Venezuela : La haine du Venezuela Bolivarien unit Macri et Bolsonaro
Le président Mauricio Macri et son homologue brésilien Jair Bolsonaro ont tenu aujourd'hui leur première réunion bilatérale et ont été d'accord pour pointer du doigt le Gouvernement de Nicolás Maduro : « Nous partageons l'inquiétude à cause du Venezuela et nous ratifions la condamnation de la dictature. Maduro est un dictateur qui cherche à rester au pouvoir grâce à des élections fictives, » a dit Macri au terme de cette rencontre.
Cette rencontre a eu lieu au Palais du Planalto 2 semaines après l'investiture de Bolsonaro. Les 2 présidents ont passé en revue un ordre du jour qui inclut les délicates relations commerciales, les politiques de sécurité et la position envers le Venezuela.
Macri a qualifié les relations avec le Brésil de « relation stratégique » bien qu'il ait admis la nécessité de « moderniser le MERCOSUR pour qu'il s'adapte au défi du XXI° siècle. » Et il a ajouté : « Je suis convaincu que le commerce stimule le développement, c'est pourquoi il est important d'assouplir les négociations extérieures en cours. »
Après avoir exalté les accords pour « combattre le trafic de drogues, le crime organisé et la blanchiment d'argent, » et inclure dans l'ordre du jour bilatéral « la transparence et la lutte contre la corruption, » Macri s'est concentré sur le Venezuela : « Nous ratifions la condamnation de la dictature, » a-t-il souligné.
Pour sa part, Bolsonaro a qualifié « d'exemple » la position des 2 pays sur le Gouvernement de Nicolás Maduro. « Le Brésil et l'Argentine ont un ordre du jour très riche, nous constatons notre convergence de positions et notre identité de valeurs dans la défense de la démocratie et de la liberté dans la région, » a-t-il noté.
Le dirigeant d'extrême-droite accompagné son diagnostic fait d'éloge concernant les politiques de Cambiemos : « Nous suivons avec intérêt et admiration les efforts de Macri pour relever l'économie argentine et l'intégrer dans le onde. Sous son Gouvernement, l'Argentine a donné plus d'efficacité à l’administration publique et a affronté des défis dans le domaine de la sécurité. » Pendant ces dernières heures, le Président a assoupli la possession d'armes à feu par des civils.
Le vieux débat commercial
Les relations commerciales dans l'état actuel du MERCOSUR, en particulier dans ses limites en tant que bloc commun pour négocier avec des pays extérieurs à l'Association Latino-américaine d'Intégration (ALADI), composé par la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l'Equateur, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, l'Uruguay, le Venezuela, Cuba et le Panamá, a été l'un des axes de ce premier rapprochement entre les présidents. Ni l’Union Européenne ni la Grande Bretagne ni Singapour ni la Chine (qui est le premier investisseur étranger au Brésil) n'apparaissent dans ces extensions de négociations de libre commerce que le Gouvernement de Cambiemos veut seller avec plus d'intérêt que celui manifesté par Itamaraty il y a 5 ans.
La sortie pour d'éventuels « changements » serait un « perfectionnement » des mécanismes du MERCOSUR. Une libération virtuelle des marges de négociation avec les pays étrangers grâce à l'abrogation ou à la réforme de la résolution 32 de l'an 2000 qui fixe les restrictions.
Le « MERCOSUR du XXI° siècle » serait l'expression employée pour envisager une zone douanière avec de larges marges de négociation mais avec une relation commerciale entre Argentina et le Brésil qui, grâce à la dévaluation abrupte du peso par rapport au dollar, a enregistré en novembre son troisième mois consécutif avec un excédent commercial sur l'économie de l'Amazonie et ce mois a eu le plus fort excédent depuis juin 2014. Ce chiffre, compris dans le rapport d'Echange Commercial Argentin (ICA) de l'INDEC, a donné au Président une perspective positive 10 jours avant l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro. Au Ministère des Finances, on attend que ces chiffres soient ratifiés par les mesures qui seront connues lundi prochain.
Si le prochain rapport confirme cette tendance, Macri aura par rapport au Brésil l'excédent commercial qu'il aurait voulu avoir dès son arrivée au pouvoir et non pendant sa dernière année de mandat. Pour Bolsonaro, c'est un chiffre rouge au début d'un Gouvernement qui n'a pas encore organisé d'élections : tout le contraire de ce qu'a subi son homologue argentin qui a traversé 6 mois d’élections provinciales avec d'éventuelles défaites consécutives jusqu'aux PASO nationaux d'août.
