Bolivie: Evo Morales demande de connaître le contenu de la réunion Brennan-Mesa
Le président bolivien Evo Morales a demandé mercredi que soit dévoilé le « contenu de la réunion » que le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis Peter Brennan et l'ex-président Carlos Mesa (2003-2005) ont eue le 6 novembre dernier à La Paz et a appris cette rencontre de la bouche des Etasuniens.
« Ils doivent dire la vérité sur le contenu de cette réunion. Ils ont le droit de se rencontrer mais pas de conspirer. Ca n'a pas été une réunion protocolaire, de cette sorte, mais une conspiration, » a dénoncé le chef de l'Etat bolivien tout en répétant que cette information qui semble tendre les relations entre La Paz et Washington « n'a pas été donnée par l'espionnage ni par autre chose de cette sorte comme on l'invente. »
« Comme il y a de bons et de mauvais Boliviens, il y a aussi de bons et de mauvais Etasuniens » qui ont donné des détails ur cette réunion qui s'est déroulée dans des bureaux situés « au 8° étage d'un immeuble de Calacoto » où Brennan « est arrivé en compagnie de 4 individus » de la légation qu'il préside en sa qualité de chargé d'affaires, a précisé Morales à ABI.
« Cette information vient de l'ambassade même », du Secrétariat d'Etat des Etats-Unis à La Paz a répété le dirigeant bolivien dont le chancelier, Fernando Huanacuni, a dénoncé le fait que ce rendez-vous allait à contresens du droit diplomatique et de la convention internationale homologuée en cette matière.
Selon les informations connues du Président de la Bolivie, Brennan a insisté lors de cette réunion du 6 novembre avec Mesa sur le fait que « Evo ne peut être Président » à nouveau.
Par conséquent « tu dois être candidat » aurait déclaré le chef de l'ambassade des Etats-Unis à La Paz tout en offrant « tout le soutien » de la Maison Blanche au dirigeant de l’opposition qui, de 2003 à 2005 a été président du pays, toujours selon le rapport reçu par Morales.
La rencontre Brennan-Mesa a eu lieu un peu plus de 9 ans après une réunion de al même sorte entre l'ambassadeur des Etats-Unis à La Paz de l'époque, Philip Golberg et l'opposant de Santa Cruz, Rubén Costas, en 2008, au milieu de la pire crise politique vécue par la Bolivie assiégée par le fantasme de la sécession.
Morales expulsa Golberg de Bolivie en septembre 2008 en l'accusant d'ingérence et de conspiration. Depuis lors, la Bolivie et les Etats-Unis n'ont plus que des chargés d'affaires, qui se situent un échelon plus bas que les ambassadeurs.
A peine Morales avait-il rendu publique cette réunion que l'ambassade des Etats-Unis à La Paz et Mesa ont diffusé, séparément et par des voies différentes, chacun leurs explications.
« L'ambassade des Etats-Unis souhaite communiquer qu'en effet, Mr. Peter Brennan a rendu une visite de courtoisie à l'ex-président Mesa pour lui dire au revoir et lui présenter les nouveaux fonctionnaires de l'ambassade, » dit-elle dans un communiqué alors que Mesa a écrit sur son blog que « le but de cette rencontre était de se dire au revoir à la fin de sa mission et de présenter les nouveaux fonctionnaires Rolf Olson et Marianne Scott qui accompagneront le nouveau chargé d'affaires dans son futur travail. »
« Ils n'ont pas dit la vérité, » a déclaré Morales à ABI.
Mesa s'est dit persécuté et a même parlé d'espions alors que la secrétaire d'Etat des Etats-Unis a nié qu'il s'agisse d'ingérence dans des affaires de politique intérieure.
Le chancelier dément Brennan et Mesa et dit que la présentation des fonctionnaires ne se fait que par la voie diplomatique.
Le chancelier Fernando Huanacuni a démenti mercredi les arguments du chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis (USA) en Bolivie Peter Brennan et de l'ex-président Carlos Mesa à propos d'une rencontre qu'il sont eue le 6 novembre et il a rappelé que la présentation des nouveaux fonctionnaires ne se fait que par la voie diplomatique, selon les règles internationales.
Le chef de la diplomatie bolivienne a expliqué à la radio Patria Nueva que, selon la Convention de Vienne, « toute présentation de fonctionnaires se fait à travers les représentants de l'Etat où ils résident, c'est à dire les autorités officielles. »
« La présentation de fonctionnaires, nouveaux, anciens ou autres, se fait à travers les formalités envers les autorités parce qu'on ne peut pas présenter à desparticuliers, » a expliqué Huanacuni et il a dit que la réunion Brennan-Mesa « a un autre caractère que la relation diplomatique d'Etat à Etat. »
Mardi, le président Evo Morales a accusé Brennan, qui quittera ses fonctions en décembre, de soutenir la candidature d'un ex-président d'opposition dont il n'a pas précisé le nom.
Quelques heures plus tard, Brennan, par l'intermédiaire de l'ambassade des Etats-Unis en Bolivie et Mesa ont admis séparément cette rencontre en disant qu'il s'agissait d'une visite de « courtoisie » pour présenter de nouveaux fonctionnaires nord-américains.
« Cela sort de la pratique diplomatique officielle, la présentation de fonctionnaires à des particuliers. Nous ne pensons pas qu'un chargé d'affaires présente tous ses fonctionnaires à des particuliers parce que ça ne se fait pas, » a observé le chancelier.
Pour Huanacuni, cette rencontre rompt tous les accords multilatéraux, porte atteinte à la souveraineté et manque de respect à la démocratie des institutions en Bolivie.
Concernant les accusations de Mesa sur l'espionnage de sas activités, le diplomate bolivien a dit que, s'il en est ainsi, cette réunion privée de l'ex-président avec Brennan aurait une connotation de secret.
« Le fait que (Mesa) parle d'espionner signifie que c'était (la réunion) secret, alors, cela dénote aussi bien d'autres choses en marge de la diplomatie et de ce qui est officiel, » a-t-il affirmé.
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