Venezuela : Le Gouvernement argentin engage une opération de pillage des biens de PDVSA en Argentine
Le 23 mars dernier, plusieurs instances du Gouvernement argentin ont concrétisé un ensemble de mesures coercitives unilatérales contre le Venezuela qui compromettent les opérations de Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA) dans le pays.
On a appris par les médias argentins l’arrêt forcé des opérations de l'entreprise Petrolera del Conosur S. A. (PCSA), une société appartenant à l'Etat vénézuélien gérée par PDVSA América, la filial continentale de PDVSA dans la région.
Cette entreprise se compose d'une usine de distribution de combustible et d'un ensemble d'installations connexes qui ont facilité la fourniture à quelques 70 stations-service en territoire argentin, ont été fondées au temps où l'activité de PDVSA s'élargissait, sous le Gouvernement du président Hugo Chávez et, de plus, font partie de la holding de compagnies pétrolières qui, à l'étranger, ont été l'objet de sanctions, de pressions, de pillage et d'actions diverses avant leur gel, leur habilitation ou leur confiscation de fait.
Le boycott de Petrolera del Conosur
Depuis janvier de cette année, les actions concrètes de Washington contre PDVSA et ses actifs à l'étranger ont consisté à geler les actifs financiers, les comptes bancaires et les actifs physiques.
Mission Vérité a eu accès à des sources qui ont affirmé que, depuis le mois de janvier de cette année, les comptes bancaires de PDVSA América et de ses entreprises, dont PCSA, ont été fermés par les banques argentines pour respecter les ordres du Département du Trésor étasunien et les demandes de « la représentante de Juan Guaidó» en Argentine, Elisa Trotta Gamus. »
En conséquence, PCSA ne pouvant plus utiliser les services bancaires depuis le mois de février, ses opérations ont coulé à pic.
Cette entreprise s'est également vue dans l'impossibilité d'effectuer le paiement du loyer de l'installation portuaire dans laquelle elle se trouve, le port Dock Sud dans la Province de Buenos Aires, où se trouve aussi l'usine de combustible propriété de PCSA. Le montant de la dette cumulée est de 35 000 dollars étasuniens.
Maintenant, l'activité portuaire étant soumise à l'autorité provinciale dirigée par la macriste María Eugenia Vidal, celle-ci a brisé les cadenas, est entrée dans les installations de PCSA et a empêché le personnel d'entrer en alléguant l'évacuation immédiate des installations pour « impayé. » Les autorités du port de Dock Sud ont rédigé un acte et on a décrété que cet endroit était à présent « Propriété Récupérée. »
L'usine de remplissage de carburant de PCSA avait réduit ses opérations ces derniers mois et cela avait provoqué de sérieuses difficultés pour payer le personnel à partir du mois de février, à cause précisément de l'impossibilité de concrétiser les transactions à cause du gel des comptes de ces entreprises ordonné par les autorités argentines.
D'autre part, les autorités du port Dock Sud, aux dépens de la dette de 35 000 dollars et grâce à sa mesure d'expulsion, a mis en danger les actifs de PCSA estimés à une valeur de presque 200 000 dollars, une chose qu'on peut considérer comme un vol des actifs souverains du Venezuela.
Opérations de boycott
Des sources ont indiqué à Mission Vérité qu'avant ces événements, Elisa Trotta Gamus, ex-employée de l’administration argentine actuellement « ambassadrice » du Gouvernement de Guaidó dans le pays, avait parlé avec les banques qui étaient en relations avec PCSA pour les appeler instamment à fermer les comptes de cette entreprise et leur demander d’appliquer les sanctions imposées par le Département du Trésor étasunien.
Plusieurs de ces banques ont accepté car elles se sont pliées également à la position du Gouvernement de Mauricio Macri qui reconnaît les « autorités » imposées par Juan Guaidó.
