Venezuela : Interview accordée par Jorge Rodriguez à BBC Monde à l'Ambassade du Venezuela à Paris
A quoi est due votre visite en Europe ?
Nous sommes dans le cadre d'un plan conçu par le président Nicolás Maduro pour rendre visite aux médias du monde entier qui ont eu une position envers le Venezuela dans laquelle, de façon prédominante, ils ne voient qu'une partie de la vision politique, sociale et économique du Venezuela.
Hier, je disais dans certaines interviews que par exemple, en Espagne, en 2017, on a publié 3 880 notes négatives sur le Venezuela. En Espagne, un journal publie une note sur le Venezuela toutes les 36 heures, presque une par jour. Je me demande : Est-ce que les autres pays n'ont pas de problèmes ? Est-ce que l'Espagne considère comme plus important de s'occuper des affaires du Venezuela que des affaires de l'Espagne ?
Je crois qu'il y a beaucoup de déformations, je crois qu'il y a une véritable opération de guerre médiatique, de guerre psychologique, presque de lynchage, contre le Venezuela.
Il y a quelques semaines, il y a eu des élections en Colombie et je ne peux qualifier que de catastrophe ce qui s'est produit. Les gens devaient photocopier les bulletins de vote, il y a eu achat de voix. Comme dans le roman de Saramago « Essai sur la lucidité, » il y avait plus de bulletins blancs que de bulletins valides pour le vainqueur. J'ai dit : « Bon, le scandale dans les médias européens sera énorme. » Il n'en a rien été. C'est à dire que le sujet à attaquer, c'est le Venezuela et nous voudrions, en toute humilité, nous adresser aux médias du monde entier et dire la vérité ou dire en tout cas quelle est notre vérité.
Pourquoi pensez-vous nécessaire que la presse de certains pays entende votre version ?
Parce que la guerre psychologique, la guerre des médias contre le Venezuela a des conséquences. D’autre part, il y a une telle déformation de la vérité qui fait penser qu'au Venezuela, il se passe des choses qui n'arrivent aucunement.
Beaucoup de gens m'ont dit que quand ils viennent au Venezuela, il se trouvent dans une réalité totalement différente de celle que diffusent certains médias. Le Venezuela est actuellement totalement en paix et il y a un climat de paix absolue parmi le peuple du Venezuela.
Le Venezuela est une démocratie dans laquelle il y a la liberté d'expression, je dirais, la plus large de tout le continent américain. Tout le monde peut dire ce qu'il veut quand il veut, dans les conditions qu'il veut, souvent dans des situations que d'autres pays ne tolèreraient pas. Les commentaires racistes, les crimes de haine, les appels à l'assassinat du président de la République qu'on voit assez fréquemment dans les médias vénézuéliens et étrangers et sur les réseaux sociaux ne seraient pas tolérés dans des pays comme la France, l'Espagne ou l'Angleterre.
Nicolás Maduro est président depuis presque 5 ans et aux élections de mai, il vise un nouveau mandat. Est-il la personne indiquée pour résoudre les différents problèmes qu'a aujourd'hui le Venezuela ?
Sans aucun doute. Même si le président Maduro a été la personne que, dans son testament politique du 8 décembre 2012, Chávez a désigné comme candidat pour que le peuple l'élise, le président Maduro a a prouvé sa loyauté envers une proposition, un plan, un modèle de pays que Chávez a instauré pour sortir de la pauvreté des millions de personnes, pour donner de l'espoir, un avenir, au peuple du Venezuela.
Mais toutes les luttes qu'a livré le président Nicolás Maduro, sa capacité à répondre à des agressions qu'on n’avait jamais vues dans l'histoire récente du Venezuela, l'accompagnement qu'a eu le peuple du Venezuela, l'attention directe qu'il apporte au peuple du Venezuela en font le candidat adéquat de toutes les forces de la Révolution Bolivarienne et il n’y a pas de doute qu'il va gagner les élections du 20 mai prochain.
Faites-vous une certaine autocritique sur ce qui se passe dans le pays ?
Comment ne pas le faire ? Nous, nous sommes très autocritiques, le président Nicolás Maduro, le premier. Je vais vous donner un exemple d'autocritique : les missions sociales qui ont été l'un des grands mécanismes, parmi les mécanismes les plus rapides que le président Chávez a imaginés pour prendre soin directement de la population dans le domaine de la santé, de l'éducation, de l'alimentation, avec le temps, sont devenues plus lentes, moins efficaces. C'est pourquoi le président Maduro a imaginé un mécanisme qui utilise les technologies de rupture1.
C'est à dire prendre soin du peuple bolivarien et des gens directement, c'est le « Carnet de la Patrie » : 16 millions de personnes ont un carnet avec un code QR grâce auquel les bénéfices sociaux de la Révolution Bolivarienne leur arrivent directement, sans intermédiaires, sans gérants, sans que ces mécanismes d'aide soient détournés. Les CLAP [Comité Local d'Approvisionnement et de Production] aussi : 6 millions de familles reçoivent tous les mois 18 produits du panier de base. Le système de bons arrive directement à la population. Là, il y avait une autocritique à faire et cela est en train d'être corrigé.
Une autre autocritique importante est que le Venezuela a, nous avons encore un modèle rentiste qui dépend beaucoup des aléas des prix du pétrole. Si le Gouvernement nord-américain décide d'attaquer les prix du pétrole, alors les conséquences sont rapides, brutales, sur l'économie du Venezuela.
Nous nous proposons déjà de développer un modèle plus diversifié basé sur d'autres ressources naturelles qui sont aussi exploitées, de pouvoir produire nos propres aliments, semer nos aliments, élever les animaux utilisés pour l'alimentation, redresser l'industrie manufacturière au Venezuela. Voilà la proposition concrète.
Troisième autocritique, la réduction de la production de pétrole au Venezuela et cette réduction de la production a une raison directe : des situations inquiétantes, graves, de corruption dans l'entreprise pétrolière d'Etat Petróleos de Venezuela [PDVSA].
