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Amérique Latine : Comment l'Amérique latine a-t-elle vécu cette année ?

4 Janvier 2019, 17:56pm

Publié par Bolivar Infos

Amérique Latine : Comment l'Amérique latine a-t-elle vécu cette année ?

 

L'AMÉRIQUE latine a connu ces dernières années une situation de glissement vers la droite avec la montée de certains gouvernements de cette orientation idéologique et des politiques néolibérales, dans des pays où les dirigeants populaires et de gauche avaient posé des jalons en matière d'inclusion sociale de leurs citoyens

 

Ana Laura Palomino García3 janvier 2019 16:01:54

 

L'AMÉRIQUE latine a connu ces dernières années – et celle qui s'est achevée ne fait pas exception à la règle – une situation de glissement vers la droite avec la montée de certains gouvernements de cette orientation idéologique et des politiques néolibérales, dans des pays où les dirigeants populaires et de gauche avaient posé des jalons en matière d'inclusion sociale de leurs citoyens.

 

À cet égard, le président cubain Miguel Diaz-Canel Bermudez, lors de la 24e Rencontre du Forum de Sao Paulo, tenue à La Havane le 17 juillet 2018, avait averti que « la gauche fait face au défi de sauver ce qui a été conquis, de mettre un frein au néolibéralisme qui s’abat sur nous pour tenter de balayer les conquêtes obtenues par nos peuples ».

 

Le président cubain a déclaré que l’on assiste à un retour de la Doctrine Monroe, invoquée pour imposer les mesures coercitives unilatérales injustes des États-Unis, et certains de leurs alliés se joignent à l'ingérence scandaleuse de l'Organisation des États américains (OEA) ; à la manipulation des consortiums de médias, de la presse privée, des réseaux sociaux dans le cadre de la guerre non conventionnelle, pour créer des états d'opinion semant la confusion et le découragement.

 

Dans ce contexte, les dirigeants de gauche eux-mêmes, évincés du pouvoir soit par des coups d'État parlementaires, soit par des élections, ont reconnu des erreurs de direction, notamment dans la formation d'une conscience sociale au sein de la population, afin d’éviter qu’elle ne se laisse berner par la carotte des promesses et de l’argent.

 

2018 a été une année qui marque un avant et un après dans le paysage politique latino-américain, et 2019 se doit d’être une année de réflexion et d'autocritique, menant à des plans d'action qui prennent en compte, avant tout, les citoyens.

 

Les leçons nous y obligent, car nul ne saurait oublier l'ascension néfaste de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil, ni les procès judiciaires – accompagnés de campagnes médiatiques truffées de mensonges – à l’encontre de dirigeants de gauche dans cette région.

 

La mort de Jakelin, la fillette maya guatémaltèque, à la frontière avec les États-Unis, où elle était arrivée en fuyant la faim et l'insécurité, ne peut pas non plus être effacée de nos esprits.

 

La question de la migration centraméricaine, rendue visible à la fin de l'année par la caravane de milliers de personnes qui sont arrivées à la frontière des États-Unis, est l'expression la plus palpable de l'absence de réponse aux problèmes qui accablent les peuples de Notre Amérique, marginalisés et pauvres, en raison des politiques de ces mêmes gouvernements de droite qui ont pris le pouvoir dans plusieurs pays de la région, et de l'arrogance avec laquelle les États-Unis traitent cette question, sans apporter aucune solution humaine.

 

LE BILAN

 

Cette région hétérogène, riche de culture et de traditions, unie par un passé de colonisation commune, a fait face durant ces 365 jours à une série de défis qui définiront les temps à venir.

 

Le chercheur espagnol David Redoli, dans son article « Los retos políticos de América Latina en el 2018 » (Les défis politiques de l’Amérique latine en 2018), paru dans le quotidien La Opinion, fait référence à un premier moment de défis dans les relations de l'Amérique latine avec les États-Unis, une puissance mondiale qui depuis de nombreuses années utilise les pays de la région comme une source de matières premières bon marché au service de son développement. Une véritable arrière-cour.

 

Contre Cuba, le président en place à la Maison-Blanche, Donald Trump, a durci le blocus économique et financier qui lui est imposé depuis six décennies et qui, en cette année qui vient de s’achever, a de nouveau été condamné par 189 pays, alors que deux seulement, les États-Unis et Israël, ont voté contre la résolution cubaine.

 

Le Venezuela continue d'être la cible de ce même empire, y compris avec des menaces directes d'utiliser n'importe quelle variante, dont la voie militaire, pour renverser le gouvernement bolivarien.

