Venezuela : Echec de la tentative des Etats-Unis pour suspendre le Venezuela de l'OEA
Les Etats-Unis n'ont pu obtenir les 24 voix nécessaires pour obtenir la suspension ou l'expulsion du Venezuela de l'Organisation des Etats Américains (OEA), une mesure demandée le 7 mai dernier par le vice-président des Etats-Unis Mike Pence et demandée à nouveau par le Secrétaire d'Etat des Etats-Unis Mike Pompeo, lors de la 48° Assemblée Générale de l'OEA à Washington. Ils ont réussi cependant réussi à faire approuver une résolution avec 19 voix pour qui déclare ne pas reconnaître les résultats des élections du 20 mai dernier mais celle-ci a été qualifiée d'illégale par le chancelier vénézuélien Jorge Arreaza.
Le Venezuela est en train de quitter l'OEA mais cette procédure dure 24 mois à cause des règles internes de l'organisation. Lundi dernier, le Président Nicolás Maduro a réaffirmé que le Venezuela est en train de quitter l'organisation et que la procédure a débuté il y a 13 mois, c'est pourquoi l'insistance des Etats-Unis à expulser ou suspendre le Venezuela au lieu d'attendre les 11 mois nécessaires pour que le processus soit achevé semble une tentative désespérée pour obtenir une victoire symbolique face au retrait imminent du pays.
Les 2 jours de la 48° Assemblée Générale de l'OEA, qui se déroule tous les ans, « ont été marqués par des pressions publiques et secrètes de la part des fonctionnaires étasuniens contre les pays latino-américains et des Caraïbes et par le ton agressif des pays du Groupe de Lima contre les institutions vénézuéliennes, » signale une analyse de Mission Vérité.
En effet, certaines pressions ont été publiques comme celle exercée par Mike Pence sur Lenín Moreno, président de l'Equateur. Lundi 4 juin, Mike Pence en personne a donné une réception à 22 des 34 pays membres de l'organisation qu'il a appelés à approuver l'expulsion du Venezuela.
La résolution qu'il a réussi à faire approuver mardi ne parle pas d'expulsion ou de suspension mais continent un appel au dialogue, la non reconnaissance des élections du 20 mai et l'offre « d'aide humanitaire » a Venezuela, « un message hybride par lequel on cherche à séduire les pays neutres de l'organisation pour les faire se rapprocher de la position étasunienne, » signale l'analyse de Mission Vérité.
Cette résolution a obtenu 19 voix en sa faveur, 11 abstentions et 4 voix contre, répétant la même corrélation de forces qu'au mois de février, lorsqu'une résolution a appelé instamment le Gouvernement vénézuélien à suspendre les élections présidentielles.
Ont voté POUR cette résolution :
La République Dominicaine, Sainte Lucie, l'Argentine, les Barbades, le Brésil, le Canada,
le Chili, la Colombie, le Costa Rica, les Etats-Unis, le Guatemala, le Guyana, le Honduras, la Jamaïque, le Mexique, le Panamá, le Paraguay, le Pérou et les Bahamas.
Ont voté CONTRE cette résolution :
La Dominique, Saint Vincent et les Grenadines, le Venezuela et la Bolivie.
Se sont ABSTENUS :
Saint Kitts, le Suriname, Trinidad et Tobago, l'Uruguay, Antigua et Barbudas, Belize, l'Equateur, le Salvador, Haïti, le Nicaragua et la Grenade.
Il faut souligner que le 3 juin dernier, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'OEA, Carlos Trujillo, avait assuré avoir les voix nécessaires pour suspendre le Venezuela de l'organisation.
Arreaza a condamné le document soutenu par le Gouvernement des Etats-Unis. Il a dénoncé le fait que la résolution contre le Venezuela viole les principes de non intervention de la Charte Inter-américaine de l'OEA et met en danger la sécurité du pays : « Cette approbation, en théorie, donne carte blanche aux Etats-Unis pour continuer à agresser le Venezuela. » Il a rappelé que le président des Etats-Unis a déclaré publiquement qu'il prendrait des mesures militaires contre la patrie de Simón Bolívar.
« Les Etats-Unis ont dit que toutes les options sont sur la table » et « toutes les options incluent aussi l'option militaire, c'est ce qu'a dit le président Trump. Ceux qui ont approuvé cette résolution approuvent aussi l'éventualité d'une intervention militaire au Venezuela, » a-t-il déclaré.
Arreaza a indiqué que, malgré le blocus financier, le Gouvernement du Venezuela a continué à protéger sa population. Il a rappelé que l'Organisation Panaméricaine de la Santé a soutenu la journée de vaccination gratuite avec plus de 5 millions de doses de vaccins, en réponse à la chancelière de Colombie, María Ángela Holguín, qui avait ignoré cet événement.
Il a dénoncé, en outre, le chantage exercé par Mike Pence qui, lundi, publiquement et au vu et au su de tout le monde, a menacé les représentants des pays membres pour qu'ils votent contre le Venezuela : « A un moment, il semblait qu'il faisait du lobbying, cette espèce de corruption légale aux Etats-Unis où tout se paie. » Il a dénoncé le fait que le Gouvernement des Etats-Unis « après avoir offert la coopération, fait chanter les pays. Il est très regrettable, que ces choses arrivent, » a-t-il assuré.
C'est pourquoi il a lancé un appel à la conscience en faveur de l'unité latino-américaine et il a condamné les pressions que le vice-président Mike Pence exerce sur les Gouvernements au sein de l'OEA : « Il est très regrettable, que ces choses arrivent, » a-t-il déclaré et il a remercié pour le soutien que d'autres pays membres ont offert : « Votre résolution, messieurs, est simplement la somme de vos mesures coercitives unilatérales et par conséquent illégales, et en aucun cas n'est une action collective. »
De même, il a souligné que les Vénézuéliens ne sont régis que par la Constitution de la République : « C'est la seule loi qui importe au peuple vénézuélien en dehors du Droit International Public que nous respectons pleinement. »
Arreaza a aussi indique que la seule chose dont a besoin le Venezuela, c'est que les sanctions et l'agression politiquent cessent. « Levez les sanctions, débloquez les fonds du Venezuela, pas ce que vous faites : plus de sanctions, » a-t-il réclamé. Il a expliqué comment les sanctions unilatérales des Etats-Unis et de leurs alliés comme le Canada et l’Union Européenne (UE) favorise un blocus financier du Venezuela et portent atteinte à a vie quotidienne des vénézuéliens.
A cause de ces sanctions, depuis 2 ans, le Venezuela a du mal à se procurer du matériel et des médicaments pour la population : en 2017, Citibank a refusé de recevoir de l'argent vénézuélien pour l'importation de 312 000 doses d'insuline destinées à 450 000 patients.
Ce blocus a aussi empêché d'acheter du matériel médical à l'Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS).
Le Gouvernement de Colombie a fait la même chose contre le Venezuela. Le président colombien, Juan Manuel Santos, a interdit à un laboratoire de vendre au Gouvernement du Venezuela des médicaments contre la malaria qu'il achète à présent grâce à des accords avec l'Inde.
« Le Venezuela se retire de cette organisation précisément parce que cette organisation n'aide aucunement les peuples de Notre Amérique et pire encore, comme la journée d'aujourd'hui l'a démontré, ce qu'elle fait, c'est créer les conditions pour l'interventionnisme, l'ingérence et pour que le Droit International Public soit violé. »
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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