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Brésil : Le spectre d'un nouvel Hitler effraie le continent 

7 Octobre 2018, 10:51am

Publié par Bolivar Infos

 

Par Geraldina Colotti

Le spectre du nazi-fascisme plane sur le Brésil et a le visage de Jair Bolsonaro, candidat du PSL aux élections de dimanche 7 octobre. L'ex-capitaine de l'armée, à qui peu importe d'être comparé à Hitler alors qu'il considère comme une insulte qu'on le traite de gay, est favori dans les sondages et il a bénéficié des coups de couteau reçus le 8 septembre lors d'un meeting de campagne électorale. Il a aussi bénéficié du fait que Lula a été arrêté en avril et ensuite est définitivement devenu inéligible. A sa place, le Parti des Travailleurs (PT) a investi Fernando Haddad, qui est entré en campagne trop tard pour améliorer son « paquet » de voix.

 

De sa prison de Curutiba où il purge une peine de 12 ans de prison pour corruption, Lula a envoyé une lettre, la veille de l'élection (le jour de son anniversaire) demandant au peuple d'élire Haddad. Si, comme c'est probable, ni Bolsonaro ni Haddad ne dépassent les 50% de voix, il y aura un second tour le 28 octobre.

 

L'élection de Bolsonaro ouvrirait des scénarios très sombres pour le Brésil et renforcerait la camp des forces les plus conservatrices sur le continent : l'axe qui fait obstacle à l'intégration latino-américaine et qui agit dans l'orbite de Trump. La victoire de Bolsonaro pourrait aussi peser sur les élections de mi-mandat qui auront lieu le 6 novembre aux Etats-Unis et qui sont une épreuve cruciale pour l'avenir politique de Donald Trump.

 

Par contre, une victoire d'Haddad donnerait un nouvel élan au vent progressiste annoncé par la victoire de López Obrador qui deviendra président du Mexique en décembre.

 

Ni Obrador ni Haddad n'ont rompu les lances en faveur du socialisme bolivarien mais leur position non interventionniste fera baisser la pression sur le Gouvernement de Maduro, maintenant menacé aussi par les manœuvres militaires en Amazonie auxquelles participent les Etats-Unis.

 

Un sujet qui n'est pas sans importance, qui se rapporte à une question de fond : la possibilité quel e socialisme, bien que sous une forme différente de celle qui s'est développée pendant le siècle des révolutions, redevienne une alternative crédible et non aléatoire au capitalisme mondialisé.

 

Jusqu'à la chute du Mur de Berlin, il était posé qu'il y avait 2 voies opposées, 2 voies différentes auxquelles l'humanité pouvait confier son destin. On savait que pour s'ouvrir un chemin, le nouveau monde devrait vaincre le vieux, basé sur l'exploitation du capital, sur le travail et sur la société divisée en classes. On savait que le jeu serait historique et que les gardiens du capitalisme ne feraient aucun cadeau et aucun prisonnier. Et ça a été le cas.

 

Depuis la chute de l'Union Soviétique, avec la propagation du néolibéralisme et l'imposition du capitalisme au niveau mondial, on a inculqué au peuple une litanie aussi fausse qu’asphyxiante : « Il n'y a pas d'autre possibilité. »

 

Il n'y a pas d'autre possibilité qu'un système de déprédation qui permet à 264 familles de s'approprier la richesse de 3 000 millions de personnes. Il n'y a pas d'autre possibilité que les recettes d'un capitalisme qui essaie de résoudre la crise structurelle par l'agression des peuples du Sud pour s'approprier leurs richesses.

 

Dans ce contexte, ce qui a été le camp progressiste modéré s'est aligné sur la recherche du « moindre mal. » s'il «  n'y a pas d'autre possibilité » n'importe qui qui gouverne devra rester dans le camp des variantes compatibles avec ce système mondial qui, tandis qu'il augmente les inégalités, réduit les différences politiques et refuse les alternatives concernant l'avenir de l'humanité. 

 

Cette absence de perspectives désoriente es secteurs populaires qui suivent de faux drapeaux, de vieilles idées irrationnelles présentées comme nouvelles : nous l'avons vu avec Trump aux Etats-Unis, nous l'avons vu en Italie avec Salvini et maintenant avec Bolsonaro au Brésil. Une vieille pacotille xénophobe et misogyne qui détourne la fureur des secteurs populaires que le long ballet de la « compatibilité » avec le système a laissé errer comme un boomerang.

 

Et que le Venezuela socialiste soit devenu de plus en plus l'épouvantail à secouer aux 4 vents, n'est pas vraiment un hasard. En Italie, les partisans de Berlusconi (centre-droite) et de Renzi dont les politiques en faveur des banques et du grand capital ont aplani le chemin pour la xénophobie de Salvini ont la bouche pleine du Venezuela en tant qu'exemple négatif. Tous, par exemple, se font concurrence pour présenter le Venezuela comme un « Etat en faillite » que les entreprises quittent.

