Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mexique : L'échec de la manipulation digitale lors des élections

31 Juillet 2018, 19:04pm

Publié par Bolivar Infos

 

En 2012, le panorama électoral au Mexique était très différent et des légions de robots, les stratégies et les opérations digitales pour manipuler les élections ont eu un grand impact et Enrique Peña Nieto a été élu président. Cependant, ses abus dans des affaires de grande importance pendant son mandat nous ont « vacciné » contre ce que nous appelons les «  peñarobots, » comme dit le hacker activiste Alberto Escorcia.

 

Aytozinapa, la Maison Blanche du Président, les massacres secrets à Apatzingán et Tlatlaya ont été marqués par l'abus des opérations digitales pour intervenir dans les conversations sur les réseaux sociaux et manipuler l'indignation.

 

75 000 faux comptes sont intervenus pendant 6 mois pour éliminer la tendance #YaMeCansé lancée après le déclaration de l'ex-procureur Jesús Murillo Karam lors de l'enquête sur la disparition des 43 Normaliens d'Ayotzinapa, selon l'enquête d'Alberto Escorcia. Mais face aux plus de 4 millions de twitts, ils n'ont rien pu faire même au niveau international.

 

Précisément aux élection de 2012, un acteur essentiel a reconnu avoir interféré dans le processus mexicain, le hacker colombien Andrés Sepúlveda, qui, en outre, a avoué avoir manipulé les campagnes électorales d'autres pays d'Amérique Latine.`

 

Et fin juin de cette année, une enquête de Buzzfeed News a révélé comment opère au Mexique Carlos Merlo, qu'on appelle « Le Roi des Fake News » qui passe son temps à générer de fausses informations et des ‘trending topics’ et qui assurait pouvoir placer même un président.

 

Mais bien que la campagne électorale de cette année ait eu une grande activité sur les réseaux sociaux comme on s'y attendait, à la différence de 2012, le travail de gens comme Merlo a été inefficace.

 

Le vaccin contre la manipulation

 

La campagne électorale mexicaine de 2018 s'est déroulée en plusieurs étapes lors des quelles les partis et les candidats ont cherché à voler la vedette à Andrés Manuel López Obrador, le candidat de MORENA, en développant et en imposant des sujets comme la soi-disant ingérence russe, la remise en question et l'interprétation de la proposition d’amnistie et en soulevant la question de sa santé et de son âge.

 

Cependant, la stratégie digitale de MORENA, grâce à la plateforme d'information Ouvrez Plus les Yeux, avec Tatiana Clouthier à sa tête, et mise en place par un groupe d'enfants du millénaire, a réussi à esquiver une bonne partie des attaques orchestrées sur es réseaux sociaux.

 

« Je crois que (l'opération digitale sur les réseaux sociaux) a été très efficace 2012 parce qu'elle était nouvelle et qu'il n'y avait pas de précédent. Maintenant, les gens sont vaccinés. Je crois que les manipulations que nous avons vues pendant tout le mandat de Peña Nieto ont aidé les gens à créer des mécanismes de défense et peut-être cela a-t-il fait augmenter l'activité des robots. Pas tellement parce qu'ils étaient efficaces mais parce qu'il était plus difficile de convaincre, » dit Escorcia qui est le pionnier au Mexique de la recherche et de la détection des stratégies destinées à manipuler les conversations sur les réseaux sociaux.

 

Escorcia rappelle qu'en 2012, il n'a trouvé que 17 ‘trending topics’ développés par des robots mais pendant la récente campagne électorale, il les évalue à plus de 100. « Les partis ont préféré recourir à ces « agences » ou à ces groupes plutôt qu'à la base de leur propre parti. Il n'y a même pas eu d'effort pour impliquer les sympathisants. Et le problème, c'est que ça n'a pas été seulement le PRI mais tous les partis.

 

Alerte robot et contrôle et Verificado 

 

A partir de Buzzfeed, Alberto Escorcia a lancé l' #AlertaBot (Alerte robot) pour détecter les tendances fabriquées artificiellement. C'est le premier exercice réalisé dans le monde en temps réel. Selon lui, ce travail a eu des conséquences importantes puisque quand les comptes robots étaient dénoncés, les tendances manipulées disparaissaient et étaient éliminées par Twitter.

 

« Ce travail a été une espèce de service communautaire pour que les ‘trending topics’ (manipulés) ne se propagent pas. Beaucoup de ceux que nous avons dénoncés ont disparu immédiatement, presque sur l'instant. Et je crois que Verificado a fait un gros travail pour protéger Internet et démontrer qu'il y a des gens qui passent leur temps à manipuler mais qu'il y a aussi des gens qui passent leur temps à démentir. L'effort de Verificado et #AlertaBot pour qu'il y ait des élections plus libres a valu la peine. »

 

Des millions de pesos à la poubelle

 

Au moment où la manipulation est devenue un commerce et où ont surgi de « petites agences, » la qualité a diminué. « Ca ne les intéressait plus de faire une opération avec précision mais seulement de gagner de l'argent. »

 

« Si ce que dit Carlos Merlo (l'un des principaux opérateurs et développeurs de fausses informations) est vrai, que chaque ‘trending topic’ coûte 1 million de pesos au moins et s'il y en a eu 100, ce que j'ai plus ou moins prouvé, cela aurait coûté 100 millions de pesos et ils parlent d'une richesse perdue. Des tendances ont été créées seulement pour les créer sans aucune stratégie, sans aucun but, sans aucun souci du langage. A la différence de 2012 où ils étaient plus élaborés, » commente Escorcia.

 

L'une des principales caractéristiques de la manipulation digitale est qu'elle est payée par des gens qui ne connaissent ni les caractéristiques de la communication horizontale sur les réseaux sociaux ni le fonctionnement de ses algorithmes. C'est pourquoi ils sont dupés par des gens qui leur offrent un ‘trendig topic’ ou mille retwitts (techniquement irréalisables puisque artificiellement, il n'y aucun travail ni aucune information pour débattre ou convaincre).

 

Source en espagnol :

http://www.correodelorinoco.gob.ve/el-fracaso-de-la-manipulacion-digital-en-las-elecciones-de-mexico/

URL de cet article : 

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/07/mexique-l-echec-de-la-manipulation-digitale-lors-des-elections.html