Maintenant, demandez-vous dans quel pays du monde le procureur général a entrepris une lutte contre la corruption qui a mis 43 hauts responsables de l'industrie pétrolière aux mains de la justice vénézuélienne et sur ces 43, 2 ont été présidents de Petróleos de Venezuela et 2 ministres, autant sont en fuite et on a commencé à voir que cette dure lutte contre la corruption entreprise par le président Maduro et le procureur général a amélioré la situation de la production de notre industrie.
Et au niveau politique ?
Je ne vous ai pas cité 1 mais 3 autocritiques.
Et au niveau de la gestion politique de la situation au Venezuela, faites-vous une autocritique ?
Regardez, je crois que si quelque chose a caractérisé la Révolution Bolivarienne, c'est la largesse d'esprit avec laquelle nous nous sommes adressés aux secteurs de la population qui non seulement nous sont opposés mais souvent nous haïssent.
Une partie de ce que nous envisageons dans les diverses tables de dialogue qui ont été installées avec l'opposition vénézuélienne... je fais une digression pour vous dire que le président Maduro a convoqué 400 fois des réunions de dialogue avec l'opposition vénézuélienne, publiquement, secrètement, il a envoyé des émissaires, il a cherché un mécanisme pour dire : « Nous avons des modèles complètement différents, nous n'allons pas nous mettre d'accord sur le type de pays que vous proposez et sur le type de pays que nous sommes en train de construire mais nous pouvons coexister pacifiquement. »
Le Venezuela a un grave problème politique et c'est que l'opposition vénézuélienne, je ne dis pas l'opposition vénézuélienne mais la direction de l'opposition vénézuélienne, ne reconnaît pas le chavisme comme une force sociale, politique, spirituelle qui a été déterminante dans la politique moderne du Venezuela. Il est absurde de refuser d'accepter que la chavisme non seulement est une force politique déterminante mais qu'actuellement, c'est la majorité politique et électorale du pays.
Nous, nous avons reconnu quand l'opposition vénézuélienne a été majoritaire, elle a gagné les élections législatives de 2015 et nous avons dit : « Vous avez gagné, installez votre Assemblée Nationale. »
Mais ensuite, vous avez dépouillé l'Assemblée Nationale de ses pouvoirs...
Ce n'est pas vrai.
Et vous formez l'Assemblée Nationale Constituante et aujourd'hui, à l'Assemblée Nationale, où elle est restée...
Il y a un personnage d'un roman de Bryce Echenique qui dit tout le temps : « Chronologie, chronologie. » Utilisons la chronologie. En décembre 2015, l'opposition gagne à l'Assemblée Nationale, en janvier, l'Assemblée Nationale s'installe, le discours inaugural du président Henry Ramos Allup est : « Nous allons renverser Maduro en 6 mois. »
A aucun endroit, la Constitution ne dit que l'Assemblée Nationale peut renverser le Président. Le Président va malgré tout à l'Assemblée Nationale faire son discours et reconnaît l'existence de l'Assemblée Nationale, demande à rencontrer Henry Ramos Allup, Henry Ramos Allup refuse de le rencontrer. Maduro fait son discours, Henry Ramos Allup paraît une nouvelle fois et dit : « Nous allons te renverser, nous allons chercher la façon de te chasser de la présidence de la République. »
Et ils commencent une série d'actions, l'Assemblée Nationale, de toute évidence anticonstitutionnelles. L'une d'elle est de déclarer l'absence absolue du président de la République. Au Venezuela et dans la Constitution, les causes de l'absence absolue sont clairement établies : la mort ou la maladie handicapante ou l'absence du pays.
L'Assemblée Nationale a fait une série d'actions agressives contre le Gouvernement mais surtout contre la Constitution et le Tribunal Suprême a agi en conséquence. C'est la Cour Constitutionnelle du Tribunal Suprême qui décide, qui règle les conflits entre les pouvoirs publics.
Mais je vais plus loin : nous installons une table de dialogue avant la Constituante parce que le Gouvernement et l'opposition n’avions pas pu nous mettre d'accord. Nous y arrivons, nous nous sommes mis d'accord. Nous établissons un mécanisme pour lever l'illégalité de l'Assemblée Nationale, ça n'a pas été possible parce que l'opposition s'est divisée, encore une fois, ils ont jeté ce qui avait été négocié avec nous, monsieur Jesús Torrealba, et cela a empêché que nos accords puissent se concrétiser.
Après, nous mettons en place une autre table de dialogue avec Rodríguez Zapatero à la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Caracas, l'opposition et un membre vont y participer parce qu'en plus, il y a 4 grands dignitaires de l'opposition et ils ont le pouvoir de veto, l'un d'entre eux a interdit à l'opposition d'y participer. C'est une chose vraiment très difficile parce que les difficultés internes qu'ils ont, les divisions profondes qu'ils ont, généralement c'est nous qui n'avons rien à voir avec leurs affaires, le peuple du Venezuela, qui finissons par les payer.
Pourquoi un secteur minoritaire de l'opposition ne participe-t-il pas à ces élections de mai ?
Parce que c'est autre chose, d'une certaine façon, je dirais, plus raciste, ils disent que l'opposition c'est ceux que certains médias veulent qu'ils soient l'opposition. Il y a 5 candidats à la présidence pour l'opposition et le président Nicolás Maduro. Mais le candidat qui brille comme majoritaire dans l'opposition a été chef de la campagne de Capriles Radonski en 2013, a été gouverneur de l'état de Lara 2 fois pour l'opposition.
Je crois que ce qui va arriver, c'est qu'il va attirer la grande majorité des voix de l'opposition et plus de 70% des Vénézuéliens en ce moment veulent voter, veulent participer aux élections. Il n'est pas vrai que Leopoldo López ou que Volonté Populaire aient, jouissent de la faveur du peuple. N'importe quel sondage, de l'institut que vous voulez...