La droite régionale
D'une façon presque inédite dans l'histoire de la région, les 2 principaux partenaires du MERCOSUR sont gouvernés par 2 aspects de la droite régionale : au Brésil, avec avec nouvelle expérience qui concrétise le poids des Forces Armées dans la vie civile et un programme économique de réformes libérales drastiques et politiques, peut-être même plus aiguës que celles qui sont vécues au Chili. En Argentine, avec un projet destiné à surmonter le bi-partisme commun grâce à un candidat de l'establishment qui, après 3 ans de gouvernement, affronte les coûts négatifs d'une politique économique qui se caractérise par la dette extérieure, la récession, le chômage et une dévaluation de la monnaie qui lui permet de respirer provisoirement face à la marge d'action du Brésil. Pour la revalidation de ses titres en octobre prochain, Macri cherchera à capitaliser les qualités d'ordre et de sécurité que Bolsonaro a brandies mais comme substitut d'un débat économique qui pourrait l'amener au déclin.
Dans la porosité des droites des 2pays se meuvent les pions de Macri et de son nouvel homologue brésilien. Le magnat argentin a un désavantage dans la politique domestique de l'Amazonie que l'ex-capitaine connaît en détails : la bonne relation et l’admiration que Macri voue au médecin membre de l' Opus Dei, Geraldo Alckmin, 4 fois gouverneur de l'état de San Pablo et 2 fois candidat à la présidence pour le Parti Social Démocrate du Brésil, (PSDB). En 2006, il avait été second derrière le PT d'Inacio Lula Da Silva avec 41% des voix. En octobre dernier, sa seconde candidature aux élections présidentielles en 12 ans, n'a pas atteint le second tout et est arrivée 4° avec 4,76% des suffrages.
L'évolution d'Alckmin aux élections symbolise la défaite du miroir que Macri a toujours regardé au Brésil. Son identification l'a laissé au bord d'un faux pas diplomatique inattendu à la mi-septembre 2017, quand il a reçu à la Maison Rose le maire de San Pablo, Joao Doria, héritier politique d'Alckmin. Le soutien a été dilué dans la dernière campagne électorale mais Macri a été à un pas de répéter l'erreur qu'il a commise avec les dernières élections présidentielles nord-américaines lors desquelles il a soutenu Hillary Clinton qui a été battue par Trump. Dans le cas du Brésil, il y aune nuance parce qu'au second tour, le PSDB a appelé à voter pour Bolsonaro.
Mais même ainsi, le miroir électoral pauliste dans lequel Macri s'est regardé pendant les 15 dernières années, s'est brisé en octobre avec l'irruption de l'ex-capitaine d'extrême-droite qui a gagné les élections présidentielles grâce à une campagne basée sur des fake news et des messages de Whatsapp. Au rendez-vous de ce mercredi, Macri espère confirmer dans les faits les signes précurseurs qu'ont entendu ses gouverneurs de confiance : sur la table, il y aurait moins de coïncidences en matière commerciale que sur des questions comme le Venezuela.
A la différence de Buenos Aires, Brasilia affronte la « phase la plus proche » de l'exode migratoire vénézuélien sur une frontière aussi chaude que celle qu'il partage avec la Colombie. Ce n'est pas le cas de l'Argentine : aussi ben les diplomates de Buenos Aires que les diplomates nord-américains le disent « bénéficiaire d'une immigration de meilleure qualité que l'exode frontalier que reçoit le Brésil. »
A cette partie dans laquelle de multiples cartes sont en jeu, Macri est arrivé flanqué de Faurie, Pompeo et des ministres des Finances, Nicolás Dujovne, de la Justice, Germán Garavano, de la Sécurité, Patricia Bullrich, de la Défense, Oscar Aguad et des principaux spécialistes de l'économie et des industries de la Maison Rose sur le Brésil et la China comme le ministre de la Production et du Travail, Dante Sica.
La gestion de Cambiemos a des relations qui se développent avec le naissant cabinet de Bolsonaro. Garavano, par exemple, a des relations de confiance avec son nouvel homologue brésilien, l'ex-juge Sergio Moro qui a bâti sa carrière sur l'enquête du scandale Lava Jato et sur l'emprisonnement de Lula, le seul candidat qui aurait pu battre Bolsonaro en octobre.
Depuis lundi, la communication officielle du Brésil est aux mains du général d'Armée Otávio Santana do Rego Barros, nommé porte-parole de la Présidence. Ce militaire s'ajoute aux 5 officiers des Forces Armées qui occupent des ministères dans un cabinet qui en compte 22.
Une partie de cet ensemble a reçu Bullrich et Aguad. Tous 2 ont passé en revue un ordre du jour de coopération militaire et policier conçu par les Etats-Unis et Israël, 2 alliés importants pour Cambiemos qui observent à présent Bolsonaro avec les mêmes attentes qu'ils ont eues envers Macri avant la crise économique qui a mis en échec la seconde moitié de son mandat.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
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