Colombie: Pourquoi il faut revoir le calendrier de dépôt des armes
Par Horacio Duque Giraldo
Les FARC ont fait une demande très fondée pour que le calendrier décidé entre les parties concernant le dépôt des armes soit réorganisé en fonction de la nouvelle situation créée par la mise en place des accords signés au Théâtre Colón le 24 novembre dernier.
Cette demande contient une prémisse contenue dans l'Accord général pour la fin du conflit et la construction d'une paix stable et durable qu'il faut citer :
« 3.Fin du conflit. Processus intégral et simultané qui implique :
Cessez-le-feu et arrêt des hostilités bilatéral et définitif.
Dépôt des armes. Réinsertion des FARC-EP dans la vie civile – dans le domaine économique, social et politique – conformément à leurs intérêts.
Le Gouvernement National coordonnera le contrôle de la situation des personnes privées de liberté, inculpées ou condamnées pour leur appartenance ou leur collaboration avec les FARC-EP.
Parallèlement, le Gouvernement National intensifiera le combat pour en finir avec les organisations criminelles et leurs réseaux de soutien, la lutte contre la corruption et l'impunité, en particulier contre toute organisation responsable d'homicides et de massacres ou qui agresse des défenseurs des droits de l'homme, des mouvements sociaux ou des mouvements politiques.
Le Gouvernement National révisera, fera les réformes et les ajustements institutionnels nécessaires pour faire face aux défis de la construction de la paix.
Garanties de sécurité.
Dans le cadre de ce qu'établit le Point 5 (victimes) de cet accord, on éclaircira, entre autres, le phénomène du para-militarisme. La signature de l'Accord Définitif engage ce processus qui doit se développer dans un délai raisonnable fixé par les parties. »
Le calendrier de dépôt des armes par les FARC a été planifié ainsi : 1° mars 30%, 1° mai 30%, 1° juin 40%.
Cependant, le processus intégral et simultané de fin du conflit n'est pas réalisé pour plusieurs raisons :
-Les 26 zones de pré-regroupement et les points de transit dans lesquels les guérilléros des FARC doivent se trouver ne sont pas prêts parce que le Gouvernement n'a pas fait les adaptations minimales nécessaires pour le logement, l'eau, la santé, les routes, les réseaux et la protection. La Loi d'ordre public, faite par des bureaucrates, des caciques politicards de connivence avec des généraux fascistes a fixé des critères si absurdes pour l'organisation de ces lieux pour que les FARC restent isolés de la population civile qu'aujourd'hui ce sont les principaux obstacles à la transformation de ces territoires en zones de pré-regroupement de al guérilla agraire. Ils paient leur mauvaise foi car tandis que les FARC respectent les accords avec discipline et dans l'honneur, le Gouvernement découvre sa nature tricheuse.
-L'amnistie et la grâce, malgré une loi et plusieurs décrets à portée de main, est un gros mensonge car les membres de la vieille justice ordinaire corrompue (juges d'exécution des peines) avec la ténébreuse garde de l'INPEC se sont arrangés pour empêcher la remise en liberté de milliers de prisonniers politiques et sociaux enchaînés dans les prisons et les pénitentiels.
-Les mises en conformité des institutions et la mise en place des accords grâce à l'approbation d'actes législatifs, de lois et de décrets n'avance pas parce qu'il y a une ténébreuse mafia qui se consacre au sabotage et à la destructions de ces instruments. Du Bureau du Procureur et de la Vice-présidence de la République, ils ont mis en route un plan pour empêcher que soient approuvés à temps la justice spéciale de paix, la constitutionnalité des accords, les garanties accordées au nouveau parti politique de la paix, la réforme agraire intégrale et la présence des membres de « Voix de Paix » à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
-La para-militarisme, ignoré et rendu invisible par le Ministère de la Défense, entre dans les territoires de la résistance agraire, criblant de balles les dirigeants sociaux et réorganisant le trafic de drogues et l'exportation de la drogue vers l'Europe, le Brésil et les Etats-Unis avec des secteurs des organismes de sécurité du Gouvernement.
-Les départements et les municipalités du pays ignorent les accords de paix dans leurs plans de développement.
-La corruption a déplacé ses griffes vers les précaires fonds de la paix et avec le compte des voies tertiaires, des ministres et des conseillers de la présidence ont mis en place une nouvelle façon d'engagement direct pour dépouiller le système général de primes pour les Sciences, la Technologie re l’Innovation de billions de pesos accumulés.
-Les accords de substitution des cultures illicites sont ignorés et le gouvernement continue sa stratégie anti-drogues en impliquant massivement l'Armée (Résolution 3080 de 2016) dans des programmes d’éradication qui écrasent et rendent passibles des tribunaux des milliers de familles qui subsistent avec la culture de la feuille de coca alors que les puissants chefs de bandes continuent fièrement leur négoce.
-L'extrême droite uribiste et pastraniste avance avec ses campagnes de mensonges et de manipulation, parle d'un coup d'Etat, méconnaissant ainsi la force constitutionnelle et légale des accords de paix, ce qui est en soi une action ouvertement de déstabilisation qui devrait susciter une réponse adéquate du Gouvernement et de ses représentants.
C'est tout cela qui rend nécessaire la modification du calendrier de dépôt des armes. Une semaine de plus, un mois de plus n'affecteront pas l'accord pour la fin de la guerre qui a eu de si bons résultats jusqu'à présent en ce qui concerne l'éradication de la violence directe.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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