Ils ne peuvent pas voter pour leurs dirigeants parce qu'ils sont en prison ou inéligibles. C'est une réalité.
Non, non, il y a 2 dirigeants de l'opposition... Au Venezuela, il y a 18 partis politiques, 15 participent aux élections. Monsieur Leopoldo López a incité à la violence au Venezuela en 2014 et un tribunal de justice, à la demande de la procureure générale Luisa Ortega Díaz... Au Venezuela, les tribunaux n'ont pas le monopole de l'action pénale, c'est le procureur qui l'a.
C'est à dire que le procureur décide qui il met en examen et qui il ne met pas en examen et il a mis en examen Leopoldo López et le tribunal l'a condamné. C'est bien mieux que ce soit dans le cadre de la Commission pour la Vérité de la Table de Dialogue qu'une mesure permettant à Leopoldo López d'être actuellement chez lui ait été recommandée. Mais je vais plus loin : nous, nous lui avons proposé de participer, que les partis Volonté Populaire et Primero Justicia y participent. S'ils n'ont pas collecté les signatures, ce n'est pas que nous les avons refusés, ici personne n'a refusé Primero Justicia, Primero Justicia devait collecter (les signatures), je le dis...
Si on demande aux partis que le registre...
Parce qu'ils n'avaient pas participé et dans la loi vénézuélienne, si un parti ne participe pas aux élections – je crois qu'en Espagne, c'est pareil – si un parti ne participe pas aux élections, il doit accomplir une démarche qui est une folie, c'est de recueillir 0,5% des signatures, c'est à dire 100 000 sur les 20 500 000 électeurs qu'a le Venezuela, c'est une honte que Primero Justicia dise qu'il n'a pas pu recueillir les signatures et demande que par faveur, nous l'acceptions par la voie rapide.
Même si nous y étions disposés s'ils voulaient participer mais Monsieur Robinson, le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis d’Amérique du Nord a fait du porte-à-porte, il est allé chez Ramos Allup et lui a dit : « Mon Gouvernement ne verrait pas d'un bon œil que vous participiez à ces élections. » Et il n'y a pas participé.
Le président Maduro a annoncé qu'il ôterait 3 zéros au bolivar et le lancement du « bolivar souverain. » Pourquoi a-t-il fait ça ?
Nous, nous sommes conscients de la guerre économique à laquelle est soumis le Venezuela, d'une inflation induite que nous devons surmonter, nous devons résoudre ce problème. Pendant que nous le résolvons, nous avons établi des mécanismes de protection du peuple, ce sont des mécanismes palliatifs mais ils ont réussi à protéger le peuple : les CLAP, le système de bons, les augmentations de salaires.
Maintenant bon, structurellement, nous allons vers un renforcement de notre monnaie, c'est la raison de ce nouveau cône monétaire et ce renforcement va aussi être déterminé par de nouveaux mécanismes d'action économique comme l’émergence du Petro. Ces jours-ci, nous commençons la vente de notre monnaie virtuelle petro, nous avons eu énormément d'offres de pré-achat et cela va nous permettre de renforcer notre cône monétaire et nous permettre de vaincre définitivement le dollar criminel.
Au cas où vous gagneriez les élections, quelles nouvelles mesures concrètes allez-vous mettre en place pour attaquer ces différents problèmes ?
En premier lieu, accélérer la substitution du modèle rentiste pétrolier...
C'est quelque chose dont vous parlez depuis des années...
Oui mais il est vrai que nous continuons à dépendre beaucoup de la rente pétrolière. Et je crois que Chávez a assis les bases parce qu'il y avait déjà une infrastructure qui était installée – qui doit être remise en route – industrielle, manufacturière, de traitement des ressources naturelles, qui peut être remise en route rapidement et qui va beaucoup aider à la remise en marche de l'économie vénézuélienne.
Le renforcement de l'instrument est quelque chose pour l'avenir immédiat parce qu'il y a un laps de temps pendant lequel on remplace le cône monétaire. D'emblée, nous en finirons avec l'attaque qu'il y a eu contre nos billets, notre papier monnaie, par les mafias de contrebande qui, pendant que le Gouvernement colombien ferme les yeux ou souvent avec sa complaisance, a sorti des millions d'unités de papier monnaie vers la Colombie.
Le petro va permettre aussi de rendre plus souple l'échange de bolivars en devises, de bolivars en monnaies virtuelles, cela va aussi provoquer une plus forte affluence de capitaux au Venezuela et cette affluence va produire une amélioration de l'économie.
Pourquoi feriez-vous maintenant et pourquoi fonctionnerait maintenant ce qui n'a pas fonctionné ces dernières années et a amené le Venezuela à la situation dans laquelle il est ?
Regardez, dire que cela n'a pas fonctionné m'amène à vous demander de réviser un peu les chiffres pour voir si cela a fonctionné ou non. 74% de nos revenus sont destinés à l'investissement social, nous avons construit 2 millions de logements en 7 ans, nous sommes le pays du monde qui construit le plus de logements par rapport au nombre d'habitants qu'il a, nous avons fait baisser la mortalité infantile de 23 pour 1 000 à 12 pour 1 000…
Pardon, mais j'ai les chiffres là et les derniers chiffres que le Gouvernement a divulgué en 2016, parce qu'il ne le fait même pas régulièrement, montre une augmentation de 30% de la mortalité infantile, et de 66% de la mortalité maternelle...
Non, non, la mortalité infantile était de 11 pour 1 000 et suite à la crise économique, elle a augmenté à 12,7 pour 1 000 habitants, c'est l'un des chiffres les plus bas de tout le continent américain.
Nous sommes le pays le moins inégal du continent américain. Cela ne veux pas dire que nous nions que nous sommes en présence d'une crise économique, cela ne veut pas dire non plus que nous allons prendre les mêmes mesures que d'autres Gouvernements de droite ont prises quand il y a eu une crise économique dans le passé.
