Venezuela : Zapatero révèle la tenue e réunions entre le Gouvernement et l'opposition
Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a demandé à l'ex-président espagnol José Rodríguez Zapatero une rectification après qu'il ait publié, sans consulter les parties, un communiqué dans lequel il révèle que, depuis plusieurs semaines, il y a « des réunions » entre des représentants du Gouvernement et des représentants de l'opposition « pour trouver une coexistence démocratique et pour la paix au Venezuela. Maduro a confirmé les réunions qui ont eu lieu en privé sur l'insistance de la Table de l'Unité Démocratique (coalition de l'opposition) et a signalé qu'ils sont sur le point de trouver un accord.
« Ces derniers jours, nous étions sur le point de trouver un accord pour publier un communiqué approuvé par tous les partis politiques de la MUD. Tous ! Tous en sont informés quand le caniche d'Hitler (Freddy Guevara, dirigeant du parti Volonté Populaire) vient appeler ses imbéciles à une grève civique et ensuite disent que la grève avait été un succès, » a déclaré Maduro qui a aussi critiqué les appels de Guevara à ce qu'ils appellent « la prise du Venezuela. »
Il est important de noter les divers changements de mots de l'opposition dans ses actions depuis jeudi soir, probablement en relation avec le dialogue avec le Gouvernement et ses propres divergences internes.
Au début de la semaine, ils avaient convoqué pour vendredi de qu'ils appellent « la prise de Caracas, » une grande marche que l'aile extrémiste de l'opposition avait organisée à l'origine dans la capitale, en suggérant qu'éventuellement, ils iraient prendre la Palais Présidentiel de Miraflores.
Ensuite, en se retranchant derrière les annonces du ministre de l'Intérieur Néstor Reverol concernant les élections, l'opposition a changé la « la prise de Caracas » en « prise du Venezuela » qui consistait à barrer des rues avec la présence massive de ses militants dans toutes les rues et toutes les avenues du pays continuellement jusqu'à dimanche en les barrant complètement pour essayer d'empêcher les élections à la Constituante. Cet appel n'a été suivi que dans les municipalités que l'opposition domine mais là, les rues étaient vides, avec de très petits groupes de personnes plaçant des barricades et installant des barrages.
A cause de cela, vendredi soir, on a donné l'ordre de laisser le barrage des rues seulement jusqu'à samedi midi et d'organiser dimanche une grande concentration sur l'autoroute Francisco Fajardo.
Pour sa part, le CNE a décidé de ne pas installer les bureaux de vote dans les endroits les plus conflictuels mais d'installer des centres d'urgence et d'autoriser les personnes à se rendre dans d'autres bureaux de vote que leur bureau habituel dans la même municipalité pour pouvoir voter.
Ces changements étranges de mots ont causé un profond rejet dans les secteurs de base de l'opposition les plus extrémistes qui ont compris que leurs dirigeants n'ont pas pu empêcher la tenue des élections comme ils l'avaient promis.
Les conversations avec l'opposition continuent
« Au milieu de ces folies, ils étaient assis avec le Gouvernement et ils discutaient, » a expliqué Maduro en parlant de l'opposition. « vous savez ce qu'ils veulent, eux ? Leur seul e obsession, c'est de s'inscrire au Conseil National Electoral pour les élections des gouverneurs. C'est tout ce qu'ils veulent ! » a signalé Maduro. « Je les ai appelés à participer à la Constituante mais ils ont eu peur. »
« Jusqu'à présent, nous avions eu ces conversations en privé. C'est eux qui l'avaient demandé ! » a dit Maduro en parlant de la MUD. « La Commission pour la Vérité, la Justice et la Constituante établira la vérité, il y aura la justice et les responsables de tous ces crimes iront en prison mais nous devons chercher le dialogue national ! » a expliqué le Président.
« Si ça n'avait pas été à cause de cette erreur (de Zapatero), je ne me serais pas vu obligé, comme je le suis, de parler de cela au pays. Je ne veux pas révéler de secrets. Je pourrais dire qui c'était, ce qu'ils ont dit, où ils étaient, combien de jours. Mais j'ai la parole, comme je l'ai toujours eue, » a-t-il dit. Il a indiqué que, d'un côté, ils discutaient pour la paix mais de l'autre, ils étaient dans la rue, gouvernant avec autorité et mobilisant le peuple, ce qui leur a permis d'arriver aux élections de la Constituante de ce 30 juillet.
