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Bolivie : Les Etats-Unis interviendront-ils dans les élections ?

2 Avril 2019, 15:48pm

Publié par Bolivar Infos

 

Sans qu'ils aient la même ampleur que les actions déployées contre les révolutions vénézuélienne et nicaraguayenne, et surtout contre la révolution vénézuélienne, les Etats-Unis ont envoyé des signaux clairs au président Evo Morales, par diverses voies, pour qu'il ne se présente pas aux élections générales de cette année.

 

Les messages étasuniens ne sont pas surprenants. Ils font partie de l'offensive impériale et conservatrice contre les processus et les Gouvernements révolutionnaires et progressistes d'Amérique Latine destinée à ce que le monde ne perde pas son caractère unipolaire. La stratégie de « l'Amérique d'abord » développée par le Gouvernement Trump n'est pas incompatible avec sa « mission » presque messianique, d'être le leader qui modèle et régule le mouvement des planètes, encore moins au moment où la Chine et la Russie compliquent le tableau géopolitique.

 

Nul besoin d'en appeler aux sciences occultes ni de connaître très bien l'histoire de l'Amérique Latine qui n'est rien d'autre que l'histoire des interventions des Etats-Unis dans les affaires intérieures des pays pour être sûrs qu' Evo Morales est aussi dans la ligne de mire de Washington. La stabilité obtenue par le gouvernement bolivien et le fait qu'Evo Morales condamne sans arrêt les actions étasuniennes sont un mauvais exemple que l'impérialisme ne peut tolérer.

 

L'ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la Bolivie est loin d'être nouvelle. Il suffit de mentionner l'ingérence ouverte de l'ambassadeur Manuel Rocha dans les élections de 2002, quand il appelait à ne pas voter Evo Morales pour ne pas mettre en danger l'assistance que fournissait l'USAID au pays pour son développement ou les envois d'argent de la communauté bolivienne. On se souvient aussi des réunions de Philip Golberg avec l'opposition bolivienne qui organisait, en 2008, des actions antidémocratiques ou des tâches de renseignement réalisées par la DEA. La réponse de la Bolivie a été l'expulsion de l'ambassadeur des Etats-Unis et de l'organisme anti-drogues.

 

Par conséquent, il serait tout à fait naïf que le gouvernement et les mouvements sociaux ne tiennent pas compte de l’histoire passée et présente des Etats-Unis et ne se préparent pas à affronter les plans qui sont certainement planifiés pour être exécutés au bon moment et cela aurait des conséquences très graves pour la Bolivie et pour le Processus de Changement.

 

C'est vrai, comme le disent les stratèges des Etats-Unis, la priorité, c'est le Venezuela, le Nicaragua et Cuba qu'ils considèrent comme les pays de « l'axe du mal. » Mais il est également certain que les Etats-Unis n'ont jamais toléré le moindre Gouvernement réformiste dans la région.

 

Les appels désespérés de la droite bolivienne, comme ceux de Carlos Mesa, d'Oscar Ortiz et de l'agent du Département d'Etat Jorge Quiroga, à ce que l'OEA – lisez « les Etats-Unis » - applique la Charte Démocratique Inter-américaine à la Bolivie ou à ce que la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme refuse de dire si la réélection est ou non un Droit de l'homme montre qu'on cherche à obtenir « de l'extérieur » aux élections générales ce qu'on n'a pas pu obtenir « de l'intérieur. »

 

Cet appel de l’opposition prend plus de corps au moment où Evo Morales est tout près de passer la barre des permanente de 51% d'intentions de vote ou dans le pire des cas d'avoir plus de 10 points de différence avec le second.

 

Voyons donc les faits qui font penser que les Etats-Unis s’immisceront dans les affaires intérieures de la Bolivie en vue des prochaines élections :

 

Le 30 novembre 2017, un communiqué officiel du Département d'Etat des Etats-Unis « appelait instamment » le président Morales à respecter le referendum du 21 février 2016 et à ne pas présenter sa candidature aux élections de 2019 pour l'élection du président pour la période 2020-2025.

 

« Le peuple de Bolivia a parlé clairement. Les Etats-Unis le soutiennent et appellent instamment à respecter le résultat de ce referendum, » dit textuellement le communiqué du Gouvernement étasunien en condamnant la sentence du Tribunal Constitutionnel Plurinational du de novembre 2017 qui autorise toutes les autorités élues – y compris Evo Morales et Álvaro García Linera – à se présenter aux élections nationales et sous-nationales.

 

Un autre communiqué a aussi été émis par le Gouvernement étasunien le 17 décembre 2018, un mois et 10 jours avant les élections primaires qui ont légitimé les binômes présidentiels présentés par les organisations politiques et auxquelles le MAS a obtenu un fort soutien de ses militants pour la formule Evo Morales-Álvaro García Linera. Ces 2 paragraphes du communiqué sont très clairs :

 

« Les Etats-Unis se joignent à l'Union Européenne pour souligner que les menaces contre les juges du Tribunal Suprême Electoral ne sont pas propices à la création des conditions nécessaires à la célébration d'élections libres et justes en 2019. »

 

« Le respect de l'indépendance du Pouvoir Judiciaire, le pluralisme politique et la liberté d'expression sont des droits fondamentaux et des piliers essentiels de la démocratie et de l'Etat de Droit. »

 

Mais ce n'est pas tout. Les actions contre la Bolivie ne viennent pas seulement de la Maison Blanche mais aussi du Congrès des Etats-Unis :

 

La congressiste étasunienne d'origine cubaine appartenant à la ligne dure contre les Gouvernements de gauche, Ileana Ros-Lehtinen, a déclaré au président Trump lors d'une session du Congrès : « Le peuple bolivien a besoin de notre aide, monsieur le Président, et nous devons commencer à nous occuper de ce qui se passe là, dans notre hémisphère. »

 

Mais la résolution législative dans laquelle 3 congressistes d'une commission bipartite déclaraient : « La Bolivie s'achemine vers une direction très dangereuse en s'alignant sur des régies illégitimes et illégaux comme celui de (Nicolás) Maduro au Venezuela. Il est important que toutes les parties respectent la Constitution de la Bolivie qui comprend des limitations aux mandats » est encore plus significative. Dirigée par le député démocrate Bob Menéndez, elle demande aux démocraties latino-américaines, dont la Bolivie,de respecter « les transferts pacifiques pacifiques et légales du pouvoir grâce aux élections. »

 

« Nous devons avoir un point de vue clair et cohérent contre tout dirigeant élu qui cherche à élargir son contrôle sur le pouvoir en ne respectant pas la propre Constitution de son pays, » a souligné Menéndez, le membre démocrate de plus haut rang du Comité des Relations Internationales du Sénat des Etats-Unis.

 

Enfin, les Etats-Unis n'arrêtent pas de s'immiscer dans les affaires intérieures de la Bolivie. Qu'ils le fassent plus ou moins dépend de certains facteurs de politique intérieure et extérieure parmi lesquels l'évolution de la situation au Venezuela.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

http://www.cubadebate.cu/opinion/2019/04/02/eeuu-intervendra-en-las-elecciones-bolivianas/#.XKMH7i3pMRE

URL de cet article : 

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/04/bolivie-les-etats-unis-interviendront-ils-dans-les-elections.html