Venezuela : Accords et désaccord avec Thierry Meyssan
Par Vladimir Adrianza Salas
Dans l'interview extraordinaire et opportune réalisée récemment par la journaliste vénézuélienne Erika Ortega Sanoja, monsieur Thierry Meyssan, fondateur du Réseau Voltaire, met en évidence que ce qui se passe au Venezuela en ce moment n'a pas eu lieu spontanément. C'est un fait induit, téléguidé, pourrions-nous dire, par le Département d' Etat et le Commandement Sud des Etats-Unis comme prolongement du plan Freedom-2 centré sur le « harcèlement et l'asphyxie » de la nation vénézuélienne.
Pour cela, nous disons que pour eux, il faut refuser de reconnaître et abroger la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela de 1999, renverser les Gouvernements qui ont dirigé le Venezuela selon les préceptes contenus dans cette Grande Charte et installer à sa tête un gouvernement pantin qui leur permette de mettre la main sur les immenses ressources naturelles que possède ce pays, un argument que nous avons plusieurs fois développé dans ce média et dans d'autres.
Ce plan reste basé, avec des variantes, sur la méthodologie utilisée le 11 avril 2002 quand ils ont renversé pour 47 heures le Gouvernement du Président Commandant Hugo Chávez et ont été sur le point de le tuer. Cette méthodologie évolue depuis l'époque de Kermit Roosevelt Jr., ex-agent de la CIA qui conçut les méthodes pour renverser le Gouvernement de Mohammed Mossadegh, le président nationaliste Iranien, en 1953.
Les points d'accord
En analysant ce que dit Thierry Meyssan dans cette interview, on peut établir une analogie claire entre ce qui s'est passé en Libye, en tunisie ou en Syrie ces dernières années et ce qui se passe au Venezuela actuellement. Sur ce point, il n'y a pas de différences substantielles avec ce que dit Mr. Meyssan aussi bien dans cette interview que dans ses articles publiés sur le site du Réseau Voltaire.
Les différences
Le journaliste Thierry Meyssan déclare, dans cette interview :
« En 2004, plusieurs experts du Pentagone ont expliqué que dorénavant, les Etats-Unis allaient livrer des guerres pour diviser le monde en 2 zones. Cela semblait une méthode très rare mais consistait à maintenir une zone stable pour les Etats-Unis et leurs alliés et même certains ennemis comme la Chine, la Russie et l'Inde... et une autre zone où il n'y aurait ni gouvernement stable ni développement mais le chaos. »
A la différence de Thierry Meyssan, nous doutons que l'impérialisme états-unien veuille détruire le Venezuela simplement pour le détruire, parce qu'il fait partie de ce groupe de pays qui n'intéresse pas cette puissance et ses classes dominantes. La réalité démontre le contraire.
Daniel Estulin (2014) dans son livre « L'histoire définitive du Club Bilderberg » cite William Shannon qui dit:
« Les Bilderberg vont à la recherche de l'ère du post-nationalisme, dans laquelle il n'y a plus de pays mais des régions sur la terre entourées de valeurs universelles. C'est à dire une économie mondiale, un gouvernement mondial unique (nomme plus qu'élu) et une religion universelle. »
Nous avons pris sur Wikipedia la définition du « post-nationalisme » :
Le « post-nationalisme » ou « non-nationalisme » décrit le processus par lequel les nations, les états et les entités nationales perdent leur importance relative face à des entités supra-nationales et mondiales.
Les termes « post-nationalisme » et « post-vérité » sont en très étroite relation avec le concept de « post-modernité. » Le post-vérité dit, par exemple, que la « vérité » est fonction des croyances individuelles de chacun, sans relation spécifique avec les faits qui 'ont provoquée et, pourrions-nous ajouter, avec la version d'un événement et de son impact social ou politique est étroitement lié aux intérêts de classe de celui qui émet le jugement ou le concept.
Prenons la définition de Wikipedia :
« « Post-vérité » ou mensonge émotif est un néologisme qui décrit la situation dans la quelle, au moment de créer et de modeler l'opinion publique, les faits objectifs ont moins d'influence que les recours à l'émotion et aux croyances personnelles. »
De là, toute l'opération psychologique développée sur le Venezuela. Mais William Shannon cité par Estulin, dit ensuite :
« Pour s'assurer d'atteindre ces objectifs, « les Bilderberg se centrent plus sur un point de vue technique et sur une moindre connaissance de la population en général. »
Le Libérateur Simón Bolívar dirait : « Ils nous ont dominé par l'ignorance plus que par la force. »
Ce qui précède nous amène à penser que l'impérialisme, dirigé par le club Bilderberg et d'autres organisations moins visibles qui sont derrière, ont parmi leurs intérêts ce qui suit :
a.Détruire les Etats-nations qui sont contraires à l'ordre envisagé. Dans notre cas, l'Etat-nation intitulé République Bolivarienne du Venezuela.
b.Détruire tout courant idéologique qui s'oppose à ses intérêts réels dans sa tentative de domination des esprits, de la pensée des peuples du monde. Dans notre cas, l'exemple pourrait êtrepetre la confrontation historique entre la Doctrine Monroe – la Pan-américanisme – et la doctrine de Bolivar.
