Venezuela: Les médias et la transformation du terrorisme en mythe
Lundi matin, l'ex-fonctionnaire du CICPC qui a mené à bien une attaque armée contre 2 édifices publics en juin 2017 a été encerclé, avec sa cellule armée, lors d'une opération des Forces d'Action Spéciales de al Police Nationale Bolivarienne (FAES) qui s'est déroulée au kilomètre 16 de la paroisse d'El Junquito.
Cette opération, cependant, a pris l'apparence d'un reality show après que, sur les réseaux sociaux, Pérez ait mis en scène sa propre version des faits grâce à un « minute par minute » fortement diffusé. Selon cette version, un Pérez visiblement en sang se voyait entouré par une opération qui lui refusait la possibilité de se rendre avec les membres de sa cellule et de soi-disant civils jamais identifiés sur ces vidéos.
La version de Pérez a été rapidement classée prioritaire par les médias vénézuéliens et internationaux qui avaient intérêt à présenter ce fait comme une éventuelle exécution extra-judiciaire ordonnée par le Gouvernement vénézuélien dans une manœuvre évidente pour faire une victime de l'ex-membre du Corps de Recherches Scientifiques (CICPC), responsable d'une série d'attaques armées contre des sièges militaires et publics en 2017.
Le « minute par minute » diffusé par Pérez, d'autre part, fut un fidèle reflet de ses autres apparitions publiques à partir de sa première vidéo sur laquelle il se déclarait en « rébellion contre Maduro » avant d'attaquer avec des grenades le siège du Ministère de l'Intérieur et les installations du Tribunal Suprême de Justice (TSJ). Et poursuivies dans le temps et l'espace avec une apparition publique lors des protestations de 2017 et la prise par la violence d'une caserne de la Garde Nationale Bolivarienne (GNB) récemment. Dans ce contexte, la chaîne CNN l'a interviewé en tant que figure politique dans une manœuvre pour lui donner une légitimité face à l'opinion publique.
Cependant, à cette occasion, le récit des faits a été démenti par une vidéo sur laquelle on voit clairement comment les FAES essaient de négocier avec Pérez sa reddition et celle des hommes armés qui l'accompagnent. La version officielle, diffusée par le Ministère de l'Intérieur, affirme qu'au milieu de cette négociation, le groupe de Pérez attaqua avec des balles les forces de sécurité. Ce qui a provoqué le démantèlement de la cellule après une fusillade qui a fait 2 morts et 5 blessés.
Dans ce même communiqué, on soutient qu'un nombre non précisé de membres de la cellule de Pérez a été ébattu et que 5 membres du groupe ont été arrêtés. De plus, les hommes armés de Pérez auraient « ouvert le feu et même essayé de faire exploser un véhicule chargé d'explosifs quand on essayait de négocier les conditions de sa reddition et de sa protection. » Très différent de la version diffusée par les réseaux sociaux.
La transformation d'un terroriste en mythe et sa glorification
La transformation de Pérez en victime et la promotion de l'idée d'une soi-disant exécution extra-judiciaire a été particulièrement sous le feu des projecteurs, diffusée par des journalistes comme Alberto Rodríguez, de Telemundo et des hommes politiques comme l'exilé Antonio Ledezma dans un exercice d'hystérie politique digne d'un anti-chavisme qui a, à tout moment, évité d'évoquer cette figure comme celle d'un « terroriste » bien que les lois internationales qualifient ainsi les attaques contre des populations civiles comme celles perpétrées par Pérez contre les sièges du Ministère de l'Intérieur et du TSJ.
Dans une constante décontextualisation, ils n'ont même pas évoqué les dangereux antécédents de la cellule armée de l'ex-fonctionnaire du CICPC, responsable, récemment, d'un assaut armé contre le Commandement de la Garde Nationale Bolivarienne de Laguneta de la Montaña à San Pedro de los Altos, dans l'état de Miranda quelques temps après qu'il ait avoué ses liens avec l'organisation de la prise du fort Paramacay de l'état de Carabobo par l'ex- officier de la GNB, Juan Carlos Caguaripano.
Les preuves font de la cellule de Pérez un groupe insurgé contre les institutions de l'Etat très dangereux à cause de ses antécédents d'attaque de la population civile et de sièges de l'armée. Très différente est la présentation d'un dirigeant patriote, victime d'un piège des forces de sécurité du Venezuela, mise en place par les médias privés et les journalistes qui ont même recueilli le témoignage de sa mère pour renforcer leur récit de « victime. »
En apparence, un traitement identique à celui qu'ils ont appliqué à la mort du criminel El Picure, en 2016, où les forces de sécurité ont aussi été rendues responsables d'une fausse exécution après un affrontement armé. Ce qui, sans doute, montre le dangereux antécédent d'accompagnement inconditionnel des médias, des journalistes et des hommes politiques de criminels et de terroristes. Au-delà de la version complète de ce qui s'est passé à el Junquito, dans un contexte qui ressemble à un affrontement armé.
Les solidarités automatiques et l'importance du démantèlement de la cellule de Pérez
Dans ces événements, se détachent les soutiens enthousiastes envers l'ex-fonctionnaire du CICPC de personnalités de l'organisation Je Suis le Venezuela, dans les paroles de l'ex-maire Ledezma et de Diego Arria, entre autres, dans le but évident de construire l'image d'un martyre de la « narco-dictature de Maduro. » Une façon d’opérer qui se répète continuellement chaque fois qu'une mort peut peut rapporter quelque chose dans le domaine politique ou médiatique à ces apôtres de la guerre contre le Venezuela.
Cet accompagnement, ajouté à l'impossibilité pour les secteurs de l'opposition de répudier Pérez, modèle une carte d'acteurs qui en reviennent à promouvoir des personnalités et des groupes qui cherchent un affrontement armé avec l'Etat. Ce qui, dans la situation actuelle du Venezuela est très dangereux à cause de l'intérêt évident des Etats-Unis d'éliminer la voie politique pour résoudre la crise dans le pays.
Face à ce panorama, le démantèlement de la cellule armée de Pérez est un coup dur pour un front armé nourri par certains groupes d'ex-membres et d'ex-officiers des forces de sécurité vénézuéliennes intitulés « L'Epée de Dieu. » Ce groupe armé, qui fait soi-disant référence à l'ex-militaire Ángel Pérez Vivas, a donné à ses opérations des noms à connotation religieuse évidente comme "David" dans le cas de la prise du fort de Paramacay, et "Genésis" dans celui de l'attaque du commandement de la GNB à San Pedro de los Altos.
Dans cette perspective, l’hystérie provoquée par la situation de Pérez met en évidence la capacité d'anticipation de l'appareil de sécurité de l'Etat vénézuélien contre ceux qui cherchent à amener le pays à une guerre civile comme en Syrie et en Ukraine, grâce à une intense activité de groupes armés présentés en conséquence par les médias comme des défenseurs de la « liberté » du Venezuela.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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