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Venezuela : La Procureure Générale anti-révolutionnaire?

25 Mai 2017, 17:01pm

Publié par Bolivar Infos

 

Isaías Rodríguez, avocat, professeur de droit et ex Procureur Général de la République de 2001 à 2007 a manifesta sa crainte que les réseaux de procureurs qui jouent à contrôler le Ministère de la Justice influencent les opinions de l'actuelle Procureur Général, Luisa Ortega Díaz qui a avancé des opinions polémiques mercredi sur l'affaire Juan Pernalete. Il a montré son désaccord sur la façon dont elle s'est exprimée sur l'affaire Juan Pernalete et sur ses opinions concernant l'Assemblée Constituante.

 

« J'ai peur, en ce moment, que Luisa soit tombée dans les filets des anti-révolutionnaires, » a expliqué mercredi l'ex procureur général Isaías Rodríguez après avoir donné des détails sur la vision qu'il a du Procureur Général de la République, une charge qu'il a assumée pendant 8 ans.

 

Il a révélé que lorsqu'il a fait ses célèbres déclarations du 12 avril 2002 dénonçant le coup d'Etat au Venezuela contre le Président de l'époque Hugo Chávez, 154 procureurs ont demandé sa destitution pour avoir fait cette déclaration. « Aucun n'a été destitué, » a-t-il indiqué bien que les procureurs soient nommés librement et renouvelés librement. « Je me sentais obligé de ne pas diviser le Cabinet du Procureur. Je préférais être là et contrôler le Cabinet du Procureur, » a expliqué Rodríguez.

 

« Ces gens n'ont pas disparu du Cabinet du Procureur. Il est possible qu'ils soient plus nombreux, » a-t-il précisé. Il y a 2 courants internes au Ministère Public : un institutionnel « qui marche sur des œufs avec beaucoup de peur » et un autre anti-chaviste et anti-processus révolutionnaire « avec une conception très conservatrice du droit, des institutions et de l'avenir. Il n'est pas simplement conservateur, il est anti-révolutionnaire, ce qu'ils essaient de renforcer dans les règles et les raffinements juridiques. » Ce courant est composé de professionnels sortis des écoles de droit de l'Université Centrale du Venezuela (UCV), de l'Université Catholique Andrés Bello (UCAB) et de l'Université Santa María (USM) où ils ont été formés avec « une pensée très engagée contre l'évolution du pays. »

 

Il a aussi indiqué qu'il y a un large éventail de corruption interne dont il est très difficile de venir à bout.

 

Dans cette institution, il y a un jeu de pressions dans lequel celui qui ne parle pas est celui qui pense que ce processus est une avancée. Ils t'amènent là, avec les directions et les procureurs les plus audacieux. » C'est un groupe important « qui joue à contrôler et à orienter le Cabinet du Procureur. »

 

Rodríguez craint que l'actuelle Procureure Générale soit influencée par ce groupe anti-révolutionnaire.

 

« Quand je suis revenu d'Europe, la première chose que j'ai faite a été de lui rendre visite (à Ortega Díaz), avant de me rendre à la Commission Présidentielle pour la Constituante, » pour lui poser des questions sur la situation de l'institution et même sur sa position, le 31 mars, sur les sentences du TSJ.

 

« Elle m'a fait certaines déclarations importantes, je l'ai comprise, parce que je sais que le Cabinet du Procureur doit être un organe de contrôle de la conformité aux institutions et qu'il doit être indépendant. Il doit faire partie d'une institution qui apporte la sécurité, l'autorité et le respect. Et ça, je le comprends. Ce que je ne comprends pas, c'est que tu entres dans un débat politique et que tu prennes position dans ce débat politique parce que ça, ça peut être dangereux pour le pays et pour le Cabinet du Procureur lui-même. »

 

Das procureurs anti-révolutionnaires veulent contrôler l'institution

 

« Beaucoup de gens du Cabinet du Procureur m'appellent, » a raconté Isaías Rodríguez. « Je sais qu'en ce moment, il brûle de l'intérieur. » Il a indiqué qu'il y a des gens qui ont le contrôle du Cabinet du Procureur qui « ont des opinions anti-gouvernementales, anti-constituante et anti-révolutionnaires, » et il a précisé qu'il en pense pas à Ortega Díaz.

