Venezuela : Des dirigeants de l'opposition parient sur le dialogue
Des dirigeants politiques de l'opposition sont d'accord sur la nécessité d'un dialogue avec le Gouvernement du président Nicolás Maduro. Un dialogue qui « sache tisser, qui sache broder et qui mette la table dans son lieu saint, » à en juger par les déclarations de 3 dirigeants politiques de l'opposition interviewés par Últimas Noticias.
A propos de ce processus de dialogue Gouvernement- opposition, le 17 mai dernier ont eu lieu des « contacts préliminaires » à Oslo, sou se patronage du Gouvernement de la Norvège. Ces rencontres sont destinées à trouver « une solution sensée et constitutionnelle qui comprenne les problèmes politiques, économiques et électoraux, » selon la Norvège. Ces contacts ont eu lieu 17 jours après l'échec de la tentative de coup d'Etat destiné à renverser Maduro qui a eu pour épicentre l'Echangeur Altamira, en face de la Base Aérienne Francisco de Miranda, où s'étaient postés entre autres Leopoldo López et Juan Guaidó, les dirigeants de Volonté Populaire.
Suite à ces premiers contacts, le pays hôte a annoncé que des représentants du Gouvernement du président Maduro et de l'opposition dirigée par Guaidó reviendraient à Oslo du 25 au 28 mai. La Norvège a demandé aux parties « la plus grande prudence » au moment de donner publiquement des informations sur cette initiative.
Les parties ont interprété ce rapprochement initial de diverses façons. Par exemple, Guaidó l'a décrit comme « une rencontre de médiation » qui s'est achevée « sans accord. » Le député d’opposition William Dávila a qualifié cet événement de « conversations que les Norvégiens ont eues séparément. » Maduro a baptisé ce fait « dialogues pour la paix et la stabilité du Venezuela » dont le but est « d'avancer dans la construction de bons accords. » Le chancelier Jorge Arreaza a parlé' « d'importantes journées de travail. »
Les Etats-Unis n'ont pas fait l'éloge des dialogues d'Oslo « parce que le régime les a utilisés pour diviser l'opposition et gagner du temps, » selon un communiqué du Département d'Etat. Jusqu'à présent, aucune date n'a été fixée pour un nouveau rendez-vous.
En d'autres termes...
« Il y a ceux qui disent que c'est le Gouvernement qui répond au téléphone à Miraflores. Maduro est à Miraflores et je souhaiterais qu'il parte de Miraflores le plus rapidement possible mais par la voie la plus démocratique possible, » a déclaré Eduardo Fernández.
« Si c'est avec Maduro, nous ne pouvons rien négocier, a l'habitude de dire l'opposition. Par contre, il y a ceux qui disent que oui, c'est aussi avec Maduro. Maduro est à la présidence bien que je souhaite qu'il s'en aille, » a déclaré Enrique Ochoa Antich.
« La crise humanitaire doit cesser d'être utilisée comme un élément de propagande et d'activisme politique, » déclare Henri Falcón.
Henry Falcón: « Il faut laisser de côté le radicalisme. »
Henry Falcón, du parti Avancée Progressiste (AP), déclare que la situation du pays est critique au point que « la gouvernabilité, la légitimité de l'origine et de l'exercice du gouvernement se sont perdues. » C'est pourquoi il soutient que, tant qu'on aura une vision déformée de la réalité, faussée par les intérêts partisans et les différences idéologiques, il sera « très difficile d'arriver à un accord. »
Conscient de cet imbroglio, l'ex-candidat à la présidence a appelé « à laisser de côté l'affrontement et la haine qui ont divisé le Venezuela pendant 20 ans. Son appel se fixe sur la « situation terrible » que subit le peuple vénézuélien à cause de la baisse du pouvoir d'achat, selon son analyse. Falcón suggère pour les prochaines rondes de dialogue une méthodologie qui parte d'une « analyse sincère de la crise, de ses scénarios éventuels, une discussion sur les issues et les solutions des problèmes. » Le dirigeant d'AP et ex-gouverneur de Lara essaie de créer une ambiance de dialogue en tenant compte qu'il « faut laisser de côté le radicalisme » parce que « penser aux gens, au peuple qui meurt de faim est une priorité pour trouver des solutions à leurs principaux problèmes. »
Enrique Ochoa Antich: : « Il faut des accords partiaux »
Enrique Ochoa Antich, affilié au groupe « Alliance pour le Referendum Consultatif » pense que toute tentative de dialogue doit être saluée parce qu'à la longue, cela aidera à résoudre les problèmes économiques et sociaux mais il prévient les participants au dialogue et les hôtes de ces rencontres que c'est un long processus.
Ce ne sont pas des choses qui se font du jour au lendemain. « Les dialogues de 15 jours ne fonctionnent pas, » déclare Ochoa Antich qui rappelle que le dialogue « le plus réussi » de l'histoire de l'humanité est celui qui s'est déroulé en Afrique du Sud et que même cleui-là a pris 5 ans. « Je ne vais pas dire qu'ici il sera aussi long parce qu'il y a une accumulation d'années et beaucoup de travail qui a été fait, » précise-t-il. Le dirigeant politique ne croit pas à cette méthode : s'asseoir à une table et ne pas en partir avant qu'un accord ait été trouvé sur tous les points. « On ne peut pas tout faire à la fois. Dans le cas du Venezuela, il faut que ce soient des négociations partielles destinées à résoudre des problèmes, » explique-t-il. De cette façon, Ochoa Antich suggère que la priorité doit être le problème économique et social, obtenir la levée de certaines sanctions imposées par les Etats-Unis et la désignation d'un nouveau Conseil National Electoral pour rendre à nouveau légitimes toutes les charges d'élection populaire.
Eduardo Fernández: « Nous n'avons pas eu de dialogue sérieux »
Eduardo Fernández a engagé la conversation en faisant une distinction entre les pays civilisés et les pays primitifs : « Dans les pays civilisés, on dialogue, dans les pays primitifs, on fait appel à la force, à la violence, » a dit l'ex-candidat du parti COPEI aux élections présidentielles de 1988. Fernández souhaite que le Venezuela laisse derrière lui « ces pratiques primitives » qui l'ont caractérisé pendant les 200 ans qui ont suivi son indépendance au cours desquels les coups d'Etat, les guerres civiles et les rébellions ont prévalu.
Le dirigeant politique pense que le dialogue est le bon moyen pour résoudre les problèmes mais il affirme que « nous n'avons pas eu de dialogue sérieux parce que ce qu'on a fait, c'est monter des spectacles transmis par la télévision. » L'ex-parlementaire voit 3 points dans le dialogue au Venezuela : premièrement, « s'occuper de la crise humanitaire, économique et sociale... Une assistance de masse grâce à la Croix Rouge ou à l’organisation Cáritas. » Deuxièmement, l'adoption d'une voie électorale « pour résoudre la crise politique. » Et le troisième point comporte 2 aspects : « les conditions pour aller vers des élections sérieuses et faibles avec un CNE qui fasse l'unanimité et des observateurs internationaux et un calendrier pour ces élections. »
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Source en espagnol :
URL de cet article :