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Cuba : La libreta de la famille cubaine

25 Novembre 2016, 18:14pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Laura V. Mor (Resumen Latinoamericano, 24 novembre 2016)

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Nous avons entendu dire beaucoup de choses sur Cuba mais peu sur certains sujets. La fameuse libreta est l'un d'entre eux.

 

Cuba a – comme c'était le cas dans les pays de l'ex Union des Républiques Socialistes Soviétique – un Livret d'approvisionnement pour chaque foyer. C'est la « libreta de la famille cubaine » comme on a l'habitude de dire ici. Il comporte les membres du groupe familial et une série de produits de base y est portée, en particulier pour aider à l'alimentation de la famille.

 

Les médias étrangers en parlent comme d'un « livret de rationnement », un terme utilisé en temps de guerre où on fait le nécessaire pour rationaliser la fourniture des aliments. On l'appelle ainsi pour donner une connotation négative aux efforts de l'Etat pour soutenir quotidiennement le panier de la ménagère de la famille cubaine.

 

Pendant la visite historique du Président Obama à cuba, il avait à son emploi du temps la participation à l'émission comique Pánfilo, l'une des plus fortes audiences de la Télévision. Dans un sketch, alors qu'il jouait aux dominos avec les acteurs, quelqu'un mentionna la libreta. Feignant de ne pas savoir de quoi il s'agissait, il a demandé ce que c'était... sans mentionner, évidemment, la grande responsabilité des Etats-Unis dans l'application du blocus. La plaisanterie n'a pas été amusante parce qu'il restait à expliquer les raisons qui poussent l'Etat cubain à subventionner – depuis 50 ans – une série de produits de base pour palier les dégâts du blocus inhumain contre le peuple cubain.

 

La libreta aide, c'est le coup de pouce pour arriver à la fin du mois comme disent les Cubains, étant donné que le blocus rend très difficile et coûteux d'importer les produits que le pays ne produit pas. Le blocus empêche le commerce entre les Etats-Unis et Cuba mais en plus, par ses lois extra-territoriales, interdit aux entreprises de pays tiers de commercialiser des produits d'origine ou comportant des composantes nord-américaines. Ceux qui osent violer ces lois reçoivent des amendes de plusieurs millions.

 

Face à cela, le Gouvernement cubain doit acheter les produits sur des marchés lointains en payant des sur-prix et un transport très cher, très supérieur à ce qu'il serait si on pouvait faire du commerce librement, sans les restrictions aberrantes qu'impose le blocus.

 

Quand le camp socialiste – principal associé commercial et fournisseur du pays jusqu'à sa chute dans les années 90 - existait encore, le Livret d'approvisionnement comportait des dizaines de produits parmi lesquels il y avait aussi le tabac et le rhum. A partir de la chute des pays de l'Est, a débuté à Cuba ce qu'on connaît sous le nom de Période Spéciale. Le nombre de produits contenus dans la libreta a diminué ostensiblement mais il continue à être un soutien pour l'économie.

 

Pour 1 mois, la libreta comprend 7 livres (environ 3 kg et demi) de riz – base de l'alimentation quotidienne de la famille cubaine – de haricots aussi habituels dans les plats cubains ou de petits pois – 4 livres (environ 2 kg) de sucre raffiné ou blanc et brun, d'huile, de café, 5 œufs par personne, un pain par jour, de la viande comme le poulet, de la viande hachée ou jamonada en petite quantité, du sel et des allumettes. S'il y a des enfants dans la famille, des femmes enceintes ou des vieux, on ajoute du lait, de la compote et du yaourt de soja. Si un membre de la famille a besoin d'un régime spécial, cela est pris en considération au moment d'attribuer les produits. Pour les femmes en âge de procréer, on ajoute les serviettes périodiques.

 

A la différence de ce que croient beaucoup d'étrangers et de ce que les grands médias ont besoin de faire croire dans le but stratégique du changement de régime, la libreta n'est pas un livret de rationnement, ce n'est pas non plus le cadeau d'un Etat paternaliste. Les produits subventionnés se paient dans le magasin où on les retire et se paient en pesos cubains. En tout, « les commissions » ne dépassent pas les 10 pesos cubains (environ 0,48 centimes de dollar), un prix très inférieur à celui des boutiques en devises où se vendent les mêmes produits. Ce que paie l'Etat est très élevé si on tient compte du fait que la libreta concerne tous les habitants du pays.

 

On dit souvent « La libreta n'est pas suffisante. » C'est vrai, pour l'alimentation moyenne d'un mois complet, il faut acheter certains produits hors du magasin. Mais pour nous qui venons de pays capitalistes dans lesquels l'Etat ne garantit même pas l'alimentation minimale à ses citoyens et où chaque famille doit faire des prouesses pour arriver à acheter du premier au dernier produit du panier de la ménagère de base, même 250 gr de riz à plus bas prix, ce serait une grande aide, encore plus si on multiplie cela par le nombre de membres de la famille.

 

Probablement, s'il n'y avait pas le blocus économique, commercial et financier contre Cuba, cette libreta ne serait pas nécessaire, les salaires seraient supérieurs à ce qu'ils sont et il ne faudrait pas subventionner l'alimentation. Comme le blocus persiste toujours et que Cuba est un pays ouvertement socialiste dans lequel assurer les droits des personnes est une raison fondatrice, l'Etat doit assurer une base de bien-être collectif pour tous les Cubains. La libreta assure une petite partie de cela avec les énormes politiques sociales conquises en 58 ans de Révolution.

 

Obama quittera la Maison Blanche dans 60 jours, c'est le temps qu'il lui reste pour appliquer ses prérogatives présidentielles pour démanteler le blocus le plus possible. S'il l'avait fait, il n'y aurait plus besoin de « la libreta. »

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/11/24/cronicas-del-bloqueo-la-libreta-de-la-familia-cubana/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2016/11/cuba-la-libreta-de-la-famille-cubaine.html