Il a indiqué que pour cela, l'opposition a choisi illégalement un groupe de nouveaux « magistrats » pour le Tribunal Suprême de Justice sans la plus grande importance. « Où sont les soi-disant magistrats de la MUD ? Pourquoi s'oublient-ils si rapidement ? » s'est demandé Maduro. Il a aussi révélé que la MUD n'a pas encore choisi les nouveaux « recteurs » du Conseil National Electoral (CNE) parce qu'ils veulent s'inscrire aux élections de décembre et qu'ils savent que le seul pouvoir électoral est CNE dirigé par Tibisay Lucena.
Maduro a aussi autorisé Jorge Rodríguez à « publier toute la vérité et à montrer toutes les preuves » si l'opposition viole les accords du dialogue secret.
Communiqué non autorisé
Samedi, l'ex-président Rodríguez Zapatero qui fait partie du groupe d'ex-présidents qui ont accompagné dans le passé les réunions entre le Gouvernement vénézuélien et l'opposition a émis un communiqué :
Communiqué
Ces dernières semaines, j'ai eu diverses réunions, certaines avec des acteurs du Gouvernement et d'autres avec des représentants de l'opposition pour trouver une cohabitation démocratique et pour la paix au Venezuela.
Après ce qui s'est passé ces derniers mois, après la perte de plus d'une centaine de vies, après les conversations maintenues... je réaffirme que seule la négociation, la concertation et l'accord peuvent donner une issue à la grave crise que vit le Venezuela, l'issue sensée et pacifique que souhaite l'immense majorité des Vénézuéliens.
Dans ces conversations, j'ai identifié les thèmes centraux sur lesquels il faut atteindre une négociation et un accord. Et je comprends que les positions du Gouvernement et de l'opposition permettraient, avec une volonté de rapprochement et un effort d'assouplissement de terminer ce processus de concertation.
Les questions à définir sont :
Fixer un calendrier électoral avec des dates précises pour les élections aux mairies et pour les présidentielles.
Avancer de façon urgente à la Commission pour la Vérité pour prendre des mesures larges et immédiate pour la libération des prisonniers
Se mettre d'accord également de façon urgente sur la procédure pour mettre fin à l'illégalité de l'Assemblée Nationale.
Fixer de nouvelles règles et de nouvelles garanties pour que l'Assemblée Nationale Constituante s'engage sans équivoque à respecter les principes de la République, les pouvoirs constitutionnels et le suffrage universel comme source de légitimité du pouvoir.
Prendre l'engagement de partager l'approbation immédiate de mesures économiques et sociales en appelant aussi pour cela à la collaboration étrangère.
Tout cela pour la paix et dans le rejet absolu de toute forme de violence, dans le plein respect de l'exercice des droits démocratiques des Vénézuéliens.
Parce que cet accord doit être l'expression claire de la souveraineté du peuple du Venezuela, le détermination de ses bases ne reviendra qu'aux Vénézuéliens, à leurs dirigeants et aux représentants de leurs citoyens.
Le processus de concertation devra être conduit grâce à la composition d'un Groupe comprenant le Gouvernement et l'opposition, des pays amis et des accompagnants qui adopteront les garanties adéquates à son fonctionnement.
Aujourd'hui et demain, le Venezuela va vivre des heures importantes. Elles doivent s’écouler dans la paix. C'est l'engagement que m'ont transmis les différents responsables politiques.
Le droit à l'abstention, le rejet d'une élection sont aussi inaliénables que le droit de vote mais l'exercice d'un droit n'est légitime que quand il est pacifique.
Dans l'antagonisme irréductible, il n'y a ni politique ni issue de cohabitation imaginable,encore moins dans la violence et dans l’utilisation publique d'une force disproportionnée. Les sanctions et les réactions prévisibles à celles-ci ne feront qu'aggraver la situation. De même, les propositions unilatérales ne favorisent jamais la fin des conflits.
Je demande donc qu'on passe de la dynamique d'accumulation des forces à la dynamique des efforts fermes de négociation.
Le premier responsable est le Gouvernement, j'en appelle à lui pour qu'il facilite cette dynamique par de nouveaux gestes bien que sans la volonté de l'opposition, rien ne sera possible.
Je souhaite exprimer mes remerciements pour la disposition certaine à aborder une issue pacifique et démocratique que j'ai pu constater pendant mes rondes de conversations.
A partir de cette constatation et avec le plus grand respect du processus politique vénézuélien, j'exhorte les différents dirigeants et acteurs à donner une réponse positive aux souhaits de paix, de démocratie et de cohabitation des citoyens du Venezuela”.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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