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Venezuela : L'obsession d'Almagro

18 Septembre 2018, 16:07pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Geraldina Colotti

Les obsessions sont difficiles à soigner et celle dont souffre l'actuel Secrétaire Général de l'OEA, Luis Almagro, ferait fuir Sigmund Freud en Alaska. Ainsi, malgré le rejet de ses déclarations sur une invasion militaire du Venezuela même par le Groupe de Lima, il ne s'arrête pas : « Je ne e tais pas. Et je ne m'en irai pas tant que la dictature de Maduro ne sera pas tombée, » a-t-il dit, bien qu'il se soit en partie rétracté.

 

L'OEA, le ministère des Colonies (comme l'a appelé Fidel Castro) cherche à agir à différentes tables comme c'est la nature de ces organisations, de plus en plus réduites à une feuille de vigne par es objectifs bellicistes du capitalisme en crise structurelle.

 

Les réactions de Donald Trump semblent souvent incontrôlables même par les commandements qui le soutiennent à la présidence des Etats-Unis. Trump ne respecte même pas les accords de libre commerce signés avec les autres pays impérialistes. Et il est évident qu'il y a un choc avec des résultats incertains à propos de l'attitude qu'on doit avoir pour que le continent latino-américain redevienne « l'arrière-cour. »

 

Face à la perte de leur hégémonie à cause de l'avancée de la Chine en Amérique Latine et de la reconfiguration d'un monde multipolaire, le Venezuela - débordant de ressources stratégiques – est au centre de la scène. Cependant, recourir à l'invasion militaire, même déguisée en « intervention humanitaire » sur es frontières, n'est pas quelque chose qui convainc tous les acteurs concernés.

 

Comme nous l'avons dit dans un article antérieur, l'opinion de la droite modérée, que ce soit celle de Caracas ou celle de Washington, invite à considérer les dépenses nécessaires pour faire du Venezuela une nouvelle Somalie: très importantes, même pour les pays néolibéraux comme la Colombie et le Brésil qui organisent « l’alerte réfugiés » sur les frontières.

 

Maintenant, s'est aussi ajoutée la voix de Jesús Seguías, président de l'agence internationale d'analyse Datincorp. Selon cet expert, diriger une attaque contre le Venezuela identique à celle mise en œuvre contre l'Irak et contre la Libye, provoquerait une « guerre asymétrique » et une opération identique à celle mise en place par l'armée irakienne pendant la retraite du Koweït, en 1991: l’Opération Terra Brûlée, grâce à laquelle plus de 700 puits de pétrole ont été détruits. Dans le cas d'un coup d'Etat militaire ou d'une invasion armée, selon Seguías, le chavisme organiserait une guérilla urbaine et rurale pour détruire l'industrie pétrolière du pays.

 

Pour preuve de ses affirmations, l'expert cite les déclarations de syndicalistes et de travailleurs de PDVSA ors des violences de la droite, en 2014: « Si le pétrole ne peut plus être pour le peuple, il ne sera pas non plus pour l'impérialisme. » L'analyste signale aussi que pour les Gouvernements étrangers, ce ne serait pas la même chose de lancer des bombes sur des guérilléros dans des zones éloignées dans la montagne que de le faire dans les centres urbains surpeuplés comme les districts d'El Valle, Catia et Petare de Caracas. Des actions qui seraient « intolérables aux yeux des autres nations, » dit-il.

 

Il oublie d'ajouter que les Etats-Unis n'aiment pas les combats terrestres et les pertes qu'ils impliquent. Ils préfèrent toujours les drones ou les guerres faites par d'autres. Pour cette raison, ils font pression pour provoquer des incidents sur es frontières avec le Venezuela : en particulier sur la frontière avec la Colombie qui a 2 200 km de long. C'est pourquoi il faut construire un consensus sur la « diplomatie du canon » pour s'opposer à la Diplomatie de Paix grâce à laquelle le Venezuela démasque les manœuvres de l'impérialisme quand il peut s'exprimer dans les organismes internationaux.