Qu'ont-ils fait ? Il sont libéré l'économie, ils se sont mis à la merci des politiques imposées par le Fonds Monétaire International et la pauvreté a augmenté jusqu'à des niveaux effrayants de 76-78%. En ce moment, la pauvreté se maintient à 26% et je dirais mieux, en 2016, le prix du pétrole est tombé en dessous du prix de production du Venezuela. Cela a provoqué une crise économique très grave avec toutes les mesures d'attaque contre la monnaie : blocus, sanctions, etc... Maintenant, bon, nous sommes déjà sortis du pire de la crise.
Oui ?
Oui, sans doute. Nous sommes déjà sortis de l’effondrement brutal des prix du pétrole, nous avons déjà pris des mesures concrètes pour en finir avec l'agression contre la monnaie, nous sommes en train d'éluder l'attaque financière et le blocus économique, il va devenir impossible de bloquer l'émission des petros...
Pardon, Monsieur le Ministre, mais l'hyperinflation se maintient, même s'il n'y a pas de chiffres dignes de foi mais les estimations des analystes indiquent qu'elle se situe entre 50% et 100% par mois. Cela a un impact évident sur le porte-monnaie des gens, c'est une crise économique grave et les gens la sentent et on ne voit pas apparaître de solution à court terme. Quelles garanties peut-on donner au Vénézuélien que cela peut changer ?
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il y a une crise, je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que rien n'a été fait pour pallier cette crise.
Mais cela ne fonctionne pas...
Comment, non ? Regardez...
Les gens continuent à avoir des problèmes pour acheter des aliments...
Les problèmes d'approvisionnement ont sensiblement diminué...
Que ce soit parce qu'ill n'y en a pas suffisamment ou que les gens n'ont pas d'argent pour les payer, il y a des problèmes pour obtenir des médicaments, l'hyperinflation, on la voit, on ne peut pas la nier. Le Vénézuélien qui est chez lui et qui lit cette interview pourrait se demander : « Mais de quel pays me parle Monsieur le Ministre ? »
Le Vénézuélien qui est chez lui, qui sait que l'inflation a attaqué l'économie du pays et les porte-monnaies des Vénézuéliens sait que le seul qui l'a protégé, le seul, qui l'a protégé de cette inflation, c'est le président Nicolás Maduro parce que ce Vénézuélien... La caisse du panier de base avec les 18 produits qu'il reçoit tous les mois chez lui n'est pas dans les chiffres de l'inflation. La protection du salaire qu'a développée le président Nicolás Maduro n'y est pas non plus, il y a une chose que vous dites, que...
Protection du salaire que dévore immédiatement l'hyperinflation...
Mais cela a aidé, au Venezuela, les services publics, vous dites cela en Angleterre ou vous dites cela en France, ils ne vont pas le croire, au Venezuela, l'eau est gratuite, l'électricité est presque gratuite...
Il y a très souvent des coupures d'électricité...
Non, c'est un problème que nous avons eu de façon très grave en 2016 et il est presque complètement résolu. Au Venezuela, l'essence est presque gratuite.
Trop bon marché...
Trop bon marché, c'est ce que disent les gens qui nous envient. Au Venezuela, la grande majorité des services publics, l'éducation est gratuite, la santé est gratuite. Maintenant, bon, je ne nie pas...
S'il vous plaît, l'état de la santé, allez-vous défendre l'état de la santé au Venezuela ?
Absolument.
Avec les chiffres de la façon dont il a empiré : mortalité infantile, mortalité maternelle, réapparition de maladies éradiquées. Tout cela est une réalité.
Ce n'est pas vrai. Nous sommes partis d'une mortalité infantile qui avait atteint 26 pour 1 000 habitants en 1998. La Révolution Bolivarienne, pendant tout ce temps...
Nous parlons d'il y a 20 ans...
Oui mais je veux dire que la mortalité infantile est beaucoup plus basse que celle de la Colombie, par exemple, elle est beaucoup plus basse que celle du Paraguay, elle est beaucoup plus basse que celle du Honduras…
Mais on ne peut pas comparer, au Vénézuélien,la situation de son pays lui importe...
Bien sûr que ça doit lui importer parce que je veux dire que beaucoup plus d'enfants vont sainement à l'école, nous avons presque 98% de scolarisation en primaire et je vais vous donner un exemple très concret et avec des chiffres.
Pour quelle raison la grande majorité des Vénézuéliens a voté pour l'option de la Révolution Bolivarienne le 15 octobre dans 20 des 23 postes de gouverneurs, pour quelle raison, le 10 décembre, il a choisi 309 des 335 mairies et pour quelle raison même les sondages les plus durs signalent que le plus probable est que Nicolás Maduro gagnera les élections du 20 mai et qu'il y a une augmentation de la popularité du Président... Parce que des mesures ont été prises pour pallier la situation de guerre économique et maintenant, on prend des mesures structurelles. Une, celle que vous avez mentionnée...
Il est vrai aussi qu'une grande partie de l'opposition ne croit pas dans le système électoral et à cause de cela ne participe pas aux élections et par conséquent, les voix du parti au pouvoir augmentent...
Bon, ce n'est pas ce que disent les sondages, les sondages disent que 72% de la population veut participer aux élections du 20 mai. Ce sont certains dirigeants de l'opposition qui ont la mauvaise habitude de ne participer, ou de ne reconnaître, que les élections qu'ils vont gagner.
Cela n'est pas démocratique dans l'absolu. On doit participer à une élection qu'on va gagner ou qu'on va perdre, on doit participer à toutes les élections indépendamment du fait que la tendance nous soit favorable ou non. Imaginez que nous, en 2015, en voyant que les choses seraient compliquées pour nous, nous ayons décidé de ne pas participer aux élections et qu'ensuite, nous ayons hurlé à la fraude.
La présidente de l'Assemblée Constituante disait il y a quelques jours : « Nous, plus jamais nous n'allons remettre le pouvoir politique. » Etes-vous d'accord avec cette affirmation ?
