Venezuela: Message du PCF au IV° Congrès du PSUV
PierreLaurent
Secrétaire National
Parti Socialiste Unifié duVénézuela
Paris,le 27Juillet2018
Chers amis, chers camarades,
Tout d’abord, permettez-nous de nous excuser de notre absence à votre IVèmecongrès. Au-delà d’une situation politique très compliqué en France, le budget restreint de notre parti engagé sur des activités politiques tels que notre université d’été, la fête de l’humanité et notre congrès exceptionnel de Novembre prochain ne nous ont pas permis d’abonder ce déplacement.
C’est donc avec regrets que nous ne pouvons être présents, à un moment où les forces néolibérales sont engagées dans une contre-offensive pour reprendre ce que les peuples Latino-américains par leurs luttes de ces dernières années ont su gagner en termes de démocratie, de souveraineté et d’émancipation humaine.
Au Venezuela, cette contre-offensive se décline par des campagnes idéologiques de déstabilisation et d’ingérence caractérisée, accompagnées de sanctions économiques injustifiées, d’une organisation de la pénurie alimentaire et pharmaceutique de la part des grands patrons du privé générant une inflation insidieuse et plongeant des millions de vos compatriotes dans la difficulté.
Il est fort de constater que les forces de droite et néolibérales–qu’ellessoientdugroupe des14de Lima,delacommunauté européennedontlaFrance,sansoublierlesEtats-UnisavecDonald Trump- ne ménagent pas leur peine pour tenter de mettre un terme au symbole que représente la révolution Bolivarienne.
Pour autant, le peuple vénézuélien, a formulé à la communauté internationale à l’occasion des nombreux derniers scrutins électoraux leur volonté de paix, de démocratie, de souveraineté populaire dans l’objectif de répondre aux enjeux énormes posés à votre pays, sans jamais renoncer à des politiques d’émancipation humaine. Par ce biais, il a également renouvelé saconfiance au président Nicolas Maduro et au PSUV qui est la cheville ouvrière de l’unité des forces progressistes du pays.
Dans ce contexte, votre IVèmecongrès va prendre une importance particulière. En effet, fFace à la crise profonde d’un capitalisme et d’une mondialisation qui exacerbe les dominations, les humiliations et les exploitations, maîtriser ce qui se passe tout comme les enjeux du moment appelle
à une confrontation, un débat de grande ampleur afin d’appréhender en commun les choix politiques, voire les initiatives et combats à engager pour faire un bond en avant vers une dignité retrouvée.
Et nous le savons bien, qu’il ne s’agira pas là d’élaborer par du copié/collé, qu’il y aura besoin de prendre en compte la diversité des contextes, des expériences, des luttes des forces révolutionnaires et progressistes en présence à l’échelle internationale, tout comme des conditions différentes, souvent plus difficiles ou plus violentes que nous pouvons les vivre nous-mêmes. Certes, nous savons bien que les logiques d’aliénation du capitalisme mondialisé portent en elles une cohérence et des mêmes finalités, mais dont les angles d’attaques pour chaque peuple pourront prendre des voies différentes.
C’est dans ce moment où l’Europe reste confrontée à une crise migratoire incessante, que l’administration Trump affiche un visage des plus réactionnaire sur cette question.
De jour en jour, la stratégie de Trump, interpelle politiquement des logiques en œuvre par les tenants néolibéraux ; au bout, c’est une logique de remise en cause permanente du multilatéralisme. Après la fin du monde bipolaire et les espoirs de relations internationales plus coopératives, le retournement semble complet : revanche des intérêts nationaux, crispations des souverainetés, blocage du Conseil de sécurité des Nations unies, rupture de certains accords internationaux.
Plus que jamais, l'heure est sombre pour le multilatéralisme. Malgré quelques résistances anti hégémoniques exprimées par Macron et Trudeau dernièrement, Donald Trump mène la danse. Il amplifie la contagion du " chacun pour soi " dans un environnement où la lente construction de la confiance réciproque cède à l'arrogance des prétentions unilatérales et au bilatéralisme de combat.
Pour nous, la période est critique. Chaque jour apporte son lot de déconvenues. L'efficacité des institutions internationales est contestée -l’ONU en fait partie-, le protectionnisme reprend de la vigueur et des formes de nationalisme autoritaire bourgeonnent ici ou là.