 

Attaquer le Venezuela signifie exposer les Etats-Unis à un autre Vietnam. Les pays de l'ALBA ont déjà pris position en ce sens. Et la visite de Maduro en Chine où il a été reçu avec tous les honneurs indique que la Chine aurait beaucoup à perdre avec une attaque du Venezuela et un nouveau retour de l'hégémonie étasunienne dans la région.

 

Mais les faucons du Pentagone qui soutiennent les folies de Trump sauront-ils évaluer tout cela ? Il est certains que es Etats-Unis à l'Italie, nous sommes dans une phase de transformation dans laquelle les secteurs dominants du grand capital repositionnent leurs intérêts et examinent les nouvelles compatibilités. De plus, les groupes mafieux qui font pression pour l'option guerrière ont un grand pouvoir.

 

Le paquet de mesures approuvé par Maduro pour démanteler la guerre économique porte atteinte aux grands intérêts. Prenons, par exemple, la décision concernant le prix de l'essence. Jusqu'à présent, remplir un SUV au Venezuela coûtait moins qu'une bouteille d'eau. Chaque année, les mafias ont saigné le pays en transportant en Colombie une quantité d'essence évaluée à 16 000 millions de dollars. L'essence est aussi la matière première pour fabriquer la cocaïne dont la Colombie est le premier producteur au monde.

 

Dans une interview accordée à Público, l'ambassadeur du Venezuela en Espagne, Mario Isea, a fait le calcul : 1 tonne de cette drogue demande plus de 10 galons d'essence, c'est à dire environ 40 litres. L'essence au prix international, mais la subvention étant maintenue pour les Vénézuéliens possédant le Carnet de la Patrie, est un rude coup pour les mafias colombiennes agglutinées au pouvoir et liées au para-militarisme, c'est pourquoi le ton de la conspiration est monté.

 

Pendant ce temps, les grandes puissances étendent le contrôle des médias, renforcent leur rôle politique comme on le voit dans les grands pays latino-américains. Pendant ce temps, elles préparent le nouveau coup d'Etat en entraînant la caste des magistrats comme ils l'ont fait auparavant avec les gorilles militaires du Cône Sud.

 

L'Italie, qui a toujours été soumise à l'OTAN comme nous le rappellent les 130 bases militaires connues installées ur le territoire, est à l'avant-garde en offrant des structures et un savoir. Il faut rappeler la conférence organisée à Rome par le Ministère des Affaires Etrangères intitulé « Droit et Sécurité en Amérique Latine : stratégies, expériences partagées, perspectives de coopération » le 16 décembre 2016 en présence de la direction des Carabiniers, de la police Financière et de nombreux représentants – pas réellement démocrates - de l'Amérique Latine.

 

A cette occasion, le seul qui a mentionné les raisons sociales qui provoquent l'insécurité a été le représentant du Salvador, alors que l'ambassadrice du Nicaragua, qui a énuméré les vrais problèmes n'a eu droit qu'à quelques minutes pour parler alors que le public était déjà presque parti. A ce moment-là, celui qui était alors président de la Colombie, Manuel Santos, est venu demander le soutien pour l'entrée de son pays dans l' OTAN, un jour après avoir reçu... le Prix Nobel de la Paix.

 

Avec la même langue fourchue, le chancelier colombien Carlos Holmes Trujillo, est arrivé en Europe où il évoque « le grave problème de l’émigration vénézuélienne » : A Bruxelles, en Espagne et en Suisse, et dans plusieurs institutions européennes et internationales. Avant de partir, le représentant Bogotá est allé à New York où il a demandé au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de créer un poste d'envoyer spécial pour cette « crise migratoire. »

 

L'Espagne et l'Union Européenne ont déjà assigné 35 millions d'euros pour rembourser les pays qui ont accueilli des migrants vénézuéliens. A Genève, le ministre colombien a rencontré Peter Maurer, président du Comité International de la Croix Rouge, Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés et Michelle Bachelet, Haute Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l' Homme.

