Chili : Bachelet se fait plaisir en demandant pardon aux Mapuches
La présidente Michelle Bachelet a demandé pardon ce vendredi 23 juin au peuple mapuche mais ce message n'a pas été bien reçu dans le wallmapu à cause du harcèlement continuel dont souffrent les communautés, l'absence totale d'attention apporté aux revendications des prisonniers politiques et le peu de consistance de ses déclarations pendant ce mandat et celui qui l' a précédé.
« De véritables excuses signifieraient une politique de réparation et d'indemnisation pour les dommages causés. Les crimes de l'armée chilienne qui ont provoqué la diminution de la population mapuche et l'occupation, la prise et la confiscation de son territoire, qui ont été la cause du conflit actuel font apparaître que la présidente ne sait rien de l'histoire de l'Araucanía et, par conséquent, a fait des excuses sans fondements, » a affirmé le porte-parole du Conseil de Toutes les Terres, Aucan Huilcamán Paillama.
Sans aucun effet réel
« Nous attendons des excuses en matière de droits de l'homme mais c'est pratiquement presque des excuses à caractère religieux, identiques à celles du Pape Jean-Paul II pour l'arrivée des envahisseurs en Amérique. Elles n'ont aucun effet réel. Ces excuses sont faites pour l'autosatisfaction de la présidente en tant que Chef de l'Etat,» a déclaré Huilcamán Paillama.
Le porte-parole du Conseil de Toutes les Terres, d'accord en cela avec d'autres dirigeants mapuches, a expliqué que cet acte est une exploitation politique de cette date importante pour les peuples originaires1. « Mettre au même niveau la violence rurale et les crimes commis depuis la pacification de l'Araucanía jusqu'à aujourd'hui, c'est mélanger des pierres avec des pommes. C'est inacceptable. Cela a pour but d'oublier la responsabilité de l'Etat envers les Mapuches, » a-t-il déclaré.
Il a de sérieux doutes concernant la reconnaissance par la Constitution dont a parlé la Présidente. « C'est presque une plaisanterie. Depuis 1989, ils disent qu'ils vont envoyer des projets. La Concertation, la Nouvelle Majorité et le Gouvernement de Piñera, tous ont voulu limiter et restreindre les droits du peuple mapuche et établir une relation coloniale et d'asservissement. Limiter et diminuer nos droits, c'est ce que veut aussi le rapport de l'évêque Héctor Vargas en cherchant à falsifier l'histoire mapuche. Nous regrettons qu'il joue ce rôle et il est clair que l'église joue un rôle néfaste. Il a accompagné la conquête, la pacification de l'Araucanía et maintenant, il veut falsifier l'histoire, » a dénoncé Huilcamán.
Il a aussi affirmé que l'actuel « Plan Araucanía » cherche à exclure le rapport « Vérité et nouveau traitement » élaboré sous le Gouvernement de Ricardo Lagos qui a déjà des données et des bases pour le cadastre des terres qu'ils prétendent vouloir faire. « Je demanderais à ses conseillers et à ses ministres de lire ce rapport, là, il y a des informations importantes concernant les terres, » a-t-il précisé.
Sûrement, le pape aussi demandera pardon
Aucán Huilcamán a déclaré que ces actions sont un bon moyen pour maintenir le conflit car elles sèment plus de tensions et de controverses en plus d'imposer la doctrine de la négation et du colonialisme comme façon d'asservir le peuple mapuche.
La présence de l'évêque Héctor Vargas à la Table de Conseil Présidentiel où il a produit un texte qui cherche à falsifier l'histoire de l' Araucanía et des Mapuches en est un bon exemple, affirme-t-il. « Pour que la venue du Pape François soit vraiment utile, on doit envisager une indemnisation pour le crime contre l'humanité commis contre le peuple mapuche et une indemnisation pour la spoliation des terres. Sûrement, le pape aussi demandera pardon, » a précisé Huilcamán.
Il a signalé que les Mapuches demanderont au Pape François l'abrogation de la doctrine de la découverte parce qu'ils considèrent qu'elle a été utile pour permettre la plus importante spoliation de terres, une action à laquelle l'Eglise Catholique participe directement.
Enfin, le dirigeant mapuche a assuré : « Il nous semble très approprié que le pape soit d'origine argentine parce que cela va nous permettre de discuter de l'histoire basée sur ce qu'on appelle la Pacification de l' Araucanía et de ce qu'on appelle la « conquête du désert » en Argentine, a conclu Huilcamán.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
NOTE de la traductrice:
1Le nouvel an mapuche qui tombe le 24 juin
Source en espagnol :
http://www.resumenlatinoamericano.org/2017/06/25/dirigente-mapuche-opina-del-mensaje-de-bachelet/
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