Venezuela : Les étudiants de l'opposition reçus au siège de Venezolana de Televisión
Vendredi, le ministre du Pouvoir Populaire pour la Communication et l'Information, Ernesto Villegas, a reçu une délégation du mouvement étudiant d'opposition dans les locaux de Venezolana de Televisión (VTV), une chaîne publique d'Etat vénézuélienne. Rafaela Requesens, Santiago Acosta et d'autres membres du mouvement étudiant de droite ont discuté avec le ministre et eu un bref débat sur des affaires emblématiques comme celle de Juan Pernalete et des autres morts dans les manifestations violentes qui durent depuis déjà 63 jours. Toute la discussion a été intégralement diffusée par la télévision d'Etat.
Villegas, qui est aussi président de Venezolana de Televisión, a reçu les opposants en compagnie de membres de l'Association des Victimes des Guarimbas de 2014 : le père d' Elvis Durán (un jeune tué le 22 février 2014 lors des Guarimbas ou protestations violentes de cette année-là, victime de fils de fer barbelés placés sur l'avenue Rómulo Gallegos par les manifestants de l'opposition) et le père d'Ender Bastardo, un jeune assassiné en avril 2013 à Cumanacoa après qu'Henrique Capriles, le candidat à la présidence vaincu par Nicolás Maduro ait appelé à crier à la fraude et à « décharger sa rage ». Des représentants du mouvement étudiant révolutionnaire l’accompagnaient également.
« J'ai voulu les saluer en tant que Vénézuéliens et vénézuéliennes ce soir, au-delà des charges et des représentations qui sont les nôtres, nous sommes Vénézuéliens, » a dit Villegas. « Ce sang qui coule dans tes veines, a-t-il dit en s'adressant à l'une des opposantes, est le même que celui qui coule dans les veines des autres Vénézuéliens qui sommes ici. Ce que nous ne pouvons pas nous permettre, c'est que plus de sang vénézuélien soit répandu. Assez d'effusion de sang ! Assez de violence ! »
La rencontre a été diffusé par Venezolana de Televisión en différé, sans montage.
Le ministre a montré et remis aux jeunes une enquête journalistique réalisée par l'équipe du Ministère du Pouvoir Populaire pour la Communication et l'Information sur les morts ou les personnes assassinées en 2 mois de violences. « Depuis le journalisme, nous avons fait une enquête qui nous a permis de nous rapprocher du moment, de al façon et de l'endroit où sont morts de nombreux Vénézuéliens qui aujourd'hui, devraient être en vie. » Il a signalé que, selon les chiffres qu'il a, 76 personnes sont mortes ou ont été assassinées.
Alba Ciudad a également fait une enquête similaire qu'on peut consulter ici. On peut aussi consulter les résultats d'un rapport présenté par le Défenseur du Peuple, Tarek William Saab, en cliquant ici.
« Nous vous remettons ces documents en souhaitant qu'ils servent non seulement pour que nous, nous obtenions justice des institutions de l'Etat mais ce qui s'est vraiment passé serve à la réconciliation entre les Vénézuéliens. Que si dure que soit la vérité, dans n'importe quel cas, nous puissions trouver un espace de convivialité. »
Rafaela Requesens, présidente de la Fédération des Centres Universitaires de l'Université Centrale du Venezuela (FCU-UCV), a pris la parole pour se plaindre que la chaîne d'Etat, à son avis, ne diffuse que les intérêts du Gouvernement. Elle s'est plainte que dans le cas de Juan Pernalete, un jeune assassiné le 26 avril pendant les protestations violentes de l'opposition, des vidéos ont été soi-disant diffusées et que l'information a été détournée pour dire que ce sont es opposants eux-mêmes qui l'ont tué. Elle a signalé que la Procureure « en faisant son travail, a dit que c'était une bombe lacrymogène. »
Villegas a répondu que la Procureure Générale de la République a le monopole de l'action pénale mais n'a pas le monopole de la vérité. « Les investigations de la Procureure sont discutables. Si la parole de la Procureure était parole d'Evangile, vous ne pourriez pas soutenir que Leopoldo López est un prisonnier politique parce que cette même Procureure accuse Leopoldo López d'une série de délits. »
A propos de l'affaire Pernalete, Villegas a répondu : « Nous, nous avons mis sur le tapis une hypothèse de la police, ce qu'a déclaré la Procureure Générale de la République est une hypothèse. » Il a indiqué que « nous, nous souhaitons que justice soit faite, indépendamment de qui a provoqué cette mort. »
Villegas a insisté pour montrer les fiches des plus de 70 personnes assassinées depuis avril 2017, comprenant beaucoup de Vénézuéliens morts sur les barricades, tués par des tueurs à gages etc...
Il a mis en avant le cas d'Anderson Dugarte, un chauffeur de moto taxi de 32 ans assassiné à Mérida le 8 mai en passant près d’une manifestation violente alors qu'il faisait son travail. « Il est mort et sa fille est née après sa mort, là, dans l'état de Mérida. Ashley”, a dit Villegas. « Je vous donne sa photo. Cette petite fille est née sans son papa mais oui, elle a un papa : elle nous a nous tous, ses frères. Cette petite fille ne va pas être une orpheline. Pour eux ! Pour les enfants de la Patrie ! Pour tes fils et ceux qui vont naître, nous devons arrêter ces épisodes de violence ! »
A partir de là, le débat a été beaucoup plus difficile. Luis Rafael Durán, le père d'Elvis Durán, un jeune qui a été décapité pendant les guarimbas de 2014 par des fils de fer barbelés placés par des opposants, était l'une des personnes qui discutaient avec les jeunes opposants, de même que plusieurs jeunes du mouvement étudiant chaviste.
