Cuba : Lettre à Donald Trump en réponse à ses déclarations sur Fidel
Par: Julio Alejandro Gómez Pereda (Cubadebate, 27 novembre 2016)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Peu après avoir publié sur Twitter l'exclamation : « Fidel Castro est mort ! », le président élu des Etats-Unis Donald Trump a diffusé un communiqué qui va à l'encontre des réactions de la plupart des personnalités politiques du monde entier, y compris de son propre pays.
Donald Trump a qualifié Fidel de « dictateur brutal » qui a laissé un héritage « d'escadrons d'exécutions, de vol, de souffrance inimaginable, de pauvreté et de négation des droits de l'homme fondamentaux. »
Il a assuré que son « Gouvernement fera tout son possible pour qu le peuple cubain puisse enfin commencer son voyage vers la prospérité et la liberté. Je me joins aux Cubano-Etats-uniens qui m'ont soutenu pendant la campagne présidentielle, même à l'Association des Vétérans de la Brigade 2506 – lisez « mercenaires de Playa Girón » ( ndr) – qui m'a donné son soutien dans l'espoir de voir un jour prochain, une Cuba libre. »
Ensuite, le vice-président élu Mike Pence a twitté une phrase non moins brutale : « Le tyran Castro est mort. Un nouvel espoir voit le jour. Nous serons avec le peuple cubain opprimé pour une Cuba libre et démocratique. Vive Cuba libre ! »
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Je n'ai jamais pensé que j'écrirais la même année 2 lettres à des présidents des Etats-Unis différents. Dans ma lettre à Obama après son discours au Gran Théâtre de La Havane Alicia Alonso, j'évoquais nos différences, mes points de vue à ce sujet mais j'étais respectueux et courtois envers un homme qui, au moins, a conservé la retenue diplomatique dans sa façon de traiter Cuba.
A cette occasion, je reconnais que des situations différentes me motivent. Vous avez choisi le pire jour pour parler de Fidel Castro dans les termes où vous l'avez fait et garder le silence face à de semblables déclarations serait comme accepter vos attaques et regarder ailleurs en restant à genoux.
Quand, dans la matinée, il a appris la nouvelle de la mort du Commandant en Chef Fidel Castro Ruz, le monde est resté sans réaction pendant quelques secondes, c'est la sensation de quelqu'un qui espère ne jamais vivre un moment comme celui-là. Comme moi, beaucoup de Cubains parmi ceux que j'ai rencontrés auraient préféré donner des années de leur vie ou mourir d'abord seulement pour garder en vie Fidel plus longtemps. Ce n'est pas du fanatisme, c'est de l'amour.
Avant de sortir de chez moi, je e suis assis près de mon fils qui dormait encore et je l'ai regardé respirer en pensant qu'il devrait affronter un monde sans Fidel. Son histoire serait différente de la mienne parce qu'il ne l'écouterait pas faire des discours, il ne pourra pas voir sa barbe et son uniforme vert olive sauf grâce à ce que nous serons capables de lui montrer mais même de cette façon, je suis sorti de chez moi certain que mon fils aimera Fidel parce qu'il s'incarne en chacun de nous.
Quand, à 8 heures du matin, j'ai vu le twitt que vous avez écrit, j'ai pensé à l'absurdité de son contenu et j'ai même répondu sur votre compte officiel. Dans la journée sont arrivées vos malencontreuses déclarations et avec elles, ce besoin de répondre depuis la douleur la plus profonde d'un fils qui vient de perdre son père.
Monsieur Trump, vous ne connaissez pas Fidel Castro, vous ne savez rien de l'histoire de Cuba et vos paroles absurdes et blessantes le prouvent. Vous vous comportez comme un pantin de la politique la plus basse et la plus vile, comme un fou, sans conscience qui finit par nous faire augurer que George W. Bush pourrait n'avoir été qu'un brouillon de ce que sera la souffrance du monde pendant votre mandat.
Votre déclarations manquent de respect à un peuple qui aime et souffre de la perte de son dirigeant historique, vos déclarations ne tiennent pas compte du minimum d'honneur et de respect qui doit exister entre adversaires. Vous pouvez être sur que le peuple de Cuba ne va pas oublier vos paroles et qu'il en tiendra compte lors de chaque étape de nos négociations avec votre administration. Ne croyez pas que nous ayons peur de vos mesures ou de vos folies, nous savons vivre avec les pires contraintes provoquées par l'empire, nous sommes disposés à vivre ensemble pacifiquement et respectueusement mais nous ne faisons pas partie des peuples qui ne vénèrent pas leurs morts, nous les défendons becs et ongles, à n'importe quel prix, même le harcèlement de votre administration qui se présente comme le prélude à la chute de l'Empire.
En qualifiant notre Fidel de « dictateur brutal » vous me rappelez Rubén Martínez Villena quand, arrêté devant le dictateur Gerardo Machado, il découvrit un homme rustre, sauvage, ignorant du communisme et une menace pour l'Amérique Latine. Par conséquent, je pense que personne plus que vous ne mérite d'être appelé comme le tyran : Ane bâté !!
Fidel vit et vivra dans son peuple, Fidel illuminera le chemin de notre Révolution, une Révolution qui sera chaque jour meilleure, plus juste et plus humaine, plus internationaliste et plus prolétarienne. Vous, vous ne pourrez que piquer des colères dans votre fauteuil présidentiel et prendre d'un trait de plume des décisions qui ne feront que nous rendre plus forts.
Croyez-moi, il n'y a pas de plus grand plaisir que de finir en vous disant que Cuba est et sera un peuple de « Patrie ou Mort » et qu'avec Fidel, nous irons toujours Jusqu'à la Victoire !
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