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Cuba Venezuela : Une guerre sale au nom des « Droits de l'Homme »

18 Mai 2019, 15:40pm

Publié par Bolivar Infos

 

Par Geraldina Colotti

La photo est de elles qui provoquent la compassion et l'indignation. Elle montre une femme brisée sur une chaise. Le téléphone sur la table avec les lunettes indique qu'elle vient de recevoir des nouvelles catastrophiques qui l'ont détruite. De plus, on voit un petit autel avec la photo d'un jeune, comme celles que montrent les mères des disparus au Mexique ou en Europe sur les routes qui coûtent la vie aux jeunes à cause de la grande vitesse.

 

Dans ce cas, cependant, la scène indique qu'il s'agit du Venezuela, représenté par un drapeau à 7 étoiles et non 8, celui qu’exhibe l'opposition vénézuélienne. Le titre, en majuscules, ôte tout doute sur la soi-disant « impartialité » de l’organisation : « Venezuela: les crimes contre l'Humanité demandent une forte réponse de la justice internationale. »

 

La directrice pour les Amériques, Erika Guevara Rojas, n'a jamais laissé passer l'occasion d'attaquer le Gouvernement bolivarien en utilisant les puissants outils à sa disposition. Maintenant, elle renouvelle son attaque dans le rapport « Faim de justice : crimes contre l'humanité au Venezuela » construit autour des événements survenus dans le pays depuis janvier 2019. Même pas une petite responsabilité pour les tentatives de déstabilisation réalisées par les putschistes vénézuéliens mais la dénonciation d'une « politique systématique de répression contre les gens de l’opposition ou perçus comme tels simplement parce qu'ils protestent. »

 

Une confirmation de plus du rôle des grandes agences humanitaires dans la construction d'une opinion publique internationale favorable aux intérêts de ceux qui, en dernier recours, financent directement ou indirectement : l'impérialisme nord-américain. Un conte qui, étant donné qu'il est basé sur la rhétorique de la victimisation et pas sur le coût inévitable de la lutte des classes dans un monde d'inégalités, ne voit des failles que d'un côté. Et ainsi, les survivants et les familles des victimes de la violence fasciste au Venezuela (las guarimbas) ne figurent dans aucune section de ces « organismes des Droits de l'Homme. »

 

La chute de l’Union Soviétique a certainement augmenté le poids des grandes agences humanitaires d'une façon directement proportionnelle à la perte de l'hégémonie de la gauche en Europe à cause du changement de tendance vers la modération des partis communistes et socialistes. Cependant, les agences de sécurité des Etats-Unis ont travaillé pendant longtemps à la construction de mécanismes de consensus pour construire une opinion publique en faveur du gouvernement capitaliste qui prévaut actuellement dans le monde.

 

Les guerres de 4° et de 5° génération menées par l'impérialisme contre les peuples qui, comme Cuba ou le Venezuela, essaient de trouver leur propre voie, ont aussi un fort caractère culturel. José Martí disait : « La guerre la plus importante qui nous est faite est au niveau de la pensée et c'est précisément au niveau de la pensée que nous devons la gagner. »

 

« La guerre qu'on nous fait » est le titre d'un livre de Raúl Capote, un écrivain et un enseignant cubain qui s'est infiltré à a CIA pour défendre son pays, aujourd'hui rédacteur en chef de Granma International. Après avoir raconté son expérience dans plusieurs livres, là, il explique dans une perspective historique et d'un point de vue marxiste solide comment on organise la guerre culturelle contre Cuba. Les Etats-Unis ont commencé par travailler sur les mécanismes de construction de consensus après la Seconde Guerre Mondiale. La CIA s'est approprié les armes d'espionnage des nazis vaincus par l'Armée Rouge soviétique. Ils ont créé un front idéologique à long terme en concevant la culture comme un scénario de guerre psychologique destinée à conditionner les mentalités et les volontés.

 

Le projet a débuté par l'Opération Okopera dont la première tâche était de détruire a sympathie pour l'idéal communiste et de diffuser la culture et le style de vie de l'Amérique du Nord dans toute l'Europe. Le Congrès pour la Liberté et la Culture (CLC) a été le principal outil de cette opération, construit grâce à une organisation qui avait son siège à Paris avec le soutien des services secrets français et anglais. Il a eu des bureaux dans 35 pays, organisé des événements internationaux et des conférences avec de prestigieux intellectuels (conscients ou inconscients) et a fini par contrôler toute l'industrie culturelle occidentale.

 

Une machine qui a été peaufinée au cours du temps par des équipes multidisciplinaires qui englobaient toutes les manifestations artistiques en créant des organisations et des projets dans ce but. Aujourd'hui, le CLC n’existe plus mais la CIA n'a pas abandonné sa mission et l'objectif central continue à être le même : détruire le socialisme sous toutes ses formes en manipulant les consciences.

 

Cuba est toujours dans la ligne de mire. Le Venezuela devient l’objectif parce qu'il est « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis. » La menace des chemises rouges, utilisées par les jeunes qui pensent et se perçoivent comme les constructeurs d'un monde différent et non comme l'homo frivolus: « sans valeurs, inculte et banal, rebelle sans cause, esclave du marché, absolument irresponsable. » Un type humain construit par l'industrie culturelle de façon persuasive et généralisée : « La vengeance des imbéciles encouragés par le capitalisme – écrit Capote – est rendue légitime par l'industrie des relations publiques, par les campagnes de propagande intense, par la construction d'icônes et par l’ingénierie du consensus, le marché, la religion du marché et un égoïsme féroce. » Des campagnes de propagande menées à bien avec beaucoup de dollars également par la grande industrie de l'humanitaire qui inverse les symboles, détruit les images, les Gouvernements et les idéaux en utilisant la rhétorique des « Droits de l'Homme. »

 

Une guerre culturelle qui prépare des guerres d'une nouvelle sorte. Il faut une imagination perverse pour prétendre que les médecins cubains qui se rendent dans toutes les parties du monde sans imposer de « plans d’ajustement structurel » comme le fait le Fonds Monétaire International sont « transformés en esclaves » par leur propre Gouvernement. Mais ça fonctionne. L’argument profite de l'homo frivolus occidental en le préparant à défendre les « Droits de l'Homme » de ces médecins qui, séduits par les sirènes du capitalisme, trahissent leurs idéaux : ainsi, il est prêt à accepter que le grand cirque du l'humanitaire dénonce Raúl Castro et le président de Cuba Díaz-Canel devant la Cour Pénale Internationale. 

 

Qualifier de « dictature » la démocratie participative vénézuélienne qui, en 20 ans, a organisé 25 élections, est un mensonge éhonté. Cependant, il fonctionne si les organisations « humanitaires » estampillées comme impartiales le diffusent. Le même schéma est appliqué au Nicaragua dans le même but : préparer « une forte réponse » de l'impérialisme qui, comme nous l'avons vu lors de l'invasion de l'ambassade du Venezuela à Washington, peut se permettre de fouler aux pieds le Droit International sans problème.

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol : 

http://www.resumenlatinoamericano.org/2019/05/17/contra-cuba-y-venezuela-guerra-sucia-en-nombre-de-los-derechos-humanos/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2019/05/cuba-venezuela-une-guerre-sale-au-nom-des-droits-de-l-homme.html