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Amérique Latine: Les visées impérialistes du Commandement Sud 

11 Juin 2018, 10:42am

Publié par Bolivar Infos

 

L'amiral Kurt W. Tidd, chef du Commandement Sud des Etats-Unis, comparaissait le 15 février de cette année devant le Comité Sénatorial des Forces Armées [Senate Armed Service Committee] de ce pays et pour cette réunion, il avait élaboré un document non classifié (accessible au public) dans lequel il présentait sa position au sujet des conditions, des acteurs et des variables actuels ou possibles ou qui affectent ou sont en relation avec la sécurité et la défense (des Etats-Unis, évidemment!) dans la zone dont il a la responsabilité qui englobe 31 pays d'Amérique Central, d'Amérique du Sud et des Caraïbes.

 

Ce document montre – derrière la rhétorique de la soi-disant défense de la démocratie, de l'aide humanitaire, de la lutte contre les drogues et le terrorisme, les points de vue impérialistes connus enracinés traditionnellement dans le Destin Manifeste et, dans le cas de notre continent, dans ce qu'on appelle la Doctrine Monroe qui, reconstitués et rafraîchis, nourrissent les idéologies et l'imaginaire des groupes qui gouvernent actuellement et considèrent les Etats-Unis comme la seule nation indispensable et s'arrogent le droit de mettre en œuvre une intervention militaire au vu et au su de tout le monde ou clandestine n'importe où sur la planète pour protéger leurs intérêts stratégiques et leur sécurité nationale : jouer le rôle de gendarme du monde.

 

Le chef du Commandement Sud déclare devant le Comité du Sénat : « Tous les jours, nos hommes et nos femmes travaillent pour se porter garants de nos conceptions concernant le Sud et construire un réseau régional de sécurité à partir d'associations inclusives et basées sur des principes. […] Nous dépendons de ce réseau pour aider à conserver notre propre sécurité et défendre notre terre à fond. » Cependant, il se plaint que les efforts diplomatiques sont insuffisants ainsi que ceux destinés à conserver ce réseau et que la perception de leurs alliés et concurrents dans la zone [China, Russie, Iran, Corée], c'est que les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements en renonçant à leur position stratégique sans prendre en compte sérieusement les défis de la région. A cause de cela, il soutient qu'ils doivent prendre en considération les risques pour la sécurité et continuer à être le pouvoir hégémonique dans cet hémisphère et éviter qu'une crise diminue la capacité des Etats-Unis à affronter d'autres missions encore plus importantes dans le domaine international. Il prévient qu'il n'est pas souhaitable pour le pays d'ouvrir notre flanc sud à une gamme variée de vulnérabilités. L'amiral découvre que l'Amérique Latine est une région à tendances diverses, à la fois positives et inquiétantes, avec des sociétés démocratiques, modernes, diverses, avec des classes moyennes en augmentation et avec des militaires capables et professionnels. Ces sociétés affrontent encore des défis de gouvernance (sic) qui incluent la corruption politique, des objectifs de développement non atteints et des niveaux de violence criminelle impressionnants qui créent des espaces permissifs pour des activités illicites de toutes sortes : l'extrémisme mondial a établi une base réduite dans la population musulmane d'Amérique Latine, recrutant des activistes pour réaliser des attaques. L'insécurité et les difficultés économiques continuent à provoquer une augmentation des migrations et, bien sûr, il met en avant le Venezuela en tant que danger permanent à cause de son instabilité intérieure qui peut provoquer des chocs régionaux importants. Dans ce contexte, le militaire transformé en scientifique social de haut vol distingue une combinaison de preuves et de menaces qui proviennent d'acteurs de l'Etat ou non qui forment des réseaux comme les trafiquants de drogues, d'armes et de personnes, des sympathisants et des militants du terrorisme, ceux qui blanchissent les capitaux qui utilisent des routes traditionnelles pour entrer aux Etats-Unis et dirigent toutes sortes d'opérations sur le territoire de ce pays. Curieusement, ce chef militaire considère que les cartels du crime organisé agissent comme n'importe quelle corporation internationale qui, sans frontières, diversifient, décentralisent et distribuent des franchises pour perpétrer leurs délits. Selon l'amiral, ces réseaux et leurs effets d'accumulation jouent un rôle important dans le renforcement de la corruption et de l'insécurité et dans l'érosion de la foi des citoyens dans la démocratie et les valeurs démocratiques de base, en particulier dans des pays dont le niveau de violence criminelle est très élevé. L'amiral Tidd prévient que son pays affronte, en outre, les défis traditionnels des Etats et déplore que la Chine, la Russie et l’Iran courtisent les partenaires latino-américains et caribéens stratégiquement les plus importants et soutiennent des régimes anti-étasuniens autoritaires.

 

En ce qui concerne la Chine, son avancée et son influence économique dans la région inquiètent ainsi que sa technologie dans les communications qui peut être utilisée dans la collecte de renseignements. Le rôle de plus en plus visible de la Russie dans l'hémisphère inquiète aussi étant donné ses capacités cybernétiques et dans le domaine du renseignement. Que Moscou cherche à changer faussement l'environnement informatif de l'Amérique Latine grâce à ses médias en espagnol dérange également et, évidemment, leur accès progressif à des ports et à des espaces logistiques, des sanctuaires à Cuba et au Venezuela ne plaît pas du tout aux militaires étasuniens. En somme, une projection visible de la force (de la Russie) dans l'hémisphère occidental alarme. Les éventuelles activités illicites de la Corée du Nord dans sa région inquiètent les militaires comme l'expansion des relations diplomatiques et commerciales de l’Iran. 

 

Mais pour les Etats-Unis, les menaces ne viennent pas seulement des acteurs des Etats extra-hémisphériques. Tidd signale que dans le domaine de la sécurité nationale, Cuba a manifesté une  intention évidente d'attaquer les intérêts des Etats-Unis grâce à des activités de collecte de renseignements, de surveillance et de contrespionnage dans les pays de la région. La transition politique envisagée ce printemps (il parle de l'arrivée de Díaz-Canel à la présidence) ne semble pas devoir changer le point de vue de Cuba en diminuant l'influence des militaires (dans le Gouvernement) ou perturber la coopération permanente avec la Russie, la Chine et la Corée du Nord en matière de sécurité, de politique et d'économie. Naturellement, l'influence négative notable de Cuba au Venezuela, selon l'amiral, dans les services de renseignement et les forces armées ne pouvait pas manquer dans la liste des menaces.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/06/04/los-alcances-imperiales-del-comando-sur-en-america-latina/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/06/amerique-latine-les-visees-imperiales-du-commandement-sud.html