Colombie : L'ordre a été donné par Trump
Le massacre perpétré par la police le 5 octobre dans le hameau de Puerto Rico de la municipalité de Tumaco a fait 9 morts et plus de 50 blessés parmi les paysans. C'est une grave affront pour le cessez-le-feu décidé avec le Gouvernement dont le but essentiel est « d'améliorer la situation humanitaire de la population. » Cette tragédie va à l'encontre de cet objectif étant donné qu'il viole l'esprit et la lettre de ce qui a été convenu. A cause de cela, nous demandons de façon urgente que le Mécanisme d'Observation et de Contrôle composé par l'ONU, l'église et les parties agisse et s'exprime.
Le Massacre de Tumaco et les mensonges du Gouvernement avec lesquels ils sont en train d'essayer de le couvrir, sont en contradiction avec les propositions de paix qui demandent l'unité du peuple et de la nation pour une grande mobilisation nationale et de l'opinion qui affronte la criminalisation permanente de la protestation sociale.
Cette tragédie démontre comment les armes de l'Etat continuent à être au service des politiques de l'Etat et des classes dominantes. Tant que ceux d'en haut continuent à employer la violence pour rester au pouvoir, il ne sera pas possible d'avancer vers une nouvelle réalité dans le pays et par conséquent vers la solution politique que souhaitent l'Armée de Libération Nationale et la grande majorité des Colombiens.
Une vérité qu'ils cherchent à occulter, en plus du fait que la police est l'auteur et la responsable du massacre, c'est que les communautés paysannes protestent pour que le Gouvernement respecte les accords d'éradication volontaire et crée des sources économiques alternatives sur lesquelles sils se sont mis d'accord avec lui ces dernières années.
Certains croient que l'ordre de tirer a été donné par les généraux Salamanca - commandante de la police de la Région de Nariño – et Tafur - commandant de la Force Opérationnelle Pegaso de l'Armée – Non, non, non... L'ordre est parti de la capitale des Etats-Unis.
Les ficelles de cette menace, Trump les a tirées le 13 septembre quand il a crié que s'il n'y a pas de « progrès significatifs » dans l'éradication de la coca, il mettrait la Colombie sur la liste des Etats en situation d'échec, incapables de contrôler le trafic de la cocaÏne. Un détail plus important qu'il n'y paraît, c'est qu'il a avoué qu'il n'avait pas inclus ce pays dans cette liste parce que la Police et les Forces Armées sont « des associés proches des Etats-Unis pour maintenir la sécurité dans l'hémisphère » et parce que « ils ont repris l'éradication, réduite de façon significative depuis 2013. »
Le 3 juillet dernier, K. Whitaker, ambassadeur des Etats-Unis à Bogotá, a attribué l'augmentation des cultures de coca aux « protestations sociales de 2013 qui ont affecté l'éradication. »
Pour sa part, W. Bronfield, sous-secrétaire d'Etat aux affaires concernant le trafic de drogues international, le 2 août, a menacé, si l'expansion des cultures d coca n'est pas freinée : « il va vite y avoir des problèmes bilatéraux. » Pendant ce temps, le groupe républicain au Sénat des Etats-Unis a lu un memorandum de l'ex-président Uribe dans lequel il accuse le Gouvernement de Santos « d'abandonner la lutte contre les cultures illicites pour favoriser las négociations avec les FARC. » Pendant ce temps, les porte-paroles du parti Démocrate qualifient l'augmentation des cultures de coca « d'échec du Plan Colombie. »
Dans un rapport de l'Agence Anti-drogues des Etats-Unis (DEA) de début septembre, on dit que les cultures de coca en Colombie sont passées de 78 000 hectares en 2012, à 188 000 en 2017. Une augmentation qu'il attribue à la suspension des fumigations aériennes depuis octobre 2015, à la baisse des 2 tiers du budget pour l'éradication manuelle depuis 2008, au Chapitre 4 de l'Accord avec les FARC qui a encouragé les semences et à la réduction des opérations d'éradication dans les zones des FARC pendant les négociations pour éviter des chocs militaires.
Le 24 septembre, Whitaker a annoncé que dans les prochains mois, il y aurait « des résultats importants » dans la lutte contre les cultures illégales. 11 jours plus tard, les Etats-Unis ont obtenu les premiers résultats importants avec le massacre de Tumaco.
Il faut rappeler comment, un 6 décembre 1928 les fusils-mitrailleurs Browing, aux 4 coins de la Place de Ciénega, Magdalena, ont mitraillé les travailleurs des champs de bananiers. Aujourd'hui, la tragédie se répète avec les mêmes composantes dénoncées par Gaitán qui disait : « L'oligarchie a la itraillette pour le peuple et le genou en terre pour l'or yankee. » Une opération de génocide qu'il appelait : « régler les problèmes socaiux avec le révolver. »
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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