 

Mais il a aussi signalé qu' Alis Boscán – qu'il n'a pas appelé par son nom – qui était le Vice-procureur Général jusqu'à la mi-avril, a démissionné parce qu'elle n'était pas d'accord avec la Procureure Générale. « J'ai préféré démissionner ou qu'ils la sortent de là, » a expliqué Rodríguez. Elle a été remplacée par Rafael González Arias qui a prêté serment le 17 avril.

 

Rodríguez a indiqué que ce qui se passe peut diviser le Cabinet du Procureur. « en plus, cela peut diviser le pays. Cela peut créer une sensation de crise que le Gouvernement a géré avec beaucoup de sagesse. Le Gouvernement n'est pas tombé dans le jeu et les provocations ni avec le Parlement ni avec une institution comme le Cabinet du Procureur.

 

L'affaire Pernalete

 

Mercredi, le Procureure Générale a fait des déclarations assurant que, selon les expertises et les déclarations des témoins, le jeune Juan Pernalete a été assassiné par une bombe lacrymogène tirée à courte distance par un membre de la Garde Nationale Bolivarienne qui reste à identifier. Pour cette raison, celui qui interviewait Rodríguez , Jorge Amorín lui a demandé si c'est le rôle du Procureur Général de présenter les faits d'une façon aussi définitive qu'elle l'a fait mercredi dans une conférence de presse.

 

Comme on s'en souvient, Pernalete a été assassiné le 26 avril dernier à Altamira alors qu'il se trouvait en compagnie de manifestants violents et dès le début, son cas a été pris comme drapeau politique par ceux qui assuraient qu'il avait été assassiné sur ordre du Gouvernement de Nicolás Maduro, soi-disant par un le tir d'une bombe lacrymogène à sur la poitrine à bout portant.

 

Le 30 avril, le journal Últimas Noticias et le Gouvernement vénézuélien ont informé que le Ministère Public avait une autre hypothèse : qu'un pistolet d'abattage, utilisé pour tuer le bétail avait pu être utilisé pour assassiner le jeune. Cependant, le Gouvernement l'a présenté comme une hypothèse et a signalé qu'il était important d'attendre les résultats de l'enquête.

 

A ce sujet, Rodríguez a signalé que « le rôle du Procureur Général n'est pas cela. » En tout cas, il y a toujours un procureur qui conduit l'enquête et tient informé le Procureur Général. « Cette enquête, ils l'amènent devant un tribunal et c'est le tribunal qui ouvre une procédure pour déterminer, avec cette accusation, si un fait est qualifié ou non.

 

Il a indiqué que le Cabinet du Procureur a pré-qualifié un fait mais la qualification, c'est le tribunal qui la fait. « Des suspicions se créent à cause d'une déclaration de cette sorte, faite par le Procureur Général. »

 

Il a expliqué que les investigations que fait le Cabinet du Procureur ne sont pas paroles d'Evangile. « Tu fais une investigation, cette investigation n'est pas une preuve, c'est une investigation. Elle devient une preuve quand elle arrive à l'organe judiciaire. »

 

Le preuve permet au juge de qualifier les faits de façon déterminante. « En ce moment, ce qui est fait, c'est de pré-qualifier. Qu'on prétende aujourd'hui attribuer, avec une seule expertise du Cabinet du Procureur, la mort du jeune Pernalete à la Garde Nationale avec une sorte de bombe lacrymogène me préoccupe beaucoup. »

 

« En plus, je l'ai vue très nerveuse. Elle n'est pas ainsi. Je l'ai vue désorganisée, quelqu'un derrière lui faisait des signes et elle disait des choses. Je crois qu'ils la dirigent al, qu'ils lui donnent de mauvais conseils, » a déclaré Rodríguez.

