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Venezuela : Que cherche Henry Falcón avec la dollarisation ?

16 Mars 2018, 17:29pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Jesús Faría

Il y a quelques jours, le candidat de la droite vénézuélienne a fait la proposition de dollariser notre économie, proposition soutenue par son chef de programme de gouvernement étroitement lié aux marchés financiers du nord.

 

Dans la campagne électorale, l'opposition impose sa conduite irrémédiablement démagogique et cherche à tromper la population avec la promesse de payer les salaires en dollars dans le cadre de al dollarisation de l'économie du pays. Pour cela, ils s'appuient sur les ravages provoqués par dólar today et l'augmentation de la spéculation sur la cote de al devise étasunienne au marché « noir ». Le piège est destiné à ceux qui pensent qu'avoir des dollars et même dollariser l'économie leur apportera des bénéfices personnels.

 

Comme nous allons le voir, c'est une autre énorme escroquerie de l'opposition.

 

Soumission à Washington

 

La dollarisation signifie substituer la monnaie étasunienne à la monnaie nationale, le bolivar. Comme on peut s'y attendre, cela a de multiples et de très graves implications pour le pays.

 

Nous devons rappeler qu'en 1944, à Bretton Woods ont été établis les accords pour un ordre économique mondial sous l'hégémonie des Etats-Unis. A travers le nouvel étalon dollar qui a remplacé l'étalon or, le dollar étasunien est devenu la monnaie mondiale et un outil de l'expansion économique des Etats-Unis.

 

Si le système monétaire mondial basé sur le dollar a constitué un moyen d'expansion yankee, il n'est pas difficile d'en induire que la mise en place de la devise étasunienne comme monnaie nationale nous transformera en appendice de l'économie, des intérêts et des décisions étasuniennes.

 

Dans ce scénario, la souveraineté nationale deviendra une vue de l'esprit, une chose qui ne gêne pas la droite locale qui se caractérise par sa dépendance congénitale envers les agents du pouvoir étasuniens.

 

La même élite qui organise la guerre économique prépare maintenant la spoliation de nos richesses. Les pouvoirs factuels qui maintenant nous soumettent à des sanctions illégales et infâmes qui ont de très dures conséquences pour la population seraient à la tête de notre économie nationale.

 

Il en serait possible à aucun Gouvernement national de mettre en place une politique basée sur les intérêts du pays sans qu'il y ait des représailles de la part des Etats-Unis. Le blocus financier que nous subissons actuellement serait un jeu d'enfants face au pouvoir coercitif de la dollarisation.

 

En quelques mots, nous serions une colonie, un territoire sous intervention étasunienne, ce qui s'intègre parfaitement dans les plans géopolitiques de Washington pour prendre le contrôle de nos réserves de pétrole et se débarrasser d'un Gouvernement qui perturbe profondément son rôle hégémonique dans l'hémisphère.

 

Les implications de la dollarisation en termes économiques

 

Avec la dollarisation, les politiques monétaires et les politiques de change seraient sous le contrôle des autorités économiques des Etats-Unis. La Banque Centrale du Venezuela perdrait ses compétences et les investissements sociaux disparaitraient. En quelques mots, les politiques économiques se décideraient à Washington et serviraient les oligarchies.

 

D'autre part, une tâche indispensable de notre ordre du jour économique comme la diversification de l'économie et des sources de devises grâce aux exportations non traditionnelles et le remplacement des importations perdraient un stimulant essentiel comme l'établissement d'une taxe de change compétitive. A la différence de la plupart des pays du monde, nous n'aurions pas de politique du change destinée à fomenter la production et évidemment, pas non plus de politique du change pour corriger les déséquilibres extérieurs.

 

Comme on l'a observé dans ces processus, la dollarisation a un effet important de contraction de la production par son impact néfaste sur l'emploi et sur les salaires. A cela s'ajoutent de graves perturbations financières et bancaires. Si le but est de sortir de la chute actuelle de la production, il est évident que cela n'arrivera pas grâce à la dollarisation.

 

La vulnérabilité de l'économie du pays augmenterait de façon exponentielle. Notre économie serait beaucoup plus exposée aux aléas du prix du pétrole. La volatilité des revenus pétroliers se retrouverait totalement dans le développement de l'économie du pays et les fluctuations économiques ne seraient amortis par aucun mécanisme.

 

Les partisans de la dollarisation disent que cela donnerait confiance aux investisseurs étrangers. En réalité, se déchaînerait la plus sauvage voracité des capitaux transnationaux qui participeraient à l'adjudication des actifs de la nation à des prix de « poule maigre » après qu'ils aient été dévalués par la dollarisation. En réalité, on ne cherche pas à attirer les investissements, on cherche à trans-nationaliser la société, à remettre nos entreprises et en premier lieu PDVSA.

 

Sur qui tomberait le poids social de la dollarisation ?

 

Le principal argument en faveur de la dollarisation est sa capacité quasi instantanée à freiner la hausse des prix et la menace d'une hyperinflation. Au vu de l'inflation galopante, cette proposition semble attirante.

