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Amérique Latine : La dépendance de l'internet s'intensifie

17 Juin 2017, 16:09pm

Publié par Bolivar Infos

 

8 des 9 câbles sous-marins qui unissent l'Amérique du Sud à l'Europe passent par les Etats-Unis. C'est très grave parce qu'en plus, la ville brésilienne de Fortaleza est plus proche de la péninsule ibérique que de Miami. Le 9° est un câble obsolète et saturé, de sorte que 99% du trafic internet en provenance d' Amérique du Sud est contrôlé depuis Washington.

 

Cette donnée a été fournie par la compagnie espagnole Eulalink quand elle a présenté le projet de câble sous-marin qui sera opérationnel en 2018 et relira le Brésil à Sines (Portugal) et Madrid, sans passer par les Etats-Unis. Ce câble aura une grande capacité, rien moins que 72 Tbps (térabits par seconde), 7 fois plus que l'information que transmet actuellement l'Amérique Latine au reste du monde.

 

Il s'agit d'un petit pas, insuffisant étant donné que cette région présente un panorama absurde : un courrier électronique entre Santiago du Chili et Buenos Aires (2 villes séparées par 1 400 km) parcourt 15 000 km d'abord dans l'Océan Pacifique pour arriver sur les côtes de Californie. Ensuite, il traverse les Etats-Unis jusqu'à Miami et enfin, il plonge dans l'Atlantique pour arriver dans la capitale de l'Argentine. Parallèlement, la sous-secrétaire des Télécommunications du Chili (SUBTEL) et la compagnie Huawei de Chine ont signé un accord de pré-faisabilité technique pour la mise en place d'une connexion directe entre l'Asie et le Chili grâce à un câble de fibre optique qui reliera la Chine et le chili à travers l'Océan Pacifique.

 

Ce sont de petites avancées vers l'indépendance dans les communications. Il y a à peine 5 ans, l'UNASUR avait décidé de construire une ceinture de fibre optique pour permettre l'interconnexion directe des pays de al région. L'objectif était de surmonter l'éternelle dépendance économique, politique et culturelle. Un pays comme le Brésil, qui prétend être une puissance mondiale émergente, est fortement dépendant pour ses communications : 45% de son trafic international sur internet vient de l'étranger et, sur cette quantité, 90% fait un « arrêt » (pitstop) aux Etats-Unis.

 

En ce qui concerne la région dans son ensemble, 80% du trafic de données de l'Amérique Latine passe par les Etats-Unis, le double de l'Asie et 4 fois le pourcentage de l'Europe. Cela rend les communications plus chères.

 

Le ministre de l'Industrie et de l'Energie de l'Uruguay, Roberto Kreimerman, a signalé après le sommet de l' UNASUR d'Asunción, en 2011 qu'il y a plusieurs raisons qui ont fait prendre la décision de construire la ceinture sud-américaine : « Les coûts actuels sont très élevés puisque dans l'ensemble de la région, ce qu'on paie aux propriétaires des câbles sous-marins et des connexions avec les pays développés représentent entre 30% et 50% du prix total. »

 

L'autre raison importante concerne la souveraineté nationale, une chose qui a été mise en évidence quand les agences états-uniennes contrôlaient les communications de la présidente Dilma Rousseff, ce qui a provoqué une crise diplomatique entre les 2 pays.

 

Le projet initial de l'UNASUR passait par un relevé et une cartographie de tous les réseaux existant dans chacun des pays. Après, il y aurait 3 étapes : la connexion des points physiques situés sur les frontières comme l'Argentine, le Paraguay, le Venezuela, la Bolivie et l'Uruguay. Dans l'étape suivante, les entreprises d'Etat de communications comme Telebras du Brésil et Arsat de l'Argentine et les entreprises privées auraient posé de leurs réseaux. Il était prévu que la ceinture de fibre optique ait une étendue de 10 000 kilomètres et soit gérée par les entreprises d'Etat de chaque pays pour que les communications soient plus sures et meilleur marché. La connexion directe augmenterait la rapidité de connexion de 20% à 30% et ses coûts seraient moindres.

 

Ce projet impliquait l'installation de plusieurs câbles sous-marins, dont l'un entre le Brésil et les Etats-Unis qui permet aussi la connexion avec la Colombie et le Venezuela. Un second câble devait unir le continent directement avec l'Europe en passant par le Cap Vert et un troisième devait unir Fortaleza (nord du Brésil) et l'Angola (Afrique) avec une dérivation vers l'Argentine et l'Uruguay. L'entreprise chargée de la construction d'une bonne partie de la ceinture de fibre optique était l'entreprise d'Etat Eletrobrás et le financement était à la charge de la banque de développement BNDES.

 

Tout cela a été paralysé par la crise politique et les changements de Gouvernements qui touchent les principaux pays de la région, en particulier le Brésil, le pays qui a proposé et conçu les nouveaux réseaux de câble internet.

 

Maintenant, les étapes suivantes ne sont plus de caractère régional mais bilatéral comme c'est le cas du Brésil avec l'Espagne et du Chili avec la Chine. Le Gouvernement de Michelle Bachelet a souligné que le pont de communications direct entre l'Asie et l'Amérique Latine prévu aura en face le développement futur des communications dans cette zone. En 2015, l'UNASUR et la Corporation Andine de Conception sont arrivées à un accord pour construire un « Réseau de Connexions sud-américain pour l'Intégration » avec un investissement d'un million et demi de dollars. Le secrétaire général de l'UNASUR de l'époque, Ernesto Samper, a rappelé que l'internet en Amérique du sud est 8 fois plus lent que celui d'autres pays du monde, ce qui suppose un obstacle pour le développement.

 

Samper a aussi assuré que le réseau de connexions augmentera la sécurité et la défense de la région dans le domaine cybernétique. « Ce n'est pas une question de sécurité physique qui touche les personnes à travers un affrontement armé ni de la façon dont s'équipent militairement les pays pour se défendre les uns des autres mais d'une autre sorte de défense collective comme la cyberdéfense, » a dit Samper.

 

Cependant, dans les 2 dernières années, il n'y a pas eu d'avancées conséquentes dans cette direction. Il faudra attendre que la région surmonte la crise politique et le virage conservateur pour que les projets destinés à entrer dans une ère d'indépendance dans les télécommunications reprennent.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2017/06/15/internet-se-profundiza-la-dependencia-latinoamericana-de-eeuu/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2017/06/amerique-latine-la-dependance-de-l-internet-s-intensifie.html