Ce à quoi nous faisions allusions, c'est que nous, nous nous préparons à gagner les élections et à les gagner bien, dans le cadre de ce qu'établit la Constitution et les lois. Chaque fois que nous, nous avons perdu une élection, nous l'avons reconnu. Nous n'avons pas seulement perdu les élections de 2015: monsieur Capriles a été gouverneur de l'état de Miranda 2 fois et nous, nous l'avons reconnu et nous avons dit : « Bon, Capriles a gagné, il est le gouverneur de l'état de Miranda. »
Je posais la question parce que cette phrase peut s'interpréter de plusieurs façons...
Elle évoque le fait que, dans le cadre de la Constitution, nous avons l'intention de gagner toutes les élections qu'on peut gagner.
Une partie de l’opposition et plusieurs pays n'ont pas confiance dans le processus électoral de mai et disent qu'ils ne vont pas reconnaître les résultats...
Ont-ils confiance en un processus d'autrefois comme celui de la Colombie?
… Est-ce cela vous importe de ne pas avoir cette reconnaissance ? Parce qu'ils sont plusieurs...
Bon, ils ne sont pas tellement et cela dépend des pays. Vous n'aimez pas que je compare mais je dois le faire parce qu'ils attaquent le Venezuela. Revoyons par exemple le système électoral de la Colombie. Monsieur Santos a plus d'yeux que de ventre quand il évoque les Vénézuéliens qui vivent en Colombie... En plus ils subissent des agressions, ils subissent des expressions de xénophobie, le vice-président de la Colombie lui-même parle des Vénézuéliens en Colombie d'une façon profondément méprisante et raciste. 5,8 millions de Colombiens vivent au Venezuela.
Ce commentaire aussi peut être un peu injuste parce que des milliers de Vénézuéliens et vous le savez bien, passent la frontière avec la Colombie et la Colombie a dû demander l'aide de l'ACNUR, de l'ONU…
Pardonnez-moi mais si ce qu'ils disent est vrai, qu'il y a 4 millions de Vénézuéliens en Colombie, les Nations Unies leur ont donné 2,5 millions de dollars, c'est à dire un demi dollar par Vénézuélien. Je dis autre chose qui est arrivé et dont personne n'a parlé : certains de ces 5,8 millions de Colombiens rentrent dans leur pays d'origine, c'est bien, c'est leur droit bien que nous nous occupions d'eux, que nous leur donnions la santé, l'éducation, l'alimentation, le logement, que nous les protégions de la guerre, de la mort, de la haine, de la pauvreté, malgré cela, ils s'en vont.
Et un pourcentage très important de ceux dont vous dites qu'ils passent la frontière sont des Colombiens qui rentrent et Santos ne dit rien, Santos se tait. Mais nous parlons du système électoral. La Colombie a un système électoral avec une participation très basse dans lequel il y a des achats de voix, où le vote blanc est supérieur au nombre de bulletins valides, où 4 millions de Colombiens – presque 10% de la population – n'a pas le droit de vote parce qu'ils n'ont pas de pièce d'identité. Comparez cela avec le Venezuela où presque 100% des Vénézuéliens en âge de voter participent aux élections et avec une forte participation.
Le Brésil. Quelle élection a élu Michel Temer président ? Aucune. Ca a été un coup d'Etat contre la présidente Dilma Rousseff. Monsieur Temer ose-t-il mal parler de la démocratie vénézuélienne alors que c'est un dictateur, que c'est quelqu'un qui n'a pas été élu par les voix du peuple ?
Les Etats-Unis d'Amérique du Nord. Celui qui est à présent président a eu 3 millions de voix de moins dans le vote du peuple que la candidate Hillary Clinton. Aux Etats-Unis, il n'existe même pas un système d'élection primaire, d'élection par les voix du peuple.
Ce point est clair mais je peux aussi vous citer une phrase du chancelier uruguayen, un pays traditionnellement allié du Venezuela qui disait : « C'est une élection presque à parti unique qui nous inquiète, nous. » Comment prenez-vous ce commentaire d'un pays ami ?
Bon, parce que vous savez très bien que le chancelier [Rodolfo] Nin Novoa a des positions beaucoup plus proches du Groupe de Lima décapité […], je dis décapité parce qu'il va devoir changer de nom, il devra s'appeler Groupe de Bogotá ou Groupe de Brasilia ou Groupe d'Asunción parce qu'il semble bien que celui qui fut l'organisateur de ce qu'on appelle le Groupe de Lima soit le seul président qui ne va pas pouvoir aller au sommet de Lima.
J'imagine que cette sorte de commentaires venant d'un pays ami doit provoquer des réactions dans le Gouvernement vénézuélien...
Ce que cela provoque, justement, c'est de dire : « Nous allons nous baser sur les faits, sur la vérité. Combien de partis participent ? Quelles sont les garanties ? Monsieur Nin Novoa sait-il quelles sont les garanties électorales qui ont été données pour ces élections présidentielles du 20 mai ? Bien sûr que non. Sait-il quels sont les contrôles ? Sait-il comment est le système électoral vénézuélien ? Sait-il quel est le pourcentage de la population d'opposition qui veut voter ?
Que va-t-il se passer si, comme j'en suis sûr, il y a une forte participation aux élections du 20 mai ? Vont-ils refuser de reconnaître même le fait que la grande majorité du peuple du Venezuela a préféré régler ses différends politiques par la voie du vote et non par la voie de la violence ? Que préfèrerait Nin Novoa, ou Santos, ou Temer ou Rajoy ? Que nous, les Vénézuéliens, nous nous tuions les uns les autres ou que nous allions proprement aux élections et que le meilleur gagne et que celui qui a perdu, le reconnaisse ?
Je crois que ce qu'ils demandent, c'est qu'il y ait des conditions d'égalité pour tous les partis et ils considèrent que ce n'est pas le cas.
C'est le cas, c'est le cas, c'est pourquoi nous les invitons. Nous avons proposé que si Madame Mogherini [Federica, la haute représentante de l'Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité] veut inviter un groupe de techniciens des pays européens à observer les élections vénézuéliennes, ils viennent.
