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Nicaragua: Le Nicaragua et la fondation des “maras”(1)

12 Juin 2018, 16:14pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Amaru Barahona Portocarrero

 

Le Nicaragua, de 2007 au 19 avril de cette année, était une société dotée de vertus admirables parmi lesquelles :

 

Malgré ses indices de pauvreté réellement plus hauts que ceux que donnent le FMI et la Banque Mondiale (ces organismes situent la pauvreté à 29 %), avait sans aucun doute les meilleurs indicateurs de sécurité civile en Amérique Centrale, la région dans laquelle l'insécurité des habitants est la plus élevée du monde. Le Nicaragua était le pays le plus sûr d'Amérique Centrale et sans doute d'Amérique Latine.

 

Ce miracle s'expliquait par les raisons suivantes :

 

Une politique intelligente de collaboration et de confiance mutuelle entre la police et les communautés pour lutter contre la délinquance.

 

Le fait qu'au Nicaragua, la DEA ne dirige pas la lutte contre le trafic de drogues.

 

Dans le complot pour faire un coup d'Etat contre Daniel Ortega, une force a financé et armé dans l'ombre (et enfin réuni et organisé) les bandes qui ne seraient jamais arrivées à avoir le pouvoir de destruction des “maras” des pays de ce qu'on appelle le Triangle du Nord (Guatemala, Honduras et Salvador) et les a dirigées pour réaliser des pillages de commerces grands et petits, d'institutions publiques comme la sécurité sociale, pour incendier des édifices, des biens publics et des logements privés, pour attaquer des casernes, des réserves et dans certains cas la direction, pour installer des barrages de rues et d'autres choses pour provoquer le chaos et terroriser la population.

 

Cette force qui agit dans l'ombre est le MRS (Mouvement de Renouvellement du Sandinisme) avec des organismes de renseignement des USA et l'apport financier de certains patrons. (Dans le complot, qui a réussi à regrouper toute l'extrême-droite politique, le grand capital nicaraguayen s'est divisé. Carlos Pellas n'y participe pas activement et même au début, s'y est opposé. Piero Cohen contribue financièrement au soutien des maras).

 

Aujourd'hui, alors que la police et l'armée sont réunies dans leurs casernes et que la police, en outre, a été diabolisée avec succès par les médias impliqués dans la conjuration, aujourd'hui, les bandes transformées en maras, contrôlent les villages, les villes et les routes.

 

On ne sait comment va s'achever le processus dramatique que vit le Nicaragua. Je ne me risquerai pas à faire des pronostics sur le profil d'un futur Gouvernement (si un gouvernement arrive à être stable). Ce qui me semble irréversible, c'est l'installation pour longtemps des maras dans le pays.

 

Puissè-je me tromper ! 

 

L'escalade de la violence froidement calculée.

 

50 jours plus tard, les choses sont plus que claires. La lutte contre les mesures de l'INSS n'était qu'un prétexte pour une escalade de violence froidement calculée, préparée bien avant et avec un objectif évident : gommer les avancées du pays en matière économique et sociale obtenues par le Gouvernement de Réconciliation et d'Unité Nationale, éviter que 

le Nicaragua continue à être le second pays le plus sûr d'Amérique Latine, le pays le plus attractif pour l’investissement, le pays qui a les meilleures routes, les hôpitaux les plus modernes, sur le bon chemin pour sortir de la pauvreté et très bien structuré.

 

Un pays de gauche avec de telles réussites, c'est sans doute un mauvais exemple pour une région dominée par des Gouvernements de droite, impopulaires et sans la moindre justice sociale.

 

Un pays de gauche avec de telles réussites (et obtenues dans un court laps de temps), ce n'est pas bon pour une opposition nationale fragmentée, presque inexistante et avec beaucoup de factures en attente de paiement. Ce n'est même pas bon pour un Empire qui ne veut pas d'exemples positifs qui puissent être repris dans des pays touchés par la pauvreté ou soumis à des climats de violence et de terreur sociale.

 

Comment faire si par la voie normale et démocratique que sont les élections, ce n'est pas possible quand ce qu'il y a, c'est une opposition sans direction, pleine de conflits intérieurs, fragmentée, sans proposition concrète de développement, avec des idéaux faibles et une pensée qui date de temps immémoriaux.

 

50 jours plus tard, il est clair que les étudiants n'ont été qu'un instrument et ont cessé d'être les acteurs du film pour ouvrir la voie à ce qu'on appelle les acteurs spontanés qui ne sont rien d'autre que des bandes et des vandales poussés par des politiciens usés qui les dirigent des coulisses ou depuis des hôtels de luxe.

 

Ce qu'on appelle les marches pacifiques ont ouvert la voie à des groupes qui sèment le terreur, qui laissent derrière eux un sillage de destruction et de mort, qui incendient des biens publics et privés dans le plus pur style de Néron.

 

50 jours plus tard, il est clair que c'est un scénario suivi au pied de la lettre, une recette respectée pas à pas.

 

Il faut tuer, il faut détruire, il faut semer le chaos et en rendre responsables les Sandinistes, le Gouvernement et tout ce qui est contre, en appeler à l'OEA, à l'ONU et même à Donald Trump. L'agressé doit être transformé en agresseur, le terrorisé en terroriste, l'assassiné en assassin, l'innocent en coupable.

 

Les vandales sont les nouveaux héros, les délinquants sont des prisonniers politiques. Les vieux politiciens ont retrouvé leur désir de pouvoir et ceux qui dont le rôle est de prôner la paix prônent la guerre, protégés par leur investiture, sans ménagements, sans la moindre vergogne.

 

50 jours plus tard, il est clair aussi que ce Gouvernement sandiniste est ferme dans sa vocation de paix, que c'est un Gouvernement politiquement mûr, guidé par un homme d'Etat de première et qui a le soutien de centaines de milliers de Sandinistes qui agissent prudemment mais qui garde intacts leur orale, leurs idéaux et leur courage.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

NOTE de la traductrice:


1Les maras (ou marabuntas) sont des gangs armés principalement impliqués dans des affaires de transferts de stupéfiants qui s'étendent à toutes les formes d'activités illicites. Ils sont regroupés en structures plus importantes de type mafieux. Leurs membres, les mareros, sont originaires des pays d'Amérique latine et d'Amérique centrale comme le Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua. Ils sont particulièrement actifs dans les pays d'Amérique centrale (100 000), aux États-Unis (30 000, principalement en Californie, dans l'État de Washington et à Washington, D.C.)