Amérique Latine : Le Chili et la guerre économique qui a précédé le coup d'Etat
Des grèves, des assassinats sélectifs et une guerre économique qui a provoqué la pénurie ont précédé le coup d'Etat contre le Président chilien Salvador Allende il y a 45 ans.
Le premier Gouvernement socialiste d’Amérique Latine arrivé au pouvoir grâce à des élections a été vu par les Etats-Unis (USA) comme une menace et le président Richard Nixon a donné des instructions au directeur de la CIA, Richard Helms, pour qu'il le renverse.
Allende, pendant ses 3 années de mandat (1970-1973), a mis en place des politiques en faveur des majorités exclues, un modèle qui pouvait s'étendre à d'autres pays d’Amérique Latine.
L'un des ordres que Nixon a donnés à son secrétaire d'Etat de l'époque Henry Kissinger était de « faire hurler l'économie chilienne, » révèle le rapport de la Commission Church, désignée par le Congrès des Etats-Unis pour étudier les opérations de renseignement au Chili entre 1963 et 1973.
Cette action a produit une grave pénurie au Chili, décrite par Isabel Allende dans son livre « La Maison des Esprits. »
« Le peuple avait pour la première fois assez d'argent pour subvenir à ses besoins de base et acheter certaines choses qu'il avait toujours désirées mais il ne pouvait pas le faire parce que les magasins étaient presque vides. L'absence d'approvisionnement avait commencé et a fini par être un cauchemar collectif. »
C'était le préambule d'un coup d'Etat au ralenti qui s'est achevé le 11 septembre 1973 par l'attaque des Forces Armées dirigées par Pinochet, alors commandant en chef de l'Armée.
Selon le rapport Church, les Etats-Unis ont destiné secrètement 8 millions de dollars, entre 1970 et 1973 au renversement d'Allende. Pendant cette période « on a établi des contacts avec des militaires chiliens pour réunir du matériel de renseignement et permettre aux Etats-Unis d'entrer en communication avec le groupe qui avait le plus la possibilité de prendre le pouvoir. »
Le 11 septembre 1973, le Palais du Gouvernement, "La Moneda," a été bombardé par des avions et des chars légers. Bien que sa famille, ses amis et ses conseillers aient cherché à protéger Allende, le Président a préféré résister au Palais d'où il s'est adressé au peuple pour un dernier discours diffusé en direct par Radio Magallanes.
« Mes paroles ne sont pas des aroles d'amertume mais de déception. Qu'elles soient le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : des soldats du Chili (…) face à ces événements, je n'ai à dire aux travailleurs que : je ne vais pas démissionner. »
Dans ce discours, il a remercié les Chiliens pour la confiance qu'ils ont mis en lui et il a ajouté : « Je serai toujours avec vous. Au moins, on se souviendra de moi comme d'un homme digne qui a été loyal envers sa Patrie. »
La mort du dirigeant populaire a été traitée par les médias comme un suicide et des années plus tard, en 2012, la Cour d'Appel de Santiago a confirmé cette théorie en s'appuyant sur un rapport disant que les 2 balles qui ont coûté la vie à Allende « en médecine légale, peuvent être attribuées à un suicide. »
Cependant, des données historiques indiquent que des témoins de l'événement ont été arrêtés et plus tard ont disparu sur ordre d'Augusto Pinochet, ce qui renforce la thèse d'un assassinat.
Après le renversement d'Allende, une junte militaire dirigée par Pinochet s'est installée et cette féroce dictature est restée en place 17 ans, jusqu'en 1990. Elle a fait plus de 40 000 morts, des milliers de disparus et d'exilés, les droits de l'homme ont été violés, la liberté d'expression limitée et le Congrès National a été dissous.
Allende, chirurgien de profession, est ainsi devenu le Président Martyr, une référence pour la lutte des peuples opprimés par l'Empire étasunien : « Ce sont mes derniers mots et j'ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas vain. J'ai la certitude qu'au moins, ce sera une leçon morale qui châtiera la félonie, la lâcheté et la trahison, » s'est-il exclamé dans son dernier discours.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
http://www.avn.info.ve/contenido/chile-y-guerra-económica-que-precedió-golpe
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