Pour autant, un constat s'impose : nous dépendons toujours plus les uns des autres. Soit nous prenons conscience de cette dynamique historique et nous l'accompagnons pour lui faire produire le meilleur, soit nous l'ignorons et ce sont les traumatismes auxquels il faut se préparer qui se chargeront de nous rappeler ce que certains apprentis sorciers n'ont pas voulu voir.
Dans ce contexte de guerre économique, de guerre démocratique, la paix elle-même n’aura jamais
été aussi menacée. Et pourtant, cette exigence de « paix », peut être écrasante dans les réponses si nous admettons cette simple vérité qu'à l'évidence, dans un monde interdépendant, la sécurité de l'un dépend de la sécurité de l'autre alors il y a des réponses communes à construire et des initiatives communes à prendre, des outils et espaces collectifs à investir.
On le voit, la situation internationale est marquée par une menace permanente sur la paix : guerre
économique et financière, guerre démocratique qui s’attaque aux souverainetés populaires, la loi du plus fort, du chacun pour soi, uni polarité, ingérences, coups d’état institutionnels, judiciarisation de la vie politique comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Amérique Latine et chez vous. Ce sont les nouvelles armes des néolibéraux, sur tous les continents, de manières différentes, mais toujours cohérentes.
D’un côté les ultralibéraux qui tentent de préserver le système en cherchant à tirer la couverture à eux, et de l’autre les ultranationalistes qui dressent les états forteresses, le protectionnisme comme remèdes aux questions sociales sans jamais remettre en cause les accords de libre-échanges.
Leur inquiétude : celle que les colères prennent le pas sur les politiques et réactivent le besoin d’intervention des peuples sur les choix, que la citoyenneté réinvestisse le champ politique. C’est ce qui les amène suivant les contextes à prendre en compte dans le discours l’ambition de réduction des inégalités dans un objectif d’obtenir le consentement et l’adhésion des peuples.
Face au « il n’y a rien à faire », la nécessité de travailler aux ingrédients de l’espoir et de l’alternative est devant nous. C’est ce que nous avons besoin de faire, les uns et les autres -chacun là où il est engagé et milite, afin de donner voix et de traduire en actes et en sens l'action internationale, afin de rassembler, de mettre en mouvement, de peser sur le cours des choses.
La phase du capitalisme dans laquelle nous sommes marque de son sceau la mondialisation mais l’interdépendance des États et des nations qu’elle entraîne, peut être, au contraire, le socle de solidarités nouvelles.
Ces liens peuvent accroître les capacités de développement des sociétés. Le capitalisme peut être dépassé par des processus qui allient luttes politiques, sociales, citoyennes et batailles idéologiques, et la domination capitaliste sur la mondialisation n'est pas non plus un horizon indépassable. Ces luttes, ces fronts de rassemblements existent ; vous l’aborderez certainement lors de votre IVèmecongrès, comme cela a été le cas dernièrement au Foro de Sao Paulo à la Havane. Ils sont des potentialités pour transformer la mondialisation, par l'intervention populaire et citoyenne, la mise en
œuvre de politiques publiques et la consolidation du multilatéralisme notamment, pour promouvoir les processus d'émancipation du genre humain et de la planète de toutes les formes d'oppression, de domination et d’aliénation.
Nous le constatons en France, où face aux politiques destructrices du socle social et républicain du président Macron, de nombreuses luttes se développent dans le public comme dans le privé, où se cherchent les convergences, le rassemblement, la construction commune des forces sociales, politiques et citoyennes progressistes et de gauche afin d’ouvrir une réelle perspective politique de développement humain.
C’est pour tout cela que nous regrettons profondément de ne pas pouvoir partager les débats et réflexions de votre congrès, tout en ne doutant pas que vos travaux seront une contribution fertile importante dans la période actuelle, à la fois pour les luttes émancipatrices de votre continent, tout comme pour les nôtres.
En vous souhaitant un bon IVèmecongrès et sachant que nos chemins se croiseront rapidement, recevez, chers amis, chers camarades nos plus fraternelles salutations.
http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/07/venezuela-message-du-pcf-au-iv-congres-du-psuv.html