Requesens a fait aussi d'autres récriminations sur la ligne éditoriale de la chaîne et a demandé qu'on « retire les faits et les informations qui ont été passés » qui, à son avis mettent en évidence qu'on « ment au peuple. » en disant : « Je sais que cela ne va pas passer sur VTV, » elle a montré une photo d'une personne mangeant des ordures et elle a accusé la chaîne de « perdre le sentiment humain. » VTV a diffusé ses paroles intégralement.
Santiago Acosta, conseiller universitaire de l'Université Catholique Andrés Bello (UCAB), a signalé qu'au Venezuela, il y a un « régime » de plus en plus dictatorial. Il a demandé que l'Assemblée Constituante soit soumise à un referendum consultatif. Villegas lui a rappelé que la veille, le Président Nicolás Maduro a assuré qu'il y aurait un referendum pour approuver la nouvelle Constitution rédigée par l'Assemblée Constituante.
Il a demandé qu'on « informe sur tout ce qui se passe », « de retirer les accusations contre les étudiants » et « un espace pour parler au pays. »
Il a signalé que, bien que cette fois-ci, ils aient pu arriver jusqu'à VTV, à d'autres occasions, la Garde Nationale ne leur a pas permis d'arriver jusqu'à diverses institutions publiques, à quoi Villegas a répondu qu'il y a des éléments de violence dans ces marches qui empêchent cela et leur a demandé de le reconnaître. Il n'y a pas eu de réponse des opposants à ce sujet.
Pour finir le débat, Villegas a déclaré que « nous, nous voulons que le Venezuela soit un grand pays dans lequel nous entrions tous. » Il a signalé aux étudiants qu'ils peuvent venir et faire un débat avec des étudiants révolutionnaires et que les installations de la chaîne leur sont ouvertes. Il a dénoncé le fait que « l’utilisation des morts « est une façon de manipuler la doucleur d'une seule partie du pays. »
Pas de violence cette fois.
Le mouvement étudiant d'opposition soutenu par des partis de droite comme Volonté Populaire et Primero Justicia a invité ses partisans à marcher jusqu'aux locaux de VTV, situés à Los Ruices, à l'est de Caracas, dans la municipalité de Sucre de l'état de Miranda.
La marche est partie de 2 points : la place Altamira, symbole de l'extrême-droite vénézuélienne et l’Uni-centre El Marqués, situé à quelques pâtés de maisons de Los Ruices.
Après s'être rencontrées sur l'avenue Francisco de Miranda, les 2 marches sont montées vers VTV accompagnées par des dirigeants de ces 2 partis. Là, une délégation d'étudiants de l'opposition de plusieurs universités accompagnée de journalistes de certains médias de droite sont entrés dans les locaux en passant par le dispositif de sécurité mis en place pour contenir la marche et éviter les dégâts à cet endroit où fonctionne aussi la Télévision Vénézuélienne Sociale (TVES).
Là, ils ont été reçus par Villegas et ceux qui l'accompagnaient. La veille, Villegas avait indiqué que, si les protestations s'accomplissaient pacifiquement et légitimement, ils seraient prêts à recevoir une délégation d'étudiants qui viendrait avec un document et souhaiteraient discuter pour la paix et la stabilité du pays comme l'a affirmé le Président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro.
Bien qu'il n'y at pas eu de violence en soi, après la fin de la marche, un groupe d'opposants se sont rendus à l'autoroute Francisco Fajardo pour la couper à nouveau comme c'est habituel après chaque marche de l'opposition dans la capitale.
Ils ont travaillé malgré les menaces
Vendredi, les employés de VTV ont fait leur travail tout à fait normalement malgré les menaces de violence, informe VTV dans une note de presse sur son site.
María Querales, qui travaille dans e domaine des Multimédias, a déclaré que la chaine a été l'objet d'attaques constantes de haine sans fondement de la part de al direction de l'opposition qui cherchent à faire taire la vérité, à fermer la fenêtre que le peuple vénézuélien a pour s'exprimer et qu'aujourd'hui « n'est pas une exception dans sa campagne de haine, de discrédit, pour rendre le peuple invisible. »
Elle a ajouté que « la Révolution Bolivarienne a été faite par les rêves de ceux d'entre nous qui étaient invisibles depuis longtemps. A cause de cela, aujourd'hui et pour toujours, nous défendrons ce processus révolutionnaire de nos générations pour notre avenir. La haine de ceux qui aiment la violence ne nous arrêtera pas dans notre victoire. »
D'autre part, Nelson Gómez, coordinateur de base, a déclaré que les travailleurs ont été à leur poste de travail tout à fait normalement et que les transmissions n'ont pas eu de problème.
Yerwin Rojas, agent de sécurité de VTV a souligné que la situation est calme et le personnel de la chaîne de télévision a travaillé sans aucune sorte de tension. « Nous, les travailleurs de VTV, sommes sur le pied de guerre avec la Révolution Bolivarienne parce que personne ni rien ne va paralyser le pays, a dit Manuel Anteliz, qui travaille dans le domaine de la presse.
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