiste ne devrait pouvoir justifier la mort d'une seule des personnes innocentes qui habitent notre « village global ». Or, le terrorisme préfère les innocents.

 

« La mort de tout homme me diminue », écrivait le poète métaphysicien anglais John Donne. Si sa maxime était applicable à tous, certains individus, certains tristement connus, auraient déjà disparu. Mais loin de les diminuer, la mort les réconforte, et elle est utilisée, de façon perverse, comme une offrande mercenaire ou « religieuse », diabolique, pourrais-je dire.

 

Et malgré la perversion, tous les morts n’ont pas le même prix, que ce soit économiquement ou médiatiquement parlant, même s'ils ont en commun l'innocence ou la perspective d'une vie entière à vivre. En terme de mort, les cartes de crédit font la différence, les comptes bancaires et même la latitude, parce que dans ces cas, les effets de la fatalité (presque une malédiction) géographique ont leur importance.

 

Les fortunes du pays où se produit la barbarie, son poids sur la balance de pouvoir international et même, sa capacité à avoir des alliés influents fonctionnent comme des haut-parleurs ou des silencieux dans le monde. Les « morts dans les pays développées » changent le cours de l'histoire ; les morts des pays du tiers-monde ou en voie de développement sont à peine des histoires.

 

Il ne faut pas chercher bien loin pour exposer les exemples en noir en blanc. Le monde a porté le deuil pour Paris et s’est apitoyé sur Bruxelles, alors que les massacres perpétrés dans les pays du Sud, par contre, passent inaperçus et ne sont commentés qu’entre les quatre murs de certaines des victimes. Les pauvres, une fois morts, le sont encore plus.

 

De cette répartition inégale des condoléances, selon la richesse, nous, les Cubains avons également été victimes du terrorisme, qui nous a obligés à pleurer la mort de 3 478 des nôtres et les mutilations de 2 099 autres.

 

Souvent, Cuba a pleuré ses morts, seule, comme en cet octobre 1976, lorsqu’un acte de terrorisme brutal fit exploser, en plein vol, un avion de la compagnie Cubana de Aviacion, avec à son bord 73 passagers : 57 Cubains, 11 Guyanais et cinq Coréens.

 

Fidel l’avait dit auparavant, mais dans son discours de commémoration du 25e anniversaire de la barbarie, il fut on ne peut plus explicite : « personne, sauf un groupe de personnalités et d’institutions amies, n'a partagé notre douleur ; il n'y a pas eu de commotion dans le monde, ni de graves crises politiques, ni de réunions à l'ONU, ni de dangers imminents de guerre.

 

« Peu sans doute (…) ont compris la signification terrible de cet acte. (…) C’était quelque chose habituel. Des milliers de Cubains n’étaient-ils pas morts dans l’explosion du cargo La Coubre [1960], dans l'Escambray, lors de l’invasion par Playa Giron [1961] et dans des centaines d'actes terroristes, d’attaques pirates ou autres faits semblables ? ».

 

En dépit de cet acharnement, Cuba a toujours condamné tout acte de terrorisme, contre

 

quelque pays que ce soit, même contre celui qui a accueilli et protégé les assassins les plus

 

Cuba a souscrit aux 19 conventions internationales existantes dans ce domaine et elle est État partie de toutes, excepté du Protocole qui modifie la Convention sur les infractions et certains autres actes commis à bord d’avions, de 2014, qui n’est pas encore entrée en vigueur.

 

En outre, elle respecte de manière stricte les engagements émanant des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies ; elle a également participé de manière active aux débats sur la tâche du Comité contre le Terrorisme.

 

Notre pays maintient aussi son engagement envers l'application de la Stratégie globale de Nations unies contre le Terrorisme, spécialement de ses quatre piliers, concernant, de manière générale, les mesures pour prévenir et combattre le terrorisme ; augmenter la capacité des États dans cette lutte et garantir le respect des droits de l'Homme pour tous.

 

Les antécédents de cette position, toutefois, ne concernent pas seulement la période révolutionnaire. Ils remontent à 1937, lorsque notre pays était en pleine crise et était loin encore de pouvoir s’occuper de ses propres affaires et de se prononcer.

 

Cependant en politique, toujours pleine de contradictions, beaucoup de choses ne sont pas ce qu’elles paraissent, et les explications dépendent des convenances. Il devait donc convenir qu’à une date aussi précoce, Cuba se trouve parmi les signataires de la Convention pour la prévention et la sanction du terrorisme.

