Venezuela : Bloomberg confirme les dénonciations du Gouvernement vénézuélien
Hier, le journal financier Bloomberg a confirmé que le colonel en fuite Oswaldo García Palomo, recherché par les autorités vénézuéliennes pour son implication dans la tentative d'assassinat du Président le 4 août dernier, cherche à « attirer des Gouvernements pour une option militaire. »
Selon le média, ces dernières semaines, il a lancé des appels aux militaires vénézuéliens pour qu'ils se soulèvent en s'attribuant la responsabilité du coup d'Etat manqué intitulé « Opération Constitution » destiné à enlever Maduro le 20 mai.
Ce plan a été coordonné à Bogotá et était connu des fonctionnaires colombiens et étasuniens, une chose que García Palomo ne nie pas et qui donne plus de poids aux dénonciations du Gouvernement vénézuélien concernant le lien de l'axe Bogotá-Miami avec la tentative d'assassinat du Président et d'autres conspirations.
García Palomo raconte que le plan de coup d'Etat a été déjoué par le Venezuela et consistait à asphyxier la capitale, occuper les routes, les aéroports, les centres de communication et à capturer des douzaines de hauts fonctionnaires du Gouvernement et de militaires.
Pour coordonner le plan, García Palomo a passé la frontière colombienne à pied et s'est rendu à Caracas pour une réunion dans un quartier de la classe haute dont il pense qu'elle a été infiltrée. Il a assuré qu'il a des contacts avec l'opposition vénézuélienne pour la consulter sur ses futurs plans.
Il a aussi remercié personnellement le Gouvernement de Juan Manuel Santos pour avoir permis que certains de ses camarades détenus soient amenés à la frontière avec le Venezuela pour coordonner les plans du coup d'Etat.
Ces révélations de García Palomo confirment que les conspirations pour changer de régime au Venezuela continuent sous les auspices de politiciens étasuniens comme Marco Rubio qui, en février de cette année, a dit que « le monde soutiendrait les Forces Armées du Venezuela si elles décidaient de protéger les gens et de rétablir la démocratie en éliminant un dictateur. »
Les confessions de García Palomo et l'ordre du jour mercenaire contre le Venezuela
« Le monde soutiendrait les Forces Armées du Venezuela si elles décidaient de protéger les gens et de rétablir la démocratie en éliminant un dictateur, » écrivait le sénateur Marco Rubio, le 9 février 2018.
8 jours auparavant, l'ex-secrétaire du Département d'Etat Rex Tillerson avait suggéré à l'Université d'Austin, Texas, que les militaires vénézuéliens pourraient prendre en charge la situation dans le pays.
« Dans l'histoire du Venezuela et, en fait, dans l'histoire des autres pays d'Amérique Latine et d'Amérique du Sud, les militaires sont souvent ceux qui s'en chargent. Quand les choses vont très mal et que les dirigeants militaires se rendent compte qu'ils ne peuvent plus servir le peuple, ils se chargent d'une transition pacifique, » a affirmé Tillerson, détendu, la veille de son départ pour l'Amérique Latine.
Ensuite, une fois de plus, les Etats-Unis ont démenti avoir eu connaissance d'un plan militaire pour renverser le Président Nicolás Maduro justement au moment du démantèlement de la cellule armée d'Óscar Pérez, basée sur des raisons politiques et religieuses évangéliques et soutenue par des porte-parole anti-chavistes de Miami et de Floride.
L'appel à un nouveau coup d’État
Mardi, à nouveau, Bloomberg a publié un reportage dans lequel l'ex-colonel Oswaldo García Palomo affirme chercher le soutien de « Gouvernements amis » pour un nouveau plan de coup d'Etat contre le Président Maduro. Depuis la tentative d'assassinat du Président, Miraflores avait prévenu que García Palomo poursuivait ses plans insurrectionnels après avoir participé à « l'Opération Constitution » et à la tentative d'assassinat du Président avec des drones chargés d'explosifs en août de cette année.
« Nos collègues, au Venezuela, doivent savoir que nous travaillons tous es jours à réunir des forces internationales et vénézuéliennes et à éliminer le Gouvernement par les armes pour éventuellement convoquer des élections comme Tillerson l'avait déclaré publiquement en février. A ce propos, García Palomo a reconnu avoir des contacts avec des dirigeants de l’opposition et une ligne de consultation concernant les prochains plans.
Selon le reportage signé par Andy Rosati et Ezra Fieser, l'ex-membre de la Garde Nationale Bolivarienne a décidé d'augmenter sa visibilité pour agiter l'opinion publique contre ce qu'il considère comme « une bande criminelle, pas un Gouvernement. » Sur une vidéo récente, García Palomo appelle instamment les membres des Forces Armées Nationales Bolivariennes à « prendre ses responsabilités envers leur famille, Dieu, le loi, leur pays et le reste du monde, » répétant le même diatribe politique et religieuse que l'ex-pilote Óscar Pérez avait utilisée pour appeler à renverser Maduro.
