Amérique Latine : 4 mandats, démocratie pour Merkel, dictature pour Evo !
Par Aníbal Garzón (Resumen Latinoamericano, 21 novembre 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Les récentes déclarations d'un dirigeant de l'Union Démocrate Chrétienne (CDU) d'Allemagne, Norbert Merkel, dans une interview accordée à CNN, concernant le fait que l'actuelle chancelière Angela Merkel se présentera aux élections de 2017 pour tenter d'obtenir son 4° mandat consécutif ont été sous-estimée par beaucoup de médias pour en pas incommoder l'opinion publique.
Si elle gagnait ces élections, la propagandiste de l'Union européenne de l'Austérité serait au pouvoir pendant 16 ans (2005-2021).
(…)
Il n'y a aucun débat sur la question. Ici, ce que nous voulons analyser, c'est la question de savoir si les grands médias, créateurs de l'opinion publique, traitent de al même façon cette éventualité et des expériences similaires dans d'autres pays, en particulier dans les pays du Sud qui ont des projets progressistes critiques vis à vis du néolibéralisme.
Justement, le journal espagnol El País, expert dans le 2 poids 2 mesures selon ses intérêts géopolitiques et membre du projet d'entreprise PRISA, publiait, au mois d'août dernier, un article intitulé : « Merkel aspire à être réélue pour un 4° mandat, selon Der Spiegel. » Un titre et un contenu qui ne mettent pas en doute le fonctionnement démocratique de l'Allemagne.
Dans une situation politique identique, l'un des dirigeants du Sud les plus attaqués a été l'ex président vénézuélien Hugo Chávez. Après sa première victoire en 1999 et sa Réforme de la Constitution en 2009 par referendum pour pouvoir être réélu dans n'importe quelle charge indéfiniment (un fonctionnement démocratique utilisé dans la plupart des pays européens), El País a publié un titre très différent : « Chávez obtient un 4° mandat comme Président pour être au pouvoir pendant 20 ans. »
Un titre très différent de celui concernant Merkel et qui ajoute 2 éléments objectifs pour provoquer une interprétation négative. Le temps (20 ans) et l'utilisation du mot « pouvoir » à la place d'un mot d'aura plus démocratique comme Gouvernement ou Présidence. Deux points de vue très différents.
Chercher des exemples concernant le Venezuela dans El País nous amènerait à écrire un livre mais qu'y a-t-il de mieux qu'utiliser des exemples concernant d'autres pays pour faire une analyse plus complète ? Un autre cas est celui di Président bolivien Evo Morales. Président depuis 2006 et élu conformément à la Nouvelle Constitution Politique de l'Etat (NCE) fin 2009. La Grande Charte annonce dans son article 168 que Président et Vice-président en peuvent être réélus qu'une fois. Ainsi, Evo Morales et Álvaro García Linera en tant que Vice-président ont été réélus avec la majorité absolue au premier tour en 2015 pour leur dernier mandat. Leur forte popularité a amené le débat sur la nécessité de changer l'article 168 de al Constitution pour que le Président et le Vice-président puissent se présenter tant qu'il faudrait. On a organisé un referendum populaire en février 2016 pour modifier cet article. Un referendum qu' Evo Morales n'a pas gagné avec 49% des voix. Le journal El País a rapidement fixé sa ligne sur le fait que le Président Evo violait les limites de la campagne pour être venu à la télévision inaugurer des travaux 2 mois avant les élections dans le seul but de gagner le referendum. Le Pouvoir au-dessus du Gouvernement. Quand le but du referendum n'était pas qu'Evo gagne les élections de 2019 mais puisse seulement s'y présenter, lui et n'importe qui, pour la troisième fois consécutive. Quelque chose de normal en Europe.
Le cas le plus récent est celui du Nicaragua. L’Assemblée Nationale a approuvé en 2014 une Réforme de la Constitution qui garantit qu'on peut se présenter à toute charge le nombre de fois qu'on veut. Le peuple décidera dans les urnes. Avant les élections présidentielles du 6 novembre dernier que Daniel Ortega a gagnées avec le pourcentage écrasant de 72,5% des voix, El País a publié un éditorial intitulé « Le Nicaragua d'Ortega », un titre qui entraîne une connotation d'autoritarisme par le seul fait qu'Ortega se présente aux élections.
Si finalement, Merkel se présente pour la 4° fois aux élections, El País titrera-t-il : « Merkel obtient un 4° mandat comme Présidente pour être au pouvoir pendant 16 ans » ? en employant « pouvoir » et non « gouvernement » ? Ou « Merkel transgresse les règles en cherchant à se faire réélire » ? pour être venue 2 mois avant les élections à la télévision inaugurer des travaux ? Ou « L'Allemagne de Merkel » ? pour le simple fait d'être en tête des sondages pour les élections de 2017?
Le 2 poids 2 mesures de certains médias. Alors que dans le Nord de l'Austérité, la réélection d'un Président ou d'une Présidente est « démocratique », conforme à la demande du peuple, dans le Sud de l'anti-austérité, c'est la « tyrannie » sous un gouvernement autoritaire. Le 2 poids 2 mesures d'El Pais.
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