Que considèreriez-vous comme une forte participation ?
Regardez, n'importe quelle participation à des élections présidentielles au-dessus de 60% est une participation acceptable, ce qui se passe, c'est que...
La dernière a été au-dessus de 70%, non?
Ce qui se passe, c'est que le Venezuela sort de la norme parce que le Venezuela a des participations beaucoup plus fortes que dans d'autres pays, dans la plupart des pays y compris la Russie qui disait avoir une forte participation à des élections et celle-ci était de 65, 66%.
Vous, alors, avec plus de 60%, vous considérez que...
Non, je ne parle pas de nous, je parle du protocole accepté au niveau international.
De hauts dirigeants chavistes sont devenus très critiques envers le Gouvernement, ces derniers temps. Comment prenez-vous ces désertions de personnalités importantes ?
Quels hauts dirigeants ?
Bon, Rafael Ramírez, Luisa Ortega, pour nommer les plus importants, avec de très hautes charges.
Luisa Ortega Díaz n'est pas une dirigeante du chavisme.
Luisa Ortega Díaz, l'ex-procureure générale, Rafael Ramírez, l'ex-président de PDVSA.
Oui, je peux vous répondre avec beaucoup de plaisir. Madame Luisa Ortega Díaz n'a jamais été une militante chaviste parce qu'elle avait une charge au Ministère Public qui rendait impossible le militantisme politique.
Bon, mais nous savons...
Je ne sais pas qui le sait.
Il est très clair qu'au le Venezuela, la séparation des pouvoirs est totalement inexistante...
Non, c'est complètement faux, vous vous trompez complètement. Il y a une séparation des pouvoirs établie dans la Constitution.
La procureure Ortega Díaz a fait des déclarations politiques, a défendu avec ferveur le chavisme quand elle occupait la charge de procureure générale. Ses déclarations sont là, Monsieur le Ministre.
Je ne sais pas, je ne sais pas, si elle l'a fait, c'était une faute grave.
Qui n'a jamais été jugé par aucun autre tribunal.
Maintenant, c'est une héroïne des secteurs de la droite vénézuélienne. Je dis concrètement que Madame Ortega Díaz a développé un réseau d'extorsion dont nous avons des preuves et cela été mentionné au début de cette interview.
L'un de ceux qui ont bénéficié de ce réseau d'extorsions est précisément Monsieur Rafael Ramírez. Il jouissait de la confiance du président Chávez et il a joui de la confiance du président Nicolás Maduro. En effet, il a été longtemps président de Petróleos de Venezuela. Mais en effet, il est apparu une série de preuves qui l'impliquent dans de graves faits de corruption.
Jamais nous n'allons fermer les yeux sur des faits de corruption, d'où qu'ils viennent.
N'est-il pas bizarre que des affaires de corruption apparaissent quand ils sont passés de l'autre côté et commencent à critiquer le Gouvernement ? En ayant été si longtemps, pour ne citer que ces 2 exemples... Si longtemps dans de si hautes charges, ils commencent à critiquer et les affaires de corruption sortent. C'est un peu étrange, non ?
Non, je dirais que c'est exactement le contraire. Il y a certains mèmes2là, sur les réseaux sociaux, l'histoire a été exactement à l'envers. Les investigations concernant ce qui se passait à Petróleos de Venezuela et concernant ce qui se passait au Ministère Public commencent.
Je suis un témoin clef des occasions auxquelles on a demandé de la rapidité dans les investigations sur la corruption au Bureau du Procureur Général de la République et non, ils ont fait la sourde oreille. Et ils ont fait la sourde oreille chaque fois qu'il y avait une dénonciation de corruption : le mari de la procureure, on donnait rendez-vous au présumé corrompu au Panama, au Mexique ou en Italie et là, il leur demandait de déposer des millions de dollars. C'est la vérité. C'est ce qui s'est passé.
Oui, vous me dites à moi, nous, les dirigeants politiques du chavisme,nous sommes fermement unis autour de la proposition et de l'héritage d'Hugo Chávez. Et en plus, nous avons un candidat, un seul. Qui va gagner les élections, je ne sais pas, n'ayez pas le moindre doute qu'il va gagner les élections du 20 mai prochain.
C'est un candidat qui a été élu par le Congrès de notre parti, qui a été désigné par tous les partis du Grand Pôle Patriotique, de l'union des partis de la Révolution Bolivarienne. C'est l'heure de la plus grande unité dont ait joui la force du chavisme.
Au Venezuela, les médicaments, les aliments et d'autres produits de base manquent et le Gouvernement a l'habitude d'attribuer cela à une « guerre économique ». Est-il crédible que les Etats-Unis en soient responsables ? Où sont les preuves ?
Il y a énormément, énormément de preuves.
Par exemple ?
Les Etats-Unis ont signé un décret, de façon illégale, illégitime, pour essayer d'arrêter ce qu'on ne peut arrêter : la possibilité d'émettre une monnaie virtuelle, c'est le cas du petro. En ce moment, 1 500 millions de dollars sont bloqués par un intermédiaire européen appelé Euroclear ici, en Europe sans aucun droit, de façon complètement illégale, de l'argent qui appartient au Venezuela, qui était destiné à acheter des aliments, à acheter des médicaments et de façon absolument illégale, on empêche le Venezuela de pouvoir faire ces paiements.
Il y a des centaines de comptes que nous avons dans des banques en Europe ou aux Etats-Unis qu'ils ont empêchés de nous permettre de pouvoir payer des médicaments, de pouvoir payer des aliments. Même des particuliers, même des patrons. Il serait bon que vous entendiez certains patrons qui en aucun cas ne sont chavistes et sont très proches de l'opposition vénézuélienne qui les a obligés à fermer leurs comptes. L'interdiction qu'ont les particuliers nord-américains et européens de faire des affaires avec le Venezuela, c'est une réalité. Ce n'est pas une invention.