D'autre part, l'ex-colonel n'a pas nié être le lien entre les groupes dissidents au Venezuela et les Gouvernements de Colombie et des États-Unis comme l'avait dénoncé le Président Maduro lors d’une conférence de presse consacrée aux connexions internationales des individus impliqués dans l'assassinat raté du Président, en août dernier. L'ex-colonel en personne a même affirmé qu'il travaillait pour que des « Gouvernements amis » aident les putschistes à concrétiser leurs plans.
Vieilles et nouvelles conspirations avec connexions internationales
García Palomo a reconnu que ce qu'on appelle « l'Opération Constitution » a échoué parce que son groupe a été « infiltré » par les organismes de sécurité de l'Etat qui ont anticipé l'insurrection militaire. Cette opération consistait à assiéger Caracas, prendre les installations militaires et logistiques stratégiques comme les aéroports, les bases militaires et les ministères publics et arrêter Maduro et les hauts dirigeants civiques et militaires pour qu'ils soient jugés par des instances internationales à la veille des élections présidentielles du 20 mai.
Selon un reportage de Bloomberg, postérieur à la tentative d'assassinat du Président, le groupe de García Palomo a même rencontré en Colombie la cellule qui a tenté d'assassiner le Président Maduro avec 2 drones. Bien que l'ex-colonel le nie, les investigations des services de sécurité de l'Etat affirment qu'il était aussi impliqué dans ce plan.
Après cette tentative d'assassinat, Maduro a déclaré lors d’une conférence de presse en août que García Palomo « essayait encore de recruter des soldats pour ses aventures criminelles et fascistes, » en se rendant dans divers pays de al région. Selon le reportage, l'ex-colonel a même passé la frontière entre la Colombie et le Venezuela pour participer à la première opération ainsi que sa famille qui a quitté le pays avec l'aide du Gouvernement de l'ex-président Juan Manuel Santos.
Le rôle de la Colombie et des États-Unis, en plus d'être reconnu, est évident étant donné que García Palomo a organisé une grande partie de ses plans putschistes du pays voisin après avoir fui la justice qui le recherchait pour sa participation à l'attaque armée du Fort Paramacay, Valencia, réalisée par un groupe d'ex-militaires en relation avec l'ex-capitaine Juan Carlos Caguaripano et Óscar Pérez, ex-inspecteur du Corps d'Investigation Scientifique, Pénale et Criminelle.
La Floride, les groupes illégaux et les dénonciations du Venezuela
Depuis la fin des guarimbas en 2017, la place centrale de cellules armées paramilitaires et illégales destinées à jouer le rôle d'avant-garde dans le conflit contre le Gouvernement vénézuélien est de plus en plus évidente. Les déclarations de García Palomo et le démantèlement du groupe d' Óscar Pérez montrent que ces cellules sont intégrées par des militaires, des policiers, des délinquants de droit commun et des membres de ce qu'on appelle la « résistance » parmi lesquels se développe un discours fondamentaliste dans le domaine politique et religieux comme dans d'autres organisations terroristes mondiales employées pour attaquer des Etats qui s'opposent aux États-Unis. On pense aux « rebelles » syriens ou libyens avant qu'ils en fassent partie de Daesh.
Les appels constants de Marco Rubio à un coup d'Etat militaire comme le soutien de ces plans par la Maison Blanche mettent également en évidence le rôle fondamental que joue la Floride en tant que base financière, politique et opérationnelle de ces groupes qui, selon ce qu'on sait, ont reçu de l'argent de groupes anti-chavistes en exil pour développer leurs opérations dans le pays, surtout depuis l'échec retentissant du coup d'Etat de couleur en 2017.
Le Gouvernement vénézuélien, à plusieurs occasions, a dénoncé, en outre, le fait que ces groupes ont le soutien, en particulier, de la Colombie et des États-Unis qui protègent même García Palomo pour qu'il continue à chercher des individus qui adhèrent à leurs plans pour briser le fil constitutionnel au Venezuela. Mais face à l'arrivée du nouveau mandat de Maduro, l'organisation en cartels de ces groupes et des différentes factions anti-chavistes qui confluent en une mal nommée « Assemblée de transition » qui après un coup d'Etat organiserait de nouvelles élections devient évidente.
C'est pourquoi la mise en avant de l'image publique de García Palomo dans un journal financier comme Bloomberg montre plus que clairement qu'il cherche à insuffler l'idée qu'on se rapproche d'un dénouement imminent après une nouvelle tentative de coup d'Etat. Ce qui, parce que c'est rebattu et répété, est dangereux dans la situation actuelle u Venezuela où la voie de la force semble être la seule possibilité pour les agents de l’opposition du pays de prendre possession d'un Gouvernement qu'il leur est devenu difficile de reconquérir depuis 1998.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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