Mexique : Les Etats-Unis enquêtent sur López Obrador depuis 2006
Une série de câbles déclassifiés révélés par WikiLeaks montrent que les Etats-Unis ont enquêté sur le président élu du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, dès 2006.
Un sujet qui prend de l'importance quelques heures avant que López Obrador reçoive dans son bureau Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat des Etats-Unis, une rencontre qui marquera un tournant dans les relations froides qu'avait AMLO avec le Gouvernement étasunien.
L'organisation fondée par Julian Assange rappelle cet épisode dans une série de twitts publiés après la victoire de López Obrador aux élections présidentielles et il précise le genre d'informations demandées par le Gouvernement étasunien et même la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
La division de la gauche
Dans le câble PRD/MEXICAN LEFT (C-AL9-02542), le Gouvernement du président Barack Obama demandait, en décembre 2009, des informations sur l'ampleur de la division des partis de gauche face aux élections présidentielles de 2012, après que López Obrador ait rompu avec Jesús Ortega, le dirigeant de Los Chuchos, un courant interne au PRD. Cela avait provoqué le départ de López Obrador du parti. Dans le câble, on demande aussi quelles sont les relations d'AMLO avec le chef du gouvernement de la ville de Mexico de l'époque, Marcelo Ebrard et d'autres hommes politiques comme le sénateur Alejandro Encinas et Juan Ramón de la Fuente, ex-recteur de l'Université Nationale Autonome de México (UNAM).
« Quelles sont les relations entre les membres du PRD, Andres Manuel López Obrador (AMLO), Marcelo Ebrard, Jesús Ortega, Alejandro Encinas et Juan Ramon De La Fuente? »
« Dans quelle mesure ces individus fonctionnent-ils ensemble ou parmi d'autres ? Quel soutien ont-ils à l'intérieur du PRD et des petits partis de gauche (PT et Convergence)? Comment sont perçus AMLO et Ebrard par les membres de ‘rank-and-file’ [ordonne et archive, terme militaire utilisé pour classifier l'information]? Quels autres groupes – syndicats, mouvements sociaux etc... - considèrent-ils comme leurs partisans ? »
Ce n'est qu'un exemple du suivi que le Gouvernement étasunien a fait de López Obrador au fil des ans puisque dans les recherches de WikiLeaks, le nom du président élu apparaît dans au moins 181 câbles du renseignement et dans 4 658 courriers internes de l'agence de Renseignement Stratfor, à partir de 2006.
AMLO, le “président ombre”.
Dans un autre câble intitulé THE MAKING OF THE SHADOW PRESIDENT? (la fabrication d'un président ombre ? ) le renseignement étasunien analyse la personnalité de López Obrador et son intention de se déclarer « président légitime » après avoir refusé de reconnaître les élections présidentielles de 2006 et accusé la victoire controversée de de Felipe Calderón d'avoir été frauduleuse.
« Plusieurs observateurs politiques mexicains importants ont été d'accord sur le fait que dans l'évolution de l'enlisement politique actuel continuerait, dans une bonne mesure, à cause de la personnalité d'Andrés Manuel López Obrador (AMLO). Ils pensaient que sa façon de penser était aussi rigide qu'auto-complaisante, qu'il en serait jamais capable d'admettre sa défaite, » dit le document.
« En même temps, son puissant charisme assurait que le noyau de partisans disposés à le suivre « jusqu'aux ultimes conséquences » ne lui ferait pas défaut. Ils soupçonnaient – et de récents rapports de presse le corroborent de plus en plus - qu'il envisageait d'institutionnaliser son mouvement de protestation après que le Tribunal Electoral aurait validé Felipe Calderón comme président, peut-être en établissant un « Gouvernement dans l'ombre » qui chercherait à provoquer Calderón à tout moment. L'importance de ce mouvement peut même dépendre de la façon dont le PRD répondra au défi fixé par les tactiques d'AMLO et si ce sont les pragmatiques qui prévalent ou les partisans d'AMLO, » ajoute le document.
Vendredi 13 juillet 2018, López Obrador rencontrera pour la première fois de hauts fonctionnaires du Gouvernement des Etats-Unis après avoir obtenu une grande victoire aux élections présidentielles.
(Extrait de RT)
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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