Venezuela : Interview de Ronnie Ramírez, cinéaste et professeur de cinéma
« D’Europe, nous disons au peuple vénézuélien qu'il n'est pas seul »
A Bruxelles, Belgique, nous avons parlé avec Ronnie Ramírez de l'équipe d'organisation à l'initiative du Réseau Européen de Solidarité avec la Révolution Bolivarienne. Il est cinéaste et professeur de cinéma. Il travaille pour ZIN TV et il est militant, membre de Venesol, une plateforme d'organisations belges solidaires de la Révolution Bolivarienne. Maintenant, il est l'un des fondateurs du Réseau. Il nous raconte comment est née l'idée et comment ils ont travaillé pour renforcer cet espace destiné à défendre le peuple et le processus bolivarien.
Déjà plus de 60 organisations s'y sont jointes et ils sont ouverts à d'autres signatures.
Comment est née cette initiative de Réseau Européen de Solidarité avec la Révolution Bolivarienne à Bruxelles?
L'idée de s'unir pour soutenir la Révolution Bolivarienne depuis l'Europe n'est pas nouvelle. Pendant la période d'Hugo Chávez, il y a eu de nombreuses expériences solidaires assez larges. C'était incroyable parce que le drapeau brandi par le Commandant a réussi à unir ici ceux qui étaient éloignés les uns des autres ou divisés entre eux. Il a aussi réussi à gagner les cœurs de certains mouvements sociaux, de syndicats, d'artistes, d'intellectuels, entre autres. Mais après la mort du Commandant, il y a eu une détérioration, un vide. La solidarité organique s'est dissoute. Les grands événements de solidarité ont disparu, le fil s'est perdu et... le temps a passé. Depuis lors, à travers les médias officiels en Europe, on n'a plus entendu que de mauvaises informations sur le Venezuela et cela a fait que certains camarades déçus, trompés, mal informés sont partis ou se sont éloignés. Quand sur les écrans européens sont apparus les guarimbas de 2017, le récit disant que le Président Nicolás Maduro était le méchant du film et que les gentils étaient l'opposition … qui demandait de l'aide s'est amplifié. Les plus lucides y ont vu un remake de la Libye, de la Syrie. Par chance, en Belgique, il y a un noyau de camarades qui n'a jamais brisé ses liens avec le Venezuela et inquiets, nous avons commencé à organiser des sessions d'information et des débats avec le public belge. Nous avons confirmé ainsi qu'il existait un intérêt réel pour l’expérience révolutionnaire qui se déroulait au Venezuela. Il y a une énorme curiosité pour ce pays dont on parle tant, pour son peuple et les différents aspects du processus de transformation sociale qu'il met en place. Nous avons alors décidé de créer Venesol, une plateforme composée d'organisations sociales belges, pour informer sur ce sujet le public francophone grâce à notre site sur internet. Nous avons commencé à organiser des événements, des ciné-forums, des débats et ainsi nous nous sommes rendus compte que finalement, nous n'étions pas seuls et que les gens ne croient pas si facilement que ça ce qu'on leur raconte. Notre expérience a commencé à avoir un écho dans d'autres pays d'Europe et nous avons constaté que là non plus nous n'étions pas seuls et, bien plus, de nouveaux acteurs ont surgi qui nous ont tendu la main pour travailler avec nous. En définitive, nous vivons un nouveau cycle, par conséquent, il était logique que nous créions le Réseau Européen de Solidarité avec la Révolution Bolivarienne. Cependant, beaucoup, pour des raisons personnelles, n'ont pas pu venir mais ont demandé à se joindre au Réseau. De plus, notre communiqué fondateur a été rendu public, le Président Nicolás Maduro en personne l'a vu et l'a publié sur son compte Twitter... et depuis, une avalanche de nouvelles adhésions nous est arrivée.
Nous avons vu que divers mouvements, collectifs, partis politiques, médias, analysaient, débattaient sur la situation au Venezuela et que dans des tables de travail, il y avait eu des propositions et des actions concrètes pour défendre la Révolution Bolivarienne.
Que va faire ce Réseau pour essayer de contrecarrer la campagne internationale contre l processus bolivarien ?