 

Le Nicaragua a également fait l’objet de manœuvres de déstabilisation, avec les mêmes armes que celles utilisées contre Caracas, ainsi que de révoltes financées par Washington et sous les auspices de l'OEA, qui ont causé des dizaines de morts et des millions de dollars de pertes économiques à ce pays.

 

L'autre défi qui est sans aucun doute le plus grand et qui a historiquement affecté l'avenir de l'Amérique latine est l'inégalité et l'insécurité qui ont caractérisé de nombreux pays de la région, dont certains sont considérés parmi les plus violents du monde, comme le Honduras et le Mexique.

 

La terrible réalité s'exprime dans des données telles que le fait que notre région, avec seulement 8% de la population mondiale, est le théâtre de 33% des meurtres commis dans le monde.

 

Un autre aspect d'importance cruciale, qui est aussi l'un des plus grands problèmes au niveau planétaire, a été soulevé par Alicia Barcena, Secrétaire exécutive de la CEPAL, lors d'une conférence au Maroc :

 

« La pauvreté est une réalité. Elle est plus aiguë dans les zones rurales, où la proportion de la population confrontée à ce fléau a augmenté au cours des dernières décennies jusqu’à atteindre des niveaux critiques. »

 

Mais non seulement les faibles revenus et le manque de ressources dans les zones reculées constituent un grave problème de nos jours. Selon le Bilan préliminaire des économies d'Amérique latine et des Caraïbes, présenté par la CEPAL, le nombre de chômeurs urbains a continué à augmenter jusqu’à toucher 22,9 millions de personnes.

 

On ne saurait boucler une année dans une zone géographique de la planète sans mentionner la protection de l'environnement et l'impact du changement climatique comme un enjeu vital en 2018 et dans les années à venir. Il est nécessaire et urgent que 2019 inscrive dans ses objectifs, dans les agendas des gouvernements, la sauvegarde des espaces naturels, l'utilisation des énergies renouvelables et la valorisation de l'eau comme ressource essentielle à la vie.

 

Il est vrai que l'Amérique latine et les Caraïbes ont connu en 2018 un basculement vers la droite. Mais j'aimerais emprunter la phrase de ce grand chanteur latino-américain, Fito Paez, pour rappeler que « tout n'est pas perdu, je viens offrir mon cœur ». Et les battements passent par la volonté d'intégration qui animera l'Amérique latine et les Caraïbes, parce qu'au milieu de toutes les difficultés, la région exhibe encore des acquis qu’elle se doit de défendre, comme il a été rappelé au 16e Sommet ALBA-TCP récemment conclu à La Havane, qui a ratifié la revendication de la Grande Patrie de rester unis « pour continuer à forger notre seconde et définitive indépendance », comme l’a souligné le président cubain.

 

Les Caraïbes ont également été témoins de cette richesse, un exemple qui prouve que peu importe la taille de la population, lorsqu'elle s'identifie par ses traditions de lutte et défend une communauté d'intérêts. Ralph Gonzalves, lors de ce Sommet, tenu le 14 décembre, date à laquelle Fidel et Chavez avaient donné naissance à ce sentiment intégrationniste, a exprimé que « sans l’ALBA-TCP, l'empire aurait déjà envahi le Venezuela ».

 

Ces mêmes sentiments ont été manifestés au Mexique lorsque ce pays a élu Andrés Manuel Lopez Obrador à la présidence, un espoir pour ce grand pays et aussi pour l'Amérique latine et les Caraïbes.

 

Au cours de l'année qui vient de s’achever, les revendications légitimes des pays des Caraïbes en faveur d'un traitement équitable et différencié dans l'accès au commerce et à l'investissement, et leur juste demande d'indemnisation pour les horreurs de l'esclavage et de la traite, demeurent une dette. De même, le refus des États membres de la Caricom d'être inclus dans les listes unilatérales de juridictions supposées non coopératives établies par les centres du capital financier international est pleinement légitime.

 

Comme le signalait le Héros national cubaine José Marti : « C’est l’heure du dénombrement et de la marche unie, et nous devons aller en carré serré, comme l’argent à la racine des Andes ». C’est le seul moyen de résister à un empire aux ambitions démesurées qui depuis plus de 200 ans, est prêt à fondre sur notre région.

 

http://fr.granma.cu/mundo/2019-01-03/comment-lamerique-latine-a-t-elle-vecu-cette-annee