 

Je dis convenable, et jusqu'à contradictoire, parce qu'en 1937 un gouvernement en place n’était qu’une marionnette entre les mains du pouvoir néocolonial.

 

Pour ceux qui tiraient les ficelles, la signature ne fut sans doute qu’une façade. Pour les Cubains, par contre, elle installa les bases d'un engagement beaucoup plus profond qui, après 1959, devint définitif. À tel point qu’au-delà des différends, à plusieurs occasions, nos autorités ont adressé aux administrations étasuniennes leur disposition à coopérer dans la lutte contre le terrorisme.

 

La liste est longue. Je choisis au hasard l’année 1984, lorsque Cuba alerta les États-Unis sur un projet d'attentat contre le président Ronald Reagan, qui conduisit à la neutralisation par les autorités américaines des suspects. En 1998, l'administration de William Clinton fut informée de plans d’attentats à la bombe dans des avions cubains ou de pays tiers dans lesquels voyageaient des passagers étasuniens.

 

En 1997, 1998, 2005, 2006 et 2010, notre pays remit de manière officielle à des représentants du Département de la Justice et au FBI, des milliers de documents contenant des informations sur des terroristes installés aux États-Unis et dans d'autres pays.

 

Ce résumé ne pourrait occulter qu’en 2001 et 2002, l'Île a présenté aux autorités étasuniennes un projet de Programme de coopération pour combattre le terrorisme. Une proposition rejetée catégoriquement par l'administration de George W. Bush.

 

Les refus n'ont pas freiné la volonté de Cuba qui, en 2009, 2010 et 2011, a réitéré au gouvernement des États-Unis sa disposition à coopérer dans cette sphère. En 2012, elle a remis, par écrit, une proposition pour convenir d’un programme bilatéral qui garantirait la prévention efficace ou l'éradication de toute activité terroriste.

 

Le chemin vers la normalisation des relations n'a pas été non plus exempt de telles déclarations. En mars 2015, notre ministère des Relations extérieures a fait part de sa volonté à signer des accords sur des questions concernant l’application et le respect de la loi, principalement dans des secteurs en rapport avec la lutte contre le terrorisme. À la fin de cette année, a eu lieu le premier dialogue bilatéral sur cette matière, suivi de plusieurs rencontres techniques.

 

Récemment, en juin 2016, a eu lieu à La Havane une rencontre technique entre des autorités de Cuba et des États-Unis, chargées de la prévention et la lutte contre le terrorisme, qui sont convenues de l'importance de la coopération et ont décidé de poursuivre les rencontres dans l’avenir.

 

Les résultats attendent encore dans la pratique, mais cela n'a pas diminué la disposition d'avancer, même si les blessures des Cubains continuent de saigner. •

 

RECUADRO:

 

 

 

INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX SOUSCRITS PAR CUBA RELATIFS À LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

 

 

1. Convention relative aux infractions et à certains autres actes survenant à bord des aéronefs. 1963

 

2. La Convention pour la répression de la capture illicite d'aéronefs, 1. 1970

 

3. Convention pour la répression d'actes illicites dirigés contre la sécurité de l'aviation civile. 1971

 

4. Convention sur la prévention et la répression des infractions contre les personnes d’une protection internationale, y compris les agents diplomatiques. 1973

 

5. Convention internationale contre la prise d'otages. 1979

 

6. Convention sur la protection physique des matières nucléaires. 1980

 

7. Protocole pour la répression des actes illicites de violence dans les aéroports servant à l'aviation civile internationale, complémentaire à la Convention pour la répression des actes illicites contre la sécurité de l'aviation civile. 1988

 

8. Convention pour la répression d'actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime. 1988

 

9. Protocole pour la répression d'actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes placées dans le plateau continental. 1988

 

10. Convention sur le marquage des explosifs plastiques et en feuilles aux fins de détection. 1991

 

11. Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif. 1997

 

12. Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. 1999

 

13. Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. 2005

 

14. Amendement de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires. 2005

 

15. Protocole relatif à la Convention pour la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime. 2005

 

16. Protocole relatif au Protocole pour la répression d’actes illicites contre la sécurité des plateformes fixes situées sur la plateforme continentale. 2005

 

17. Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation civile internationale.2010

 

18.Protocole additionnel à la Convention pour la répression de la capture illicite des aéronefs. 2010

 

19.Protocole de Convention sur les infractions et certains autres actes commis à bord des avions.

 

    http://fr.granma.cu/cuba/2016-10-20/le-terrorisme-prefere-les-innocents