Le sentiment que je partage avec beaucoup de camarades du Réseau est la nécessité de passer à une action offensive parce que nous consacrons beaucoup de temps et d'énergie à l'action défensive, à essayer de rétablir la vérité. Il faut le faire mais il faut renverser la situation. Nous devons arriver à imposer nos contenus au camp adverse. Pour cette raison, quelques heures après notre constitution, la première action du Réseau Européen a été de faire une manifestation à Bruxelles, devant le siège d'Eurclear qui a bloqué 1 200 millions de dollars vénézuéliens. La journée a été réellement enrichissante et productive. Dans les tables de travail, il y a eu des débats, des échanges d'expériences et de grands apports avec un contenu riche ont été faits. Maintenant, notre travail consistera à synthétiser les propositions pour en extraire les lignes d'action conjointe et surtout constituer une organisation structurée pour pouvoir les mener à bien.
Nous vivons un blocus médiatique de la part des grands capitaux qui contrôlent la communication et manipulent l'information. Comment envisagez-vous de travailler sur cette ligne ? Comment avancer pour rompre ce cercle ?
Il est évident que nous devons ouvrir un grand front anti-impérialiste dans le domaine de la communication et pour concrétiser cette belle idée, il y a beaucoup de travail. Peut-être est-ce le meilleur projet pour le Réseau. Nous devons nous développer à partir de ce qui existe. Des groupes de militants qui traduisent tous les jours les articles en provenance des sources bolivariennes pour les plateformes de diffusion en Europe, en différentes langues. Rendre systématiques les ciné-forums, les débats publics, les tournées des dirigeants bolivariens, les brigades de solidarité avec le Venezuela, entre autres choses. Le paradoxe est que nos contenus de gauche circulent grâce à la technologie de droite. Nous devons essayer de convaincre la gauche et les mouvements sociaux qu'ils doivent s'approprier la communication et même la culture et l'art. Ce n'est pas une idée folle parce qu'avec les satellites de télécommunications, le commandant Chavez nous a appris qu'il y a aussi une souveraineté à exercer. Mais, peu à peu, on commence à voir le fragile visage de la paysanne, des membres des communes et du pouvoir populaire. Cette image vénézuélienne est forte parce que le citoyen s'identifie avec elle, c'est pourquoi ils essaient de la rendre invisible. C'est pourquoi nous devons continuer à travailler là-dessus, en construisant des messages avec des contenus basés que la réalité.
A partir de ce réseau, vous allez exiger la levé du blocus économique, financier et commercial contre le Venezuela et vous allez dénoncer l'intention d'intervenir dans ce pays souverain militairement grâce au « canal humanitaire » ?
Le grand potentiel de c eRéseau est son ordre du jour commun. Il y aura des campagnes en défense de la Révolution Bolivarienne qui comprendront les sujets dont vous parle il n'y a aucun doute là-dessus. Ces campagnes seront un succès dans la mesure où la partie structurelle, la coordination et l'organisation du Réseau se développent. Il faut s'armer de patience, travailler avec méthode et beaucoup anticiper. C'est ainsi que dans le passé, nous avons obtenu des victoires pour d'autres causes.
La conscience et la solidarité internationaliste sont vitales pour défendre la souveraineté et l'autodétermination des peuples. Quel appel lancez-vous à ce sujet et comment des groupes, des collectifs, des partis, des médias peuvent-ils se joindre à ce Réseau Européen de Solidarité avec la Révolution Bolivarienne ?
La Réseau n'est qu'un outil, puissions-nous le transformer rapidement en une machinerie puissante où chacun occupe un poste de combat ! C'est pourquoi nous devons en prendre soin et le garder éloignée des maladies qui pourraient le fragiliser. Son succès dépend de l'engagement sincère de chacun de nous, qui en faisons partie. Il dépend de notre créativité et de notre efficacité à influencer le réel. Celui qui n'a pas peur de travailler avec d'autres personnes qui n'ont pas le même fonctionnement cérébral, qui est prêt à accepter l'anonymat du collectif, qui a la force morale de stimuler des dynamiques et d'ajouter des forces... Qu'il soit le bienvenu. D’Europe, nous disons au peuple vénézuélien qu'il n'est pas seul, nous sommes un peu dispersés pour la moment mais nous savons comment nous lever et marcher ensemble parce que cette lutte es tune lutte commune... et le temps de la victoire viendra.
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