Dans le cadre de leur tentative pour contrôler la planète, les Etats-Unis se fixent pour objectif de contrôler toutes ces régions qui possèdent des ressources naturelles stratégiques pour assurer leur suprématie dans divers domaines en utilisant la théorie de Zbigniew Brzezinski sur le « chaos constructif » qui n'est rien d'autre que provoquer le chaos et la destruction dans un pays pour mettre à genoux la souveraineté de nations ou de peuples au bénéfice des intérêts de la triade : (Etats-Unis, Europe et Japon).
A la suite de la récente visite de Donald Trump en Arabie Saoudite, cette thèse devient plus forte. Le "make America great again" ou "America first", demande le contrôle de l'approvisionnement en matières premières stratégiques comme moyen pour mettre les Etats-Unis à la tête d'un capitalisme producteur de toutes sortes d'engins comme du capitalisme financier et des services comme cela a été le cas pendant ces dernières décennies. Tout cela pour s'opposer à l'initiative de « la bande et la route » stimulée par la Chine et soutenue par la Russie et d'autres Etats à cette époque.
Les ressources naturelles du Venezuela et leur incidence sur la géopolitique mondiale
William Petty, auquel Karl Marx fait référence dans « Le Capital », a indiqué il y a 2 ou 3 siècles qu si le travail est le père de la richesse, la terre en est la mère. En économie politique, quand nous évoquons la terre, nous parlons des ressources naturelles car sans celles-ci, il est impossible de construire et encore plus de fabriquer.
Le Venezuela possède les réserves de pétrole, lourd et extra-lourd, les pus importantes de la planète et de plus, à moins de 4 jours de navigation des Etats-Unis d'Amérique. Il possède en plus, de grandes sources d'eau douce, une biodiversité mais surtout « L'Arc Minier de l'Orénoque » où il y a de très importantes réserves d'or, de fer, de bauxite, de coltan, de kaolin et d'autres minéraux dont le cuivre (selon ce que le Président Nicolás Maduro Moros a fait savoir il y a quelques mois), un élément essentiel pour toute l'industrie électrique et électronique actuelle.
Les possibilités de domination du Venezuela
Les possibilités qu'envisage l'empire pourraient être les suivantes : d'abord, détruire le Venezuela en tant qu'Etat-nation, deuxièmement, en faire un territoire de factions opposées comme la Libye. Troisièmement, en faire une nation sous tutelle, un « protectorat » comme les puissances européennes le faisaient au XIX° siècle.
Parmi ces options, la plus réalisable est la troisième option en sa basant, entre autres choses, sur les voyages de l'opposition vénézuélienne à l'OEA et au Département d'Etat des Etats-Unis. Mais il n'y a aucune garantie concernant ce scénario, en résumé, tout est possible.
Dans tous ces scénarios, l'un des buts est de dominer une grande réserve de ressources naturelles nécessaires pour stimuler l'industrie des Etats-Unis et le plan divulgué par le président Donald Trump.
En plus, il s'agit d'éviter le « mauvais exemple » dans la Région que représente le Venezuela comme l'a dit un jour Condolessa Rize ou qui, comme dit le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski, est le seul « chien qui n'est pas couché » aux pieds de l'empire états-unien en Amérique Latine aujourd'hui. Evidemment, d'autres pays comme Cuba ont affiché la même attitude au cours de l'histoire. Une analogie.
L'analogie entre les cas de la Libye, de la Syrie et du Venezuela n'est pas accidentelle, c'est pourquoi nous n'y reviendrons pas.
Conclusion.
Les Etats-Unis ont besoin d'autres sources de pétrole éventuelles pour garantir le fonctionnement du pays au cas où la situation au Moyen Orient se compliquerait. C'est important pour leur sécurité nationale. Cette situation, ajoutée au déclin en quelques années, de leurs réserves de pétrole de schiste, accélère les plans pour trouver d'autres sources de pétrole pour leur consommation et accélère les plans contre la Révolution Bolivarienne pour contrôler le territoire et les ressources du Venezuela et éviter son « mauvais exemple » dans la Région Latino-américaine et dans le monde. Ils prétendent y arriver grâce à un Gouvernement pantin ou par la destruction de l'Etat-nation intitulé République Bolivarienne du Venezuela.
A cause de tout cela, nous pouvons conclure que l'objectif de l'empire n'est pas de détruire le Venezuela pour le détruire mais pour le subordonner à ses intérêts. D'où sa « post-vérité », c'est à dire sa version intéressée et falsifiée que les médias vénézuéliens et internationaux aident à fabriquer pour atteindre cet objectif que, certainement, ils n'atteindront pas.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
http://www.telesurtv.net/opinion/Acuerdos-y-Desacuerdo-con-Thierry-Meyssan-20170526-0026.html
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2017/05/venezuela-accords-et-desaccord-avec-thierry-meyssan.html