Cuba-Etats-Unis : Les relations diplomatiques
Par José Luis Alonso Lanza (Cubadebate, 22 novembre 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
(…) Après plus d'un demi-siècle, le 17 décembre 2014, grâce à l'action du Pape François et à la bonne volonté des présidents de Cuba et des Etats-Unis, on a rétabli les relations diplomatiques entre les 2 pays. Il y a eu un échange de prisonniers qui nous a donné l'occasion d'avoir nos 5 Héros de nouveau dans la Patrie et, en tenant compte qu'on est pratiquement partis de zéro, nous avons vu se développer une série d'aspects qui montrent, de fait, du courage de la part du président des Etats-Unis et la bonne volonté de notre Gouvernement révolutionnaire. Mais la mauvaise intention m'apparaît toujours. Quand nous parlons de relations diplomatiques, nous trouvons des définitions comme :
« Bon sens et compréhension appliqués aux relations internationales. L'application de l'intelligence et du tact à la direction des relations officielles entre Gouvernements d'Etats indépendants. » (Nicolson)
« La conduite des relations internationales par la négociation plus que par la force, la propagande ou le recours au droit et par d'autres moyens pacifiques – comme demander des informations ou provoquer une bonne volonté – qui sont directement ou indirectement conçues pour encourager la négociation. Une activité essentiellement politique et une institution du système international. » (Berridge)
« Ensemble de règles et de méthodes qui permettent aux Etats de mettre en œuvre leurs relations avec d'autres sujets du droit international dans le double but de promouvoir la paix et de cultiver une mentalité universelle produisant la coopération avec les dits sujets dans les domaines les plus divers. » (Cantilo)
Comment appliquer l'idée de l'intelligence et du tact à la direction des relations officielles entre les Gouvernements d'Etats indépendants quand, en fait, le Gouvernement états-unien a exprimé l'idée que le blocus est obsolète, qu'on a démontré qu'il n'avait pas donné de résultat, c’est pourquoi on doit chercher des méthodes plus appropriées.
Dans l'optique du fameux Destin manifeste ou doctrine Monroe, le blocus persiste encore au point que Cuba ne peut faire des opérations bancaires en dollars états-uniens ni acheter des médicaments importants pour soulager le cancer de nos enfants et de nos adolescents.
Dans ces relations, Cuba n'a pas cessé d'être respectueuse mais malgré les avancées indiscutables qu'il y a eu, sommes-nous reconnus comme un Etat indépendant ? Notre droits à choisir notre destin est-il reconnu ? Et je me pose cette question puisque, en plus de la situation de blocus économique et commercial persistante, on continue à usurper une partie du territoire national pour maintenir une des prison où les droits de l'home sont le plus violés en prenant prétexte d’arguments comme la lutte contre le terrorisme.
Comment être d'accord avec l'idée de Nicolson quand le président des Etats-Unis lui-même, lors de sa visite à La Havane, que nous devions oublier le passé, tirer un trait dessus et ouvrir un nouveau compte ? Est-il possible que les parents d'Ascunce Domenech oublient que leur fils a été assassiné par des bandes financées par les Etats-Unis ? Les victimes des agressions organisées par le terrorisme d'Etat des Etats-Unis contre Cuba pourront-elles oublier ?
L'opinion de ce Cubain libre est qu'il est totalement impossible, à propos des relations Cuba-Etats-Unis, de parler de tact et d'intelligence quand, malgré l'ouverture des ambassades, comme nous avons l'habitude de la dire, nous, les Cubains, « c'est toujours la même chose. » Il y a une politique des pieds secs-pieds mouillés pour inciter à émigrer illégale qui influe sur les buts politiques des Etats-Unis. On encourage la politique de faire des facilités migratoires qui ne conviennent pas à un pays avec lequel on a des relations diplomatiques et amicales pour que les professionnels cubains, en particulier les médecins en mission dans d'autres pays, deviennent des traîtres envers leur patrie en abandonnant leur poste.
Combien contradictoire est la définition de Berridge quand nous voyons comment, grâce à l'USAID et à la World Learning, débutent les cours d'été pour les étudiants et les cours de leadership, un produit pour les patrons et les travailleurs à leur compte et qu'on cherche à préparer à la subversion interne grâce à une fausse propagande en utilisant des moyens pour promouvoir des changements conformes aux intérêts des Etats-Unis.
C'est que comme on le voit aussi bien dans la Doctrine Monroe, le Destin Manifeste que dans les Corollaires1 des présidents Hayes et Roosevelt, les Etats-Unis s'arrogent le droit divin, impérialiste, de faire que tout soit noir et blanc, oubliant qu'il existe des nuances, des nuances qui encouragent le rouge, le bleu, l'orange et qu'on n'est pas obligé de penser que la démocratie, c'est ce qu'on vit aux Etats-Unis. De quel droit nous accusent-ils quand, dans leurs rues, il existe un état de répression policière et raciale ?
Oui, je suis d'accord, après plus d'un demi-siècle sans relations diplomatiques, nous avons avancés mais je ne cesserai pas de dire ce qu'un jour a déclaré le Che : « les Américains, même pas un peu... »
NOTE de la traductrice:
1Le corollaire Roosevelt (ou corollaire de la doctrine de Monroe) est une interprétation expansionniste de la doctrine de Monroe. (...) Il ne prône plus la neutralité inhérente à la doctrine de Monroe, mais affirme que les États-Unis ne souffriront pas que l'on s'oppose directement à leurs intérêts. Il permet ainsi de justifier les volontés d'expansion américaines vers les Philippines, Panama et Cuba, et de confirmer la place de l’Amérique latine dans la sphère d'influence des États-Unis.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Corollaire_Roosevelt)
source en espagnol :
http://razonesdecuba.cubadebate.cu/articulos/relaciones-diplomaticas-cuba-estados-unidos/
URL de cet article :
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