 

Au Conseil de Sécurité de l'ONU, Bachelet, maintenant Haute Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l' Homme, a poursuivi la ligne antérieure et dit qu'il « faut utiliser tous les moyens possibles pour traiter les graves violetions des Droits de l' Homme au Venezuela. » Qui sait comment elle réagira si l'extrême-droite chilienne la mène devant un tribunal, lui réservant le même sort qu'à Lula au Brésil: la retirer du jeu politique avec une condamnation pour corruption...

 

A Bruxelles, Trujillo a rencontré Rose Gottemoeller, vice-secrétaire générale de l'OTAN Federica Mogherini, haute Représentante de l'Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité. Dans la capitale belge, d'autres réunions ont eu lieu avec Christos Stylianides,Commissaire européen pour le Travail Humanitaire et la Gestion des Crises et avec Cecilia Malmstron, Commissaire européenne au Commerce. Vendredi prochain, à Madrid, Trujillo évoquera ce sujet avec Juan Pablo de Laiglesia, Secrétaire d'Etat à la Coopération Internationale pour l'Amérique Latine et les Caraïbes.

 

Des représentants d'organisations internationales qui, depuis la victoire d'Hugo Chávez au Venezuela, ont cherché à ne pas reconnaître les institutions bolivariennes alors qu'ils ont soutenu des processus nullement démocratiques dans d'autres pays. Au Mexique, par exemple, 85 journalistes ont été assassinés mais le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme accuse le Venezuela où plus de 70% des principaux médias sont aux mains du secteur privé, d'étouffer la liberté d'opinion. Alors, comment se fait-il que 81% des 721 informations publiées du 2 mars au 28 août pour faire croire à la « catastrophe humanitaire » sur les frontières viennent des médias vénézuéliens ? 

 

Mais c'est ainsi. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme n'écoute que la voix de l'opposition et en arrive même à recevoir un fugitif considéré comme l'un des instigateurs de l'attaque du 4 août contre Maduro: Julio Borges, ex-président du Parlement vénézuélien qui exige l'invasion armée de son pays.

 

Plus de 2 millions de jeunes ont quitté l'Espagne à cause de l'absence d'avenir mais personne n'a parlé de crise humanitaire. Le Venezuela a reçu 5,6 millions de Colombiens qui ont fui les persécutions et la misère mais il n'a déclaré aucune urgence migratoire : ni our accueillir les Colombiens ni pour accorder les mêmes droits qu'aux Vénézuéliens à 500 000 Péruviens et à 400 000 Equatoriens qui vivent au Venezuela. C'est pour cette raison que le Gouvernement vénézuélien a demandé, par provocation, une aide pour recevoir les réfugiés colombiens et a dénoncé Almagro à l'ONU à cause de ses plans de guerre contre le Venezuela.

 

L'indignation augmente au niveau international contre Almagro et son obsession de Maduro. Des Partis Communistes et des mouvements sociaux d'Amérique Latine ont pris position. Le réseau international de journalistes et de travailleurs de la communication, le CONAICOP qui possède une section en Uruguay a demandé au Front Large dont Almagro est membre de l'expulser définitivement et a lancé un appel international de solidarité envers le Venezuela.

 

Une façon d'attirer l'attention sur l'hypocrisie internationale qui, comme l'a dit l'ambassadeur Isea, nous demande toujours : « Que pensent les marchés ? Comment réagissent les marchés ? » Mais que pensent et que subissent les travailleurs ? « Nous, par contre, a dit Isea, nous nous préoccupons des intérêts des peuples, pas des intérêts des grandes corporations internationales. »

 

Traduction de l'italien Gabriela Pereira

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/09/17/venezuela-las-obseciones-de-almagro/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/09/venezuela-l-obsession-d-almagro.html