 

Cependant, la dollarisation provoquerait une situation sociale désastreuse et les pires conditions pour stimuler un processus de développement à long terme. Celui qui a des doutes à ce sujet, qu'il regarde l' Argentine de Menem et Cavallo des années 90 qui, sans aller jusqu'à dollariser l'économie (ils ont appliqué la Loi de convertibilité, un échelon juste avant la dollarisation) a été au bord de la désintégration. C'était le résultat des terribles conséquences économiques, sociales et politiques de la convertibilité.

 

Nous savons que l'inflation aggrave la pauvreté. Nous devons contenir et renverser ces effets mais dollariser équivaut à tuer le malade. En ce sens, la proposition de dollariser les salaires constitue une formule pour attraper les naïfs.

 

Certainement, dans un schéma de dollarisation, les travailleurs reçoivent des dollars pour salaire mais le problème réel n'est pas le pouvoir d'achat de ces salaires. Le piège des salaires en dollars est un espèce de caramel de cyanure qui détruirait le déjà faible pouvoir d'achat des salaires. En dirigeant le pays, le capital ne va pas sacrifier des bénéfices pour les donner aux salariés. Les oligarchies ne sont prêtes à accorder des salaires décents ni en bolivars ni en dollars.

 

Si l'opposition s'oppose systématiquement à toute augmentation des salaires mise en place par le Gouvernement bolivarien, que pourra-t-on attendre de Gouvernements de droite administrant les politiques salariales ( en bolivars ou en dollars) ?

 

En plus, dollariser, c'est appauvrir les très larges secteurs de notre société qui n'ont pas d'actifs en dollars.

 

D'autre part, l'augmentation du chômage aggraverait une situation déjà très critique sans avoir la possibilité pour l'Etat de mettre en place des investissements sociaux et politiques d'augmentation des salaires.

 

La dollarisation non seulement augmente la pauvreté existante mais aussi provoque une augmentation scandaleuse des inégalités entre riches et pauvres, entre détenteurs d'actifs en devises – à la tête desquels les nouveaux maîtres du pays d'origine étrangère – et l'immense majorité dépourvue de dollars.

 

La dollarisation fait peser tout le poids de la crise sur les épaules des masses populaires. C'est une stratégie du capital transnational pour sur-exploiter les travailleurs. Ce serait un « médicament » bien pire que le paquet de mesures empoisonnées du FMI.

 

Elections présidentielles : dollarisation contre chavisme

 

Qu'y a-t-il derrière la proposition de dollarisation ? Avec qui Falcón s'est-il mis d'accord ? Cette question saute aux yeux non seulement parce que cette proposition économique sert les intérêts yankees mais aussi parce que pour dollariser l'économie, il faut des dollars qu'évidemment, on n'a pas dans le pays.

 

Il faut se demander : qui mettra ces dollars ? A quel prix pour la souveraineté du pays ?

 

En échange d'un soutien politique et d'un financement, le candidat de l'opposition s'engage envers des agents transnationaux à remettre notre économie et nos richesses grâce à la dollarisation, tout cela sur les conseils de lobbyistes très bien placés dans les centres financiers de Nueva York.

 

Dans cette proposition de dollarisation se reflètent les traits traditionnels et les politiques fondamentales de la droite locale. Il s'agit d'une force politique qui répond aux intérêts des grandes corporations transnationales et du Département d'Etat. Avec ses politiques de gouvernement dans le passé et maintenant qu'elle est dans l'opposition, la droite a démontré qu'elle est ouvertement opposée aux intérêts du peuple vénézuélien.

 

Il y a une situation économique très grave dans le pays à cause de la guerre économique – et du blocus financier imposé par les Etats-Unis – et de l'épuisement du modèle rentiste mais cela ne justifie sous aucun prétexte la dollarisation de l'économie et ses conséquences désastreuses.

 

Heureusement, dollariser et remettre al République à la voracité du colonialisme ne constitue pas la seule option aux élections du 20 mai prochain. Le chavisme présentera un programme économique complet et cohérent qui exprime les intérêts de notre peuple.

 

Ce programme sera mis en marche grâce à la victoire du Président Nicolás Maduro. Cela contribuera à avoir un horizon politique dégagé par le soutien démocratique d'une large majorité du peuple. Cette majorité apportera la tranquillité et une légitimité politique suffisante pour engager correctement les efforts économiques de la Révolution Bolivarienne pour vaincre la guerre économique et dépasser le modèle rentiste, freiner l'inflation et restaurer l'appareil de production du pays.

 

Une fois de plus, il est prouvé que le chavisme est la seule force politique capable de sortir le pays de la crise sans condamner les masses laborieuses à une paupérisation permanente, sans remettre notre souveraineté.

 

*Economiste et homme politique, ex-ministre du Commerce Extérieur et des Investissements Etrangers, député à l'Assemblée Nationale Constituante.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/03/15/venezuela-que-persigue-henry-falcon-con-la-dolarizacion/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/03/venezuela-que-cherche-henry-falcon-avec-la-dollarisation.html