Vous parlez des médicaments, je sais que vous allez rejeter mes chiffres mais ce sont les derniers chiffres officiels que le Gouvernement a divulgués en 2016, qui rendent compte d'une augmentation de 30% de la mortalité infantile, de 66% de la mortalité maternelle, de 76% d'augmentation des cas de malaria, de la réapparition de la diphtérie qui avait été éradiquée il y a plus de 20 ans, d'une augmentation des cas de rougeole et de tuberculose. Pourquoi ne pas admettre ces problèmes évidents, qui sont là, et accepter l'envoi de médicaments, d'aide, par des organisations ou des pays ?
Regardez, nous disons, les propositions de ce qu'on appelle l'aide humanitaire fait partie des structures, de ce qu'on appelle les faux positifs qu'aiment tellement le Gouvernement des Etats-Unis et ses alliés européens qui veulent agresser un pays. Facile. Souvenez-vous des armes de destruction massive en Irak. Cela a permis de détruire un pays entier, d'assassiner des millions de personnes et ensuite, la bouche en cœur, ils ont dit : « Non, nous nous sommes trompés. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive. »
Les soi-disant attaques de bateaux nord-américains dans le golfe du Tonkín ont déclenché la guerre du Vietnam et ensuite, on a découvert que ça avait été un faux positif monté par les Etats-Unis d'Amérique du Nord.
La diplomatie humanitaire, les lois internationales sur le droit humanitaire envisagent 2 cas de crise humanitaire, pas plus, 2 : 1, les situations de conflits guerriers, de guerre et 2, les catastrophes naturelles.
Ce n'est en aucune façon la situation dans laquelle se trouve le Venezuela. Je vous le dis, que nous avons des problèmes, que certains, nous les avons résolus. Que nous avons eu des problèmes graves avec la dotation de médicaments, surtout de médicaments qui pourraient être considérés comme des produits très spécifiques qui pourraient être difficiles à obtenir sur le marché international mais nous l’avons résolu aussi : nous avons établi une ligne téléphonique d’aide directe pour les personnes et pour leur fournir leurs médicaments.
Les médicaments, maintenant, l'approvisionnement a augmenté. Et quand je dis que la mortalité infantile a augmenté de 11 à 13, je reconnais que nous avons eu un problème dans les années de très grande difficultés, l'année 2016 et la première moitié de l'année 2017 mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas satisfait que la mortalité infantile ait baissé de 23 pour 1 000 à 12,13 pour 1 000.
Mais la réalité est qu'il y a beaucoup de Vénézuéliens qui continuent à mourir de maladies qui pourraient être évitées. Des morts qui pourraient être évitées s’il y avait des médicaments. N'est-ce pas faire passer ses compatriotes par une souffrance inutile que de ne pas accepter l'aide ?
Je n'ai pas terminé à propos d'accepter l'aide. Regardez, nous, dans le cadre de la Table de Dialogue, nous avons dit : « Bon, quelle est la proposition en matière de médicaments, surtout, que vous nous faites ?
Une institution qui dépend de l'Eglise catholique et qui s'appelle Caritas est apparue et nous lui avons dit : « Bon, qu'est-ce qu'envisage Caritas ? » Caritas pourrait prêter, faire des prêts en argent ou nous procurer des médicaments et nous, nous les payerions à crédit. Nous avons dit : « Comment ne pas accepter, enchanté, comment ne pas accepter quand vous voulez, quand il vous plaira. Mais dans le respect de la souveraineté et de l'indépendance du Venezuela. »
Mais alors, si vous êtes prêts à accepter l'aide internationale ?
Dans des conditions de respect de la souveraineté du Venezuela, certainement. Mais rien ne s'est passé. C'est d'une hypocrisie crasse, terrible. Rien ne s'est passé. Ils veulent aider ?
Mais vous aimeriez recevoir de l'aide pour améliorer la situation des Vénézuéliens ?
Ils veulent aider ? Ils veulent aider ? Ils veulent aider le Venezuela ? Qu'ils débloquent les fonds qu'ils ont bloqués illégalement pour que nous puissions payer les aliments, pour que nous puissions payer les médicaments, qu'ils permettent que les aliments que nous achetons puissent passer par la frontière avec la Colombie et le Brésil, qu'ils prennent des mesures plus énergiques pour empêcher la contrebande d'extraction d'essence, d'aliments, de médicaments qui partent en Colombie, au Brésil et dans les Caraïbes.
S'ils veulent vraiment aider, qu'ils aident comme le Venezuela aide, comme nous avons aidé tant de pays des Caraïbes, tant de pays du continent.
Monsieur le Ministre, l'assassinat de votre père par le Gouvernement en 1976 vous a évidemment marqué, a marqué votre vie politique et a fait de vous en même temps une victime de l'Etat, non ? Il y a quelques j jours, le Haut Commissaire de l'ONU pour les Droits de l'Homme a de nouveau demandé qu'on enquête sur le Gouvernement pour d'éventuels « assassinats extra-judiciaires. » Comprenez-vous alors par quoi peuvent passer certaines familles vénézuéliennes qui peut-être aussi se considèrent comme victimes de l'Etat ?
Nous, nous refusons complètement toute opinion venant d'un individu qui est un ennemi déclaré du Venezuela, venant, en plus d'un pays où justement, les droits de l'homme n'existent pas. C'est pourquoi ce qui le caractérise le plus, c'est qu'il donne une opinion sur le Venezuela, c'est une opinion complètement biaisée, complètement partiale. Au Venezuela, on ne torture pas comme on torturait dans les années 70.
Mais au-delà de ça, oui, vous admettez qu'il peut y avoir des familles qui se considèrent comme victimes de l'Etat ?
Non, non, je nie complètement qu'au Venezuela, on recoure à des pratiques détestables comme ça s'est produit dans le passé. J'en suis un exemple vivant.
