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Brésil: Frei Betto parle des élections

16 Octobre 2018, 17:40pm

Publié par Bolivar Infos

 

Les élections du dimanche 7 octobre ont révélé que la politique brésilienne est de plus en plus conservatrice. Le prochain président du pays, qui prendra possession de sa charge le 1° janvier 2019, sera choisi au second tour des élections qui auront lieu le 28 octobre– entre Jair Bolsonaro (PSL) et Fernando Haddad (PT).

 

Tout le processus électoral a été dirigé depuis la prison et depuis l'hôpital. Depuis la prison par l'ex-président Lula (PT), détenu à Curitiba à cause d'une accusation sans preuves et depuis l'hôpital par le capitaine Jair Bolsonaro, hospitalisé après avoir été poignardé en pleine campagne électorale.

 

Bolsonaro a eu 49,3 millions de voix (46,05%), et Fernando Haddad, qui a remplacé Lula, 31,3 millions (29,24%) sur 147,3 millions d'électeurs. Il faut souligner que le capitaine candidat n'a presque pas occupé son temps de campagne à le TV, n'a pas participé aux débats de septembre avec ses adversaires et n'a pas fait campagne dans la rue. Ce sont les électeurs du Nord-est qui ont assuré la présence du PT au second tour. Les 4 autres régions ont donné la victoire au PSL.

 

Bolsonaro a aussi vu élus ses fils Flávio, sénateur de Río et Eduardo député fédéral de Sao Paulo. De plus, il a amené au Congrès plusieurs pasteurs évangéliques, des militaires et des policiers.

 

Ce résultat signifie la liquidation du PSDB, le parti social-démocrate qui, aux 6 dernières élections présidentielles, avait polarisé la compétition avec le PT de Lula. Geraldo Alckmin, soutenu par Fernando Henrique Cardoso, n'a obtenu que 4,76% des voix.

 

Le Gouvernement Temer a été vaincu dans les urnes de façon spectaculaire. Aucun de ses 11 ministres qui se présentaient aux élections n'a été élu. N'ont eu aucun mandat les caciques Romero Jucá, Eunício Oliveira et Edison Lobão, tous ex-ministres de Temer. L'environnementaliste Marina Silva, du Réseau Soutenabilité (Rede) qui, à chaque élection précédente, avait eu environ 20 millions de voix, en a eu cette fois un peu plus d'1 million.

 

L'avocate Janaína Paschoal, auteur du processus de destitution de l'ex-présidente Dilma Rousseff, est la candidate au Parlement qui a eu le plus de voix dans toute l'histoire du Brésil. Elle a été élue députée d'Etat pour Sao Paulo avec 2 millions de voix.

 

Le Congrès National a subi un renouvellement surprenant. Des favoris des sondages comme les candidats au Sénat Dilma Rousseff et Eduardo Suplicy ont été battus comme Cristovam Buarque, candidat au Sénat pour le District Fédéral. A la Chambre des Députés, le PSL – le parti de Bolsonaro – sera le second groupe parlementaire (52). Le premier groupe parlementaire sera celui du PT (56).

 

A Maranhão, la dynastie Sarney semble définitivement finie. Roseana, la fille de l'ex-président, a été battue par Flávio Dino, du PCdoB, réélu gouverneur. Pour la première fois en 60 ans, la famille Sarney n'aura aucun représentant au Congrès National. Au second tour de l'élection présidentielle, Haddad devrait avoir le soutien de Ciro Gomes, du PDT, qui a eu 12,4% des voix, et des autres candidats progressistes.

 

Bolsonaro, pour sa part, devra assumer ses déclarations répétées en défense de la torture, de l'homophobie, de la discrimination des Indiens et des communautés quilombo et du paiement de salaires inférieurs aux femmes. Et de conserver dans son programme les points suivants : changer la politique des Droits de l'Homme, libérer l'utilisation des armes à feu, « expurger l'idéologie de Paulo Freire » et « qualifier de terrorisme les invasions de propriétés rurales et urbaines. »

 

Hadadd, lui, se verra discrédité par les dénonciations de corruption contre des dirigeants du PT.

 

Comment l'ascension de Bolsonaro s'explique-t-elle ? Bien qu'il ait été député fédéral 7 fois de suite pendant 28 ans, maintenant, il a profité du vide politique créé par le Lava Jato et a réussi à se présenter comme « le nouveau » en adoptant un discours moraliste de défense de la famille et de combat de la violence urbaine. Il a attiré les électeurs déçus par la politique et en particulier, il a renforcé dans tout le pays la vague anti-PT. Il ne sera pas facile à Hadadd de battre Bolsonaro. Il devra insister sur l'importance de la démocratie contre le discours autoritaire du capitaine puisqu'un sondage récent indique que 69% des Brésiliens préfèrent ce régime de gouvernement et seulement 12% préfèrent la dictature. Mais qu'entend-on par démocratie ? Le droit du citoyen à porte rune arme pour affronter les délinquants selon la loi du Talion ?

 

Il n'y a aucun doute que Bolsonaro renforcera le discours de Temer disant que tous les maux du Brésil comme le chômage de 12 millions de personnes et la récession économique sont de la faute des 13 ans de gouvernement du PT. Et il exploitera le fait que les principaux dirigeants du PT sont accusés de corruption dans l'affaire Lava Jato.

 

Haddad ne pourra pas conserver sa cohérence avec le discours du PT comme il l'a fait au premier tour sous peine de ne pas obtenir le soutien de larges secteurs de la population brésilienne qui ne sympathisent pas avec les propositions de Bolsonaro. En d'autres termes, selon certains analystes, Haddad devra tenir un discours plus proche de l'idéologie du PSDB que de celui du PT et promettre un Gouvernement de réconciliation de classes comme Dilma a tenté de le faire lors de son second mandat. 

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/10/15/brasil-frei-betto-opina-sobre-las-elecciones/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/10/bresil-frei-betto-parle-des-elections.html