 

« Elle a cherché une affaire qui est discutée dans tout le pays. Je ne dis pas que ce n'est pas la cause qu'elle a dite, » a-t-il dit en évoquant la mort de Pernalete, soi-disant à cause d'une bombe lacrymogène tirée à très courte distance. « Cela peut être ou peut ne pas être. Moi, en tant que Procureur, je ne me risquerait pas à dire au pays : « c'est arrivé de cette façon » parce que celui qui peut le dire, c'est un tribunal. Une expertise admet une expertise ou d'autres expertises pour déterminer laquelle est correcte et laquelle ne l'est pas. »

 

Il a rappelé qu'il y aune vidéo « qui donne l'impression que ce fait est arrivé d'une façon différente de celle qu'elle indique » qui provient du journal d'opposition El Nacional. « Les faits pourraient être arrivés d'une autre façon. »

 

Les faits omis par la Procureure Générale

 

Isaías Rodríguez s'est demandé pourquoi le meeting qu'a donné Henrique Capriles samedi dernier, dans lequel il s'est exprimé de façon extrêmement violente et grossière contre le Président de la République mérite une enquête. « La prise de de San Antonio de los Altos mérite une enquête. » L'utilisation d'enfants et d'adolescents ainsi que de personnes vivant dans la rue dans les manifestations violentes sont des sujets d'enquête sur lesquels elle ne s'est pas prononcée.

 

Il a appelé l'institution à réfléchir. « Nous avons besoin d'institutions solides, fortes, fiables et la seule façon de résoudre le problème dans ce pays est de l'affronter comme Chávez a affronté le soi-disant coup d'Etat qu'il a fait (en 1992) en disant : « Je suis responsable de cela, j'en prends la responsabilité. » Il a dit que le Cabinet du Procureur n'est pas l'institution appropriée pour jouer à la chandelle, c'est l'une des institutions les plus difficiles du pays qui protège les garanties des citoyens et est un facteur d'équilibre essentiel.

 

Sur l’opinion de la Procureure sur la Constituante

 

Il a critiqué le fait que l'actuelle Procureure Générale refuse l'invitation de la Commission Présidentielle pour la Constituante et ébauche là sa thèse. Il a condamné aussi qu'Ortega Díaz ait dit qu'il fallait un referendum pour organiser la Constituante, ce qui n'est pas sûr ou que la Constitution de 1999 ne doit pas être touchée parce qu'elle n'est pas améliorable.

 

Rodríguez a condamné aussi le fait qu'Ortega Díaz ait dit que « la Constituante approfondit la crise politique », à quoi il a répondu : « Non ! Ce qui approfondit la crise politique, ce sont des attitudes comme la sienne. »

 

Sur la soi-disant « rupture du fil de la Constitution »

 

A propos des déclarations d' Ortega Díaz le 31 mars dernier, disant que les sentences de ce moment-là « constituent une rupture du fil de la Constitution, » il a indiqué qu'avoir dit cela « a un sens. Tu ne peux pas parler de « rupture du fil de la Constitution » quand l'Assemblée (Nationale) est là et n'a pas été dissoute, quand tu as la liberté d'expression, quand elle a la possibilité de dire ça. »

 

La Cour Constitutionnelle a voulu retirer l’immunité aux députés mais « a voulu. Il ne l'a pas fait. De plus, celui qui a dû agir contre cela, c'est le Cabinet du Procureur. Moi, en tant que Procureur, j'aurais demandé immédiatement un recours d'interprétation à la Cour Constitutionnelle pour voir jusqu'où allait sa portée. Non ! Il a fallu que ce soit le Président de la République qui le fasse à travers une institution qui était également dans la Constitution pour que la Cour réfléchisse et laisse sans effet une partie d'une décision qu'elle avait prise. »

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://albaciudad.org/2017/05/isaias-rodriguez-tengo-el-temor-de-que-luisa-ortega-diaz-haya-caido-en-las-redes-de-los-fiscales-antirrevolucionarios/

URL de cet article :

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