Mission Vérité a aussi eu accès à une circulaire rédigée par María Eugenia Talerico, vice-présidente de l'Unité d'Information Financière, une entité qui dépend du Gouvernement central argentin qui, grâce à un bureau façade, en janvier de cette année, a pris une mesure « d'alerte des personnes assujetties à des opérations avec le Gouvernement illégitime du Venezuela ou liées à celui-ci. »
Cet ordre, destiné venu à tous les sujets de droit en Argentine implique le développement d'une chasse aux sorcières ou le suivi de toute opération des personnes juridiques dans le pays avec des personnes, des entreprises et des institutions vénézuéliennes sous la direction du Gouvernement du président Nicolás Maduro.
La circulaire prévient des « risques qu'ils pourraient courir en réalisant des opérations avec le régime illégitime de Nicolás Maduro et son entourage ou avec n'importe quelle entité publique, entreprise ou propriété sous le contrôle de l'Etat vénézuélien sans l'aval de l'Assemblée Nationale » du Venezuela.
L'instruction du Centre d'Information Financière, une instance punitive et régulatrice, constitue un ultimatum qui justifie la fermeture des comptes bancaires de PSCA et de PDVSA América en Argentine par les banques argentines, un facteur qui a été la cause de l'impayé et de l'évacuation de l'usine de combustible.
Pour sa part, Nicolás Dujovne, responsable du Ministère des Finances d'Argentine avait auparavant supprimé la filiale de l'Etat vénézuélien PSCA du registre des entreprises pétrolières, conformément à une décision de la Direction Nationale du Raffinage et de la Commercialisation, uns situation qui avait compliqué les actions de PSCA en territoire argentin. Cela revient à une action habilitation juridique comme élément important du boycott de PDVSA dans le pays.
Le proto-Etat1vénézuélien à l'étranger
Les actions préjudiciables à l'intérêt du Venezuela qui se déroulent actuellement en Argentine sont la réplique d'actions similaires de différentes sortes qui ont eu lieu dans d'autres pays. Il s'agit d'actions concrètes de contrôle, de confiscation ou d'inhabilitation de biens appartenant à PDVSA et à l’État vénézuélien.
Il y a eu la confiscation de CITGO Petróleum Corporation, la filial vénézuélienne en territoire étasunien qui raffine et distribue le combustible à plus de 7 000 stations-service vénézuéliennes en territoire étasunien, une opération dans laquelle « l'ambassadeur » de Juan Guaidó aux Etats-Unis Carlos Vecchio, a joué un rôle clef.
Le 27 mai dernier, « l'ambassadeur » de Guaidó en Colombie, Humberto Calderón Berti, a confirmé que grâce aux démarches et au soutien du Gouvernement colombien, on avait fait prêter serment à la nouvelle direction de Monómeros, une entrepris à responsabilité limitée destinée à la production de caprolactame (la matière première à partir de laquelle est fabriqué le nylon) et de fertilisants composés dont le propriétaire légitime est l'Etat vénézuélien par l'intermédiaire de la Corporation Pétrochimique du Venezuela (PEQUIVEN).
La façon d'opérer du proto-Etat de Guaidó à l'étranger consiste à geler, à démanteler et à confisquer les actifs vénézuéliens à l'étranger grâce à la protection des Gouvernements. Cette sorte d'actions concourent à la formation d'une structure para-étatique totalement en marge de al loi vénézuélienne qui prend e contrôle des biens et de l'argent du pays et les gèrent arbitrairement.
Un autre dénominateur commun important des para-Etats à l'étranger est l'absence totale d'instances de régulation administrative et politique pour la gestion de ces biens. Il n'y a pas d'instances judiciaires ni de Procureur Général ni aucune autre instance de contrôle administratif hors du Venezuela auxquelles ces entreprises et leurs nouveaux gendarmes répondent, ce qui revient à être un risque énorme pour les biens du pays et un paravent pour la corruption en herbe.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
NOTE de la traductrice:
1On parle de proto-État pour évoquer une structure ne pouvant être qualifiée d'État car trop primitive. Un proto-État dispose d'un certain nombre de caractéristiques propres aux États modernes sans réunir la totalité de celles-ci. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Proto-État)