 

Mais la revue Forbes dit que le Venezuela occupe la 144° place (sur 153 pays contrôlés) dans la liste des pays les plus choisi par les entreprises qui font des affaires. Comme l'a confirmé l'expert d'Ecoanálisis à la BBC, il y a un phénomène de « cannibalisation du travail » par les grandes entreprises étrangères : toutes cherchent à « voler » les techniciens qualifiés des entreprises locales en les payant quelques dollars qui ensuite deviendront un capital si on les échange au marché noir.

 

Personne, cependant, ne dit que les techniciens si convoités le sont devenus grâce au formidable plan d'investissement du Gouvernement Bolivarien en faveur de l'éducation publique qui, dans les pays capitalistes, aurait été considéré comme l'une des premières « dépenses » à réduire. Les mêmes politiques de « cannibalisation du travail » ont été mises en place contre Cuba à laquelle on a cherché à voler son personnel qualifié en l'attirant hors du pays grâce au mirage de l'argent en échange d'idéaux.

 

Avec le Venezuela qui n'a pas rendue illégale la bourgeoisie parasite, ils peuvent agir sur les 2 tableaux : de l'intérieur en exacerbant la guerre économique, en cannibalisant le travail et en laissant les mafias frontalières agir au nom de tiers comme c'est arrivé lors du récent massacre qui s'est déroulé à Zulia et a été revendiqué publiquement sur instagram par la bande de Los Melean et de l'étranger en multipliant les actions de tueurs à gages économiques, financiers et médiatiques avec la complicité des grandes institutions internationales.

 

Ce qu'ils cherchent à occulter, des Etats-Unis à l' Europe et à l'Amérique Latine, c'est l'échec manifeste des recettes capitalistes.

 

Les coûts pour contenir violemment les désastres causés par les politiques d’exclusion sont très élevés, plus hauts que ce que coûterait le fait de résoudre les déformations.

 

Mais si on est convaincu qu'il «  n'y a pas d'autre possibilité »,on peut supporter le fait que la journée de travail et l'âge de la retraite continuent à augmenter, que les salaires stagnent tandis que la couverture sociale diminue, que les énormes masses n'aient pas de travail et qu'une multitude d'exclus se voit obligée d'errer pour demander l’aumône sur le marché mondial.

 

On peut supporter ainsi que, comme l'a écrit le New York Times, Donald Trump emprisonne 13 000 enfants migrants et en transfère 1 600 dans une prison à ciel ouvert au Texas, qu'en Europe, ceux qui s'élèvent contre le négoce de l'aide humanitaire (qui sert certainement à contrôler les exclus) n'attaquent pas le négoce de la sécurité qui se répand pour protéger le capitalisme mondial.

 

L'échec de Macri en Argentine est également évident: le modèle de « croissance » du FMI tant acclamé n'a pas été une réussite et cela a mis en évidence le piège dans lequel ont été attirés ces secteurs de la classe moyenne, prêts à retirer leur consentement aux Gouvernements progressistes s'ils voient briller le mirage de meilleurs bénéfices.

 

A la différence de ce qui se passe en Italie ou en Europe où la force de l'idéologie dominante dissémine les pièges sémantiques pour occulter la crise, à la différence de ce qui se passe aux Etats-Unis, où les mécanismes de pression ne permettent pas aux secteurs populaires d'accéder au pouvoir de décision, les choses sont plus claires en Amérique Latine. 

 

Là où, comme au Venezuela, on a construit un parti qui a organisé les masses populaires et a augmenté le niveau de conscience en les gardant mobilisées en permanence, les forces réactionnaires n'ont pas réussi à passer. 

 

Là où, par contre, comme au Brésil, on a fait plus confiance aux instables alliances parlementaires qu'à l’organisation politique des masses populaires, la situation est devenue plus confuse et difficile.

 

Mais la semence lancée par Cuba, le Venezuela, la Bolivie et aussi par les Gouvernements progressistes qui ont changé le visage du Brésil et de l'Argentine, continue à pousser. Le Nicaragua résiste et fait encore des expériences. Le Salvador cherche à garder son drapeau levé. Au Costa Rica, au Honduras, au Guatemala, les peuples ont compris l'antienne : nous devons chercher une alternative au capitalisme. 

 

Traduction de l'italien: Gabriela Pereira

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos 

 

source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.org/2018/10/06/desde-brasil-el-espectro-de-un-nuevo-hitler-asusta-al-continente/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/10/bresil-le-spectre-d-un-nouvel-hitler-effraie-le-continent.html