La Cour Pénale Internationale a engagé un « examen préliminaire » le mois dernier sur la situation au Venezuela pour évaluer des « crimes présumés » comme « l’utilisation excessive des forces de sécurité lors de manifestations et l'emprisonnement d'opposants. » C'est un peu dans la même ligne que ce que disait leHaut Commissaire de l'ONU pour les Droits de l'Homme...
Non, nous allons aller à la Cour Pénale Internationale et faire appel aux mécanismes diplomatiques que nous avons, nous avons les preuves du comportement de l'armée dans les moments d'extrême violence. Je prends un exemple concret : nous allons montrer les preuves de la façon dont ont été brûlées vives des personnes à cause de leur couleur de peau, de leur façon de penser.
Plus de 120 personnes sont mortes...
139 personnes sont mortes, un tiers de ces 139 personnes qui sont mortes n'étaient pas en train de manifester. Elles, disons, passaient par là. Certaines d'entre elles ont été assassinées en allant travailler. Elles ont été brûlées vives...
Vous n'admettez pas que dans certains cas, il y ait eu abus des forces de sécurité ?
Quand des excès ont eu lieu dans l'utilisation de la force publique, évidemment, les membres des forces publiques qui les ont commis ont été jugés dans les conditions que fixent les lois de la République Bolivarienne du Venezuela, évidemment oui. Nous allons aussi démontrer qu'on a fourni des drogues et de l'alcool à des adolescents pour qu'ils deviennent plus violents, que beaucoup d'entre eux ont été immolés en manipulant de façon irresponsable des explosifs qui leur ont été fournis par des activistes politiques, tout cela, nous allons le démontrer.
Monsieur le Ministre, vous et votre famille êtes passés par des situations difficiles en voyageant à l'étranger, les vidéos sont là. Comment avez-vous vécu ces incidents ? Comprenez-vous d'une certaine façon les revendications et les critiques qui peuvent vous être faites ?
Je crois que la guerre psychologique fait des victimes et laisse des séquelles. L'une d'entre elles est la haine. Je crois que l'un des grands dommages qu'a fait l'irresponsabilité de la direction de l’opposition vénézuélienne, la gestion irresponsable des mensonges sur les réseaux sociaux, les incitations à la haine, au racisme, à commettre des délits de haine est qu'un secteur de la population vénézuélienne a des troubles, des troubles en relation avec la haine, en relation avec le fait de ne pas reconnaître l'autre comme un être humain...
Mais cela vous gêne-t-il que ni vous ni vos enfants ne puissiez marcher tranquillement dans la rue ?
Il y a une chanson d'un chanteur nicaraguayen qui s'appelle Luis Mejía Godoy intitulée « Ma vengeance personnelle. » Elle est basée sur le témoignage d'un commandant de la Révolution Sandiniste, Tomás Borges.
Tomás Borges a rencontré son bourreau qui, en plus, avait assassiné sa femme devant lui. Evidemment, le bourreau attendait que Borges prenne une position identique à la sienne et la chanson de Luis Mejía Godoy arrive avec les mots que Borges adresse à son bourreau, il lui dit : « Ma vengeance personnelle sera le droit de tes fils à l'école et aux fleurs. »
Vous aimeriez être Président ?
Vous êtes fou.
Pourquoi ?
Vous êtes fou. Je suis très heureux d'accompagner notre Président Nicolás Maduro vers notre 23° victoire, le 20 mai prochain.
Dans quelle étape se trouve la Révolution Bolivarienne et où va-t-elle ?
Nous allons vers un approfondissement de la Révolution, surtout en termes d'efficacité...
C'est quelque chose que vous dites depuis très longtemps...
Je crois que nous avons donné des preuves que ce n'est pas ainsi.
Mais vous continuez à avoir une infinité de problèmes, Monsieur le Ministre.
Et en Angleterre, il n'y a pas de problèmes ? Et en Uruguay, il n'y a pas de problèmes ?
Nous avons tous des problèmes et tous les pays ont des problèmes mais nous parlons du Venezuela. Vous êtes un ministre vénézuélien.
Nous faisons un effort, non seulement nous faisons un effort mais la population du Venezuela, qui est en dernière ressort, ce qui nous importe, le reconnaît, dans la construction de logements... Ah, bon, nous devrions être plus rapides pour accorder les bénéfices sociaux, nous devrions corriger certains aspects concernant la macroéconomie, on va voir, on va voir que cette année 2018 sera l'année de la prospérité économique définitive du Venezuela.
Pourquoi pensez-vous que tant, des milliers et des milliers de Vénézuéliens, quittent le pays ?
Je crois qu'en fait, surtout les Vénézuéliens de la classe moyenne ont la sensation qu'ils pourraient être mieux dans d'autres pays, nous devons prendre cette situation en considération. Nous avons beaucoup de témoignages que ce n'est pas ainsi, que ce n'est pas aussi rose qu'ils l'avaient dit. Des personnes qui sont allées en Espagne ont dû rentrer au Venezuela complètement ruinées.
Le Président prépare un plan pour inviter ces Vénézuéliens à rentrer au Venezuela pour construire ensemble le pays.
Nous voyons cela essentiellement comme un symptôme d'une guerre contre le Venezuela. Si vous revoyez tout ce qu'ils disent tous les jours sur le Venezuela, si vous revoyez tout ce qui est décrit, cela peut provoquer du désespoir dans un certain secteur de la population. Cette interview est l'une des choses que nous essayons de faire pour qu'on voit, en tout cas, quelle est la réalité.
Monsieur le Ministre Jorge Rodríguez, merci beaucoup pour le temps que vous avez consacré à parler avec la BBC.
Merci à vous.
Interview extraite de http://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-43544726
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
NOTES de la traductrice:
1Une technologie de rupture (dite aussi innovation de rupture ou rupture technologique) est une innovation technologiquequi porte sur un produit ou un service et qui finit par remplacer une technologie dominante sur un marché.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Technologie_de_rupture
2Un mème Internet est un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet. C'est un anglicisme venant d'« Internet meme ». Il se prononce [miːm] en anglais1 et [mɛm] en français.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mème_Internet
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