Colombie: Iván Duque prend la présidence dans l'ombre d'Uribe

Ce mardi, la Colombie aura un nouveau Président. Après avoir été élu au second tour des élections présidentielles, le 17 juin dernier avec presque 10 millions de voix, Iván Duque remplacera Juan Manuel Santos au Palais Nariño. Il semble cependant que beaucoup n'attendent pas de surprise de son Gouvernement puisque c'est l'ex-président Álvaro Uribe (2002-2010) qui l'a toujours accompagné, qui a été le grand artisan de la campagne de Duque.

Avant le début de la campagne électorale, Duque était un sénateur peu connu du Centre Démocratique. Il a été élu au Sénat sur une liste fermée conduite par Uribe. De nombreux analystes ont soutenu que ça a été grâce à la présence de l'ex-président qu'il a eu une telle popularité en si peu de temps. Mais maintenant, Duque va être Président de la Colombie et il reste à voir quel rôle jouera Uribe dans ce nouveau Gouvernement.

Alors que certains experts pensent que la présence d'Uribe dans la gestion de Duque ne diminuera pas, d'autres pensent qu'elle restera intacte au moins dans l'ombre. Dans l'immédiat, l'ordre du jour du successeur de Santos a des reflets de ce qu'a été le mandat d'Uribe dans le domaine de la sécurité et de l'investissement national et étranger. En matière d'économie, par exemple, Duque a nommé ministre des Finances Alberto Carrasquilla qui a aussi été ministre des Finances d'Uribe.

Cependant, les problèmes judiciaires qu'affronte l'ex-président pourraient avoir également un impact sur la gestion de Duque. Uribe a été appelé à faire sa première déclaration en tant qu'inculpé par la Cour Suprême dans une affaire de manipulation de témoins présumée. A cause de cela, Uribe a annoncé qu'il renoncerait à son siège au Sénat. Cependant, cette semaine, il s'est rétracté.

«  Duque sait que le prix qu'il doit payer sera en relation avec le destin d'Uribe. Ils sont liés. Mais je pense que cela n'est pas vraiment mal. N'oublions pas qu'Uribe est très apprécié et Duque va s'y accrocher, » assure Pedro Luis Pemberthy, un analyste de l'Université Nationale de Colombie à La Tercera. Mais c'est aussi l'acteur qui fit diversion. Les informations concernant Uribe a donné un répit au Gouvernement de Santos, ce qui pourrait se répéter avec le Gouvernement de Duque. 

Le rôle d'Uribe

En tant que sénateur, Uribe – qui a été mal élu aux élections législatives avec 800 000 voix - jouera le rôle de dirigeant du groupe majoritaire du Centre Démocratique, son parti.

« Son habileté politique sera très importante pour faire avancer l'ordre du jour législatif du nouveau Président. Il devra, cependant, faire moins de rencontres et d'apparitions publiques avec le Président, moins parler de lui pour que Duque ne soit pas chargé des polémiques de l'ex-président, » commente à La Tercera Cristián Rojas, directeur des Sciences Politiques de l'Université de La Sabana.

L'analyste se réfère au fait que Duque a pris la défense d'Uribe lorsqu'il a été inculpé par la Cour Suprême. Le futur Président a déclaré : « Nous sommes sûrs que son honnêteté et son innocence prévaudront. » Cela lui a valu des critiques car les experts et les personnalités politiques soutiennent que Duque doit adopter une attitude plus réservée envers Uribe.

« Duque ne doit faire aucune déclaration qui semble entraver le travail de la justice mais il doit rester loyal à Uribe, » soutient Rojas.

De toute façon, pour Pemberthy, la présence d'Álvaro Uribe provoquera une difficulté publique et une autre privée : « Ce sera un législateur qui défend l'ordre du jour du Gouvernement. Mais, dans le privé, son rôle consistera à marquer la route, le sens du Gouvernement, » assure-t-il. « Ce sera un gouvernant de l'ombre, » conclut-il.

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/08/06/colombia-ivan-duque-asume-la-presidencia-de-colombia-bajo-la-sombra-de-uribe/

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